Hydroxychloroquine: les nouvelles conclusions du mensuel Prescrire quant à son efficacité

Bonjour

03/04/2020. Le 31 mars Prescrire donnait fort heureusement de la voix dans les turbulences montantes de l’affaire de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. Voici ce qu’était, alors, la conclusion de de mensuel radicaement indépendant de l’industrie pharmaceutique :

« Avant d’exposer les patients en routine, la conduite d’autres essais comparatifs randomisés, de plus grande ampleur, est justifiée pour explorer cette hypothèse, tel l’essai en cours au niveau européen (essai dit Discovery) ». Où l’on voyait, alors, que Prescrire rejoignait la position et les recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Le mensuel revient, trois jours plus tard, sur le même sujet. Extraits :

« Des résultats d’un essai comparatif chinois de l’hydroxychloroquine (Plaquénil°) ont été publiés fin mars 2020 sur un site de publication avant relecture par des pairs (peer-review) . Cet essai a comparé un traitement habituel du covid-19 versus l’ajout d’hydroxychloroquine. Le protocole décrit diffère de celui déposé dans le registre chinois des essais cliniques.

« Cet essai a été mené chez 62 patients atteints de covid-19 (âgés en moyenne d’environ 45 ans), avec signe de pneumonie mais sans altération importante de leur saturation en oxygène. Au cours du suivi durant 6 jours, 4 patients ont eu une forme sévère de covid-19 dans le groupe témoin (traitement habituel) versus aucun dans le groupe avec ajout d’hydroxychloroquine (400 mg par jour pendant 5 jours) (absence de différence statistiquement significative). L’évolution des images radiologiques (scanner thoracique) a aussi paru meilleure dans le groupe hydroxychloroquine. »

Mais pour Prescrire trois questions majeures se posent :

  • des patients sont-ils morts en cours d’essai ?
  • la durée de suivi est-elle suffisante pour évaluer la mortalité étant donné la durée habituelle de la maladie ?
  • la durée de suivi est-elle suffisante pour évaluer les effets nocifs du traitement, alors que la demi-vie d’élimination de l’hydroxychloroquine varie de quelques jours à deux mois, d’où par exemple une longue exposition à des interactions médicamenteuses qui contribuent à allonger l’intervalle QT de l’électrocardiogramme ?

Le mensuel ajoute qu’ « une équipe française » (celle du Pr Jean-Michel Molina de l’hôpital Saint-Louis, Paris) a rapporté quelques données publiées sur une série de patients traités par hydroxychloroquine (600 mg par jour) et azithromycine (500 mg le 1er jour, puis 250 mg par jour pendant 4 jours). « Après 5 à 6 jours de traitement, la PCR était encore positive pour le SARS-CoV-2 dans les prélèvements nasopharyngés chez 8 des 10 patients étudiés, résume le mensuel. Chez un patient, le traitement a été arrêté au 4e jour en raison d’un allongement de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme. »

En conclusion l’incertitude demeure, « qui incite à poursuivre les évaluations comparatives, et à continuer à être très prudent dans le maniement de l’hydroxychloroquine, vu ses dangers cardiaques, entre autres ».

Et, trois jours plus tard la même question : ces nouveaux éléments seront-ils de nature à convaincre ceux qui continuent, sur les ondes et les réseaux,  souvent au nom de l’urgence, à faire la promotion de l’hydroxychloroquine avant même (dans quelques jours ou quelques semaines) de connaître les résultats des évaluations comparatives randomisées ?

A demain @jynau

7 réflexions sur “Hydroxychloroquine: les nouvelles conclusions du mensuel Prescrire quant à son efficacité

  1. Il serait bon de remarquer que cette étiude chinoise aux résultats encourageants ne donne PAS DE DONNEES sur les caractériqtiques cliniques des 2 groupes. Ils sont comparables pour l’age et le sexe mais LA GRAVITE ? LEs COMORBIDITES ?

    C’est terrible (au sens anglais d’ailleurs) de faire des études aussi défectueuses et de gâcher l’occasion de démontrer qu’un traitement est efficace (on l’espère) ou non.

    Des gens , si ça marche, vont mourir à cause des malfaçons grossières dans les études qui retardent la généralisation du traitement.

    Après, il y en a qui jouent au poker. Des agrégés de poker.

    Bon ce qui est encourageant c’est =
    – les critères d’inclusion ne laissent pas trop de marge à une gravité tyrès différente
    – le tirage au sort est supposé répartir les malades à comorbidité de façon eégale.

    Ce qui coince :
    – mais sur 31 + 31 malades le hasard ne fait pas toujours bien la répartition selon les comorbidités et la gravité
    – pas d’aveugle

  2. On peut faire toutes les critiques qu’on veut sur la méthodologie scientifique de l’équipe de l’IHU Marseille, essentiellement l’échantillon reduit, l’absence de groupe, témoin et le risque d’automédication avec une posologie letale. Mais dans ce cas, il faut appliquer la même critique à l’étude du Pr. Molina : échantillon ridicule de 11 patients, biaisés par de la comorbidité importante, toujours pas d’échantillon témoin…
    D’autre part, on doit au Pr. Raoult un grand remerciement pour avoir effectué les seuls dépistages systématiques dans toute la France. Nous aurions eu les moyens de le faire sur une échelle généralisée, si nos laboratoires de recherche n’avaient pas été interdits de participation à l’effort de combat.

