Syndrome d’alcoolisation fœtale: Olivier Véran fera-t-il beaucoup mieux qu’Agnès Buzyn ?

Bonjour

07/06/2020 Qui, au sein du gouvernement, s’intéresse encore au syndrome d’alcoolisation fœtale ? La précieuse revue Prescrire s’intéresse à ce sujet éminemment politique qui ne passionne plus guère les médias généralistes 1. « Une étude portant sur les 28 premiers jours de vie a montré que chaque année en France, des centaines d’enfants naissent avec des troubles graves liés à la consommation d’alcool par leur mère durant la grossesse » résume Prescrire..

Contrairement à ce que certains peuvent tenir pour acquis, tout le monde ne sait pas qu’une femme enceinte qui boit de l’alcool expose son enfant à naître à des conséquences  dont la gravité augmente avec le degré d’exposition. Dans les cas les plus graves, les enfants naissent avec un syndrome spécifique :  dysmorphie faciale et  troubles neuropsychiques peu spécifiques : troubles du comportement, troubles intellectuels et de la mémoire, troubles de l’attention, difficultés d’apprentissage, difficultés scolaires ou sociales, etc.

Il existe aussi des formes dites incomplètes, sans dysmorphie faciale, mais caractérisées par des troubles d’apprentissage et d’adaptation sociale – souvent mis en évidence lors de la scolarisation. Ces formes avec troubles du développement sans dysmorphie faciale seraient dix fois plus fréquentes que les formes complètes.

Femme enceinte, cercle barré : logo souvent inconnu, toujours illisible

Contrairement à ce que certains peuvent tenir pour acquis, tout le monde ne sait pas qu’une femme enceinte qui boit de l’alcool expose son enfant à naître à des conséquences  dont la gravité augmente avec le degré d’exposition. Dans les cas les plus graves, les enfants naissent avec un syndrome spécifique :  dysmorphie faciale et  troubles neuropsychiques peu spécifiques : troubles du comportement, troubles intellectuels et de la mémoire, troubles de l’attention, difficultés d’apprentissage, difficultés scolaires ou sociales, etc.

Il existe aussi des formes dites incomplètes, sans dysmorphie faciale, mais caractérisées par des troubles d’apprentissage et d’adaptation sociale – souvent mis en évidence lors de la scolarisation. Ces formes avec troubles du développement sans dysmorphie faciale seraient dix fois plus fréquentes que les formes complètes.

Femme enceinte, cercle barré : logo souvent inconnu, toujours illisible

Et Prescrire de nous apprendre qu’une étude réalisée en France à partir de dossiers hospitaliers a retrouvé des troubles graves liés à une exposition fœtale à l’alcool chez cinq nouveau-nés hospitalisés au cours des 28 premiers jours de vie pour 10 000 naissances. « Cela représente des centaines de nouveau-nés chaque année, ajoute-t-elle. Ce type d’étude, limitée aux 28 premiers jours de vie, conduit à sous-estimer l’ampleur réelle des conséquences de l’exposition in utero à l’alcool car elle ne permet pas de recenser les enfants dont les troubles du développement sont décelés plus tard, en particulier à l’âge scolaire. »

Où l’on se souvient d’un « scoop » d’Agnès Buzyn. Nous étions en juillet 2018, une éternité. C’était sur franceinfo,  : « Un logo zéro alcool pendant la grossesse sur toutes les bouteilles ». Pour quand ? « C’est pour… je dirais … la fin de l’année … on est en train de négocier’’ ».  Agnès Buzyn précisait alors avoir « obtenu des alcooliers » qu’ils ne s’opposent pas à sa volonté : la mise en place d’un logo « qui explique bien qu’on ne doit boire aucun alcool pendant la grossesse ».

La ministre des Solidarités et de la Santé n’avait pas, alors, rappelé que cette mesure était déjà en vigueur « sur toutes les bouteilles » et ce depuis 2006 – une  décision prise par Xavier Bertrand, alors ministre de… la Santé et des Solidarités 2. Il s’agit depuis douze ans, sur tous les contenants de boissons alcooliques, d’une image minuscule tentant de montrer un profil de femme enceinte associé à un cercle barré. Un logo ou une « phrase d’information » : « La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant ».

A l’évidence ce logo n’avait pas permis que chaque année des centaines d’enfants naissent victimes d’une exposition in utero à l’alcool. Selon les données du « baromètre santé 2017 » présentées par Santé publique France en 2018 quatre femmes sur dix disaient ne pas avoir été informées des risques de la consommation d’alcool (ou de tabac) pendant leur grossesse. Et Santé Publique France d’annoncer, alors, une nouvelle « campagne nationale auprès du public et des professionnels de santé. »

Et Agnès Buzyn d’expliquer, alors, qu’elle s’était emparée du dossier du logo ; un logo qui depuis deux ans n’a pas bougé – souvent inconnu, toujours illisible. Certains évoquent la puissance du « lobby alcoolier », ses relais dans les coulisses de l’Elysée. D’autres accusent un exécutif impuissant. On attend, ici, le ministre Olivier Véran.

 A demain

1 « Syndrome d’alcoolisation fœtale : des données françaises » Rev Prescrire 2020 ; 40 (440) : 433-434. Réservé aux abonnés. ©Prescrire 1er juin 2020

2 « ‘’Alcool zéro’’ pendant la grossesse, un nouveau logo qui existe déjà » Slate.fr 30 juin 2018.

2 réflexions sur “Syndrome d’alcoolisation fœtale: Olivier Véran fera-t-il beaucoup mieux qu’Agnès Buzyn ?

  1. Merci Monsieur de remettre le sujet sur le tapis. Je suis vice-présidente de Vivre avec le SAF et maman adoptive d’une jeune fille touchée par l’alcoolisation fœtale. Après avoir rêvé d’une réelle action du gouvernement il y a bientôt trois ans , nous désespérons aujourd’hui devant la puissance des lobbies de l’alcool et le détricotage de la loi Evin.
    Véronique Faudou Sourisse

  2. On ne fera pas d’étude comparative mais il se peut douter qu’un logo plus gros ait un effet quelconque ou en tout cas mesurable et imputabile.

    Il faudrait déja disposer d’études des mères en question savoir si ce sont des malades très dépendantes cas auquel un gros logo et une grosse mention n’aura probablement (?) possiblement (?) pas d’effet, ou s’il s’agit de femmes non informées ayant une consommation dite raisonable hors grossesse (1 verre de vin par jour à un repas et pas tous les jours) peut-être accessibles à un affichage, ou ayant des consommations occasionelles importantes ; l’occasion pesant contre la prise en compte de l’avertissement.

    A moins de recourir à une énorme étiquette remplaçant l’étiquatee du produit comme pour les paquets de cigarette. Dont on connait à peu près l’effet bien que la contrebande en gêne l’appréciation. Les chiffres des ventes durant le confinement (frontières fermées) pourront peut être être exploités pour rectifier les estimations.

    NB : Je nie tout conflit d’intérêt.

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