Fatalité : laisser Kronenbourg et Pernod-Ricard faire revivre les villages français déshérités ?

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10/07/2020. Lutter contre les addictions quand on ne croit pas à la prédestination. « L’alcool pour oublier la crise Le remède de Kronenbourg, de Pernod Ricard et du Groupe SOS » dénoncent quatre présidents d’association qui, précisément, luttent. Ecoutons-les :

« Alors que la crise sanitaire due à la Covid-19 se fait moins prégnante, les multinationales Kronenbourg SAS et Pernod Ricard proposent d’en aggraver une autre, chronique et meurtrière, en arrosant les campagnes de ses produits alcooliques. Dans un tweet daté du 8 juillet 2020, l’initiative « 1000 cafés » du Groupe SOS remercie ses partenaires, dont les deux entreprises. Celles-ci avaient effectivement annoncé le 2 juin un partenariat pour soutenir l’opération ayant pour objectif de créer des cafés dans les zones rurales en voie de désertification. »

Une ré-alcoolisation qui va dans le même sens que le projet du gouvernement d’Edouard Philippe. Souvenons-nous : il proposait le 21 février dernier, via la distribution de «licence IV», la création dix mille sites de consommation de boissons, notamment alcooliques.

Les solitudes alcoolisées

« Le lancement de l’opération « 1000 cafés » repose sur la reprise d’arguments éculés du lobby alcoolier selon lequel le seul fondement de la convivialité est l’alcool, ainsi que sur le postulat que les bars suffiront à remplacer une économie vacillante ou inexistante, nous disent aujourd’hui les associations de lutte contre les addictions. Cette opération est un véritable leurre sinon une tromperie pour les populations et villages concernés, et un risque certain pour la santé publique. »

Or, selon eux « toutes les études » prouvent que plus le nombre de cafés-bars augmente, plus l’offre d’alcool est importante, plus la consommation augmente – ainsi que les dégâts sanitaires et sociaux qui en sont la conséquence mécanique. Et puis, plus incisifs :

« L’intervention des groupes Kronenbourg SAS et Pernod Ricard dans cette opération déjà contestable ne fait que dévoiler leur vraie nature et leurs objectifs purement commerciaux, derrière les éléments de langage lénifiants : « convivialité respectueuse et responsable », soutien à l’économie de proximité et souci écologique en recyclant les déchets. Les habitants de ces zones rurales méritent mieux que l’alcool pour oublier l’appauvrissement économique de leurs territoires. Ce ne sont pas quelques emplois de gérants de bars qui les feront revivre. Kronenbourg SAS et Pernod Ricard ne pouvaient laisser passer une telle occasion de blanchir leur image, grâce au Groupe SOS. Les populations rurales seront les otages valorisants de cette opération commerciale en trompe-l’œil de deux multinationales de l’alcool. »

Et maintenant ? Du haut deux puissance les responsables de Kronenbourg SAS, de Pernod Ricard et du Groupe SOS ne répondront sans doute pas à cette attaque. Les bars décriés ouvrent. Participeront-ils mécaniquement à une augmentation des alcoolisations ? Luttant contre la solitude (dont on sait qu’elle peut, elle aussi, être amplement alcoolisée) participeront-ils aux bienfaits d’une socialisation retrouvée ? Ne pas croire à la fatalité imposerait, ici, d’évaluer les véritables impacts de ces nouvelles licence IV. Qui, ici, aura le courage et l’argent pour une évaluation qui répondrait à la question ?

A demain @jynau

 1  Pr Amine Benyamina, président de la Fédération Française d’Addictologie ; Dr Bernard Basset, président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ; Pr Axel Kahn, président de La Ligue contre le Cancer et  Pr Mickael Naassila, président de la Société Française d’Alcoologie 

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