    • Vous voulez dire le taux de mortalité à environ 8% des hospitalisés?
      Plus haute qu’à beaucoup d’autres sites ?
      Bien plus faible qu’en region parisienne et Est (13-17%
      Difficile: comorbidités ? Ages ?
      Critères d’hospitalisation (denominateur)

      Et on ne sait pas la fraction des dépistés non hospitalisés qui meurent.

      Sans détail et ajustements on ne peut rien dire.

  3. @Umberto Ucelli
    On ne peut donc jamais rien conclure…
    On devrait donc penser que les comorbidités sont réparties de façon à peu près égale (les chiffres sont similaires pour les autres départements) partout sur le territoire sauf dans les Bouches du Rhône (où sévit le Pr Raoult).
    On pourrait penser que quelqu’un dépisté positif et renvoyé chez lui peut y mourir dans les Bouches du Rhône sans qu’il n’y ait de suivi.
    Pourquoi pas ?

    Toutefois, si l’on prend les chiffres bruts dont je rappelle qu’ils sont les chiffres officiels de Santé Publique France (je prends les départements avec à peu près le même nombre de cas d’hospitalisation):
    BdR : Hospitalisés : 1022, En réanimation : 236, Renvoyés à dom. : 671, Décès : 79
    Yvelines : Hospitalisés : 858, En réanimation : 185, Renvoyés à dom. : 436, Décès : 155
    Val d’Oise : Hospitalisés : 816, En réanimation : 151, Renvoyés à dom. : 585, Décès : 200
    Moselle : Hospitalisés : 816, En réanimation : 151, Renvoyés à dom. : 585, Décès : 200
    Essonne : Hospitalisés : 831, En réanimation : 185, Renvoyés à dom. : 227,
    Décès : 92
    Les départements dans lesquels il y a moins de79 décès ont tous moins de 500 hospitalisations.
    Donc, soit on hospitalise plus dans les BdR (des cas non graves, histoire de remplir des lits pour éviter qu’il y ait des prochaines coupes budgétaires), soit les malades sont tous plus jeunes (selon l’OMS plus de 95% des morts ont plus de 65 ans), soit le fait de supporter l’OM est protecteur.
    On peut ergoter, mais je vois quand même une certaine anomalie statistique qui pourrait faire réfléchir quant à la façon dont les patients sont pris en charge et/ou traités dans les Bouches du Rhône.
    Bien à vous

    • Oui c’est un signal. Troublant.

      Comme tout le monde je croise les doigts pour que le traitelent AZTM-HCRQ marche.

      J’en veut beaucoup à DR. de ne pas avoir fait l’étude qu’il fallait faire, on a là la preuve que c-‘est cette attitude qui n’est pas éthique: ne pas faire l’étude rigoureuse qui aurait pu démontrer à tous sans contestation l’efficacité du traitement et sauvé beaucoup de vies.

      Mais non , Môssieur a fait un coup de poker et comme il est écrit dans un journal local citant un de ses collaborateurs « mis ses couilles sur la table ». La science en marche.

      Il faudrait des détails.
      Et les morts en EHPAD ou à domicile sont ils relevés ?

  4. @Umberto Ucelli
    Les morts et AHPAD ou à domicile ne sont peut-être pas relevés, mais pourquoi le seraient-ils moins dans les BdR qu’ailleurs ?
    Je suis d’accord sur le fait que la communication du Pr Raoult pourrait être meilleure, mais elle n’est certainement pas plus mauvaise que celle de nos dirigeants dont certains sont aussi médecins (le masque pas efficace…), ou de l’académie de médecine dont on se demande ce qu’ils faisaient lorsque le gvt dénigrait l’utilité du masque.
    Si on est en guerre, on tente des choses.
    L’AZTM-HCRQ (+ éventuellement le Zn) sont hyper-connus.
    Le Pr Raoult a bien dit: on détecte, on traite précocement les malades et on les suit (ECG à J0 et J2 pour vérifier l’allongement du Qt, il existe d’ailleurs des algorithmes permettant de prédire la susceptibilité de faire des torsades de pointe (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28800628)).
    On peut demander des essais randomisés, mais à condition de ne pas laisser de perte de chance aux patients (lire les commentaires de Christian Perronne sur sa non-participation à l’essai Discovery https://www.parismatch.com/Actu/Sante/A-propos-de-la-chloroquine-et-de-l-inimaginable-penurie-des-masques-en-France-1680312).
    La question est : si j’étais malade, est-ce-que je préférerais être soigné par AZTM-HCRQ sous contrôle médical pendant 10 jours ou par rien ?

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