Covid-19 : la provocation du Pr Eric Caumes face aux recommandations du Conseil scientifique

Bonjour

04/08/2020. Ainsi donc deux conceptions, deux stratégies s’opposent au grand jour. D’une part celle développée par le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses (Pitié-Salpêtrière). De l’autre celle, globale, développée par le Conseil scientifique du gouvernement qui vient d’émettre un nouvel avis documenté à l’adresse de l’exécutif. Résumons à très grands traits. Pour être clair et compris le Pr Caumes nous a adressé ces quelques lignes :

« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.

« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »

Daté du 27 juillet l’avis du Conseil scientifique est ainsi sous-titré : « Se préparer maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne ». les auteurs expliquent qu’il s’inscrit dans un contexte français où récemment le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciation et des mesures barrières. On peut notamment y lire:

«Vu la faible circulation du virus sur le territoire français depuis la fin du confinement, il
est attendu que l’immunité collective reste très inférieure au seuil des 50% à 70% requis
pour empêcher la circulation active du virus. Cette notion est bien sûr à prendre en
compte pour les décisions à prendre lors d’une éventuelle survenue d’une 2ème vague.»

« L’enjeu des ‘’20 grandes métropoles’’ »

« L’équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé comme en Espagne par exemple, ajoutent-ils. A moyen terme, cet avis envisage ce que pourrait être une reprise de la circulation du virus à un haut niveau à l’automne 2020. La réponse à cette probable deuxième vague devra être différente de la réponse à la première vague, car nous disposons d’outils pour y répondre ». Avec cette précision de taille à l’attention de l’exécutif  : la réponse devra s’appuyer « sur un choix politique et sociétal et pas seulement sanitaire (…) Les décisions devront faire l’objet d’une discussion avec la société civile et une nouvelle politique de communication devra être menée.

En écho au Pr Caumes les auteurs de l’avis soulignent qu’au vu de la circulation du virus sur le territoire français depuis le début de l’épidémie, « il est attendu que l’immunité collective reste très inférieure au seuil des 50% à 70% requis pour empêcher la circulation active du virus ».Pour autant il n’en tirent nullement les mêmes conclusions. Et d’ajouter :

«  Il est hautement probable qu’une seconde vague épidémique soit observée à l’automne ou hiver prochain. L’anticipation des autorités sanitaires à mettre en place opérationnellement les plans de prévention, de prise en charge, de suivi et de précaution est un élément majeur. Le Conseil scientifique insiste sur deux points essentiels concernant les tests : – Définir, clarifier et présenter rapidement une nouvelle doctrine d’utilisation des tests : vision de diagnostic d’une part, vision de dépistage et de santé publique d’autre part, par les autorités de santé. – Rendre l’accès aux tests plus accessible au « consommateur ». Tester de façon large. »

« L’enjeu des ‘’20 grandes métropoles’’ 1, dans lesquels les risques de propagation du virus sont important, est essentiel. Un « confinement local » plus ou moins important en fonction de l’épidémie doit faire l’objet d’une préparation dans ces zones à forte densité de population. Le développement de messages de santé publique locaux, combiné à une gestion ciblée de l’épidémie intégrant le soutien aux personnes vulnérables et la prise en compte des inégalités sociales est indispensable. »

Deux stratégies, schématiquement, s’opposent. Il reste à un exécutif (qui semble toujours comme dépassé par les événements) à trancher et agir au plus vite dans la clarté. Et à répondre, publiquement, au Pr Eric Caumes.

A demain @jynau

1 Extraits :

« Le premier pic épidémique de la crise de la COVID-19 a montré la fragilité des métropoles à des risques sanitaires de ce type et ou d’autres comme des risques environnementaux (Rouen /Lubrizol) par exemple. Ainsi la surmortalité liée au COVID-19 a été plus importante dans les zones les plus denses (données INSEE).

« L’évolution actuelle dans différents pays montre que la reprise de l’épidémie se produit sous la forme de clusters critiques soit dans des espaces professionnels à forte promiscuité (abattoirs, foyers de saisonniers, …) soit dans des métropoles (Leicester, Melbourne, etc ). Dans ces zones à fortes densités de population, des actions de confinement localisé sont prises pour contenir et arrêter la propagation du virus et pour sauver des vies. Les enseignements tirés de ces expériences sont importants à prendre en compte pour développer un plan « Métropole » français. On peut noter que des pays comme l’Angleterre ont développé de tels plans sous la conduite de Public Health England (PHE). 

« Il est impératif de mobiliser et solliciter les autorités locales des 20 premières villes de France afin qu’elles conçoivent et opérationnalisent des plans locaux d’intervention en cas de menace sanitaire comme dans le cas de l’épidémie COVID-19 à l’instar de ce qui est fait au Royaume – Uni et en Allemagne. »

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