Covid-19 : l’affaire de la chloroquine prend une dimension politique et industrielle

Bonjour

18/03/2020. Nous avons déjà traité, ici, de l’affaire de la choloroquine et de la controverse à laquelle cet antipaludéen a donné lieu après les propos du Pr Didier Raoult (Institut hospitalo-universitaire de Marseille) spécialiste réputé et parfois controversé de microbiologie. A la suite des ses premières annonces, fortement médiatisées, la chloroquine n’avait pas été retenue par le comité scientifique du consortium REACTing, présidé par le Pr Jean-François Delfraissy

«Nous aurions pu l’inclure, cela a été sérieusement envisagé, mais nous avons considéré qu’il présentait trop de problèmes d’interactions médicamenteuses», précisait il y a quelques jours ce spécialiste réputé de virologie par ailleurs président du Conseil scientifique en charge de conseiller le gouvernement (dont fait aussi partie le Pr Raoult). Il n’en reste pas moins qu’un petit essai clinique préliminaire sur vingt-quatre malades atteints du Covid-19 avait pu être mené par le Pr Didier Raoult et son équipe.

L’affaire a soudain connu plusieurs rebondissements dans la journée du 17 février. D’abord avec les déclarations d’Olivier Véran, ministre de la Santé, lors d’une conférence de presse téléphonique organisée en présence du Pr Delfraissy. « Je suis en contact au moins trois fois par semaine au téléphone avec Didier Raoult. Je lui ai demandé de mettre en place un protocole express pour mener son essai clinique. Il a eu l’autorisation en ‘’fast track’’ en 24 heures, c’est du jamais vu. Nous sommes prêts à conforter les résultats intéressants qu’il semble avoir obtenus », a expliqué le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Mais il a aussi ajouté qu’il était désormais essentiel d’avoir des processus validés de façon totalement indépendante : « Il est absolument fondamental d’asseoir toute décision de politique publique en santé sur des données scientifiques validées, et les processus de validation, on ne peut pas négocier avec ».

Le très vif intérêt manifesté par Sanofi

L’étude menée par le Pr Raoult sur vingt-quatre patients atteints du coronavirus aurait permis, six jours après le début de la prise de Plaquenil, une disparition virale chez dix-huit des personnes traitées.  « « J’ai pris connaissance des résultats et j’ai donné l’autorisation pour qu’un essai plus vaste par d’autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients, a  annoncé le ministre de la Santé.

Ces précautions ministérielles faisaient suite aux propos tenus peu auparavant par Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, évoquant des résultats  « prometteurs », précisant que les futurs essais cliniques « seront réalisés avec une équipe indépendante du professeur Raoult » tout en soulignant qu’à ce stade il n’existait « pas de preuve scientifique » de l’efficacité de ce médicament dans cette indication thérapeutique.

Et c’est dans ce contexte que la multinationale pharmaceutique française Sanofi a annoncé le même jour être prête à offrir aux autorités françaises « plusieurs millions de doses » de son médicament Plaquenil, qui pourraient permettre de traiter 300 000 patients atteint du Covid-19 ». Le Plaquenil  a pour principe actif l’hydroxychloroquine, une molécule utilisée contre le paludisme mais également prescrites depuis des décennies dans le traitement au long cours de certaines maladies auto-immunes de type lupus érythémateux disséminé ou la polyarthrite rhumatoïde, 

Sanofi précise se tenir prête à travailler avec les autorités de santé françaises « pour confirmer » les résultats observés à Marseille. Il reste désormais à mesurer les conséquences de la publication de ces nouvelles données dans le contexte actuel de la progression de l’épidémie et des mesures prises par les autorités sanitaires pour prévenir les dérives et les conséquences de l’utilisation de certaines spécialités pharmaceutiques, au premier rang desquels plusieurs anti-inflammatoires comme l’aspirine ou l’ibuprofène. Plusieurs experts appellent à nouveau à la plus grande prudence en raison notamment des effets indésirables graves qui surviennent, notamment en cas de surdosage de nivaquine.

L’Agence nationale de sécurité du médicament va-t-elle devoir, en urgence, prendre des mesures pour prévenir les achats intempestifs de Plaquenil dans les pharmacies d’officine?

A demain @jynau

Lire, sur Slate.fr :  « Coronavirus, premières espérances de traitement par des médicaments Un vaste essai clinique va être lancé en Europe à partir de plusieurs spécialités pharmaceutiques. De nombreux autres sont conduits en Asie. Entre espoirs thérapeutiques et interrogations éthiques »

3 réflexions sur “Covid-19 : l’affaire de la chloroquine prend une dimension politique et industrielle

  1. Attention à l’exactitude du propos : chloroquine et hydroxychloroquine (Plaquenil), sont des molécules différentes ! La confusion et déjà virale sur les réseaux sociaux et j’ai peur des auto-médications sauvages et délétères !

  2. Bonjour Cher Jean Yves NAU
    Je vous lis depuis des années,
    et j’ai grand plaisir à le faire.
    La Presse en général ainsi que les médias TV orientent l’information en regard de vous qui informez vraiment les gens, la société quoi.

    Avec vous, c’est honnête et précis, on sait où l’on va et à quoi s’en tenir.

    Pour tout cela je vous en remercie et vous souhaitant très longue continuation.

    Bien à vous.

    Vincent Caiazzo.

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