Le stade 3 de l’épidémie ? Un «crash-test» pour le système hospitalier et sanitaire français

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« Inexorable » : qui est insensible aux prières, à quoi l’on ne peut se soustraire. Le terme présidentiel est désormais repris en chaîne par les médias. C’est le prélude de l’exécutif à la veille de la « phase 3 ». Quand ? « Dans quelques jours, une ou deux semaines maximum » a précisé dans la soirée du 5 mars le Pr Jean-François Delfraissy, à l’issue d’une réunion avec le président Emmanuel Macron à l’Élysée. Spécialiste reconnu de virologie, travaillant au sein du  réseau REACTing et président du Comité national d’éthique (saisi sur ce sujet par le gouvernement) le Pr Delfraissy est aujourd’hui au carrefour de tous les savoir comme de toutes les interrogations.

Il précisé à la presse que sous les ors du Palais de l’Elysée les invités du président de la République ont débattu des « enjeux du passage à la phase 3 », en particulier pour déterminer « si le système hospitalier, fatigué depuis plusieurs mois, est prêt à encaisser ce choc que va être un certain nombre de malades graves ». « On a eu des éléments pour, mais aussi des éléments qui posent questionnements aux équipes hospitalières, a-t-il ajouté. Certains cliniciens ont évoqué des difficultés pour récupérer certains matériels et motiver les équipes, surtout si on s’inscrit dans la durée. »

Collisions et coercitions

D’ores et déjà  se posent « des questions sur la capacité du système à être mis en tension pour une période longue ».Le chef de l’État a aussi, précise-t-il, demandé aux experts « ce qui manque aux équipes de recherche » en financement ou en moyens humains. Et il a souhaité « profiter de cette crise pour rebondir sur certains aspects de l’organisation des soins” ».

Aucun doute pour le président du Comité national d’éthique : le passage à la « phase 3 » imposera des « restrictions plus contraignantes », des formes de coercitions du type de celles aujourd’hui observées (sans grand succès) en Italie. Aucun doute non plus : « cette crise est une forme de ‘’crash test” pour le système de santé français. 1 

« Crash test » : opération réalisée en laboratoire consistant à tester le comportement des véhicules en cas de choc ou de collision. Le véhicule testé est soit projeté à une vitesse donnée sur un obstacle massif, soit immobilisé et soumis à un choc d’un mobile de masse déterminée de façon à reconstituer les conditions d’un choc et de mesurer les déformations de sa structure et les dommages résultants pour les passagers. Ceux-ci sont souvent représentés par des mannequins spécialement étudiés – et parfois des cadavres (ce qui n’a pas manqué, jadis, de susciter quelques polémiques). Ces essais, destructeurs par définition, sont relativement coûteux et doivent être soumis à un protocole rigoureux pour en tirer le maximum d’enseignements.

Possibles contraire d’ «inexorable » : indulgent ou, mieux, clément.

A demain @jynau

1 « L’hôpital français est-il apte à faire face à l’épidémie de coronavirus ? La vague épidémique annoncée s’ajoute à la crise hospitalière et aux colères des personnels. Elle menace un maillage sanitaire national fragilisé et en grand danger. » Slate.fr, 3 mars 2020

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