Bonjour
29/07/2020. On pourrait en rire. Ou s’interroger : où sommes-nous et jusqu’où descendre ? « Je nous vois comme de vieux Romains à la fin du Ve siècle, qui témoignaient dans certains textes d’une impression de déliquescence, comme si tout foutait le camp, explique le philosophe Jean-Luc Nancy dans Libération, Comme si aucune valeur ni aucun ordre ne résistaient plus au temps qui vient. Au même moment, le christianisme se développait et qui au fond n’était pas autre chose qu’une réponse à l’angoisse qui saisissait l’époque. Une nouvelle société allait se constituer, mais cela a pris des siècles. »
Et Nancy d’estimer que non, « le progrès » n’est plus une « valeur refuge » et que le monde est fragile, au bord d’un « changement civilisationnel ».
Une preuve ? « Le 27 juillet, plus de 17 millions de personnes ont cliqué sur une vidéo de médecins en blouses blanches qui expliquent devant la Cour suprême des États-Unis que l’hydroxychloroquine et le zinc guérissent du Covid-19 et que le port du masque est inutile » rapporte Slate.fr (Claire Levenson).
On peut y voir la médecin et pasteure Stella Immanuel qui (elle aussi) déclare avoir guéri plus de 350 personnes atteintes du coronavirus. Le président Donald Trump a retweeté cette vidéo. Puis, comme on sait, le 28 juillet, Facebook, YouTube et Twitter ont effacé ce contenu et déclaré qu’il constituait une violation de leurs règles en matière de désinformation sur le coronavirus (qui a fait plus de 150.000 morts aux États-Unis- 1592 décès supplémentaires en 24 heures).
Incubes et succubes êtes-vous là ?
Stella Immanuel, donc. « Le discours de cette médecin qui fait l’apologie de l’hydroxychloroquine montre à quel point la droite américaine a sombré dans l’obscurantisme, explique Slate.fr. En effet, Stella Immanuel, qui est décrite dans les cercles trumpiens comme ‘’une défenseure de la vérité’’ croit, entre autres, que les homosexuel·les vont en enfer et que des scientifiques sont en train de créer un vaccin qui rendra les gens athées.
Stella Immanuel : à Houston au Texas, son cabinet médical est signalé par une pancarte indiquant un «centre de ressources chrétiennes» proposant «prières, délivrance, soutien psychologique, librairie et cadeaux». Elle dispose d’une une licence pour exercer la médecine dans son État. Selon elle, des démons qui hantent les rêves érotiques des femmes sont la cause de nombreux problèmes gynécologiques (elle évoque le sperme de démon). Elle pense aussi que le gouvernement américain a été infiltré par des reptiliens et que les médecins utilisent de l’ADN d’extraterrestres pour certains traitements – source de chimères hommes-démons.
Interrogé lors d’une conférence de presse le 28 juillet, Trump a déclaré que Stella Immanuel était «très impressionnante». Et à la suite d’un article du Daily Beast qui détaillait ses théories, Stella Immanuel a fait la promotion de ses services sur Twitter: «Le Daily Beast a très bien résumé notre ministère de la délivrance et a bien décrit les incubes et les succubes. Merci au Daily Beast. Si vous avez besoin d’être libéré de ces esprits. Contactez-nous.»
L’hydrocychloroquine ? Après les éloges venus de Marseille, au-delà des incubes (démons mâles qui prennent corps pour abuser sexuellement d’une femme endormie) et des succubes (équivalents féminins) ce médicament est devenu le favori des anti-systèmes et, aux Etats-Unis, de la droite trumpiste qui chaque jour s’éloigne un peu plus de la raison. Et Marseille ne répond plus …
A demain @jynau