Bonjour
05/05/2020. Mais pourquoi le chef de l’Etat français en fait-il tant dans le champ du possible thérapeutique ? Hier, lors d’un point presse tenu à l’Elysée, il est revenu une nouvelle fois sur l’essai Discovery – un essai qui vise à comparer les effets de quatre protocoles cliniques dont la trop célèbre hydroxychloroquine (non associée à l’azithromycine, selon les préconisations marseillaises).
« On aura des résultats le 14 mai pour ce protocole Discovery. A révélé Emmanuel Macron. À ce stade, il faut être très prudent, on n’a rien de concluant et ce matin on ne m’a pas dit « On va avoir un traitement disponible dans 15 jours ». Mais on aura une étape importante la semaine prochaine. »
On sait qu’un « comité indépendant et international » analysera et compilera les données brutes récoltées lors de cet essai qui comparera soins standards : soins standards plus remdesivir ; soins standards plus lopinavir et ritonavir ; soins standards plus lopinavir, ritonavir et interféron beta ; soins standards plus hydroxy-chloroquine.
Mais on sait aussi, grâce au Monde (Hervé Morin) que cet essai risque fort d’être un échec retentissant. « La cohorte Discovery rencontre des difficultés à monter en puissance » y révélait, le 1er mai,le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat (AP-HP), par ailleurs membre des deux instances nommées par le gouvernement pour éclairer ses décisions sur le Covid-19, et directeur du consortium Reacting qui chapeaute cet essai. Un mandarin moderne. Extraits :
L’Union européenne des essais cliniques n’existe pas
« Franchement, Covid et l’Europe, c’est un échec ! Chaque pays a travaillé pour lui, et on a beaucoup de mal à coopérer. Seul le Luxembourg nous a rejoints… C’est mieux que l’Allemagne, l’Autriche ou le Portugal, où les discussions sont toujours en cours, car il y a d’autres protocoles développés localement, et parce que l’on rencontre des problèmes en raison des régulations différentes des essais cliniques selon les pays. Or il serait important d’avoir un réseau européen pour disposer de résultats à grande échelle plus rapidement.
« Le Royaume-Uni a mis sur pied son propre essai de grande envergure, baptisé Recovery. Des cliniciens anglais nous avaient contactés, car il ne prend pas en compte le remdesivir, un antiviral expérimental initialement développé par l’américain Gilead contre Ebola. Ils souhaitaient pouvoir l’évaluer. Mais le National Health Service (NHS), qui coordonne la santé publique au Royaume-Uni, a décidé qu’il leur fallait rester sur un seul protocole. La décision a été prise en Espagne, comme en Italie, de rejoindre l’essai Solidarity, lancé par l’Organisation mondiale de la santé à l’échelle internationale, avec des critères méthodologiques moins contraignants, mais sur les mêmes traitements. En Belgique, certains cliniciens qui espéraient participer à Discovery, puis à Solidarity, n’ont pu à ce stade accéder ni à l’un ni à l’autre, et craignent que ces retards aient pu constituer une perte de chance pour certains patients, qui n’ont pu bénéficier de ces molécules… »
Le Monde demande alors au Pr Pr Yazdan Yazdanpanah à quelle échéance il est possible d’espérer des résultats. « La bonne échéance, je ne la connais pas, répond-il. Tout dépend de l’efficacité des molécules testées. Si l’effet est mineur, il faudra avoir enrôlé beaucoup plus de patients pour pouvoir le mesurer que si l’efficacité est forte. Il faudra aussi tenir compte de la toxicité de ces molécules pour évaluer la balance bénéfice-risque. »
Et c’est dans ce contexte, où l’Union européenne des essais cliniques n’existe pas, que le président de la République fait une seconde annonce : la France va, tout comme « plusieurs autres partenaires européens », mettre 500 millions d’euros dans une coopération internationale destinée à « accélérer la recherche » contre le nouveau coronavirus; et ce « pour permettre une diffusion optimale de ses résultats dans le monde entier ». Cette initiative a d’ores et déjà permis permet de lever 7,4 milliards d’euros, a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Serviront-ils ?
A demain @jynau
Si la date annoncée par le président Macron est aussi fiable que celle de la ministre de la recherche F Vidal il y a qqs semaines, les résultats de Discovery ne sont pas prêts d être connus !
« le Pr Yazdan Yazdanpanah… Un mandarin moderne. »
Mandarin , Yazdan ^2 ?
https://www.cnrtl.fr/definition/mandarin
Dans laquelle des acceptions ?
1. Lettré, personnage savant. La seule chose raisonnable (…) c’est un gouvernement de mandarins, pourvu que les mandarins sachent quelque chose et même qu’ils sachent beaucoup de choses (Flaub.,Corresp.,1871, p. 228)
2. Gén. péjoratif.
a) Intellectuel, artiste recherchant la gratuité, cultivant ou préconisant un raffinement excessif qui le coupe de la masse.
b) Personnage qui, souvent en raison de ses titres, de ses diplômes, de ses fonctions, fait figure de potentat dans son domaine. Mandarins de Faculté
3. À côté des médecins et thérapeutes, qui cherchent à guérir, il y a les pontifes, mandarins et autres, qui ne cherchent qu’à donner le change, gagner des grades, des titres et à faire de l’argent. L. Daudet, Dev. douleur,1931, p. 7.
Une nouvelle fois merci pour ce parfait rappel de la richesse de notre langue.
Tout y est dit et le lecteur choisit.
Mmmm ce ne serait pas dans la ligne (du parti) de « injonction odieuse » mélenchoïque ?
Pour moi c’est 1.
Je ne vous qualifie pas d’odieux, comprenons-nous bien .
Malgré les conflits d’intérêt.
Sans les ignorer, ils font partie de l’interprétation non parti-sane.