Bonjour
10/04/2020. Nouvel avis rendu public du Conseil scientifique du gouvernement qui regarde, cette fois, au-delà de l’Hexagone. Et à la veille d’une nouvelle allocution présidentielle qui traitera immanquablement des perspectives du déconfinement le Conseil considère pour sa part « indispensable le maintien strict du confinement dans les territoires d’outre-mer » et ce « jusqu’au décours du passage du pic épidémique ». Mais aussi, mais surtout, il « souligne la nécessité de mesures d’accompagnement pour les personnes en situation de précarité ». Dans l’attente, aucun doute n’est permis : « l’épidémie dans les territoires d’outre-mer va s’aggraver dans les semaines qui viennent ».
On sait que les territoires d’outre-mer sont frappés par l’épidémie de Covid-19 avec un décalage de plusieurs semaines dans le temps par rapport à la métropole. Pour autant, la France jacobine étant ce qu’elle peut être, le confinement général y a été décrété au même moment, le 17 mars.
« Les premiers cas de Covid-19 sont apparus dans les territoires d’outre-mer, à partir du 1er mars, d’abord à Saint-Barthélémy et Saint-Martin, puis en Guyane, Martinique, Guadeloupe, à la Réunion, en Polynésie française, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie » rappelle le Conseil scientifique. Les premières personnes infectées ont été des voyageurs ayant contracté l’infection hors des outre-mer, puis sont apparus des cas secondaires dans leur entourage immédiat. De plus en plus d’infections autochtones, sans lien avec les voyageurs, sont maintenant diagnostiquées.
« Les Antilles sont aussi confrontées au risque de Covid-19 à bord des navires de croisière, ajoute le Conseil. Ainsi un bateau actuellement en quarantaine au large de Fort-de-France est touché par l’infection et a dû transférer certains membres de son équipage au centre hospitalier universitaire de Fort de France. En Guyane, sur le Haut-Maroni, les allées et venues de pirogues d’orpailleurs clandestins venus pour la plupart du Brésil, se multiplient, sans aucun respect du confinement. » Ces mouvements font craindre une propagation accélérée du virus parmi les amérindiens. Un autre sujet d’inquiétude, généralisé à l’ensemble des territoires tropicaux, est celui de la recrudescence de la dengue depuis quelques mois. La prise en charge des malades fébriles risque fort de s’en trouver compliquée.
Et ce Conseil de lancer un cri d’alarme pour Mayotte
« La situation à Mayotte est particulièrement préoccupante : plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, 30 % des habitations n’ont pas l’eau courante et l’offre de soins est limitée. Cependant, 50 % des habitants ont moins de 18 ans et seulement 4% plus de 70 ans ; à tempérer par le fait que diabète et obésité, facteurs de risque de formes graves de Covid-19, touchent une partie importante de la population. Il faut anticiper que le système de santé, du fait de l’hyper-concentration de son service et de la méfiance d’une partie importante de la population envers l’administration, sera totalement dépassé lorsque les quartiers pauvres de Mamoudzou, comme le bidonville de Kaweni, seront touchés. »
Que faire ? « Pour être efficace, le confinement général doit être strictement mis en œuvre et bénéficier d’une large adhésion de la population, comme ceci semble être le cas, observe le Conseil scientifique pour les outre-mer. Mais le stade précoce de l’épidémie et l’insularité de la plupart des territoires d’outre-mer rendent possibles d’autres mesures pour freiner la propagation de l’infection. »
Ces mesures pourraient être fondées « sur une utilisation plus large des tests de diagnostic » – et ce « avec un isolement des patients positifs » – sans oublier des « mesures de quarantaine des nouveaux arrivants ». Les situations des territoires d’outre-mer sont toutefois hétérogènes et les mesures, pour être opérationnelles, devront être réalistes et adaptées aux contextes. Elles devront aussi être différenciées selon les territoires et élaborées avec les autorités et les acteurs impliqués.
Dès maintenant le Conseil scientifique exhorte le gouvernement à « renforcer les capacités hospitalières », à « mettre en place dès maintenant une stratégie de tests diagnostiques (RT-PCR COVID) » et à rendre disponibles des masques et des équipements de protection individuelle. « Des commandes sont en cours, observe-t-il. Il est impératif d’éviter les ruptures de stock et de permettre une large utilisation des masques en privilégiant en cas de tension les personnels de santé. » Tenter de tout faire, en somme, pour éviter que l’on observe, au-delà des mers, une réplique de ce qui a pu être malheureusement observé sur le sol de la Métropole.
A demain @jynau