Bonjour
23/06/2020. C’est la tragique rançon shakespearienne de la politique : être ou ne pas être dans les médias. Aujourd’hui Agnès Buzyn se retrouve deux fois dans Le Monde, un quotidien auquel elle s’était imprudemment confiée après avoir quitté son puissant ministère des Solidarités et de la Santé. L’affaire du « cauchemar » et de la « mascarade ». D’abord dans un papier politique signé Denis Cosnard qui évoque le chemin de croix de celle qui sait qu’elle ne sera pas maire de Paris. Extrait :
« Cela commence mal. A peine arrivée place Blanche pour faire campagne dans le 18e arrondissement de Paris, voici qu’Agnès Buzyn se tord la cheville dans un nid-de-poule. ‘’C’est cela, les chaussées de madame Hidalgo !’’, s’exclame sa tête de liste locale, Pierre-Yves Bournazel. ‘’ C’est un coup monté !’’, dit en souriant la candidate La République en marche (LRM) à la Mairie de Paris. Toute à son début d’entorse, elle ne fait pas attention à la piste cyclable et manque de heurter un vélo. Heureusement, un passant la reconnaît et lui déclare, tout miel : ‘’Je vous ai vue à la télé, mais vous êtes encore plus belle en vrai.’’ Agnès Buzyn : ‘’Vous habitez Paris ?’’ Hélas, non, de passage seulement. Il ne pourra pas voter pour elle. »
« Qu’elle est rude cette campagne pour l’ex-ministre de la santé ! Depuis qu’elle est repartie malgré tout à la conquête de la Mairie de Paris, les polémiques n’ont pas faibli, que ce soit sur sa gestion passée du Covid-19, son alliance ambiguë avec Les Républicains (LR) dans le 5e arrondissement, ou encore l’utilisation par une de ses candidates, Laetitia Avia, des moyens du Parlement pour faire campagne dans le 12e arrondissement, selon Mediapart. »
On retrouve l’ancienne ministre quelque pages plus loin. C’est dans le corps d’un entretien accordé au quotidien (Hervé Morin et Paul Benkimoun) par le Dr Richard Horton, patron du Lancet qui poursuit la campagne de promotion de son dernier ouvrage polémique 1 : « Le Covid-19 montre une faillite catastrophique des gouvernements occidentaux ». Le puissant rédacteur en chef y dénonce l’impéritie de nombreux pays face à la menace pourtant annoncée de la pandémie. Et après l’avoir fait pour Libération, il revient sur la rétractation récente d’une étude controversée sur l’hydroxychloroquine publiée dans ses colonnes.
Gilets jaunes et ambassade de France
Le Monde lui demande en quoi, selon lui, la France failli, dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19. Sa réponse :
« Lorsqu’il y a eu proclamation d’une urgence de santé publique de portée internationale, le 30 janvier, pourquoi la ministre de la santé [d’alors, Agnès Buzyn] n’a-t-elle pas immédiatement envoyé un message à l’ambassade de France à Pékin pour lui demander son aide pour comprendre ce qui se passait à Wuhan, quel était ce virus, à quel point il était inquiétant, s’il était aussi préoccupant que l’indiquaient des articles dans The Lancet ?
« Si l’ambassade avait fait correctement son travail, elle aurait rassemblé en quarante-huit heures les informations du bureau de l’OMS à Pékin, de la Commission nationale de santé du gouvernement chinois. Elle aurait compris la nature de la menace, l’aurait immédiatement transmise au ministère de la santé et au Palais de l’Elysée et, à la fin de la première semaine de février, le gouvernement aurait disposé d’une vision très claire du danger.
« Si cela ne s’est pas produit, c’est une faillite catastrophique du gouvernement français et les Français doivent demander pourquoi le gouvernement n’a pas protégé les près de 30 000 vies qui ont été perdues, comme nous en avons perdu 40 000. C’étaient des morts évitables. Ces personnes devraient être en vie aujourd’hui.
Pourquoi les gens ne sont-ils pas davantage en colère à ce sujet ? J’ai vu les manifestation des ‘’gilets jaunes’’ dans les rues de Paris. Elles m’ont frappé. Pourquoi les ‘’gilets jaunes’’ ne manifestent-ils pas dans la rue contre l’échec du gouvernement français à protéger les vies des près de 30 000 de ses citoyens ? Qui demande des comptes au gouvernement ? »
Plus loin il ajoute ne vouloir « blâmer aucun individu ». « Il n’y a pas une personne en France ou dans aucun autre pays européen qui soit responsable à elle seule d’une faillite nationale, ajoute-t-il. C’est le système qui a failli, le système de conseils scientifiques qui a failli dans votre pays comme dans le mien. Le système de riposte politique a failli dans votre pays comme dans le mien. »
Le 30 janvier 2020 Agnès Buzyn a-t-elle on non immédiatement envoyé un message à l’ambassade de France à Pékin ?
A demain @jynau
1 The Covid-19 Catastrophe. What’s Gone Wrong and How to Stop It Happening Again, par Richard Horton, 120 pp., éditions Polity Press
C est le rôle de l éditeur en chef du Lancet d intervenir sur tout? Particulièrement critique envers les autres et peu enclin à améliorer la validité les articles qu il publie. Je trouve les papiers de cette revue « prestigieuse » de plus en plus médiocre
Monsieur Nau, on ne vous savait pas si prompt à relayer les appels à manifester des gilets jaunes ! Mais si c’est dans le Lancet ça change tout !?
Plaisanterie mise à part, R. Horton, qui distribue les bons et les mauvais points se comporte un peu comme un blanc-bec concernant la dernière rétractation : c’est trop injuste, on a abusé de notre bonne foi ! M. Benkimoun n’est pas très incisif. Il risque tout de même une désobligeante comparaison avec une affaire de données inventées qui date (déjà) de 2006 : et Horton de tonner que , nom de nom, c’est bien la dernière fois qu’il se montre si aimable à l’égard de savants qui n’ont pas le tact d’être aussi honnêtes qu’il l’est lui-même ; dorénavant, il leur demandera une déclaration sous serment. Na !
Entre nous Richard, quand tu as eu au téléphone M. Mehra , tu n’as pas pensé à lui demander ce qu’il pensait des données collectées par cette surgissante Surgisphere ? Bien sûr, entre gens biens on ne se demande pas des certificats d’honorabilité, mais tout de même, on arrive à se dire des choses, non ?