Covid-19 : les prescriptions d’hydroxychloroquine seront-elles bientôt interdites en France ?

Bonjour

24/05/2020. Dans l’affaire médico-politique de l’hydroxychloroquine, tout, brutalement, s’accélère, se complique. Rappelons que cette molécule connaît depuisla fin février une notoriété inédite grâce aux publications et déclarations du Pr Didier Raoult, de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille- un infectiologue qui, depuis, a pris une dimension médiatique et politique qui ne cesse d’interroger 1.

Nous saurons sous peu si les prescriptions de ce médicament contre le Covid-19 seront bientôt interdites en France.  Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé a demandé samedi 23 mai au Haut conseil de la santé publique (HCSP) de proposer «sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription» de divers traitements comme l’hydroxychloroquine – et ce quelques heures après la publication dans The Lancet d’une vaste étude concluant à une absence d’efficacité et à l’existence de risques relatifs chez les malades hospitalisés souffrant de Covid-19. Une étude d’ores et déjà très critiquée par les tenants de cette approche thérapeutique.

Or si l’on excepte son usage dans les essais cliniques actuellement en cours, les prescriptions d’hydroxychloroquine contre le Covid-19 sont réservées au milieu hospitalier, seulement pour les cas graves et sur décision collégiale des médecins. Une décision résultant d’un décret daté du 25 mars et signé Olivier Véran – un décret pris sur la base d’un avis du Haut Conseil de la santé publique daté du 23 mars :

« Dès lors que l’infection nécessite un recours à l’oxygénothérapie (y compris à bas débit) l’hospitalisation est nécessaire. En présence de signes de gravité, un traitement peut être envisagé : utilisation dans ce contexte d’une molécule à effet antiviral attendu (association fixe lopinavir ritonavir, voire le Remdesivir dans les cas les plus sévères) ou, à défaut de l’hydroxychloroquine. »

Ce Haut Conseil ajoutait :

« Aucun traitement spécifique n’est recommandé pour les cas de Covid-19 pauci-symptomatiques ou présentant une infection respiratoire basse non compliquée, un suivi médical devant toutefois être mis en œuvre dans ces situations car il n’existe actuellement pas de données permettant d’envisager l’utilisation hors protocole de l’hydroxychloroquine en prophylaxie du Covid-19. »

Le Haut Conseil de la santé publique va-t-il, à la lecture de la publication du Lancet et à la demande du ministre des Solidarités et de la Santé, modifier ces conclusions ? Exposera-t-il dans le détail les motivations de sa décision ?

A demain @jynau

1 A lire, dans Le Monde (Lucie SoullierAbel Mestre et Gilles Rof) : « Tout le monde veut récupérer son aura » : Didier Raoult, infectiologue courtisé et héraut des antisystèmes. Au fil de la crise sanitaire, l’infectiologue marseillais, qui a mis au point un traitement controversé contre le Covid-19, semble être devenu une figure de l’antimacronisme et le porte-parole de « ceux d’en bas ».

3 réflexions sur “Covid-19 : les prescriptions d’hydroxychloroquine seront-elles bientôt interdites en France ?

  1. Pourrait-on parler clair, dans cette affaire de prescription et de non-prescription ?
    Et reconnaître les erreurs et les méconnaissances du passé ?
    L’argument DE RAOULT selon lequel la chloroquine a fait la preuve de son innocuité (en attendant celle de son efficacité clinique ailleurs que sur le plasmodium) « parce qu’elle a été prescrite durant un siècle à des milliards de doses »… et peut donc être prescrite avec un bon rapport risque/efficacité… est d’une affligeante faiblesse.
    Non seulement sur le dénominateur (l’efficacité) mais aussi sur le numérateur: le risque.

    Petit rappel historique (ce n’est pas si vieux: années 1970): c’est par l’observation clinique dans les hôpitaux psychiatriques de trop nombreux décès « inexpliqués » car survenant chez des patient(e)s sans facteurs de risques déterminants… que l’on s’est posé la question de la toxicité cardiaque de certains médicaments « largement prescrits » (l’allongement de l’espace QT, avec torsades de pointes et arrêt cardiaque). Sans entrer dans le détail: les inducteurs enzymatiques, ceux qui perturbent le cytochrome P450, ceux qui modifient la kaliémie.
    Précisément: la co-prescription d’anti-dépresseurs, d’antibiotiques, de diurétiques… etc, bien banale… « tue ».
    Et la chloroquine fait partie du lot. D’où la recommandation de surveillance cardiaque et de non co-prescriptions.

    Autant l’admettre et le dire: la prescription d’anti-paludéens durant un siècle a ÉVIDEMMENT silencieusement tué des dizaines de milliers de coloniaux… et d’africains, voire bien plus, si elle en a certainement sauvé des centaines de millions.

    Sur ce point-là au moins, Raoult, né en Afrique, est d’une totale mauvaise foi. Pour le reste…

  2. Un détail , en rien péjoratif.

    Le Pr Didier Raoult , éminent microbiologiste, n’est pas un infectiologue, du moins officiellement.

    A l’université d’Aix Marseille
    https://medecine.univ-amu.fr/fr/personnels
    il est l’un des 7 professeurs de bactériologie-virologie.
    Il n’est pas dans la liste des 5 professeurs de maladies infectieuses (infectiologues).

    L’infectiologie est définie sur le site de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) comme une discipline clinique:
    https://www.infectiologie.com/fr/l-infectiologie.html
    « L’infectiologue est un médecin clinicien assurant la prise en charge des patients atteints d’infections bactériennes, virales, fongiques ou parasitaires, notamment les plus complexes et difficiles à traiter, et les maladies infectieuses émergentes ».

    Le Dr Didier Raoult est médecin et peut donc exercer la médecine clinique. Pas de problème.

    Il est inscrit au conseil de l’ordre avec comme discipline la biologie médicale. Ce qui comprend la micriobiologie, bactériologie, virologie.

    RAOULT DIDIER
    Discipline exercée : BIOLOGIE MEDICALE
    Disciplines complémentaires d’exercice :
    Autres titres et orientations autorisés :
    Adresse :
    INSTITUT HOSPITALO UNIVERSITAIRE MEDITERRANEE INFECTION …

    Il est un éminent microbiologiste.

    C’est un détail, j’en conviens. Mais la précision , c’est bon.

    Mais cela peut expliquer la réticence à faire des essais cliniques correctement, dans des conditions qui permettent de convaincre la communauté médicale.

    Les essais cliniques, c’est comme tous les métiers, il y a des techniques pour bien faire, ça s’apprend.

  3. Tout cela est fort intéressant, merci donc.
    Un des personnages les plus importants dans cette situation de maladie-virale-sans-médicament-ni-vaccin demeure sa majesté Placebo.
    Les essais cliniques en font le pivot indispensable de toute preuve scientifique d’efficacité d’un traitement, avec le double aveugle chargé de débusquer les effets de suggestion.
    Petit rappel : personne ne sait ce que c’est que cette force soignante ( ?), d’où elle peut bien provenir, quelle est son mécanisme d’action, quelle est sa nature.
    Faille considérable.

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