Bonjour
20/03/2020. La population française résistera-t-elle durablement à la pression croissante imposée par le pouvoir exécutif ? Jusqu’où la politique de confinement et les mesures drastiques régulièrement dictées seront-elles acceptées par le plus grand nombre ? A partir de quel moment observera-t-on des phénomènes massifs d’échappement, avec toutes les conséquences violentes que l’on peut redouter ? Quand passera-t-on de la simple amende à la contrainte judiciaire ?
A la veille d’un nouveau « Conseil de défense » Emmanuel Macron a une nouvelle fois déploré, jeudi 19 mars, que « trop » de Français continuaient à « prendre à la légère » les consignes de confinement, qui « ne sont pas parfaitement respectées ». « Quand je vois que des gens continuent à aller au parc, à se mettre ensemble, à aller à la plage ou à se ruer dans les marchés ouverts, c’est qu’ils n’ont pas compris les messages » passés par les autorités, a déclaré le chef de l’Etat en marge d’une visite à l’Institut Pasteur de Paris. Certains « ne veulent pas réaliser ou ne réalisent pas que c’est à la fois pour eux et pour protéger ses proches » que ces mesures de restriction de déplacement ont été annoncées. « Il faut qu’on responsabilise ; être citoyen, c’est ça. »
En d’autres termes une fraction non négligeable de la population française n’entend pas les messages de l’Etat. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a également déploré le même jour « la négligence, la légèreté, l’insouciance qu’on voit parfois encore dans nos rues ». Dans la matinée, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait fustigé ceux « qui sous-estiment le risque » et « qui pensent qu’ils sont des héros modernes à enfreindre la règle alors même qu’ils sont des imbéciles ». Il n’est pas dit que ce type de message soit de nature à convaincre ceux qu’il vise.
Interdiction de tous les accès aux plages du pays
Confronté à ce phénomène, débordé par tous ceux qui ne résistent plus à la tentation de sortir de leur domicile « encouragés par une météo ensoleillée », l’exécutif a fait monter la pression : les services déconcentrés de l’Etat ont, le 19 mars, avec la prise d’arrêtés préfectoraux, interdit l’accès aux plages de tout l’arc méditerranéen, de la Corse et de nombreux départements de la façade Atlantique. Les quais de la Garonne ont également été interdits à Bordeaux. Par ailleurs, plusieurs préfectures des départements bretons ont aussi publié des arrêtés pour limiter l’afflux de « touristes » dans les îles.
Le même jour le projet de loi sur l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire », adopté la veille en conseil des ministres, a été débattu à l’Assemblée nationale en comité « restreint ». Après adoption l’« état d’urgence sanitaire » –sur le modèle de l’état d’urgence déjà prévu par la loi et activé notamment à la suite des attentats de 2015 – sera déclaré par décret. L’Assemblée nationale et le Sénat seront ensuite informés « sans délai » des mesures prises pendant cette période.
« Le confinement est nécessaire, explique une nouvelle fois Olivier Véran, dans Le Figaro (Vincent Bordenave). C’est une étape difficile qui demande du temps. Mais plus on l’applique avec sérieux, moins il durera. Il nous faut faire preuve de détermination et de patience. La situation va d’abord se dégrader, avant de s’améliorer: dans un premier temps l’épidémie va continuer à progresser, car les malades qui décèdent aujourd’hui ont été contaminés avant le confinement. C’est quelque chose d’attendu.
Pour le ministre de la Santé les mesures de confinement dureront au minimum une quinzaine de jours. « Nous observons chez nos voisins des dynamiques positives dès cette période dans certaines régions, dit-il. Mais pour d’autres, on se rend compte que ça demande plus de temps. Je le répète: il faut de la patience. Nous sortirons du confinement quand le virus ne circulera plus »
Les explications du ministre sur les masques
Olivier Véran estime aujourd’hui en France le nombre de malades à vingt-mille. Sur la pénurie croissante et hautement problématique de masques de protection, il s’explique en ces termes, qui imposent d’être repris in extenso :
« Le pays a changé sa doctrine sur les masques il y a dix ans. Jusqu’en 2010 il y avait un stock d’État d’un milliard de masques chirurgicaux et 600 millions de masques FFP2. À la suite de l’épisode épidémique de grippe H1N1 de 2011, il a été décidé que ces stocks ne s’imposaient plus, la production mondiale de masques étant supposée suffisante. Malheureusement, personne n’avait anticipé qu’une crise sanitaire allait d’abord percuter la Chine et mettre le monde en situation de pénurie industrielle. Nous avons abordé cette épidémie dans une situation très dégradée, avec un stock nul en FFP2 et à peine 150 millions de masques chirurgicaux adultes et pédiatriques. Nous avons donc passé une commande publique auprès de tous les industriels. Les usines tournent 24h/24 et sortent environ 6 millions de masques par semaine.
