Bonjour
La diplomatie est l’un des chapitres méconnu du grand livre des épidémies. L’origine (toujours étrangère) de l’agent pathogène, ses conséquences nationales et bilatérales, sanitaires et économiques, les frayeurs contagieuses qu’il génère, tout cela alimentent au plus haut point le travail des ambassades, remplissent les valises diplomatiques.
L’épidémie du nouveau coronavirus en témoigne à l’envi – qui plus est dans un monde hyperconnecté comme jamais. On y observe la résurgence d’une forme de racisme occidental vers les populations asiatiques et, en Asie, une forme de racisme vis-à-vis des populations chinoises (comme en témoignent nos confrères du Monde). Un triste et grand classique. On y observe aussi une OMS, institution onusienne, tenter de jouer les diplomates multilatéraux et, autant que faire se peut, calmer l’ire du plus que puissant membre chinois.
On observe aussi, dans le même temps, un régime (pour partie) communiste reconnaître qu’il est en état de guerre contre un ennemi intérieur invisible, un virus apparu au sein du vieil empire et qui contamine le reste de la planète. Une situation qui, compte-tenu notamment du confinement imposé à des dizaines de millions de citoyens ayant par ailleurs accès à des réseaux sociaux, pourrait rapidement justifier le recours à la métaphore occidentale de la cocotte-minute.
Exoplanète et discrimination
C’est dans ce contexte que l’on apprend que l’OMS a, unilatéralement décidé de débaptiser l’agent pathogène : le « 2019-nCoV » n’existe plus, seul comptera désormais le « COVID-19 ». Une décision annoncé par le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « I’ll spell it: C-O-V-I-D hyphen one nine – COVID-19″ –@DrTedros #COVID19 »
Cette nouvelle dénomination a été choisie de manière à être «facile à prononcer», tout en restant sans référence «stigmatisante» à un pays, un animal ou une population particulière, a souligné Tedros Adhanom Ghebreyesus : « Under international guidelines, the W.H.O. “had to find a name that did not refer to a geographical location, an animal, an individual or group of people, and which is also pronounceable and related to the disease,” he said on Twitter. »
Pourquoi tant d’explications ? « La Chine n’est pas en guerre (autre que commerciale) avec le reste du monde, mais son régime autoritaire et un brin susceptible pourrait s’opposer à toute tentative d’une taxonomie internationale qui viserait à désigner Wuhan ou « la Chine » comme l’épicentre d’un fléau qu’elle n’aura pas su endiguer, observe le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé Globale (Faculté de médecine, Université de Genève). Les premières atteintes discriminatoires vis-à-vis des personnes d’origine asiatique ont d’ailleurs pu trouver un écho empathique et opportun à cette exigence des autorités chinoises. »
Le Pr Flahault rappelle ici le triste souvenir de la discrimination insensée, au début des années 1980, vis-à-vis des Haïtiens concernant une nouvelle maladie virale transmissible. Une maladie qui ne s’appelait pas encore le S.I.D.A. (avant de devenir le SIDA, puis le Sida et enfin sida). « Depuis quelques semaines on avait attribué un nom d’exoplanète au nouveau coronavirus (« 2019-nCoV »). Le « n » (pour « nouveau ») ne pouvait le rester éternellement. »
A demain @jynau
1 Sur ce thème, lire « Le coronavirus révèle la matrice totalitaire du régime chinois » (Le Monde du 12 février 2020) de la sinologue Chloé Froissart (maître de conférences en science politique au département d’études chinoises, université Rennes 2)
Bonjour,
< Le « n » (pour « nouveau ») ne pouvait le rester éternellement. .
.. Dans SouveNirs, il y a un N aussi… et c'est pas Nouveau …
En fin janvier 2020, autant dire une éternité sur le Net … il était questions de caricatures, qui fâchent tout chaud …