Bonjour
15/03/2020. Sur les ondes et les écrans les chiffres se multiplient à l’infini. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education vient d’annoncer sur franceinfo que l’épidémie pourrait toucher un Français sur deux. « Comme vous le savez, depuis le début, la stratégie ce n’est pas d’empêcher que le virus passe – on sait qu’il passera probablement par plus de la moitié d’entre nous – mais c’est de faire en sorte qu’il passe de la manière la plus étalée possible dans le temps, a -t-il expliqué. On considère, et là je ne fais que répéter ce que disent les scientifiques, que 50 à 70% de la population in fine finit par être contaminée par le virus, et c’est d’ailleurs ça qui met fin au virus puisque ça crée une forme d’immunité majoritaire, et donc le virus s’éteint de lui-même. »
Une fois de plus un responsable politique « répète ce que disent les scientifiques ». Pour l’heure les seuls chiffres certains sont ceux distillés chaque soir par le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la santé. Avec douze décès et 839 cas confirmés supplémentaires en vingt-quatre heures, la France compte désormais 4 500 cas confirmés de contamination, dont 91 mortels, a-t-il fait savoir au moment où la France passait au ‘’stade 3’’. Plus de 300 patients sont dans un état grave et se trouvent en réanimation, 50 % d’entre eux étant âgés de moins de 60 ans. « Nous avons un doublement du nombre de cas en 72 heures », a-t-il souligné ce qui donne une idée de la rapidité avec laquelle le virus se propage en France.
Des chiffres ou une métaphore. « Chef du service d’infectiologie à la Pitié-Salpétrière à Paris, le Pr Eric Caumes, également formé à l’épidémiologie, promène ces jours-ci son « pessimisme lucide » sur les plateaux télévisés, observe Le Journal du Dimanche (Anne-Laure Barret). Ce clinicien de 63 ans voit son service se remplir de patients atteints par le coronavirus. « J’espère me tromper, mais je pense qu’une crise sanitaire majeure s’annonce », déclare le spécialiste, qui ajoute : « Nous sommes trop égoïstes. Nous refusons de comprendre qu’en s’isolant on protège aussi les autres.La vague arrive, ça va être un tsunami si on ne casse pas l’épidémie au plus vite.»
Simulations alarmantes
Et puis ces nouvelles données publiées aujourd’hui, en exclusivité, par Le Monde (Chloé Hecketsweiler) : « Coronavirus : les simulations alarmantes des épidémiologistes pour la France ». Le quotidien vespéral de la capitale explique « avoir pris connaissance d’estimations sur l’impact du virus, effectuées par les scientifiques qui conseillent l’Elysée ». « Cette projection, ajoute-t-il, évalue le scénario le plus sombre, avec les hypothèses de mortalité les plus élevées et en l’absence de mesures radicales de prévention. » Extrait :
« Le Covid-19 sera-t-il au XXIe siècle ce que la grippe espagnole a été au XXe siècle ? C’est en tout cas le scénario le plus alarmiste sur lequel a travaillé le conseil scientifique, ce groupe de dix experts mis en place mercredi 11 mars à la demande du président de la République « pour éclairer la décision publique ». Selon ces modélisations confidentielles, dont Le Monde a eu connaissance, l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure de prévention ou d’endiguement, jusqu’à 300 000 à 500 000 morts. Précision extrêmement importante : ce scénario a été calculé en retenant les hypothèses de transmissibilité et de mortalité probables les plus élevées, et ce en l’absence des mesures radicales de prévention et d’éloignement social qui viennent d’être prises. Dans ce cas de figure, entre 30 000 et 100 000 lits de soins intensifs seraient nécessaires pour accueillir les patients au pic de l’épidémie.
