Bonjour
22/04/2020. C’est une nouvelle découverte à fort potentiel médiatique et qui n’est pas sans risque : la nicotine aurait des vertus préventives contre la maladie Covid-19. L’information résulte d’une une étude menée par des chercheurs du CNRS, de l’Inserm, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, de Sorbonne université, du Collège de France et de l’Institut Pasteur. Un travail publié dans les Comptes Rendus de Biologie de l’Académie des sciences « A nicotinic hypothesis for Covid-19 with preventive and therapeutic implications » (Jean-Pierre CHANGEUX, Zahir Amoura, Felix Rey, Makoto Miyara).
« L’hypothèse des chercheurs est fondée sur la conjonction de deux approches scientifiques différentes mais complémentaires » résument les institutions sous l’égide desquelles ces travaux ont été menés. Un premier constat, fait dès la publication des séries initiales de patients Covid-19, est celui d’un taux faible de fumeurs dans cette population. » C’est ce signal (dont l’interprétation était impossible en raison de nombreux biais méthodologiques) qui a suscité une première étude française prenant en compte ces facteurs confondants. Et cette étude « vient confirmer que les fumeurs actifs sont protégés contre l’infection par SARS-Cov-2 ». Attention : les raisons de cette protection ne sont pas établies mais la nicotine pourrait être un candidat.
Un second constat, complémentaire, suggère que l’infection par le SARS-CoV-2 fait intervenir le récepteur nicotinique de l’acétylcholine. « La forte prévalence des manifestations neuropsychiatriques au cours du Covid-19 est en faveur d’un neurotropisme de SARS-CoV-2, expliquent les chercheurs. Le SARS-CoV-2 pourrait se propager à partir de la muqueuse olfactive, puis des neurones du tronc cérébral, allant dans certains cas jusqu’aux centres respiratoires. »
Pourquoi ne pas mettre en garde contre le tabac ?
Cette invasion s’accompagnerait selon eux de la perte du sens de l’olfaction, et chez certains patients, de troubles neurologiques variés jusqu’à, éventuellement, un arrêt respiratoire brutal survenant de manière décalée. « L’état hyper-inflammatoire et l’orage cytokinique décrits chez les patients Covid-19 graves pourrait d’autre part s’expliquer par l’intervention du récepteur nicotinique, ajoutent-ils. L’acétylcholine exerce un effet régulateur de l’inflammation par son action sur le récepteur nicotinique macrophagique. Le dérèglement de ce récepteur entraine une hyperactivation macrophagique avec sécrétion de cytokines pro-inflammatoires comme on l’observe chez les patients Covid-19. Cette altération du récepteur nicotinique est à l’origine de l’état résiduel inflammatoire décrit au cours de l’obésité et du diabète, qui pourrait être amplifié en cas d’infection par le SARS-CoV2. Cette hypothèse expliquerait pourquoi ces deux comorbidités sont si fréquemment retrouvées au cours des cas graves de Covid- 19. »
Ce sont sur ces bases, et au vu de l’urgence sanitaire, que les auteurs de ces travaux estiment souhaitable d’évaluer rapidement l’impact thérapeutique des agents modulateurs du récepteur nicotinique, directs et/ou indirects, addictifs ou non-addictifs sur l’infection par SARS-CoV-2. Des études cliniques devraient être rapidement mises en place pour valider ce qui n’est pour l’heure qu’une hypothèse « Des patches nicotiniques vont être administrés a trois publics différents : des soignants en préventif, des patients hospitalisés et d’autres en réanimation » explique France Inter (Véronique Julia).
On regrettera, ici, que les responsables de la communication développée par tant de prestigieuses institutions (le CNRS, l’Inserm, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Sorbonne université, le Collège de France et l’Institut Pasteur) n’aient pas songé à mettre en garde contre la conséquence immédiate de cette vulgarisation scientifique : l’annonce des possibles vertus préventives de la nicotine justifiant la poursuite, voire la reprise ou le début de la consommation de tabac. Et quelle place réserver, ici, pour le vapotage ? On attend, sur ce sujet, les messages du ministre de la Santé Olivier Véran et du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, qui, dit-on, ont montré beaucoup d’intérêt pour ces premiers résultats.
A demain @jynau
Si cela se confirme, ce sera certainement une bonne chose…
Pas forcément pour ceux qui essaient de se sevrer du tabac : à quand la pénurie de nicotine sous toute ses formes !
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041817219
Hop ! Nouvel arrêté pour prévenir la pénurie !