Bonjour
17/06/2020. Où l’a-t-il trouvée cette citation attribuée à Voltaire et délivrée dans la salle Lamartine ? « Avant de savoir, on ne sait pas » a doctement asséné aux députés-enquêteurs le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé interrogé par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale qui débute ses travaux sur la gestion de la crise du Covid-19. Il aurait aussi pu citer Otto von Bismarck : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va ».
Quatre heures d’audition, une première saison, à retrouver ici. On lira ici le compte-rendu de BFM. Ainsi que celui, parfaite synthèse, du Monde « Coronavirus : face à la commission d’enquête, Jérôme Salomon ne lâche rien » (Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer).
Voltaire en réponse au patron du groupe LR à l’Assemblée nationale, Damien Abad, quant à d’éventuels « regrets » quant à ses propos tenus sur le port du masque le 4 mars dernier, qui selon lui n’avait pas d’intérêt pour le grand public ? « Avant de savoir, on ne sait pas ». Vraiment, ne rien regretter ? Voltaire vous dis-je.
« Le Pr Jérôme Salomon, premier responsable à être entendu par la commission d’enquête parlementaire sur le Covid-19, a répondu de manière courtoise mais extrêmement contrôlée, donnant très peu de prise aux questions précises des députés, résume Le Monde. Bras armé du ministère de la santé dans la gestion de l’épidémie, Jérôme Salomon connaît bien les arcanes du système de santé français. Conseiller [« officiel »] de l’ancienne ministre Marisol Touraine, entre 2013 et 2015, cet infectiologue a ensuite été le conseiller [« officieux »] d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle ; il l’avait alors alerté sur les insuffisances du dispositif en cas d’épidémie. ‘’La France n’est pas prête’’, écrivait-il en 2016. »
Déluges de chiffres, langage managérial
Après Emmanuel Macron qui s’est accordé un satisfecit sur la gestion de la crise, Jérôme Salomon s’est employé à défendre son action, pied à pied, ne reconnaissant aucune défaillance dans la réponse apportée par l’exécutif depuis l’apparition d’un nouveau virus en Chine, fin 2019. Et le DGS d’esquiver les questions les plus délicates de députés bien peu pugnaces. « J’ai le sentiment que nous n’avons pas vécu la même période », lui a lancé, décontenancée, une députée de la commission.
Déluges de chiffres, langage managérial cachant celui de bois. Sur les recommandations d’utilisation des masques pour le grand public, plusieurs députés l’ont confronté à ses contradictions. « Vous avez expliqué le 29 février que le port du masque n’était pas la solution pour le grand public. Et le 22 avril, vous avez dit : “J’ai toujours plaidé pour l’accès grand public.” (…) Quel est votre avis ? », s’est interrogé le député (LR, Vaucluse) Julien Aubert. « Je n’ai pas d’opinion pour ou contre. Simplement, je dis que c’est compliqué à mettre en évidence », a-t-il éludé, invoquant des « recommandations internationales qui évoluent au fil du temps » et des études scientifiques partagées sur le sujet.
« Et si le mot « pénurie »est à de multiples occasions employé par les députés, jamais Jérôme Salomon ne le prononce, souligne Le Monde. Questionné sur la parcimonie avec laquelle la France a utilisé les tests virologiques en comparaison à ses voisins, le DGS a préféré souligner les réticences des Français à se faire dépister. A plusieurs reprises, Jérôme Salomon s’est fait recadrer par les députés, frustrés ou mécontents de ses « circonvolutions ».
« Il ne répond à rien et noie le poisson. On ne sait pas en quoi il considérait la France comme pas prête, ni ce qu’il a fait pour préparer le pays », pestait par SMS un député de la commission, pendant l’audition. Et aucun impact de la présidente (La République en marche) de la commission, Brigitte Bourguignon, demandant des « réponses précises » à des « questions précises ». Et finalement rien de nouveau. « Avant de savoir, on ne sait pas ». Certes. Mais quand on sait depuis longtemps, que fait-on ?
Jérôme Salomon n’est que le premier responsable public à s’exprimer ainsi devant la commission. Elle entendra ce mercredi l’ancien patron de Santé publique France François Bourdillon et Geneviève Chêne, qui lui a succédé en novembre. Suivra, le 18 juin, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique du gouvernement. Viendront ensuite deux anciens directeurs généraux, des scientifiques, dont le controversé professeur marseillais Didier Raoult, et des politiques, après le second tour des élections municipales, avec Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé – et plusieurs de ses prédécesseurs. Le tout en direct sur LCP. Aurons-nous droit à de nouvelles citations ?
« Avant de savoir, on ne sait pas ». Certes. Mais quand on sait depuis longtemps, que fait-on ?
A demain @jynau
Bonjour,
Mercis pour cet article.
< « Avant de savoir, on ne sait pas ». Certes.
… L’on peut aussi évoquer aux lois des marchés , 'DIADORIM', (1956 ) de João Guimarães Rosa (1908-1967) :
« Folies – c'est ce qui ne marche pas. Mais ça n'est folie qu'une fois qu'on le sait, que ça n'a pas marché ! »
… Ou : la re-marche de ce qui en mêmes temps ne marche pas ???
Ça promet, décidément, pour les suites des auditions, et l'avenir de toute Santé que l'on prétend encore … vouloir dire … Publique …
Misères !
Parlez de circonlocutions (verbales) plutot que circonvolutions (cérébrales)