Coronavirus et quarantaine : mais pourquoi la foudre est-elle tombée sur Carry-le-Rouet ?

Bonjour

Promis, programmé, juré : ce serait une quarantaine « agréable et conviviale ». Il n’est pas dit que tout ira comme Agnès Buzyn l’avait envisagé. Alors que l’avion militaire rapatriant plus de deux cents français va se poser sur la base d’Istre les rédactions ont dépêchés leurs équipes devant le centre pour vacanciers de la petite commune de Carry-le-Rouet (Carri lo Roet en occitan selon la norme classique, Càrri lou Rouet en provençal selon la norme mistralienne).

Nous sommes là entre Marseille, Martigues et l’étang de Berre. Et la France entière va découvrir cette « station balnéaire très fréquentée en été, port de plaisance, plages, criques abritées, nombreuses activités nautiques et sportives. » La mise en quarantaine (14 jours) des « Français de Wuhan » » a, comme on pouvait aisément le prévoir, d’ores et déjà suscité de nombreuses réactions. De ce point de vue on assiste là à un phénomène qui pourrait être, pour demain, riche d’enseignement quant la la gestion politique et sanitaire de l’épidémie.

C’est pourquoi il faut ici lire et analyser le reportage livré par l’AFP et repris par de nombreux médias :

 « ‘’Pourquoi nous ? » Dans la petite station balnéaire de Carry-le-Rouet, sur la Côte bleue, près de Marseille, les habitants s’étonnent de devoir accueillir quelque 200 Français rapatriés de Wuhan, épicentre de l’épidémie de coronavirus. Au pied du vaste centre de vacances dans lequel ces Français rapatriés de Chine vont passer 14 jours confinés à partir de la mi-journée, dans une pinède de 3,5 hectares accessible par une étroite impasse, plusieurs gendarmes surveillent déjà le portail. Sur le parking de la résidence, derrière la grille, quatre véhicules de gendarmerie et quatre véhicules de la sécurité civile sont visibles. Peu avant 9h du matin, un impressionnant déploiement de CRS a été constaté sur les lieux de la résidence qui devrait être totalement inaccessible aux badauds et aux médias lors de l’arrivée des rapatriés de Wuhan. Le vol est attendu vers 12h30 à Istres (Bouches-du-Rhône).

 « A quelques kilomètres de là, dans le centre-ville, au petit matin, les commerçants de Carry-le-Rouet, petite ville de 5.800 habitants à une trentaine de kilomètres de Marseille, ont encore du mal à y croire. 
« Je suis très étonné, pourquoi nous, il y a plein d’autres endroits », s’étonne Frédéric Vernet, boucher. « Pas inquiet » pour sa santé, le quadragénaire n’a cependant pas pris de précaution particulière et ne veut surtout pas « tomber dans la psychose« . Mais ce qui l’inquiète le plus, ce sont « les affaires« . La ville s’apprête en effet à célébrer les « oursinades », une fête populaire au cours de laquelle la commune, pendant un mois, se déclare capitale des oursins qui seront dégustés sans modération. « J’ai bien peur que cette nouvelle nous cause du tort, c’est pas du tout une bonne pub« , craint Frédéric Vernet derrière son étal, craignant que des gens mal informés annulent leur visite. Quant aux rapatriés de Wuhan, il les « plaint », certes: « Mais ils seront bien logés, c’est un beau lieu de vacances, c’est mieux qu’un gymnase, c’est le paradis ».

« Un virus ça se propage et ça mute »

« L’hôtel d’à côté n’a pas enregistré d’annulation. Au contraire, il a récupéré quatre clients qui devaient séjourner dans la résidence réquisitionnée par les autorités. « On va voir comment ça évolue, mais il ne faut pas céder à la panique« , témoigne le gérant Julien Carraretto, qui a reçu de nombreux coups de fils et SMS de proches l’invitant à rester prudent. « Tout va bien s’ils ne sortent pas du lieu de confinement, mais je crains que 14 jours ce soit long et qu’ils ne respectent pas ces consignes« , s’interroge Elisabeth, infirmière à la retraite. « Un virus ça se propage et ça mute. C’est sûr qu’on est plus exposés que le reste des Français« , angoisse la vieille femme qui a appris « stupéfaite » la nouvelle la veille au soir.

« Lors d’une conférence de presse jeudi en fin de journée, le préfet des Bouches-du-Rhône Pierre Dartout avait tenu à rassurer par avance sur les risques de propagation du virus: les rapatriés de Wuhan « 
pourront sortir dehors, dans l’enceinte du centre, mais ils prendront les équipements nécessaires pour se protéger et protéger les autres, par exemple des masques ». Et il leur sera bien sûr interdit de quitter le périmètre du site: ils devront signer « un engagement » à respecter la quarantaine, a insisté Pierre Dartout, après avoir précisé que les résidents seraient répartis « par familles, dans des chambres distinctes« . Quant au maire, même s’il regrette d’avoir été informé « par la presse » du choix de sa ville avant de l’être par le gouvernement, il s’est toutefois voulu rassurant: « Je n’ai pas d’inquiétude car même s’il y avait quelqu’un qui soit contaminé et qu’on le sache pas, ils seront confinés dans un endroit inaccessible ou presque« . »

Dans les jours qui viennent les journalistes positionnés à Carry-le-Rouet vont devoir « meubler ». La France découvrira ainsi, hasard ou fatalité, que Carry-le-Rouet paraît avoir attiré les hommes depuis les temps les plus reculés de la préhistoire  méditerranéenne. Non loin de la quarantaine les « abris sous roche » du Rouet ont hébergé des populations nomades il y a environ 20 000 ans, lors des dernières glaciations.

La commune de Carry se souvient aussi d’un débarquement anglais en 1805, puis de son désenclavement un siècle plus tard grâce à ligne de chemin de fer Miramas-Marseille, et de l’arrivée de l’électricité prélude aux « zones résidentielles ». La France découvrira aussi que Fernandel y possédait une villa – et que Nina Simone a vécu ici les dernières années de sa vie.

A demain @jynau

2 réflexions sur “Coronavirus et quarantaine : mais pourquoi la foudre est-elle tombée sur Carry-le-Rouet ?

  1. Il n’y a pas que l’univers qui soit infini.

    Et il est bien possible qu’il y ait des conséquences totalement bêêêêtes avec évitement de cette ville par des gens que la bienséance interdit de qualifier.

    Vite, un étude randomisée en double masqué et triple crétin !

    Je ne trouve pas de données sur ce que j’ai entendu ce matin (France Info) , un chef de service de maladies infectieuses disant que la mortalité du 2019 Co-V était inférieure à celle de la gfrippe laquelle est estimée à 0,3%.

    On connait à peu près le nombre de morts avec peut-être un excès d’attribution au coronavirus mais le dénominateur est sûrement sous-estimé

  2. … Ah … Nina SIMONE …. Qui pose directement la question autorisée aux autorités administrativées en ‘Santespubliques’ … de ce qui est prévu, en cas d’épidémie, pour les enfants des rues françaises, même les plus petits à la rue qui viennent de naître … les SDF, ou autres paupérisés …

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