« Cette modélisation a été réalisée par l’épidémiologiste Neil Ferguson, de l’Imperial College à Londres. Son équipe a été sollicitée par plusieurs gouvernements européens pour établir différents scénarios de progression de l’épidémie. Elle s’appuie sur l’analyse de différentes pandémies grippales, et l’évaluation de différentes interventions possibles pour endiguer la propagation d’un virus, comme la fermeture des écoles, la mise en quarantaine des personnes infectées, ou encore la fermeture des frontières. »
Résister à la contagion virale de la peur
Le quotidien révèle encore que les résultats pour la France ont été présentés jeudi 12 mars à l’Elysée. Et ce quelques heures seulement avant que le président ne prenne solennellement la parole devant les Français pour expliquer « l’urgence » de la situation. « Il existe des incertitudes quant aux hypothèses retenues et au comportement du virus – pourcentage d’asymptomatiques, transmissibilité, impact des mesures de quarantaine – mais ‘’même en divisant par 2, 3 ou 4, c’est une situation très sérieuse’’, insiste Simon Cauchemez, l’épidémiologiste de l’Institut Pasteur qui a présenté ces modélisations. ‘’S’il y a une situation où je serais heureux que les modèles se trompent c’est celle-là’’, ajoute le scientifique. » Et ce sont ces données qui auraient été en toile de fond du discours d’Edouard Philippe annonçant le passage au « stade 3 » – deuxième temps d’une politique amorcée l’avant-veille par le président de la République
« Avec des mesures fortes comme celle qui ont été prises samedi et une très forte implication de la population, on peut potentiellement éteindre la première vague », explique Simon Cauchemez. « Mais dans la mesure où il n’y aura pas suffisamment d’immunité, qui ne peut être conférée que par la vaccination ou par une infection naturelle, il peut y avoir une seconde vague, et la question des mesures à prendre se reposera, poursuit-il. C’est toute la difficulté de cette stratégie, qui n’avait jusqu’à présent jamais été envisagée pour un virus circulant de façon globalisée, en raison de son coût économique et social. »
D’autres épidémiologistes aguerris incitent à la plus grande prudence. « Je pense que c’est une erreur majeure de prédire au-delà d’une semaine dans une situation où l’on vit une courbe exponentielle de croissance des cas comme actuellement, nous explique ainsi depuis l’Université de Genève le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé Globale. Toutes les prédictions au-delà de trois semaines dans le passé se sont lourdement trompées (grippe H1N1 2009, Ebola 2015, Zika,…). »
Résister à la contagion virale de la peur. Faire confiance à la médecine et à la science.
A demain @jynau
Il est inexact de dire que la référence étudiée et retenue en priorité est celle de la grippe espagnole de 1918, celle-ci répondant à un certain nombre de déterminants qui n’ont pas ou plus cours.
Tout le travail de modélisation-projections actuel est fait à partir de la grippe dite « asiatique » (déjà…) de l’hiver 57-58, dont TOUS les déterminants sont semblables à ceux de « l’équation » Covid-19: absence totale d’immunité, de vaccin, tropisme respiratoire, contagiosité comparable et, on le sait maintenant, « gravité » de même, avec 85% de malades qui guérissent et de l’ordre de 0,2 à 0,5 % qui décèdent.
En quatre mois la grippe asiatique a touché plus de 30% de la population et a directement provoqué 100 000 décès.
Dix ans plus tard, la grippe « de Hong-Kong » a été bien moins sévère: « son » H2 était commun avec celui de l’asiatique (H2N2). D’où les immunités croisées partielles.
Rappelons que, à l’époque, on ne soignait pas les « plus de 75 ans » et que la « réa » n’avait pas encore été inventée .
Il pourrait être intéressant qu’un journaliste « ressorte » les articles de presse de l’époque…
Depuis des années de communications par Internet, je tente d’attirer l’attention de la communauté médicale la plus savante sur notre retard de connaissance en matière de physique fondamentale.
Quand des épidémiologistes nous livrent des scénarios de l’évolution du COVID 19 ( servant de guide aux décisions politiques), la question de la validité scientifique de leurs techniques prédictives doit être soulevée.
Voici la video de ce qui se passe avec un système aussi simple qu’un jeu de billard.
L’auteur n’est pas un autodidacte plus ou moins allumé. Philippe Guillemant est, au CNRS, une des grandes sommités mondiales de l’Intelligence Artificielle et de la vision artificielle.
A chacun de se faire son opinion et de doser sa confiance en la pertinence de nos outils utilisés en ce moment. Leurs fondements sont, peut-être, déjà obsolètes.
Bonjour,
« Combien de français seront infectés » est la question que vous posez.. Combien meurent déjà véritablement de l’infection elle-même est une question que l’on peut supposer plus à notre portée. Il peut bien sûr sembler inconvenant, scandaleux, irresponsable de la poser ! Il se trouve que certains – marginaux, aigris…négationnistes… ?- exposent ce genre d’interrogation.
Par exemple, M.G. qui ne vous aime guère, en toute réciprocité j’imagine, avance ceci, concernant les taux de mortalité respectifs de la grippe saisonnière et au coronavirus : « je mets – et publiquement – les autorités sanitaires françaises au défi de prouver qu’on dispose, en France, d’un système de recueil permettant de faire des dénombrements à 0,1%, 2 ou même 3% près… ». Il poursuit en émettant des réserves quant à la fiabilité des informations issues du système italien de santé.
Paroles d’homme rangé des voitures, ou embusqué diriez-vous ?
Si votre propos est aussi de prendre du recul par rapport aux informations, préconisations délivrées par les -multiples- autorités (« l’heure est venue de faire la transparence sur les travaux du Conseil scientifique »…), je veux croire que vous n’écarterez pas ces remarques d’un 49.3 doctrinal.
D’avance merci.