Anakinra: après l’hydroxychloroquine, ses espoirs thérapeutiques vont-ils faire polémique ?

Bonjour

30/05/2020. Déjà, l’ouverture de France Info. Un médicament, l’anakinra (commercialisé sous la marque Kineret par la firme SWEDISH ORPHAN BIOVITRUM) initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats « encourageants » dans les formes graves de Covid-19-  en réduisant le risque de décès et le besoin d’être mis sous respirateur en réanimation.

Jadis on se serait borné, dans les médias spécialisés, à expliquer que c’était la conclusion d’une étude française, parisienne, qui vient d’être publiée dans The Lancet Rheumatology : « Anakinra for severe forms of COVID-19: a cohort study » 1. On aurait expliqué de quoi il s’agissait. « L’anakinra neutralise l’activité biologique de l’interleukine-1alpha (IL-1alpha) et de l’interleukine-1ß (IL-1ß) par inhibition compétitive de la liaison de l’IL-1 à son récepteur de type I (IL-1RI), résume le Vidal. L’anakinra est utilisé dans la prise en charge de polyarthrites rhumatoïdes. »

Puis on aurait poursuivi. Expliquait que l’objectif, ici, était de contrer l’ « orage cytokinique », cette violente réaction inflammatoire incontrôlée observée dans les formes graves de pneumonie de la Covid-19 – phénomène qui évolue généralement vers un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) imposant l’assistance d’une ventilation artificielle avec l’utilisation de respirateur. Que ce travail a été mené via l’administration par injection sous-cutanée pendant dix jours d’anakinra à 52 patients atteints d’une forme grave de COVID-19 a permis une « réduction statistiquement significative du risque de décès et de passage en réanimation pour assistance respiratoire par ventilation mécanique ».

Brigades vérificatrices

On aurait ajouté qu’un quart des patients traités avec l’anakinra ont été transférés en réanimation ou sont décédés, contre près de 73% de ceux n’ayant pas eu cette thérapie. Que le groupe témoin avait été constitué formé de 44 patients qui avaient été auparavant pris en charge dans la même institution. Et que dans le groupe recevant l’anakinra, une diminution rapide des besoins en oxygène a été également observée au bout de 7 jours de traitement.

On aurait cité, avec l’AFP, le Pr Jean-Jacques Mourad, (service de médecine interne, Hôpital Paris Saint-Joseph, Paris) co-signataire de l’étude :  « En l’absence d’accès à des essais thérapeutiques incluant des médicaments immunomodulateurs pour nos patients, la décision (…) prise de proposer l’anakinra, selon des critères de gravité décidés de manière consensuelle et a priori, a rapidement changé le visage de la maladie en salle. Le bénéfice était palpable au quotidien. » Et ajouté qu’une douzaine d’essais cliniques explorant le blocage de la cytokine IL-1 associée au syndrome de tempête inflammatoire sont actuellement menés.

Avec cette conclusion, tirée d’un commentaire du The Lancet Rheumatology 2 : « Cette étude apporte la preuve la plus probante à ce jour que l’anakinra peut bénéficier aux patients souffrant du syndrome de tempête de cytokines associé à la Covid-19. Dans l’attente de résultats d’essais contrôlés, l’anakinra donne de l’espoir pour ceux qui sont gravement touchés par la Covid-19 ».

Mais il faut désormais compter avec les accusations du Pr Didier Raoult quant à la compromission des plus grandes revues médicales internationales, à commencer par The Lancet. Attendre, donc, l’éventuelle polémique quant à la réalité des effets annoncés de l’anakinara. Ne pas croire qu’il y a là un travail honnête et une vérité qui permet de nourrir une espérance thérapeutique. Attendre, désormais, le verdict des brigades vérificatrices.

A demain @jynau

1 « Anakinra for severe forms of COVID-19: a cohort study » Thomas Huet, Hélène Beaussier, Olivier Voisin, Stéphane Jouveshomme, Gaëlle Dauriat, Isabelle Lazareth, Emmanuelle Sacco, Jean-Marc Naccache, Yvonnick Bézie, Sophie Laplanche, Alice Le Berre, Jérôme Le Pavec, Sergio Salmeron, Joseph Emmerich, Jean-Jacques Mourad, Gilles Chatellier, Gilles Hayem (Hôpital Paris Saint-Joseph, Paris, Hôpital Marie Lannelongue, Université de Paris, INSERM, Hôpital Européen Georges-Pompidou)

2 « Coronavirus is the trigger, but the immune response is deadly ». Commentaire signé  Randy Q Cron Children’s of Alabama, Division of Rheumatology, University of Alabama at Birmingham).

Une réflexion sur “Anakinra: après l’hydroxychloroquine, ses espoirs thérapeutiques vont-ils faire polémique ?

  1. From the horse’s mouth :
     » Confirmation of efficacy will require controlled trials. »
    Ecrivent les auteurs.

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