Bonjour
23/07/2020. Ainsi donc le militantisme de la gauche, des relais médiatiques (et, sans doute, la hantise de l’exécutif d’être une nouvelle fois accusé) auront permis de faire bouger le gouvernement ; un exécutif toujours invraisemblablement empêtré dans l’affaire des masques.
Hier c’était niet. Puis, après bien des atermoiements, vint l’obligation du port dans les lieux publics clos. Puis Emmanuel Macron jugea que le contribuable français n’avait « pas vocation à payer des masques » pour tout le monde. « Je pense que ça doit rester une politique sociale » déclarait, sur TF1, le président de la République – on rappellera que le non-respect du port du masque est passible d’une amende de 135 euros. Son concept de « guerre » n’était plus d’actualité.
Puis des voix s’élevèrent, au nom de la justice, de l’équité et de la réduction des risques collectifs : pourquoi l’absence, ici, de l’Assurance malade ; pourquoi ne pas organiser des distributions gratuites, notamment pour les plus précaires ?
Silence de l’exécutif, muré dans ses incertitudes. Puis, enfin, Olivier Véran de répondre par l’affirmative, mardi 21 juillet, devant les députés lors des questions au gouvernement. Ministre des Solidarités et de la Santé il a ainsi promis de « réenclencher la distribution de masques gratuits » à destination des « « plus vulnérables ». Nous parlons ici des bénéficiaires de la « complémentaire santé solidaire », qui remplace la « couverture-maladie universelle complémentaire » (CMU-C).
Puis le gouvernement d’être plus précis. Mercredi 22 juillet, Olivier Véran annonçait que le gouvernement allait envoyer gratuitement 40 (quarante) millions de masques grand public lavables aux 7 millions de Français les plus pauvres. Ils doivent être adressés aux bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, ce qui correspond aux « Français qui sont au niveau du seuil de pauvreté », selon le ministre de la santé, invité de France 2. Où l’on découvre, ainsi, que 7 millions de Français (sur 67 millions) sont en dessous ou « an niveau » (sic) du « seuil de pauvreté ».
Ces masques lavables, utilisables trente fois, seront envoyés par la Poste « d’ici quelques jours ». « Par ailleurs, l’assurance-maladie remboursera à 100 % les masques chirurgicaux pour deux millions de Français qui sont porteurs de vulnérabilité », a précisé le ministre.
« Près de 1 065 € mensuels, après impôts »
Les politiques ? « Je trouve que c’est logique que vous et moi, par exemple, on ne nous paye pas des masques gratuits. Nous avons la capacité à acheter des masques (…) et honnêtement, pour la plupart des Français, c’est tout à fait possible d’acheter ces masques réutilisables », a plaidé sur LCI le député LRM de Loire-Atlantique François de Rugy; un homme politique qui, après la succulente « affaire des homards » ne cache plus ses nouvelles ambitions quant à son retour en haut du pouvoir.
A l’extrême-gauche, on raisonne différemment. « Il y a un principe d’égalité, et donc si on rend les masques obligatoires, et je pense que c’est souhaitable qu’ils le soient compte tenu de la circulation du virus, l’Etat doit prendre ses responsabilités et assurer la gratuité », a ainsi déclaré Adrien Quatennens, coordinateur national de La France insoumise, sur RMC et BFM-TV.
De fait, en pratique,et même si le gouvernement a plafonné le prix du masque chirurgical à 95 centimes d’euros, l’usage quotidien et dans le respect des normes sanitaires peuvent s’avérer relativement « coûteux ». Les associations de consommateurs estiment qu’une famille de deux adultes et deux enfants de plus de 11 ans devra débourser, chaque mois, jusqu’à 200 euros mensuels pour s’équiper convenablement.
« Le seuil de pauvreté monétaire, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, s’établit à 1 015 euros par mois pour une personne seule en 2015, peut-on lire sur le site de l’Insee. Pour l’Institut national des études économiques, 14,7 % de la population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018 (60 % du niveau de vie médian : près de 1 065 € mensuels, après impôts) : soit 9,3 millions de personnes. En 2017, 8,9 millions vivaient sous ce seuil. »
« Vivre sous ce seuil »…. A cette aune le gouvernement augmentera-t-il les volumes de ses distributions ? Et jusqu’à quand ?
A demain @jynau