Et soudain le futur vaccin anti-pandémie de Sanofi devint, en France, une affaire d’Etat

Bonjour

14/05/2020. En découdre, coûte que coûte. Pandémique le temps est, en France, électrique. Il aura suffi que Paul Hudson, directeur général de Sanofi, géant pharmaceutique (pour partie) français prenne la parole et amorce une forme de chantage pour que la classe politique – puis l’Elysée-  s’embrase. Rappel : Paul Hudson a déclaré à l’agence de presse Bloomberg que si Sanofi parvenait à élaborer un vaccin contre la Covid-19, son groupe servirait « en premier » les Etats-Unis.

Explications : ce pays « partage le risque » des recherches dans le cadre d’un partenariat avec l’Autorité américaine pour la recherche et le développement avancés dans le domaine biomédical (Barda). Le gouvernement américain « a le droit aux plus grosses précommandes », car les Etats-Unis « ont investi pour essayer de protéger leur population », a expliqué M. Hudson. Si l’Europe et la France veulent également la priorité il leur faudra, aussi, payer. On parle ici d’un vaccin qui, au mieux, ne sera pas sur le marché « avant dix-huit ou vingt-quatre mois ». 

« Inacceptable » a aussitôt réagi la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher : « Pour nous, ce serait inacceptable qu’il y ait un accès privilégié de tel ou tel pays sous un prétexte qui serait un prétexte pécuniaire ».  Suivirent une levée unanime de boucliers au sein la classe politique.

« Cette décision est scandaleuse ! Le gouvernement doit agir avec la plus grande fermeté pour empêcher cette décision, réagit le Parti socialiste. L’engagement des Français pour développer un champion dans la filière de la santé ne peut pas aboutir à le voir préférer d’autres marchés pour lancer ses vaccins. […] Parce que la santé est un bien commun à soustraire aux jeux du marché, aucune entreprise française ne doit pouvoir jouer contre notre propre souveraineté sanitaire sans s’exposer à une nationalisation. » Et le PS de demander au gouvernement d’agir « avec la plus grande fermeté pour empêcher cette décision », d’affirmer haut et fort « notre indépendance stratégique en matière de santé ».

Extraire le vaccin des lois du marché

Plus à gauche, pour La France Insoumise, la députée (Meurthe-et-Moselle) Caroline Fiat dénonçait «un PDG surpayé, des licenciements nuisant à l’activité, des dividendes records, et maintenant une absence de patriotisme… » Selon elle, « ce laboratoire symbolise ce que le capitalisme fait de pire » et « un vaccin doit profiter à toutes et tous, sans négociation ».

A droite, Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé devenu président de la région Hauts-de-France, interpella  directement Emmanuel Macron, jugeant « impensable qu’une entreprise qui a son siège en France et qui bénéficie de crédits d’impôts recherche délivre un vaccin aux États-Unis avant nous ».

Plus à droite encore Marine Le Pen estimait que « Sanofi n’est plus une entreprise française », avant d’interroger nos pratiques : « Les États-Unis font du patriotisme économique et passent des clauses de priorité d’approvisionnement. La question est de savoir si on pleure sur le patriotisme des autres, ou si on en fait nous aussi un peu ».

La présidence de la République ne pouvait plus rester muette. Tout doit être fait pour que le vaccin soit «accessible le plus rapidement possible et distribué de manière juste et équitable, c’est-à-dire disponible partout, pour tous, et au même moment», a fait savoir le Palais de l’Élysée. La présidence s’est «émue de cette déclaration qui ne correspond pas, par ailleurs, à la réalité de la relation entre le groupe Sanofi et le gouvernement français dans la recherche pour le vaccin.» «Les efforts déployés ces dernières semaines et ces derniers mois montrent qu’il est nécessaire que le vaccin soit un bien public et mondial, c’est-à-dire extrait des lois du marché», rappelle-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

Extraire e futur vaccin anti-pandémique des lois du marché ? Emmanuel Macron recevra des dirigeants de Sanofi en début de semaine prochaine pour en discuter. Nous saurons, alors, si le très vieux monde a, déjà, à ce point changé.

A demain @jynau

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