Bonjour
08/08/2020. Qui, en France, se souvient encore de la violente polémique sur le « RU486 » (mifépristone) cette « pilule abortive » ? Quatre décennies plus tard, dans une Europe que l’on présente comme unie, voici que la polémique émerge de l’autre côté des Alpes.
Le gouvernement italien a décidé d’assouplir ses conditions d’utilisation a annoncé samedi 8 août le quotidien (centre-gauche) La Repubblica. Selon cette information exclusive en une du journal de centre-gauche, les nouvelles recommandations du ministère de la Santé permettront aux femmes souhaitant avorter d’avoir recours à la pilule RU486 en ambulatoire – alors que jusqu’ici trois jours d’hospitalisation étaient recommandés.
Interrogé par La Repubblica (et cité par l’AFP) le ministre de la Santé Roberto Speranza a défendu son choix : «Les arguments scientifiques sont très clairs. Le Conseil supérieur de la Santé et les sociétés de gynécologie et d’obstétrique ont exprimé un avis favorable. Ces nouvelles recommandations représentent un progrès important».
En Italie, pays où la tradition catholique résiste, le recours à l’avortement, légalisé en 1978, est compliqué par le fait que 70% des gynécologues invoquent l’objection de conscience pour ne pas pratiquer d’IVG. « La pilule abortive représente actuellement 20% des avortements, la méthode chirurgicale étant la plus répandue. Cette décision permet aussi de mettre fin aux disparités entre régions, qui en Italie sont compétentes en matière de santé, résume l’AFP. En juin, une polémique avait éclaté lorsque la présidente de la région Ombrie, Donatella Tesei, membre de la Ligue (extrême droite), avait interdit le recours à la pilule abortive sans hospitalisation. Cette décision, condamnée par les partis de gauche et des intellectuels comme Roberto Saviano, avait entraîné des manifestations de protestation de milliers de femmes. »
Tradition catholique ? L’assouplissement du recours à la pilule abortive a suscité de nombreuses réactions. Le journal de la conférence épiscopale italienne Avvenire a dénoncé «une annonce surprise, dévoilée seulement à La Repubblica», qui «ouvre la voie à l’avortement pharmacologique à domicile». Le Parti démocrate (PD, centre-gauche, au pouvoir) a salué une décision «juste» en faveur de «l’avortement pharmacologique, sûr et moins invasif que par voie chirurgicale», tandis que le parti Fratelli d’Italia (extrême droite) a fustigé «une décision absurde et dangereuse».
C’est ainsi qu’aujourd’hui, faute d’harmonie, qu’une Europe, cahin-caha, se construit.
A demain @jynau