5,7% d’immunité: le gouvernement est désormais confronté aux affres du «déconfinement»

Bonjour

21/04/2020. Progressivement une nouvelle équation prend forme dont chaque citoyen peut mesurer la complexité. Equation éthique, politique, économique, épidémiologique centrée sur le confinement/déconfinement. « Le 11 mai, lorsque le confinement commencera à être progressivement levé en France métropolitaine, 3,7 millions d’habitants, soit 5,7 % de la population, auront déjà été en contact avec le SARS-CoV-2 » écrit Le Monde (Paul Benkimoun et Chloé Hecketsweiler). On pourrait aussi écrire que seuls 5,7% de la population auront été infectés par ce virus. Et qu’il faudrait que ce pourcentage soit au moins dix fois plus important pour que la population française soit, en théorie du moins, protégée par une immunité « de groupe », ou « collective ».

Ces 5,7% à venir sont en deçà, paradoxalement, de toutes les espérances politiques. Ils sont issus d’un travail mené par des chercheurs de l’Institut Pasteur, de Santé publique France et de l’Inserm qui viennent de rendre publics leurs résultats et leurs prévisions. Un travail d’ores et déjà très critiqué. Principale conclusion : « l’impact massif qu’a eu le confinement en France sur la propagation du SARS-CoV-2 ». Le nombre de personnes contaminées par chaque personne infectée est passé de 3,3 avant la mise en place du confinement le 17 mars à 0,5, soit une réduction de 84 %.

Corollaire : le fait que moins de 6 % de la population ait développé des défenses immunitaires contre ce nouveau coronavirus pose un problème majeur. « Nos résultats suggèrent fortement que, sans un vaccin, l’immunité de groupe sera insuffisante à elle seule pour éviter une seconde vague à la fin du confinement. Des mesures de contrôle efficaces devront être maintenues au-delà du 11 mai », concluent les auteurs.

Failles récurrentes concernant les « masques » et les « tests »

En d’autres termes le bénéfice majeur du confinement imposé à la population (la réduction du nombre de cas et le non débordement, au prix d’une énergie considérable, des services hospitaliers) aura finalement un prix qui restera à payer : le maintien général et durable de l’ensemble des mesures de protection puisque plus de 90 % de la population demeure toujours exposée au risque de contamination. A partir du 11 mai, « il faudra faire quasi aussi bien que le confinement sans le confinement », souligne Simon Cauchemez qui a dirigé le travail français – et qui se refuse à donner des indications précises sur l’efficacité des mesures qui peuvent être utilisées seules ou en combinaison pour ralentir l’épidémie.

C’est dire l’infinie complexité du travail politique concernant la mise en chantier des modalités progressives du déconfinement. Et ce d’autant que les inconnues virologiques et immunologiques sont multiples. On est dans le plus grand flou quant au rôle joué par les enfants dans la chaîne de transmission. Il en va de même pour ce qui est du caractère véritablement protecteur des anticorps présents chez les personnes ayant été infectées – ou sur la durée de la protection conférée. Avec une certitude, en dépit des assurances données sur certains médias : aucun vaccin protecteur ne sera disponible à très large échelle avant une période minimale de l’ordre de dix-huit mois.

Est-ce dire que « le confinement sans le confinement » durera durant toute cette période ? C’est, à l’évidence, ce que commencent à tenter de nous faire comprendre l’exécutif au premier rang duquel Edouard Philippe ; un Premier ministre qui révèle jour après jour ses talents de pédagogie citoyenne et politique – et ce alors même que son gouvernement est accusé de failles récurrentes concernant les « masques » et les « tests ». Un gouvernement d’ores et déjà attaqué en justice. Un gouvernement qui devra un jour futur répondre à une question éthique majeure : pourquoi ne pas avoir fait le pari de l’acquisition ultra-rapide de l’immunité collective – tout en ne confinant que les plus fragiles ?  

Et c’est dans ce contexte que l’Organisation mondiale de la santé vient de redire que toute levée des mesures de restrictions devait être progressive et qu’il y aurait une résurgence des infections si ces mesures étaient assouplies trop tôt.

A demain @jynau

4 réflexions sur “5,7% d’immunité: le gouvernement est désormais confronté aux affres du «déconfinement»

  1. Quel contraste énorme entre cette estimation prétentieuse de 5.7 % d immunité dans la population, martelée par tous les médias, et la pauvreté des infos disponibles concernant les méthodes ayant permis d y aboutir. Même dans le résumé des auteurs, seules sources facilement disponibles, il faut se contenter de modélisation des données de mortalité et hospitalières. Quant au pari de l immunité collective la réponse est en partie outre manche.

  2. « …Quant au pari de l immunité collective la réponse est en partie outre manche. » Et outre Baltique aussi ?
    Oui, c’est le moment de publier enfin un billet sur la situation de ces pays !
    A vous lire…

  3. « Un gouvernement qui devra un jour futur répondre à une question éthique majeure : pourquoi ne pas avoir fait le pari de l’acquisition ultra-rapide de l’immunité collective – tout en ne confinant que les plus fragiles ?  »

    La contamination en un équivalent de « varicelle-partie » géante , l’idée de génie.
    https://www.medicalnewstoday.com/articles/323728

    Les rois de la rétroscopie prédictive à l’oeuvre.

    On a parfois envie de dire « quel est le mot difficile à comprendre dans « exponentielle »/

    Indice : chercher dans le dictionnaire à « de plus en plus » ou à « explosif »

    C’est bien beau de parier sur une (très) hypothétique immunité collective et encore plus à 70 % de guéris.

    Mais il faut être bien ignorant de la réalité des choses pour penser que c’est la solution.

    Il y a aussi un facteur malchance (Mulhouse et Dieu pour nous) et « inoculum administré à un pays.

    Mais rappelez vous qu’avant le confinement il me semble, on voyait un doublement des mortys tous les 2,5-3 jours.
    C’est ça une exponentielle. vous imaginez où on en serait sans les mesures de confinement .
    Est-on sûr que les conséquences économiques auraient été évitées au bout du compte ?

    Alors on pouvait laisser le sytème sombrer et tous les morituri et les non-morituri (sauvables) crever (ce serait le mot) dans l’asphyxie chez eux et dans la rue, les halls et couloirs d’hôpitaux sans même un accompagnement sédatif (euthanasie selon les complotistes) avec une floppée de conséquences d’ordre social et de contrecoup sur la santé de nombreux malades ayant aussi besoin des infirmiers, médecins et autres acteurs du soin plus obscurs,mais indispensable, et de l’hôpital.
    Sans compter le problème de cadavres pourrissant partout vu la sumersion des entreprises de pompes funêbres? Faut pas se voiler la face.

    Donc le « yavait ka » : méfiance. Peut-être mais il ne faut pas ne voir que les bon côtés de la varicelle-Covid party.

    Il faut aussi se méfier lors des comparaisons entre pays, les facteurs différents évidents ne sont pas forcément les seuls à prendre en compte.
    C’est tout le problème des « études observationnelles » , les causes d’erreurS (facteurs de ocnfusion) sont multiples et pas toujours connus (unknown unknowns comme disait un sinistre type). Et les biais idéologiques en font partie.

  4. Si j’ai compris nos savants commentateurs, nous n’avons pas encore la moindre idée du pouvoir immunisateur global ( sérique + cellulaire) du Corona 19.
    De quel chapeau peut-on assener à des informateurs de métier que si 70% de la population a été en contact avec le virus du moment, Corona retournera d’où il vient avec ses chers pangolins ?
    Dame logique serais-tu aux abonnés absents ?

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