Démontré: le dénuement hospitalier affecte les malades en attente d’une greffe d’organe

Bonjour

Dérangeant papier, médical et politique, dans Le Journal du Dimanche (Anne-Laure Barret). Papier (« L’étude qui explique la pénurie d’organes ») qui met en lumière l’une des désastreuses conséquence du manque croissant de moyens dont souffrent (aussi) les meilleurs des grands hôpitaux français. Papier qui suit un « indiscret » (anonyme) du JDD rapportant l’étrange silence d’Agnès Buzyn vis-à-vis de ses confrères hospitaliers décidés à démissionner – confrères qui lui demandaient un « rendez-vous de la dernière chance ».

On retrouve ici le Pr Jean-Louis Touraine, spécialiste d’immunologie ancien socialiste devenu fervent député macroniste aux solides convictions éthiques. Membre du Grand Orient de France il est également président (depuis près d’un quart de siècle) de l’association France Transplant. Et rendra public dans deux jours « les résultats d’une enquête inédite d’un an » qui établit ce qu’il en est du déficit du nombre des transplantations d’organes. : plus de 24 000 personnes sont en attente alors même que seules six mille greffes sont pratiquées chaque année.

Le déficit est particulièrement criant pour les greffes de rein (80% du total) avec d’incompréhensibles écarts selon les régions. Deux lectures peuvent être proposées. Comme celle du Pr Touraine qui remonte une nouvelle fois en ligne pour dénoncer des pratiques « hors la loi ». Ententre ici l’écoute des proches de la personne en état de mort cérébrale alors même qu’une loi de 1976 autoriserait en théorie de passer outre ce refus dès lors que la personne n’a pas, de son vivant, exprimé son oppositon au prélèvement.

Le désintérêt des managers hospitaliers

Or on connaît, ici, les considérables dégâts que peut causer une lecture par trop étroite du « consentement présumé ». Et on ne peut un instant imaginer que le Pr Touraine les ignore. Pourquoi, dès lors laisser entendre que la solution consisterait à ignorer l’expression de l’opposition des proches du défunt.

Une autre lecture (également faite par le Pr Touraine) consiste à démontrer que le dénuement croissant de l’apapreil hospitalier français a, ici, pour conséquence de réduire, en pratique, les moyens alloués à cette activité chronophage en homme, en énergie et en écoute psychologique. « Certains établissements ne veulent pas payer pour envoyer leurs équipes se former au bon accueil des familles » assure l’immunologiste lyonnais. Qui ajoute que cette activité « n’est pas assez bien rémunérée » – ce qui explique le désintérêt des managers hospitaliers. Constat identique pour ce qui est des prélèvements sur donneurs vivants qui nécessitent plus encore d’écoute et de personnel.

Le Journal du Dimanche cite le Pr Bruno Moulin (CHU de Strasbourg) qui explique que le fait d’augmenter une activité hospitalière de trente greffes rénales par an génère plus d’un million d’euros d’économie chaque année – et ce en évitant aux patients greffés d’avoir recours en permanence à de coûteuses séances de dialyse.

On espère qu’Agnès Buzyn aura (en dépit du surcroît de travail que doit lui imposer l’interminable conflit sur la réforme des retraites) le temps de feuilleter le document de France Transplant. De faire ses comptes, puis de répondre à ses auteurs.

A demain @jynau

Une réflexion sur “Démontré: le dénuement hospitalier affecte les malades en attente d’une greffe d’organe

  1. C’est peut dire du désintérêt pour la transplantation d’organes !
    Il suffit de voir le silence et l’attitude irresponsable qu’on eu des directeurs d’hôpitaux devant le sujet de la transplantation cardiaque en Nouvelle Aquitaine en mettant sur le carreau les deux seules responsables de cet activité . Un scandale sanitaire etouffé

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