Bonjour
09/04/2020. Une nouvelle fois Les Echos reviennent, dans les grandes largeurs, sur l’affaire mêlée de l’hydroxychloroquine et du Pr Didier Raoult. En tentant de démêler le faux du vrai. Et en donnant une nouvelle fois la parole au désormais célèbre microbiologiste, directeur de l’Institut HospitaloUniversitaire – Méditerranée infection de Marseille. Nouvelle tribune, arguments récurrents et puis de nouveaux – qui aident à mieux comprendre son raisonnement. Extraits édifiants :
« (…) Ce que nous montre l’histoire des maladies infectieuses, c’est que, dans l’immense majorité des cas (peut-être 99 % des maladies connues), il n’y a jamais eu d’études multicentriques, randomisées, en double aveugle, pour répondre à une situation de cette nature. Les essais randomisés, que les pays occidentaux ont adoptés comme standard méthodologique dans la crise actuelle, sont un concept importé du monde des maladies chroniques.
« Pour le sida, il n’était nul besoin de faire une étude randomisée. Il suffisait de doser le virus dans le sang pour s’apercevoir que les nouveaux traitements (des antiprotéases) étaient efficaces. Il en est de même pour l’hépatite C, où la mesure des charges virales permet de ne pas administrer de traitements trop longs et extrêmement coûteux. Toutefois, l’enjeu financier de ces médicaments est devenu tel qu’ont été lancées, en ce début du XXIe siècle, des centaines d’études comparatives, dont une partie est utilisée pour fidéliser les prescripteurs et développer une addiction aux traitements utilisés.
« Cette généralisation abusive d’une unique méthode d’évaluation à l’ensemble des cas de figure nous montre la nécessité d’avoir une réflexion autonome. On a l’impression que, s’agissant de ce coronavirus, une partie des institutions s’est tournée, pour trouver une solution, vers l’industrie pharmaceutique qui seule décide des essais, plutôt que de commencer par réfléchir par elles-mêmes (…). »
Karl Popper, Thomas Kuhn, Paul Feyerabend
Pour le Pr Raoult c’est précisément ce qui a marqué la différence considérable entre la réaction de l’Extrême-Orient et celle de l’Occident. « En Extrême-Orient, dès que les résultats de la sensibilité du virus ont été connus, la question posée, de façon pragmatique, a été de savoir comment on allait pouvoir traiter, très rapidement, des centaines de milliers de personnes, observe-t-il. Or, seuls les médicaments déjà commercialisés, disponibles et dont on connaît les limites en termes de sécurité, sont susceptibles d’être utilisés immédiatement. »
« L’Europe, ajoute-t-il, n’en a pas moins fait le choix de tester plusieurs protocoles dans d’énormes études dont les résultats ne seront pas disponibles avant plusieurs semaines et portant sur des molécules qui, de toute façon, ne pourront pas être commercialisées rapidement. Ceci montre que, à un moment, la réflexion est morte pour laisser la place à une routine méthodologique. Cette méthode tant vantée n’est pas une règle d’or de la science, ni un impératif moral, mais une simple habitude. »
« J’en appelle tout un chacun à réfléchir par soi-même, conclut-il sa tribune des Echos. Pour vous faire une opinion indépendante, commencez par lire l’article « Randomized controlled trials » sur Wikipédia (en anglais : la version française est médiocre). Quant à tous ceux qui prennent la parole dans les médias au nom de la science, je les renvoie à ces trois ouvrages fondamentaux qui leur éviteront peut-être de dire des sottises : « La Logique de la découverte scientifique » de Karl Popper, « La Structure des révolutions scientifiques » de Thomas Kuhn et « Contre la méthode » de Paul Feyerabend. »
Que diront, de tout ceci, les membres du Conseil scientifique du gouvernement – structure dont le Pr Raoult a claqué la porte ? Celles et ceux « qui prennent la parole dans les médias au nom de la science » répondront-ils, dans Les Echos ou ailleurs, à celui qui se définit, aussi, comme un grand scientifique ?
A demain @jynau
Il a du louper des chapitres de Popper « falsifiability of a hypothesis » et de Kuhn ( je crois que c’est lui sui souligne que les grands découvreurs ne sortent pas du sérail.
DR s’arrange pour que l’hypothèse de l’efficacité de l’HCRQ ne soit pas réfutable (« falsifiable » en anglais. ) et il est un produit du sérail.
L’habit be fait pas le moine.