Bonjour
28/06/2020. Encore une découverte due à l’épidémie ; une trouvaille qui réjouira celles et ceux qui entendent bien en finir avec un hôpital public devenu industrie 1. Cela se passe dans le plus grand ensemble hospitalier d’Europe : l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Et l’affaire est racontée dans le Journal du Dimanche par Martin Hirsch, directeur général de l’ensemble ; un petit papier en complément d’un autre (Anne-Laure Barret), édifiant, qui rapporte que les malades de la Covid-19 ne disposent pas de mutuelles « se voient réclamer des milliers d’euros après un passage en réanimation ». On découvre ainsi que l’épidémie met en lumière un phénomène jusqu’ici resté dans l’ombre, celui « des factures impayées qui gonflent la dette des établissements ».
C’est ici qu’intervient Martin Hirsch qui en appelle à « mettre fin à la folie de la paperasse ». Pour tardif qu’il soit, son appel mérite d’être entendu.
Martin Hirsch : « Il y a un paradoxe en France : on cotise beaucoup pour l’Assurance maladie, mais les soins les plus critiques et les plus coûteux ne sont pas les mieux couverts. Et si cette faiblesse n’est pas perceptible pour une grande partie de la population, elle peut être catastrophique pour certains patients, sans mutuelle. Ce problème me préoccupe depuis de nombreuses années. J’avais, avec d’autres, plaidé pour un ‘bouclier sanitaire’ quand j’étais Haut-commissaire aux solidarités actives, en 2007. Un rapport a été vite enterré. » L’auteur ne dit malheureusement pas qui, il y a treize ans, a procédé à l’enterrement. Ni s’il a, depuis, remis l’ouvrage sur le métier.
« Débureaucratiser l’hôpital »
Martin Hirsch, toujours : « Là, le problème devrait sauter aux yeux de tous : demander un ticket modérateur de plusieurs milliers d’euros à des patients qui sortent de réanimation après avoir été malades du Covid-19 ? N’est-ce pas absurde ? A l’heure où on cherche à tirer les leçons du Covid – dont il faut rappeler qu’il touche davantage les plus vulnérables socialement – et à ’débureaucratiser’ l’hôpital, il y a là une occasion historique de résoudre un double problème : les inégalités d’accès aux soins et la folie de la paperasse. A l’AP-HP, on a plus de personnel pour s’occuper de ces formalités administratives – 1.500 employés – que de manipulateurs radio pour faire des radiothérapies, des scanners et des IRM.»
L’idéal, selon lui, serait de supprimer ce ticket modérateur à l’hôpital. L’Assurance maladie pourrait payer la totalité du séjour et se faire rembourser auprès des mutuelles ce qui leur revient. « C’est demandé, dit-il par tous les acteurs hospitaliers car ça simplifierait grandement la vie de l’hôpital et consoliderait ses finances. » Le sujet est-il acté au « Ségur de la santé » ? Le ministre Olivier Véran, ancien hospitalier est-il informé de cette absurdité ?
On croit ne pas avoir bien saisi. On relit : « A l’AP-HP, on a plus de personnel pour s’occuper de ces formalités administratives – 1.500 employés – que de manipulateurs radio pour faire des radiothérapies, des scanners et des IRM. » Depuis quand ? Pourquoi le découvre-t-on maintenant ? Et l’on voudrait que les soignants ne soient pas en colère ? Quinze jours après une première journée de mobilisation très suivie, les hospitaliers annoncent qu’ils battront à nouveau le pavé, mardi 30 juin, pour réclamer plus de moyens.
A demain @jynau
1 « L’hôpital une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme » (Editions Gallimard, collections Tracts) du Pr Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie du CHU de Tours.
Se faire rembourser auprès des mutuelles ?
Il pense vraiment que si l’APHP se charge de cela, les formalités administratives et la bureaucratie va diminuer ?
Pourquoi le découvre t on maintenant ?
Je ne sais pas, qui est censé nous informer ?
« Une » absurdité?
Ce serait merveilleux.
Bonjour
Cette information me laisse perplexe, non pas que je découvre l’absurde bureaucratie hospitalière, j’y suis jusqu’au cou toute l’année.
Mais d’une part, je m’imagine difficilement comment un séjour COVID relevant de la réanimation ne déclenche pas une prise en charge à 100% tant il y a de mécanismes le permettant (à partir de 30 jours, somme cumulé des actes supérieur à 90€ ….).
D’autre part, la part complémentaire payée par les mutuelles n’utilise pas le forfait issu de la T2A comme pour l’AMO mais le prix de journée qui lui est supérieur donc en passant à un tout T2A pour la valorisation des séjours l’hôpital peut perdre beaucoup (en million pour un gros CH non universitaire alors pour l’APHP !)
Vous posez la question : Qui donc a enterré le rapport sur le Bouclier-sanitaire du Haut-commissaire aux solidarités actives en 2007 ? La liste est longue, semble-t-il…
– Bachelot*,
– Sarkozy*,
– Bertrand Fragonard* (prés. du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie),
– Raoul Briet* (prés. de commission à la Haute autorité de santé),
– et le directeur de la CNAM, Frédéric Van Roekeghem**.
*https://www.lemonde.fr/societe/article/2007/09/29/trop-complexe-le-bouclier-sanitaire-de-martin-hirsch-attendra-2010_961050_3224.html
**https://www.lesechos.fr/2015/04/le-bouclier-sanitaire-na-jamais-convaincu-242867