Chiens, chats et Covid-19 : les dérangeantes recommandations de l’Académie de médecine

Bonjour

25/03/2020. C’est une prise de position qui aura un large écho. L’Académie nationale de médecine vient, le cadre de la pandémie due au Sars-Cov-2, virus responsable de la maladie Covid-19, de répondre à deux questions qui concernent, en France, quelques dizaines de millions de personnes :  « Y a-t-il un risque à côtoyer un animal domestique ? » « Mon animal domestique court-il un risque d’être contaminé ? »

L’Académie nationale de médecine (qui rassemble médecins et vétérinaires) a « analysé ces questions en vue de faire quelques recommandations ». On disposait déjà de deux avis éminents sur les risques de contamination de l’animal à l’homme : celui de  l’Organisation de la santé animale (OIE, avis du 9 mars 2020) et celui de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses, avis du 11 mars 2020). Dans les deux cas les experts avaient, autant que faire se peut, été rassurants.

On sait en effet que parce qu’ils sont spécifiques d’espèce, la grande majorité des coronavirus présents chez les animaux de compagnie (comme chez les animaux de ferme) sont sans aucun danger pour l’Homme. Seuls certains coronavirus (Betacoronavirus), dont le réservoir naturel est la chauve-souris, ont la capacité de franchir la barrière d’espèce et de déclencher une zoonose chez l’Homme, parfois source d’une épidémie (Sras en 2003 ; Mers en 2012 ; et Covid-19 en 2020). Il est d’autre part établi, à ce jour, qu’il n’y a pas de démonstration scientifique sur le risque de contamination de l’Homme par le virus à partir des animaux domestiques, ni sur le risque de contamination avec réplication et forte excrétion virale d’un animal domestique à partir d’un malade ayant le Covid-19.

Pour autant l’Académie nationale de médecine estime, dans un communiqué 1, qu’il est désormais indispensable de formuler de nouvelles recommandations :

  • Renforcer les mesures habituelles de biosécurité vis-à-vis des nombreux agents pathogènes pouvant être transmis (aérosols, salive, déjections) par les animaux de compagnie (chien, chat, furet, rongeurs notamment) et souvent ignorés du propriétaire. Il importe de se laver fréquemment les mains lorsque l’on s’occupe de l’animal (litière, promenade, alimentation, etc.), surtout s’il a été caressé, et il ne faut pas le laisser lécher le visage ;
  • Séparer le propriétaire ayant le Covid-19 de son animal de compagnie pendant la période où le malade peut être excréteur du virus. Autant que possible, il faudrait instaurer une quarantaine permettant de limiter tout contact rapproché de l’animal avec les autres membres de la famille (animal dans la chambre, par exemple). 

L’Académie ajoute que le virus responsable du Covid-19 est proche du SARS-CoV qui avait été responsable de l’épidémie de Sras de 2003. « Le Sars-CoV a pu être isolé chez plusieurs espèces animales dont le chien viverrin, les chats ou infecter expérimentalement des furets et des rongeurs (cobayes et hamsters), le plus souvent sans signes cliniques, observe-t-elle.  La possibilité d’un portage du virus par les animaux de compagnie est évoquée depuis la découverte à Hong Kong de deux chiens positifs alors que leurs propriétaires avaient le Covid-19. »

Il faut toutefois ajouter que le suivi du premier chien placé en quarantaine pendant 14 jours à partir du 26 février, puis testé à six reprises, a permis de noter un très faible taux de virus dans les voies respiratoires et la cavité buccale, puis des résultats négatifs ainsi que l’absence d’anticorps sériques témoignant d’une infection transitoire. Ajouter aussi que la présence du virus dans les déjections n’a pas été démontrée alors que celles-ci sont souvent riches en coronavirus chez les animaux réservoirs. « Le deuxième chien testé positif le 18 mars est sous quarantaine et sous surveillance, note enfin l’Académie. Les deux chiens n’ont jamais présenté de signes cliniques. Ces données scientifiques suggèrent que le Covid-19 peut se transmettre aux chiens à partir du propriétaire contaminé. Rien n’indique en revanche, pour le moment, que les chiens peuvent à leur tour contaminer, par des aérosols ou la salive, des personnes non infectées ou d’autres animaux rencontrés (par exemple dans la rue). »

Et pour ne rien simplifier le communiqué de l’Académie se termine ainsi : « ces  recommandations ne doivent pas faire oublier que : -dans un foyer où une personne malade a le Covid-19, le risque pour les personnes vivant sous le même toit est bien plus lié aux contacts avec ce malade qu’avec l’animal de compagnie ; tout particulièrement en période de confinement, l’animal de compagnie est bien plus un ami qu’un danger ».

A demain @jynau

1 Ce communiqué a été préparé par la Cellule de veille scientifique Covid-19 de l’Académie Nationale de Médecine composée de Patrick Berche, Jeanne Brugère-Picoux, Yves Buisson (président), Anne-Claude Crémieux, Gérard Dubois, Didier Houssin (secrétaire), Dominique Kerouédan et Christine Rouzioux, avec la contribution de Jean-Luc Angot et Eric Leroy

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