Scandale: 79 ans, condamnée pour avoir, via la fenêtre de l’Ehpad, salué son mari, 93 ans

Bonjour

14/04/2020. On pourrait parler de scandale. Ou de honte. Chacun qualifiera. Dans le département du Tarn une femme vient d’être verbalisée pour violation de «cordon sanitaire». La verbalisation a été effectuée devant l’Ehpad public du Pré de Millet (Graulhet). Cette femme, septuagénaire venait de saluer son mari résident. Hedwig, 79 ans, stationnait devant la fenêtre fermée de la chambre de son époux, 93 ans, résident confiné. L’affaire vient d’être rapportée par La Dépêche (Martine Lecauday)

« Jeudi 9 avril, comme tous les jours, Hedwig, 79 ans, est venue à pied. Elle habite à moins de dixminutes de l’Ehpad où depuis deux ans réside Jean-Jacques, 93 ans, son mari. Avant le confinement, Hedwig venait le voir deux fois par jour et c’est presque toujours elle, et parfois sa fille Mariani, qui lui donnait son repas du soir. Le personnel n’y voyait pas d’inconvénient d’autant qu’Hedwig est bénévole à la maison de retraite.

« Mais depuis le début du confinement, impossible, pour les personnes extérieures, de pénétrer dans l’établissement. Pour Helwig, pas question d’enfreindre la règle, mais pas question non plus de renoncer à soutenir son mari, même si elle sait que le personnel fait de son mieux. « Mon père est un peu dans son monde et communiquer avec lui par Skype, ce n’est pas évident » témoigne Mariani qui habite à Moulayrès, à dix km de là. »

Or Hedwig veut rester présente aux yeux de son époux. Chaque jour à 16 h, muni d’une attestation en bonne et due forme, case promenade ou assistance à personne vulnérable cochée, elle vient devant la fenêtre de la chambre de son mari pour qu’il puisse la voir. Munie d’une ardoise, elle lui adresse de petits messages à travers la vitre.

« Dans son fauteuil, Jean-Jacques, qui ne peut pas bouger risquait encore moins d’ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur l’extérieur. Mais il savait qu’Hedwig était là. Il la voit derrière la vitre. Elle reste cinq ou dix minutes, pas plus, rassurée. « Il est un peu perdu malgré les informations qu’on lui donne. Il ne comprendrait pas de ne plus la voir » explique Mariani. »

Le souhait d’Emmanuel Macron dans son Adresse aux Français

Tout ceci est à mettre au passé. Le 9 avril malgré son attestation, deux gendarmes ont interpellé Hedwig devant la fenêtre, l’ont verbalisée et renvoyée chez elle. Sa fille appelé la gendarmerie de Graulhet qui lui a confirmé la verbalisation. Elle a aussi envoyé un mail à la préfecture du Tarn. « Depuis, ma mère n’ose même plus sortir de chez elle, dit-elle. C’est une personne très respectueuse de la loi. D’avoir été chassée comme ça, même si les gendarmes ont été très corrects, ça l’a bouleversée. Ce qui me fend le cœur c’est que mon père va se sentir abandonné. La dernière fois qu’il a vu ma mère, c’est derrière la vitre, encadrée par deux gendarmes. Vous vous imaginez ce qu’il peut penser ? »

Explications de la préfecture : «Même si la visite en extérieur de votre mère peut être considérée comme une assistance à personne vulnérable, un cordon sanitaire autour des Ehpad doit être absolument respecté. De ce fait, votre mère était bien en infraction». Extrait de l’Adresse aux Français, 13 avril 2020  d’Emmanuel Macron, suivie hier par plus de trente millions de Français :

« Je souhaite aussi que les hôpitaux et les maisons de retraite puissent permettre d’organiser pour les plus proches, avec les bonnes protections, la visite aux malades en fin de vie afin de pouvoir leur dire adieu ».

On espère que Catherine Ferrier, préfète du Tarn, après avoir mis en place un cordon sanitaire infranchissable, saura mettre en œuvre au plus vite le souhait du président de la République au sein de l’Ehpad du Près de Milet, à Graulhet.

