Après l’hydroxychloroquine, un essai clinique rigoureux avec la chlorpromazine (Largactil)

Bonjour

L’heure, pandémique, est au réexamen des possibles thérapeutiques médicamenteux. Après Marseille et la chloroquine, le groupe hospitalier (GHU) Paris Sainte-Anne vient d’annoncer le lancement de l’étude reCoVery : évaluer la pertinence de la chlorpromazine (Largactil) dans le traitement du Covid-19. Nous parlons bien ici du célèbre antipsychotique découvert il y a près de 70 ans (Henri Laborit, Pierre Deniker et al). Pourrait-il diminuer l’évolution défavorable de l’infection lorsqu’il est administré dès l’apparition des signes respiratoires ? Pourrait-il aussi réduire la contagiosité du SARS-CoV-2 ?

« Les investigateurs de l’étude, sous la coordination du Dr Marion Plaze (cheffe de service du Pôle Hospitalo-Universitaire Paris 15e), ont en effet observé que l’incidence des formes symptomatiques du Covid-19 était moindre chez les patients du GHU psychiatrie et neurosciences (4 %) que chez les soignants (14 %), résume Le Quotidien du Médecin  (Coline Garré). Ce constat, qui recoupe ceux des unités psyCovid en France et d’équipes étrangères, fait l’objet d’une étude séro-épidémiologique lancée, parallèlement à reCoVery (intitulée Clever), chez les patients et personnels du GHU.

« Ces observations nous ont amenés à formuler l’hypothèse que la chlorpromazine (CPZ) pourrait avoir une action prophylactique sur le SARS-CoV-2 et protégerait les patients des formes symptomatiques et virulentes de cette infection », expliquent les auteurs dans un article publié dans « L’encéphale ». Cette hypothèse se fonde également sur de précédentes recherches documentant une action antivirale de la chlorpromazine. Plusieurs études publiées en 2014 et 2018 mettaient en évidence l’efficacité de cette molécule pour inhiber la réplication virale du MERS-CoV et du SARS-CoV-1.

« En outre, l’équipe du GHU, en collaboration avec l’Institut Pasteur, vient de montrer, via une expérimentation in vitro débutée en avril 2020, que cette molécule exerce également des effets antiviraux sur le SARS-CoV-2 sur des cellules humaines. L’étude devrait être disponible sous peu sur le site MedRxiv » ajoute Le Quotidien.  L’essai thérapeutique pilote de phase III randomisé en simple aveugle, reCoVery, en collaboration avec l’AP-HP et la clinique de l’Alma porte sur des patients souffrant de Covid-19, hospitalisés pour des symptômes respiratoires, mais pas en réanimation avec ventilation mécanique.Les patients seront randomisés à l’inclusion entre le groupe soins standards et le groupe chlorpromazine en association avec le traitement standard, où ils recevront jusqu’à 300 mg par jour de CPZ jusqu’à ce que les critères de guérison soient remplis, dans une limite de 21 jours maximum.

Il est prévu d’inclure quarante patients, vingt dans chaque bras, précisent les auteurs. L’étude est d’une durée maximale de trois mois. Les promoteurs regarderont également si, au-delà des bénéfices attendus sur l’évolution de l’infection, les patients verront diminuer l’anxiété fréquemment associée à la dyspnée provoquée par le Covid-19.

A demain @jynau

PS Henri Laborit. Rien n’interdit, quarante ans plus tard, de (re)voir « Mon Oncle d’Amérique ».

5 réflexions sur “Après l’hydroxychloroquine, un essai clinique rigoureux avec la chlorpromazine (Largactil)

  1. Il doit y avoir un truc qui m’échappe :
    Si l’on pense que la molécule « protégerait les patients des formes symptomatiques et virulentes », alors pourquoi la tester « sur des patients souffrant de Covid-19, hospitalisés pour des symptômes respiratoires » ?

    • Qu’est-ce qui vous trouble ?
      De l’utiliser en traitement ?
      De l’utiliser dans une forme moyennement grave ?

      • Si je comprends bien l’article, on nous dit que des patients qui prennent la molécule attrapent moins le virus.
        L’essai, lui, donne la molécule à des patients atteints du virus…

  2. Au moment où s’ouvre peut-être une nouvelle page de la magnifique histoire de la chlorpromazine, il serait juste de rendre hommage aux vrais découvreurs de la molécule, les chercheurs de Rhône-Poulenc à Vitry, sous la direction de Pierre Viaud, Paul Charpentier (chimiste) et Simone Courvoisier (Pharmacologiste). La découverte date de la fin de l’année 1950. Ce n’est que l’année suivante que Laborit, intéressé par les propriétés pharmacologiques de la molécule, l’a utilisée en anesthésie, et encore plus tard (février 1952) que les psychiatres Delay et Deniker en ont montré l’intérêt en psychiatrie. Pour être juste il faudrait y associer les psychiatres de l’hôpital du Vinatier à Lyon, sous la direction des Prs Revol et Lambert, dont les travaux ont été totalement simultanés (et oubliés).
    Cette belle histoire est racontée, entre autres, par J. Flahaut, Revue d’histoire de la pharmacie, 1993, 293-85-88

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