Bonjour
31/03/2010. Nouvelle étape dans l’impensable bras de fer : L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) entre sur le champ de bataille. Mais n’est-il pas, là encore, trop tard ? Elle rappelle, dans un communiqué publié lundi 30 mars, qu’aucun médicament n’ayant « apporté la preuve formelle de son efficacité dans le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19 », que « les traitements testés pour soigner les patients Covid-19 ne doivent être utilisés qu’à l’hôpital ».
Trop tard ? Ce rappel au règlement médicamenteux est lancé alors que l’on ne compte plus, sur les ondes et les réseaux, les voix qui prônent dans le recours à l’hydroxychloroquine (Plaquénil, plus ou moins associée à l’azithromycine) au premiers stades du Covid-19 et bien en amont de l’hospitalisation. Des prises de position exprimées dans le plus grand désordre par les personnalités les plus diverses et qui rencontrent un écho grandissant dans la population – avec toutes les conséquences négatives que l’on peut redouter. La Société française de pharmacologie et de thérapeutique a pour sa part mis en ligne un dispositif d’information sur le médicament en situation Covid-19.
Trop tard ? L’ANSM rappelle à qui veut bien l’entendre que le recours à ces « traitements » « doit se faire prioritairement dans le cadre des essais cliniques en cours ». Elle surligne : « En aucun cas, ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni en autoprescription d’un médecin pour lui-même, pour le traitement du Covid-19. » Et l’Agence de mettre en ligne sur son site des fiches téléchargeables sur ces médicaments, destinées aux patients.
« Conformément à l’avis du Haut conseil de santé publique du 24/03/2020 (HCSP) et au décret du 25 mars 2020 (pris en application de « la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie du COVID-19 » ), le recours à ces médicaments peut s’envisager à titre exceptionnel et uniquement dans le cadre d’une prescription et d’une dispensation aux patients hospitalisés.
« En aucun cas ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni en auto-prescription d’un médecin pour lui-même, pour le traitement du COVID-19 .
Pourtant, des informations recueillies par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) font état d’utilisation de hydroxychloroquine, seule ou en association, en ville. Nous alertons les professionnels de santé et les patients sur les risques connus liés à l’utilisation de ces médicaments, dont le risque cardiaque, qui, sans suivi médical approprié, peuvent conduire à une hospitalisation. »
Doublement des ventes de Plaquénil
Trop tard ? Tout, ici aussi, est allé beaucoup plus vite que l’on pouvait le redouter. En cause : la publicité donnée aux travaux et aux résultats préliminaires (amplement critiqués) du Pr Didier Raoult. Mais pas seulement. « Au total, nous avons eu pour l’instant une trentaine de cas signalés en pharmacovigilance relatifs à des médicaments utilisés dans la Covid-19, précise le Dr Dominique Martin, directeur général de l’ANSM. Les plus nombreux concernent le Kaletra (association lopinavir/ritnavir). L’hydroxychloroquine (Plaquenil), seule ou association avec un autre produit, est impliquée dans cinq cas dont trois mortels. Ces dossiers sont en cours d’analyse par un centre régional de pharmacovigilance. »
Le directeur général de l’ANSM souligne que dans le cas du patient décédé à Paris, « cette molécule avait été prise en association avec un anti-inflammatoire, et il reste à déterminer si le décès est dû à un trouble de conduction, ou à un infarctus massif du myocarde qui n’aurait rien à voir avec le traitement ».
« Concernant le Plaquenil, l’alerte a été double, précise le Dr Dominique Martin cité par Le Monde, avec d’une part un quasi-doublement des ventes dans les pharmacies ces derniers jours ; et de l’autre, des alertes de pharmacovigilance. Seule, cette molécule peut être responsable d’effets indésirables, mais l’association avec d’autres médicaments − azithromycine mais pas seulement − fait prendre des risques supplémentaires. »
Face à ces débordements médicamenteux des voix s’expriment aussi, sur les ondes et dans certains médias, pour en appeler à la raison : attendre les résultats de plusieurs essais cliniques menés en urgence mais en respectant la méthodologie habituelle ; résultats attendus dans deux à trois semaines. On en saura plus sur les vertus de l’hydroxychloroquine dans le Covid-19. Trop tard, pour les partisans et adeptes du Pr Didier Raoult qui, déjà contestent la méthodologie de ces essais et qui, au nom de l’urgence, revendiquent la liberté de se traiter comme ils l’entendent.
A demain @jynau
Il suffit de prescrire en HAD si l’ANSM ne croit pas aux qualités professionnelles des soignants de ville. L’hospitalocentrisme est une plaie bien française…