Covid-métaphore: après la «cocotte-minute», Olivier Véran, la «casserole» et le «couvercle»

Bonjour

23/08/2020. Nous étions à la fin janvier. Sept mois déjà. Tout commençait à évoluer à très grande vitesse sur le front du « corona » (c’était alors la nouvelle abréviation médiatique). On observait alors certains médias interroger avec componction les experts sur le fait de savoir « s’ils en faisaient trop ou pas assez ». On voyait aussi certains hauts responsables commencer à puiser dans le grand sac des métaphores. Ainsi la ministre Agnès Buzyn user de celle de l’incendie qui, comme chacun sait, doit être au plus vite circonscrit.  Ainsi le Pr Arnaud Fontanet (Institut Pasteur de Paris), qui dans Le Monde, avait recours à un outil généralement utilisé en cuisine.

Fin janvier 2020.  Le Monde (Rémi Barroux) lui demande si l’OMS aurait alors dû décréter un « état d’urgence internationale ». «  C’est difficile à dire, répond le pastorien (…) Pour déclarer une ‘’urgence de santé publique de portée internationale’’, il faut que ce soit soudain, grave, d’une ampleur mondiale et que la réponse nécessite une action coordonnée à l’échelle internationale. Or, pour le moment, la dimension mondiale est encore incertaine, puisque dans tous les pays où des cas ont été enregistrés, il n’y a pas eu de cas secondaire, c’est-à-dire pas de personne secondairement infectée dans l’entourage du cas importé. Même si on se rend compte qu’il y a une cocotte-minute en Chine. Qu’en sera-t-il dans quinze jours ? »

On savait ainsi qu’il y avait bien eu, en Chine, une « Cocotte-minute® » (marque déposée depuis soixante-sept ans par SEB, célèbre acronyme de « Société d’Emboutissage de Bourgogne ») ; un objet devenu culte également connue sous le nom d’ « auto-cuiseur » ; ustensile de cuisine constitué d’un récipient en métal épais hermétiquement clos par un couvercle équipé d’une valve de dépressurisation qui permet de cuire les aliments sous haute pression. « Où l’on retrouve incidemment la notion de pression, avec tous les risques et dangers qui y sont associés, écrivions-nous alors. La Chine a-t-elle su manier comme il convenait la petite valve de dépressurisation ? »

Sept mois plus tard. On sait ce qu’il en fut. En France la Dr Agnès Buzyn a été remplacée par le Dr Olivier Véran. « Nous sommes dans une situation à risques » face au Covid-19, met-il  en garde dans un entretien donné au Journal du dimanche (JDD) du 23 août – expliquant redouter qu’une une contamination croissante des plus jeunes conduise à une reprise du phénomène observé ces derniers mois chez les personnes plus âgées et plus fragiles.

Les ponts sont désormais coupés avec le Pr Didier Raoult

Concernant la propagation du coronavirus, Olivier Véran affirme que « la majorité des transmissions se fait désormais dans des situations festives des plus jeunes, où les gestes barrières ne sont pas respectés ». « Le virus circule quatre fois plus chez les moins de 40 ans que chez les plus de 65 ans, explique le ministre des Solidarités et de la Santé. Si la circulation du SARS-CoV-2 s’accélère encore chez les plus jeunes, les personnes âgées, qui contractent plus souvent des formes plus graves de la maladie, pourraient être à leur tour affectée. Il faut à tout prix éviter [un tel scénario] qui mettrait en tension notre système sanitaire et serait extrêmement problématique.»

Dans les Bouches-du-Rhône, un des huit départements où le niveau de vulnérabilité est élevé, et « où on a 188 nouveaux cas pour 100 000 personnes de 20 à 40 ans, on constate depuis trois semaines que les tests positifs augmentent chez les seniors. Le passage entre les publics se fait déjà. Et on constate à nouveau une augmentation des entrées en hospitalisation et réanimation. » Et le Dr Olivier Véran de préciser, à sa façon, que les ponts sont désormais coupés avec le Pr Didier Raoult.

Où l’on voit que l’exécutif sanitaire, quoique largement impuissant à prévenir les contaminations des plus jeunes, demeure arc-bouté contre la proposition du Pr Eric Caumes (Pitié-Salpêtrière) qui, pragmatique, estime qu’une forme de « laisser-faire » conduirait de facto, via les plus jeunes, à une augmentation de l’immunité collective  1.

Autre précision, virologique, de taille : « Aucun argument scientifique ne vient étayer la théorie d’un virus moins dangereux. Le Covid-19 qui se propage est le même que celui qui a coûté la vie à 30 000 Français. Seul le profil des malades a changé ; ils sont plus jeunes et donc moins symptomatiques. »

« L’épidémie ne s’est jamais arrêtée, affirme le ministre. Elle a seulement été contrôlée pendant le confinement puis le déconfinement progressif. Le risque c’est que, après avoir enlevé doucement le couvercle de la casserole, l’eau se remette à bouillir ». C’est certes là une variable ménagère française moins inquiétante que l’autocuiseur chinois. Est-ce pour autant une situation moins redoutable ?

A demain @jynau

1 Après un début de polémique médiatique, pour être clair et bien compris le Pr Eric Caumes nous avait adressé ces quelques lignes :

« Ce qui semble ne pas avoir été compris dans mes propos c’est que de toute façon les jeunes n’en ont rien à faire. Il faut composer avec cette réalité incontournable ou assumer d’envoyer police ou armée pour faire respecter la distanciation ou le port du masque.

« Comme ce n’est pas fait, avec juste raison, je pense qu’il faut composer – c’est à dire relever le positif (immunité dans ce groupe qui s’avérera bien utile au moment de reprendre école, collèges, lycées et universités), tout en avertissant des dangers pour eux (formes rares possibles aussi, même si rares), et pour les autres (respect des anciens). »

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