Covid -19 : après l’hydroxychloroquine faut-il redouter un prochain «effet nicotine» ?

Bonjour

25/04/2020. Comme un parfum de rationnement, mais à visée sanitaire. C’est un arrêté daté du 23 avril signé d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé : « Jusqu’au 11 mai 2020, la dispensation par les pharmacies d’officine de spécialités contenant de la nicotine et utilisées dans le traitement de la dépendance tabagique est limitée au nombre de boîtes nécessaire pour un traitement d’une durée de un mois. » Mieux encore : « le nombre de boîtes dispensées est inscrit au dossier pharmaceutique, que le patient ait ou non présenté une ordonnance médicale ». De plus « la vente par internet des spécialités mentionnées à l’alinéa précédent est suspendue ». 

Dès le lendemain de la publication l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelait les règles de bon usage et les risques liés aux substituts nicotiniques – soulignant que « leur accès doit être réservé aux personnes qui en ont besoin dans le cadre d’un sevrage tabagique ». Pourquoi une telle initiative ? A cause de la toute récente médiatisation de données qui ont mis en évidence «  une faible proportion de fumeurs chez des patients atteints par le nouveau coronavirus ».

Applaudir les pharmaciens d’officine

« A ce stade, cette observation  ne permet pas de conclure que la nicotine a un effet protecteur contre la maladie Covid-19, souligne l’ANSM.  Pour vérifier cette hypothèse, des essais cliniques doivent être menés. Dans le cadre de ses missions, nous sommes d’ores et déjà en contact avec les équipes hospitalières qui élaborent ces essais, en amont du dépôt de leur demande d’autorisation d’essai clinique. » Une hypothèse et un essai clinique soutenus notamment par l’AP-HP et salués par Olivier Véran.

Nous sommes ainsi dans une situation médicamenteuse quelque peu paradoxale qui impose de rappeler que cette forme de nicotine (patchs, pastilles, gommes à mâcher) est « contre-indiquée  chez les non-fumeurs » et qu’ils peuvent induire des phénomènes de dépendance. C’est à la fois pour prévenir le mésusage de ces médicaments et garantir leur disponibilité pour les patients traités pour une dépendance tabagique que la délivrance des substituts nicotiniques en pharmacie est « temporairement limitée ». Et dans le même temps le Directeur général de la Santé se voit contraint de rappeler que Covid-19 ou pas, la consommation de tabac et son apport de nicotine ne peut en aucune façon être considérée comme une thérapeutique préventive.

Le sous-entendu est clair : l’ANSM et les autorités sanitaires redoutent que la médiatisation de l’hypothétique effet « anti-Coid-19 » de la nicotine conduise à une ruée dans les pharmacies d’officine – un phénomène du type de celui que l’on a malheureusement pu l’observer avec l’hydroxychloroquine (Plaquenil). Où l’on voit, une nouvelle fois, en ces temps épidémiques, le rôle majeur que peuvent jouer les pharmaciens d’officine et leurs préparateurs. On espère qu’ils ne sont pas oubliés dans les crépitements, désormais ritualisés, des 20 heures.

Lire : « Covid-19: les nouvelles et paradoxales vertus de la nicotine » Slate.fr 25 avril 2020.

A demain @jynau

Une réflexion sur “Covid -19 : après l’hydroxychloroquine faut-il redouter un prochain «effet nicotine» ?

  1. « Inscrit au dossier pharmaceutique » c’est très peu dissuasif ça, sachant qu’il s’agit juste du fichier de ce pharmacien… Autrement dit, il suffit de passer dans plusieurs pharmacies pour pouvoir passer outre la limitation…

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