Covid-19 : non, l’hydroxychloroquine ne serait pas efficace en prévention de l’infection

Bonjour

08/07/2020. Sous le soleil de Marseille, le Pr Didier Raoult twette : «Merci  à SAS Le Prince Albert II de nous avoir fait l’honneur de nous rendre visite, ce matin, à l’IHU Méditerranée Infection ». A Paris on publie : les patients traités «au long cours» avec de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine n’ont pas été moins touchés par des formes graves de Covid-19 durant l’épidémie, conclut une large étude française 1 ; une étude réalisée par Epi-phare, structure originale réunissant l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance Maladie ce qui permet d’avoir accès à des données jusqu’alors inconnues ou masquées.  

« L’épidémie de Covid-19 est une pandémie mondiale avec plus de 9 millions de cas signalés au 26 juin 2020, dont près de 485 000 décès, rappellent les auteurs. Des traitements efficaces seraient nécessaires de toute urgence, et actuellement plus de six cents essais cliniques sont en cours à travers le monde. L’efficacité des antipaludéens de synthèse (hydroxychloroquine HCQ ou chloroquine) associés ou non à l’azithromycine est débattue depuis le début de la pandémie. Peu d’études ont évalué l’action préventif de ces produits sur l’infection à Covid-19. »

Objectif de l’étude : évaluer le risque d’hospitalisation, le risque d’intubation oro-trachéale et le risque de décès pour Covid-19 chez les patients utilisant des antipaludéens de synthèse (APS) au long cours et de les comparer aux risques en population générale.

Ce travail a été réalisé à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS) et des informations recueillies à partir des séjours hospitaliers (PMSI) liés à la COVID-19 et remontées exceptionnellement de manière hebdomadaire et accélérée. Plus précisément les analyses ont porté sur les données issues de la remontée du 2 juin 2020 qui comprenait les informations de 71 901 patients hospitalisés pour COVID-19 sur l’ensemble du territoire national.

« Un sur-risque d’hospitalisation, d’intubation et de décès »

La population considérée sous APS au long cours était constituée par l’ensemble des personnes ayant reçu au moins six délivrances remboursées d’APS (HCQ ou chloroquine) entre le 1er janvier 2019 et le 15 février 2020, dont la dernière au cours du dernier trimestre 2019 ou début 2020. Cette population était constituée de 54 874 patients : 84,3% étaient des femmes, l’âge moyen était de 55,3 ans ; environ 55% résidaient dans un des territoires les plus touchés par l’épidémie (Grand Est, Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France).

Deux types d’études complémentaires ont été réalisées : une étude de type «observé – attendu»  et une étude de cohorte exposés/non-exposés. On lira ici le détail de la méthodologie et les résultats chiffrés. Conclusion, prudente :

« Les résultats mettent en évidence un sur-risque d’hospitalisation, d’intubation et de décès liés au COVID-19 parmi les patients sous APS au long cours par rapport à la population générale française. Les analyses réalisées suggèrent que ce sur-risque est expliqué par les caractéristiques liées à la pathologie chronique sous-jacente justifiant l’utilisation des APS au long cours, notamment la co-médication par corticoïdes oraux, plutôt que par l’exposition aux APS elle-même. »

Mais les auteurs ajoutent également que ces résultats « ne suggèrent pas de rôle préventif de l’utilisation des antipaludéens de synthèse au long cours sur le risque de survenue d’une hospitalisation, d’une intubation ou d’un décès liés au Covid-19 ». Ils concluent en ces termes : « Même si la nature observationnelle de l’étude ne permet pas de conclure formellement à l’absence de bénéfice des antipaludéens de synthèse pour la prévention d’une forme sévère de Covid-19, ces résultats ne plaident pas en faveur d’une utilisation préventive de l’hydroxychloroquine dans la population, y compris la population la plus à risque – et ce en dehors d’essais thérapeutiques dédiés. »

A demain @jynau

1 « Utilisation au long cours d’antipaludéens de synthèse et risque de survenue de formes graves ou létales de la COVID-19 Etude de pharmaco-épidémiologie à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS) Version finalisée 2 Juillet 2020 Etude réalisée par le Groupement d’Intérêt Scientifique EPI-PHARE : Emilie Sbidian, Laetitia Penso, Philippe Herlemont, Jérémie Botton, Bérangère Baricault, Laura Semenzato, Jérôme Drouin, Alain Weill, Rosermary Dray-Spira, Mahmoud Zureik, (GIS EpiPhare Université Paris Est Créteil, Unité de recherche EpiDermE, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).

Déclarations d’intérêt Les déclarations d’intérêt des auteurs membres EPI-PHARE, tous salariés de l’ANSM et/ou de l’assurance maladie et/ou l’APHP, sont consultables en ligne sur le site du Ministère des Solidarités et de la Santé – Consultation des déclarations publiques d’intérêts https://dpi.sante.gouv.fr/dpi-public-webapp/app/recherche/declarant

A la date de l’étude aucun des auteurs n’avait de lien d’intérêt avec une entreprise du médicament

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