Bonjour
21/03/2020. Organisé en urgence c’est un long et inédit « point presse » qu’a tenu Olivier Véran au ministère des Solidarités et de la Santé. Une présentation très largement consacrée aux masques protecteurs contre la progression de l’épidémie de Covid-19 – et à la polémique née de la pénurie massive de ces outils de prévention. Une présentation qui, pour la première fois, a permis de faire un point chiffré sur les causes de la pénurie, sur la situation présente et sur la politique mise en œuvre pour pallier au mieux et au plus vite les failles actuelles. Une présentation, enfin, qui démontre une nouvelle fois tout l’intérêt qu’il y a, pour l’exécutif comme pour la collectivité, à dire les faits et les chiffres, à faire la transparence.
Avec, il est vrai une question majeure ici soulevée qui devra trouver une véritable réponse documentée : comment a-t-on pu voir fondre un stock qui, il y a dix ans était fort d’un milliard de masques.
Extraits des propos ministériels- des propos qui, à l’évidence, marquent un nouveau tournant dans la stratégie de communication du gouvernement :
« Ces derniers jours, un enjeu est sur toutes les lèvres : les équipements en masques et en protections. Je dis aux soignants que je comprends et partage leurs attentes et, parfois, leur colère. Face à une épidémie d’une telle ampleur, il pourrait être facile de mobiliser notre énergie sur la recherche de responsabilités. Il sera temps au moment voulu de tirer toutes les conséquences. Je veux me livrer aujourd’hui à un exercice de transparence absolue et vous présenter la situation telle qu’elle est :
« Suite à de premières alertes sérieuses (…) les pouvoirs publics ont décidé il y a une dizaine d’années d’équiper la France de nouveaux masques. Quels que soient les processus de décision qui ont conduit à ce que ces stocks ne soient pas renouvelés, ils se sont réduits année après année. Il ne restait notamment aucun stock d’Etat de masque FFP2.
« J’entends, bien sûr, l’urgence de donner des masques à ceux qui nous protègent »
« Il a été décidé de recourir dès le mois de janvier à l’importation de masques de tous les pays producteurs avant même les premiers cas sur notre territoire. Nous avons mis en œuvre tout pour augmenter notre stock sur un marché tendu.
« La France a ainsi passé plusieurs commandes à l’étranger auprès d’industriels en capacité de fournir rapidement de gros volumes. Nous avons passé commande pour plus de 250 millions de masques, qui seront livrés progressivement au cours des prochaines semaines, sans compter les dons de masques supplémentaires par de grandes entreprises. Je tiens à les remercier.
« J’entends, bien sûr, l’urgence de donner des masques à ceux qui nous protègent, qui nous soignent, qui sont malades. Ma responsabilité de ministre, c’est de faire en sorte que ces masques soient livrés. Nous disposons à ce jour d’un stock d’Etat de 86 millions de masques : 5 millions de masques de type FFP2 et 81 millions chirurgicaux. Nous prévoyons une consommation de 24 millions de masques par semaine. (…) Je connais la durée de nos stocks, je ne connais pas encore celle de l’épidémie.
«Les masques ont d’abord été distribués au sein des zones de circulation active du virus, parce que notre choix a toujours été de donner la priorité aux personnels exposés et aux zones qui en avaient besoin.
« La France est désormais en mesure de fabriquer 6 millions de masques supplémentaires par semaine, pour moitié des FFP2. Dès avril, ce sera 8 millions par semaine. De nouvelles chaînes de distribution sont mises en place. La mise en place d’une chaîne de distribution adaptée a été complexe, mais elle fonctionne maintenant et permettra d’approvisionner rapidement les hôpitaux, l’ensemble des professionnels de santé et des patients pour qui l’usage du masque est recommandé.
Détail des distributions de masques dans les quinze jours
« Toutes les usines tournent à plein régime. Il faut ajouter à cela 40 prototypes qui sont en cours de test pour masques FFP2 ou chirurgicaux. De nombreuses alternatives innovantes sont en cours d’expertise.
« Nos priorités sont les suivantes :
« D’abord, protéger les professionnels de santé, prendre en charge les patients en ville comme à l’hôpital.
Protéger les personnes auprès des personnes âgées.
Protéger les soignants, c’est protéger les malades et c’est sauver des vies.
J’assume de donner la priorité à ceux qui soignent. Nous travaillons sans relâche à optimiser la distribution partout où des dysfonctionnements ont pu intervenir.
« A propos des choix de la distribution de masques dans les quinze jours : priorité sera donnée aux professionnels de santé, en ville comme à l’hôpital, et aux personnes qui interviennent auprès des personnes âgées en Ehpad pour préserver les capacités hospitalières.
- Pour les médecins de ville, les biologistes, infirmiers de villes, 18 masques par semaine par profession.
- Pour les masseurs et les kinés, 6 masques par semaine par profession.
- Pour les pharmaciens, 18 masques par semaine par professions.
- Pour les sages-femmes, 6 masques par semaine par profession pour prise en charge des femmes contaminées.
- Pour les prestataires de service, une boîte de 50 masques par semaine et en moyenne par entreprise. »
Insuffisance en matière de dépistage
Tout en démontrant sa capacité à, dans ces moments difficile, faire preuve de pédagogie, Olivier Véran a exhorté les journalistes à ne « pas céder aux sirènes de la polémique », qu’il s’agisse de la pénurie de masques ou des insuffisances en matière de dépistage.
« Aujourd’hui, nous ne dépistons pas de manière automatique. Nous avons fait jusque-là le choix d’un usage rationnel des tests, car les tests ne servent pas à mesurer mais à contenir l’épidémie. Nous sommes alignés sur les recommandations des pratiques internationales. Les personnes ciblées sont, comme chez nos voisins européens, les personnes les plus à risque.
« La France doit désormais tester et doit faire évoluer sa stratégie de dépistage. L’enjeu est d’être en mesure de multiplier les tests au moment de lever le confinement, nous devons pouvoir vérifier si les personnes pour lesquelles nous avons un doute présentent ou non la maladie.
« Ce n’est pas sur la base d’un dépistage massif que nous mettrons fin à l’épidémie, mais pour accroître notre surveillance une fois le confinement levé. »
Ce « point presse » a également confirmé le rôle majeur désormais conféré au Conseil scientifique présidé par le Pr Jean-François Delfraissy. C’est ainsi cette structure qui définira, lundi 23 mars, ce qu’il en sera de l’allongement ou pas des mesures de confinement en vigueur depuis le 17 mars. L’hypothèse d’une durée de six semaines semble aujourd’hui acquise. C’est encore ce Conseil scientifique qui donnera ses recommandations quant aux nécessaires évolutions des pratiques de dépistage et quant à l’élargissement, lorsque cela sera possible, des distributions de masques, notamment aux membres des forces de l’ordre.
On notera, enfin, les plus grandes précautions prises par Olivier Véran quant aux espoirs, très largement médiatisés, nés de l’utilisation d’un médicament antipaludéen (hydroxychloroquine, Plaquenil) par le Pr Didier Raoult, membre de ce Conseil scientifique. Seuls de nouveaux essais cliniques, indépendants et répondant aux règles habituelles de ces derniers, permettront ici de conclure.
A demain @jynau
< Nous avons mis en œuvre tout pour augmenter notre stock sur un marché tendu.
C'est le TOUT, qui est étonnant à entendre ….
…
… Jusqu'à 21mn10, où les questions restent à leurs TOUTES transparences, c'est ça ???