Emmanuel Macron : quel sera le vrai prix de son acte de contrition de La Pitié-Salpêtrière ?

Bonjour

16/05/2020. Ainsi donc hier fut un nouveau jour « historique » dans la petite histoire de la Macronie « Cet épisode sera l’un des marqueurs du quinquennat ! » glissa-t-on, en toute simplicité, à l’attention des médias sous les ors de L’Elysée. De bien grands mots pour une petite surprise présidentielle, sortie semi-secrète et hospitalière. Et finalement le retour en fanfare d’Emmanuel Macron au temple hospitalo-universitaire de la Pitié-Salpêtrière. Même cause, mêmes effets : à  nouveau un chef de l’Etat pris à partie par des soignants exacerbés par de l’incurie récurrente de l’exécutif.  

Il fallait assurer le spectacle. Ce fut comme un étrange acte laïc de contrition/attrition – le besoin soudain de se confesser, d’expier. La grande repentance politique. Où l’on vit ainsi, médusé, le président de la République se présenter comme un « enfant de l’hôpital » : référence à ses attaches familiales, père neurologue au CHU d’Amiens, frère radiologue dans une clinique privée de Seine-Saint-Denis. Et, dans la foulée un mea culpa collectif à très haut risque politique sur la façon dont le système de santé avait été réformé depuis son arrivée à l’Elysée en 2017. « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée il y a deux ans », a-t-il reconnu, en référence à la réforme du système de santé ridiculement baptisé « Ma santé 2022 ».

Ce fut un désaveu cinglant du travail entrepris par son gouvernement – à commencer par Agnès Buzyn qui semble avoir désormais radicalement disparue de la Macronie. Le chef de l’Etat a, rapporte Le Monde, (François Béguin et Cédric Pietralunga) estimé que cette loi « ne portait pas assez de sens » et avait « un rapport au temps et une ampleur qui n’étaient pas du tout suffisants par rapport à l’état où était l’hôpital ». « On mettait fin à quinze ans de baisse des tarifs hospitaliers, on [les] avait même réaugmentés. J’étais convaincu qu’on était en train de changer les choses », et « c’est très cruel pour moi-même », a-t-il ajouté, jugeant que « c’était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt ». Même chose pour les deux plans d’urgence concoctés par Agnès Buzyn à l’automne 2019. « Ils étaient sous-dimensionnés », reconnaît aujourd’hui sans difficultés l’entourage d’Emmanuel Macron.

L’envie, la bonne énergie et le désespoir

Ainsi donc il aura fallu une crise épidémique sanitaire et hospitalière majeure pour susciter une prise de conscience présidentielle – là où, pourtant, tous les feux des soignants étaient au rouge depuis plus d’un an … Où était, alors, le président, cet « enfant de l’hôpital » ? Et comment les mêmes soignants entendront-ils ces nouveaux mots, ce futur « Ségur »de l’organisation du système de santé, du nom de l’avenue parisienne où est situé le ministère de la santé – le type même d’appellation jacobine-administrative  contraire à la révolution girondine-médicale que vient, sous la pression, d’inventer le système de santé français 1

Contrition ? Mea Culpa ?« Il y a un vrai changement de paradigme dans le discours d’Emmanuel Macron, observe le Dr François Salachas, membre du Collectif inter-hôpitaux, qui avait sèchement interpellé le président lors de sa précédente visite à la Pitié le 27 février. Soit on peut être méfiant, soit on peut dire oui, cette crise va permettre de refonder l’hôpital public. »

« Cette soudaine accélération du tempo présidentiel ne doit rien au hasard, souligne Le Monde. Au sein de l’exécutif, les images de cortèges de soignants défilant ces derniers jours devant leur hôpital, à Toulouse, à Saint-Etienne, ou à l’hôpital Robert-Debré à Paris, ont jeté un froid. ‘’On pensait avoir jusqu’à la rentrée pour construire un plan pour l’hôpital, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas attendre’’, reconnaît un conseiller ministériel. »

Et attendre d’autant moins que les couacs et les impairs s’enchaînent. Comme cette annonce ubuesque de l’attribution d’une « médaille de l’engagement » 2 aux soignants ayant lutté contre le Covid-19. Ou cette annonce d’un défilé de héros en blouses blanches, au pas cadencé, à côté des militaires du 14 juillet déconfiné…

Et puis cette terrible phrase présidentielle, surplombante : « Je n’ai pas envie que la bonne énergie retombe et que le désespoir s’installe ». Il répondait à des infirmières de La Salpêtrière qui l’interpellaient sur leurs trop bas salaires.

A demain @jynau

1 Sur ce thème, écouter les pertinentes analyses du souvent controversé Pr Philippe Juvin, responsable politique (LR) et chef du service des urgences de l’Hôpital européen Georges-Pompidou. « Pr Juvin : les leçons d’une crise » BFM-TV, 15 mai 2020

2 Sur ce thème, un chef d’œuvre de Denis Pessin, sur Slate.fr : « Ordre du virus »

3 réflexions sur “Emmanuel Macron : quel sera le vrai prix de son acte de contrition de La Pitié-Salpêtrière ?

  1. { « On ne croit plus en vous »}, …
    … osaient dire de front, masques à l’appui, des soignant(e)s qui le savent trop bien…

    Il se trouve qu’en d’autres ordres, ça donne : { Un coût s’envole … prison } …

    Source:
    https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200515.OBS28929/on-ne-croit-plus-en-vous-echange-tendu-entre-emmanuel-macron-et-deux-soignantes-a-la-pitie-salpetriere.html

    Restera juste à se demander pour qui ???

    Mercis pour la publication.

  2. … Pour le désespoir, voir que c’est d’em-porte … d’épris de la porte, sans doutes …

    « Je n’ai pas envie que la bonne énergie retombe et que le désespoir s’installe ». Il répondait à des infirmières de La Salpêtrière qui l’interpellaient sur leurs trop bas salaires. ¡ !!!!!!

  3. Trop fort le en même temps du temps sanitaire … et surtout, les soignants, ne souriez pas …

    < Dépistage du Covid-19 en France : des livraisons de matériel inutilisable ???
    La livraison d’un stock de près d’un million d’écouvillons …
    … n’em-porte pas l’adhésion du virion … ¿?

    « Cette histoire est une preuve de plus d’un mélange de manque d’anticipation et d’excès de précipitation », déclare le professeur Éric Caumes, chef du service de maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. (¡ !!!)

    Source: fil d'actualités en accès libre sur médiapart , et:
    https://www.franceinter.fr/depistage-du-covid-19-un-million-d-ecouvillons-livre-par-la-chine-attendent-le-feu-vert-pour-etre-utilises

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