Violences policières et vidéos : et, soudain, l’exécutif se piqua d’éthique et de déontologie

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Du poids des images et des téléphones portables sur la démocratie occidentale. 14 janvier 2020. Emmanuel Macron a demandé à Christophe Castaner ministre de l’Intérieur de faire des propositions pour améliorer la déontologie et le contrôle de l’action des forces de l’ordre, mises en cause pour de récentes violences lors des manifestations contre la réforme des retraites. Depuis le début de la crise des « gilets jaunes », en novembre 2018, les pratiques des forces de sécurité sont régulièrement critiquées, notamment via des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

On sait que l’exécutif – et Emmanuel Macron au premier chef – récusait jusqu’à présent l’expression « violences policières ». Or voici que l’on en vient à un discours rappelant les forces de l’ordre à l’« exemplarité » et à un usage « proportionné et maîtrisé » de la force. Ces gardiens de la paix apprécieront comme il se doit.

Cette évolution nous a réservé une jolie surprise : « on ne fait pas de croche-pied à l’éthique » a ainsi déclaré Christophe Castaner en référence à une vidéo spectaculaire montrant un policier faisant un croche-pied à une manifestante à Toulouse, le 9 janvier dernier. On pourrait rire de la formule du ministre de l’Intérieur, ancien socialiste devenu macroniste et à ce titre « marcheur ». Ce serait oublier l’une des définitions de l’éthique, cette « morale en marche ». Quant à la déontologie  le ministre et le président savent qu’elle n’est jamais très éloignée de la confraternité, cette haine vigilante.

Aux image de Toulouse sont venues s’ajouter celles précédant la mort, le 3 janvier, d’un père de famille de 42 ans travaillant comme livreur, victime d’une asphyxie avec une fracture du larynx après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par plusieurs policiers lors d’un « contrôle routier ». Avec , en toile de fond, les innombrables blessures graves subies par des manifestants (et des membres des forces de l’ordre) lors de rassemblements de « gilets jaunes » depuis plus d’un an.

Et c’est ainsi, aujourd’hui, que le chef de l’Etat, chef des Armées a déclaré à la presse, lors d’un déplacement à Pau, attendre des gardiens de la paix « la plus grande déontologie » :

« Il y a eu très clairement des images, il y a aujourd’hui des affaires dans lesquelles – je ne veux pas me prononcer, elles sont devant la justice – des comportements qui ne sont pas acceptables ont été vus ou pointés. Je ne veux pas en faire la majorité du genre, je ne veux pas généraliser, mais je ne veux pas que ça atteigne la crédibilité et la dignité (…) Je souhaite que le ministère de l’intérieur puisse me faire dans les meilleurs délais des propositions claires pour améliorer la déontologie, les éléments de contrôle et que la justice puisse continuer à travailler sur ces cas. »

A demain @jynau

NB : sur ce sujet complexe on se reportera avec intérêt au « 28 minites » d’Arte sur les violences policières (14 janvier 2020) ainsi qu’à « Les policiers n’ont pas besoin de plus de déontologie, mais d’éthique personnelle » (Slate.fr, The Conversation)

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