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9 février 2020. Pour les médias c’est un chiffre : l’épidémie a désormais fait 811 morts en Chine, devenant ainsi plus meurtrière que celle de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) : 774 morts en 2002-2003. Pour les épidémiologistes ceci n’a toutefois guère de signification. « Le virus 2019-nCoV a tué 89 nouvelles personnes en Chine continentale (hors Hongkong et Macao), soit un nouveau record quotidien, précise l’AFP. On dénombre désormais 37 198 malades en Chine continentale.»
L’OMS annonce encore que 82 % des cas répertoriés sont considérés comme « mineurs », 15 % « graves » et 3 % « critiques » – moins de 2 % des cas s’avérant mortels. Le taux de mortalité est pour l’heure très inférieur à celui du SRAS (14 %).
S’inquiéter ? L’OMS tempère, veut encore espérer : selon elle le nombre de cas de contamination relevés quotidiennement en Chine « se stabilise ». « Nous enregistrons une période de stabilité de quatre jours, où le nombre de cas rapportés n’a pas progressé. C’est une bonne nouvelle et cela pourrait refléter l’impact des mesures de contrôle qui ont été mises en place », explique Michael Ryan, le responsable des programmes sanitaires d’urgence de l’institution onusienne.
En Chine continentale, le nombre de cas confirmés le 9 février comprenait 2 600 cas supplémentaires par rapport au précédent bilan quotidien. A comparer aux 3 900 nouvelles contaminations annoncées le 5 février par les autorités chinoises dans leur bilan quotidien. Fin janvier, l’un des spécialistes chinois des maladies respiratoires, Zhong Nanshan, avait pronostiqué que l’épidémie pourrait atteindre un pic aux alentours du 8 février … avant de commencer à refluer.
Révolution taxinomique culturelle
L’OMS ménage-t-elle, une nouvelle fois,la susceptibilité d’un Pékin de plus en plus isolé ? Depuis hier Hongkong imposer une mesure drastique qui pourra être jugée discriminatoire : toute personne arrivant de Chine continentale doit s’isoler deux semaines chez elle, à l’hôtel ou dans tout autre hébergement. « Les récalcitrants encourent six mois de prison » précise l’AFP.
Quant aux dirigeants communistes ils ne cessent de donner des gages de leur volonté de lutter contre ce mal apparu au cœur de leur pays Les mesures de confinement concernent désormais des dizaines de millions de personnes qui doivent rester « calfeutrées » chez elles – alimentant souvent dans le même temps les réseaux sociaux… A Shanghai (24 millions d’habitants) le port du masque vient d’être imposé dans les lieux publics.
Et les citoyens chinois viennent d’apprendre qu’en visite à Wuhan, l’épicentre, la vice-première ministre, Sun Chunlan, a ordonné aux autorités locales d’adopter des mesures de « temps de guerre » pour rechercher les habitants atteints de fièvre en ratissant les quartiers.
Et cette guerre changera bientôt de nom. Il faudra s’habituer à ne plus parler du « 2019-nCoV ». « L’OMS avance avec prudence vers l’adoption d’un nom définitif pour l’agent infectieux, afin de ne stigmatiser ni le peuple chinois ni Wuhan, révèle l’AFP. La décision devrait intervenir dans les prochains jours. » Dans l’attente Pékin a, le 8 février, annoncé unilatéralement une petite révolution linguistique : elle a baptisé provisoirement la maladie « pneumonie à nouveau coronavirus » – lui conférant le sigle anglais officiel de NCP (pour Novel Coronavirus Pneumonia). Où l’on regrette, une nouvelle fois, que Simon Leys (1935-2014) ne soit plus parmi nous.
A demain @jynau