Bonjour
Officiellement tout va presque mieux dans le meilleur des mondes viraux possible : les leçons du SRAS (2002-2003) ont été tirées et Pékin collabore comme le ferait Paris, Londres ou Berlin. On ne compterait que 45 personnes contaminées par un nouveau virus de la famille du Syndrome respiratoire aigu sévère. Vraiment ? Telle n’est pas la lecture d’un groupe d’experts de l’Imperial College de Londres – par ailleurs collaborateurs de l’OMS : « Estimating the potential total number of novel Coronavirus cases in Wuhan City, China »
Selon eux 1 723 personnes (95% CI: 427 – 4,471) pourraient en fait avoir été contaminées – et ce au vu de l’ensemble des informations disponibles au 12 janvier. Les auteurs, dirigés par le Pr Neil M. Ferguson ( neil.ferguson@imperial.ac.uk), ont notamment fondé leurs calcul sur le nombre de cas (officiellement) détectés jusqu’à présent hors de Chine – deux en Thaïlande et un au Japon – pour estimer le nombre des personnes vraisemblablement infectées à Wuhan, capitale de la province du Hubei (centre de la Chine), où la totalité des cas chinois ont été signalés depuis le mois dernier.
Ils ont aussi eu recours à la base de données des vols internationaux au départ de l’aéroport de Wuhan. « Pour que Wuhan ait exporté trois cas vers d’autres pays, il faut qu’il y ait beaucoup plus de cas que ce qui a été annoncé, a expliqué le Pr Ferguson à la BBC . Je suis nettement plus préoccupé que je ne l’étais il y a une semaine. »
On sait que cette nouvelle émergence épidémique alimente les craintes d’une réapparition d’un virus de type SRAS, hautement contagieux et directement transmissible au sein de la communauté humaine. La souche incriminée est d’ores déjà désignée : 2019-nCoV. L’enquête des autorités sanitaires chinoises a permis de déterminer que plusieurs patients contaminés travaillaient sur un marché de Wuhan spécialisé dans la vente en gros de fruits de mer et de poissons.
Un virus incroyable
« En dehors de Chine, les mesures de prévention se multiplient, observe l’AFP. Dernière en date : les Etats-Unis ont annoncé qu’ils allaient commencer à filtrer les vols en provenance de Wuhan à l’aéroport de San Francisco et à l’aéroport John F. Kennedy de New York – où atterrissent des vols directs de Wuhan –, ainsi qu’à celui de Los Angeles, où sont assurées de nombreuses correspondances. Les passagers seront examinés par les équipes médicales sans pour autant systématiquement soumis à un prélèvement. »
La Thaïlande, où deux cas ont été recensés, a également renforcé les contrôles dans ses aéroports à l’approche des festivités du Nouvel An lunaire (25 janvier), une période qui suscite des inquiétudes quant à une éventuelle propagation du virus. A cette occasion, des centaines de millions de Chinois empruntent bus, trains et avions pour aller passer les fêtes en famille. Beaucoup partent également en vacances en Asie du Sud-Est. Les autorités de Hongkong ont elles aussi renforcé leurs mesures de contrôle aux frontières du territoire autonome, notamment avec des détecteurs de température corporelle.
Et en France ? La Direction générale de la Santé précise que tout patient présentant des signes respiratoires infectieux et « ayant séjourné dans la ville de Wuhan dans les 14 jours précédant le début des signes cliniques » doit en effet faire l’objet d’un signalement (contacter le SAMU-Centre 15 en cas de doute). Toute prise en charge d’un cas suspect doit « s’accompagner de la mise en place de protection chez le patient (masque chirurgical) et le professionnel de santé (masque, lunettes et hygiène des mains) ».
Pour l’heure, les déplacements en Chine ne font l’objet d’aucune restriction, mais le sujet est largement commenté sur le réseau social Weibo. « Ce virus est incroyable, il peut aller à l’étranger mais rester confiné » à Wuhan, ironisait un internaute cité par l’AFP pendant que certains soupçonnaient les autorités de minimiser la gravité de la situation. Le meilleur des mondes viraux possible.
A demain @jynau