« Nous avons été le seul pays au monde à faire une réquisition exhaustive de tous les stocks et des flux de production. Nous importons aussi des masques de l’étranger et nous saisissons toujours les opportunités pour en commander davantage. La Chine vient de nous en offrir 1 million. Nous travaillons aussi avec les industriels pour accroître la production nationale, y compris en convertissant des entreprises consacrées à d’autres productions. À cette situation particulièrement tendue de pénurie dès l’origine, se sont ajoutés de nombreux vols qu’on ne peut que condamner fermement. »
« Nous avons d’abord estimé les besoins de chaque profession de santé pour organiser la répartition dans les semaines à venir. 12,3 millions de masques ont été déstockés en direction des libéraux qui ont été distribués dans les 20 000 officines du territoire. C’est une première étape qui permet de tenir dans un premier temps. Il y aura de nouveaux déstockages à chaque fois que cela sera nécessaire. Parallèlement, on distribue 17 millions de masques aux hôpitaux, aux maisons de retraite et aux services d’hospitalisation, établissements médico-sociaux et d’aides à domicile. Soit un total de 30 millions. En tout, nous estimons que notre système de soins dans son ensemble a besoin de 24 millions de masques par semaine. »
Serait-ce pour ces raisons de gestion de stock que le gouvernement déconseille au public d’en porter? « Les masques sont inutiles pour se protéger, insiste le ministre de la Santé. Quand on n’est pas soignant, le principal intérêt de porter un masque est de protéger les autres quand on est soi-même malade. Ce sont d’ailleurs les recommandations de l’OMS. Pour preuve, beaucoup de services de réanimation soignent des patients qui portaient des masques toute la journée. Quand on touche le masque avec ses mains sans les avoir lavées, le risque de contamination demeure. Il faut réserver les masques aux professionnels de santé. »
Certes mais on sait qu’une contamination sur deux est due à des malades sans symptômes… « C’est d’abord le respect des gestes barrière qui nous protège, insiste Olivier Véran. Ce sont les contacts à moins d’1 mètre pendant quinze minutes qui nous font courir le plus de risques. En gardant les distances de sécurité, en se lavant les mains, on limite très grandement les risques. »
Le mot « mascarade » a finalement été retiré
Interrogé sur les propos hautement polémiques d’Agnès Buzyn dans un récent entretien qu’elle a accordé au Monde celui qui lui a succédé au poste de ministre la Santé répond : « Agnès Buzyn s’est ensuite exprimée dans un communiqué: elle retire le mot de «mascarade». Rien de plus à dire ».
Pour sa part Le Monde précise que trois médecins, représentants d’un collectif de soignants, ont porté plainte jeudi 19 mars contre le Premier ministre et l’ex-ministre de la santé, les accusant de s’être « abstenus » de prendre à temps des mesures pour endiguer l’épidémie de Covid-19. Cette plainte a été envoyée dans la journée à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée en France à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.
« Les trois plaignants (les Drs Philippe Naccache, Emmanuel Sarrazin et Ludovic Toro) ont saisi la CJR au nom du collectif C19, récemment créé, précise Le Monde. Ils estiment que M. Philippe et Mme Buzyn « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer ». Ils s’appuient notamment sur des déclarations d’Agnès Buzyn au Monde, où elle affirme, après le premier tour des municipales, avoir alerté dès janvier le Premier ministre sur la gravité de l’épidémie due au coronavirus et l’avoir averti que « les élections ne pourraient sans doute pas se tenir ».
On ajoutera que, longtemps restés étrangement confidentiels 1 les avis du « Conseil scientifique » en charge de conseiller le gouvernement ont, fort heureusement été rendus publics (ce que demandaient ses membres depuis le 12 mars) : « COVID-19 : Conseil scientifique COVID-19 »
A demain @jynau
1 Sur ce thème : « Macron a tout à gagner à dévoiler ses sources scientifiques sur le coronavirus » Slate.fr 19 mars 2020
Bonjour,
Anthropo-logiques : Être humains en 2020, mais quelle histoire !
Voilà … De quoi poser quelques bases de réflexions, à ce très long article, qu’il serait préférable de lire très très très très très calmement, et jusqu’au bout !
< (…) Soyons donc patients et appliqués. Une fois cette hallucination collective passée, il sera alors temps de faire un rigoureux « post-mortem » des décisions sanitaires et de chercher à comprendre ce qu’il s’est passé pour qu’on génère cet invraisemblable gâchis sociétal…
En est la conclusion.
Avec salutations.
Bonjour,
Abracadabrantesque me semble l’avis qui justifia l’arrêt du stockage de masques en 2010 : « Malheureusement, personne n’avait anticipé qu’une crise sanitaire allait d’abord percuter la Chine »
Ne nous répète-t-on pas depuis des années que la grippe visite volontiers la Chine avant de nous visiter à tire d’aile ?
Si c’est sur la base de cet avis qu’il faut gager notre confiance dans les experts…
« les Etats-Unis qui savaient que la concurrence avec la Chine se ferait sur le terrain à la fois économique et SANITAIRE depuis 2003… » [ 2003=SRAS ] dixit Frédéric Keck dans un intéressant article sur le site de Lundimatin
Un journaliste informe d’abord et sépare l’lnformation du commentaire appré
ciatif. Monsieur Nau pourrait-il faire preuve du minimum d’honnêteté intellectuelle et éviter l’inoculation de la critique insidieuse dans son récit?
Traiter un abruti d’imbécile ne le fait pas changer d’avis….
Il faut essayer (« pisser dans un violon « ? ) de leur faire comprendre en quoi ils sont des dangers pour eux et les autres. Plus dur avec les jeunes.
Et que va t-on faire des rebelles qui prennent 2-3 contraventions à 135 euros dont is se fichent (insoldables sans doute ? ) pour non respect des consignes ? Inculpation de mise en danger le la vie d’autrui ? Ils seront demain des héros dans la rue de nouveau non ? LEs mettres en prison (au risque d’inoculer les anciens ? )
Pas simple.
Des esprits (simples) s’échauffent dans des rues trop fréquentées.
La malfaisance trouve de nouveaux trucs pour malfaiser.
Le traffic de stupéfiant va se moderniser. Ils vont licencier les shoufs. Le dark web pour les petits achats ?
On va être content d’avoir des flics et une armée. Si ils ne sont pas trop touchés.