A demain @jynau

6 réflexions sur “Scandale: 79 ans, condamnée pour avoir, via la fenêtre de l’Ehpad, salué son mari, 93 ans

  1. On ne peut qu’être écœuré par l’attitude de ces représentants de l’ordre, qui n’ont vraisemblablement pas toujours été aussi zélés dans leur carrière. Vous semblez souhaiter que la préfète assouplisse le dispositif pour tenir compte des propos de Macron. Je crains le pire en lisant l’extrait que vous citez :  » la visite aux malades en fin de vie afin de pouvoir leur dire adieux ». Il ne me semble pas que le mari soit en fin de vie et que l’intention de sa jeune femme soit de lui dire adieu mais bien de le soutenir pour qu’il garde le moral et qu’il survive à cette épreuve qu’est l’isolement forcé résultant du confinement.

    • Bonjour Ruess,

      Hedwige venait saluer son mari de 93 ans devant la fenêtre de sa chambre, résident confiné dans l’Ehpad de Graulhet, jusqu’à ce que les gendarmes ne viennent la verbaliser.

      « J’étais devant la fenêtre avec une ardoise pour écrire des nouvelles de la famille à mon mari. J’avais demandé à l’établissement si je pouvais venir le voir à la fenêtre et il n’y avait aucun problème, j’y allais tous les jours à 16h ».
      « Deux gendarmes sont finalement arrivés : je leur ai expliqué que j’étais venue saluer mon époux mais d’après eux, je n’avais pas le droit d’être là. Ils m’ont informée que je recevrai 135 euros d’amende, j’en étais retournée et je suis rentrée à la maison en pleurs , 135 euros ça fait mal et c’est injuste », poursuit-elle, « mais le plus dur, c’est de ne plus pouvoir y aller ».

      Ce témoignage, et quelques idées, sont à entendre de 6mn51 à 8mn50… [ https://youtu.be/vAXLiVapSi4 (video sur 15mn20)]

  2. Clémenceau n’est pas encore passé par là virer les bureaucrates nuisibles (1).

    Merci de rendre ceci public ça donne envie de pleurer devant tant de bêtise et d’inhumanité.

    Espérons des excuses et la levée de la sanction, et une médaille pour son volontariat d’avant confinement.

    1- je ne connaissais pas cet épisode de l’histoire de France.

  3. Bonjour, la cas que vous rapportez est scandaleux, mais pour qui était attentif aux abus d’autorité, aucunement nouveau. Bien sûr, il vous a semblé d’autant plus légitime de le rapporter après avoir entendu la parole présidentielle ( d’ailleurs non dénuée… d’ambiguïté comme le souligne Ruess) .
    Mais je viens écrire ici surtout parceque je crois qu’il serait utile et fort à propos de faire figurer (mise à jour de l’article ?) l’adresse du site web, tout à fait officiel, destiné à recueillir les plaintes pour contravention abusive. Je ne l’ai pas même trouvé sur le site de la LDH où je crois toutefois utile de relever ceci (10/04/2020) :
    « Ces faits nous inquiètent d’autant plus que les voies de recours contre les amendes forfaitaires restent largement opaques et complexes pour les citoyens, que la preuve contre les constatations d’un procès-verbal ne peut être apportée que par écrit ou par témoin. Cela rend la contestation en justice d’autant plus illusoire que le nombre de témoins potentiels est limité et que la réitération de verbalisations – quand bien même seraient-elles abusives – est susceptible désormais d’entraîner des poursuites pour délit pénal. »

    Verbalisez vous …les uns les autres ainsi que je ne vous l’ai pas dit : « le syndicat Unité SGP Police du Val-de-Marne relaye un événement qu’il juge « totalement ahurissant ». « Ce jour, des collègues du 94 [Val-de-Marne, NDLR] ont été verbalisés par des gendarmes bornés ! », » https://www.valeursactuelles.com/societe/confinement-quand-des-gendarmes-verbalisent-des-policiers-sans-attestation-117184

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