Bonjour
22/05/2020. Gilles Le Gendre aime parler, se faire entendre. Président controversé du groupe des députés LRM, il a jugé, jeudi 21 mai sur LCI, qu’il était « impossible » d’adopter la loi de bioéthique autorisant la « PMA pour toutes » avant « l’été ». Pourquoi ? Tout simplement en raison de la crise sanitaire et du calendrier parlementaire.
Gilles Le Gendre n’est pas seul dans son camp. Dans un message publié sur twitter jeudi, le ministre de la santé, Olivier Véran, a semblé confirmer l’information : « La loi bioéthique porte de nombreuses, belles et réelles avancées sociétales. Le débat parlementaire n’est pas achevé, et si la priorité donnée à la crise sanitaire rend difficile son adoption avant l’été hélas, elle le sera dans les tout prochains mois ! »
De « belles et réelles avancées sociétales » peuvent bien patienter quelques mois ou quelques années. On se souvient peut-être qu’adopté en première lecture en octobre 2019 à l’Assemblée nationale, puis en février dernier par le Sénat, ce projet de loi aurait dû être examiné en deuxième lecture au printemps 2020 au Parlement, pour une adoption avant l’été. C’est raté.
Et Gilles Le Gendre de remuer le couteau législatif dans la plaie sociétale.
« J’espère que nous pourrons adopter la PMA d’ici à la fin du quinquennat. Avant l’été c’est impossible, pour deux raisons : pour une raison de calendrier, nous n’avons plus beaucoup de temps et nous avons des textes importants très liés à la situation économique d’urgence, et par ailleurs les Hémicycles, Sénat comme Assemblée, travaillent à effectif réduit pour respecter les règles sanitaires. »
« Sur une loi aussi importante, que l’ensemble des forces politiques ne puissent pas être présentes dans l’Hémicycle, ça pose un vrai problème de principe », a-t-il argumenté, tout en souhaitant que « dans le quinquennat, c’est-à-dire durant les deux ans qui restent, nous puissions aller au bout d’une loi essentielle ».
Variable d’ajustement
Ce nouvel obstacle inattendu dans un processus politique de près d’une décennie ne pouvait pas ne pas faire réagir la majorité que préside M. Le Gendre et dont est issu M. Véran. : « Pour nombre de couples et de femmes, la PMA est bel et bien une urgence. Les députés de la majorité sont attachés à ce que cette promesse de campagne soit réalisée le plus tôt possible », a twitté le député LRM Sacha Houlié.
Et, toujours sur Twitter, la députée LRM Coralie Dubost : « Non seulement la loi de bioéthique porte la PMA, enjeu de vie privée et familiale absolument fondamental pour de nombreuses personnes, mais au surplus elle cadre les rapports entre sciences et société. Comment imaginer reporter à date inconnue ce sujet brûlant d’actualité ? ».
D’autres voix de la majorité s’élèvent. Et d’autres dans l’opposition : ainsi le sénateur PS de Paris Rémi Féraud : « Il va falloir trouver mieux que cet argument bidon de Gilles Le Gendre pour justifier l’abandon de la loi bioéthique et de la PMA pour toutes ». Sans oublier le monde militant et associatif. « Il y a des femmes derrière vos décisions de calendrier. Des personnes humaines. Votre mépris est sidérant », a répondu pour sa part Caroline de Haas, du collectif Nous Toutes. « On utilise ce projet de loi comme une variable d’ajustement du calendrier parlementaire en méprisant toutes ces femmes lesbiennes et célibataires qui espéraient débuter un parcours de PMA cette année ou au début de l’année prochaine », a aussi déploré l’Association des familles homoparentales dans un communiqué.
On imagine que le Palais de l’Elysée n’était pas fermé en ce jour de l’Ascension. Et on se souvient des engagements d’Emmanuel Macron sur un tel sujet sociétal, un thème de nature à marquer un quinquennat « Aucun doute, a twitté en fin de journée Gilles Le Gendre, la loi bioéthique, dont le vote est retardé par le Covid-19, sera adoptée au plus vite, dès que les circonstances le permettront. » M. Le Gendre aime entretenir le suspense.
A demain @jynau