Martin Hirsch accuse désormais le Pr Raoult d’user des «vieilles ficelles complotistes»

Bonjour

25/08/2020. Rentrée et retour-réflexe des personnalités habituées des médias. Sur France Inter, une nouvelle fois Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP. Promotion d’un nouveau livre au titre botanique énigmatique 1. Avec une précision, de taille : « Ce livre n’est pas celui qui dit que j’ai eu raison et que les autres sont des couillons ». Certes. Mais à bien l’écouter certains seraient plus dangereux que d’autres.  

On a ainsi, selon lui, assisté durant cette épidémie à la jonction du « populisme scientifique » et du « populisme politique » – règlement de compte vis-à-vis du Dr Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et grand promoteur médiatique des recommandations-chloroquine du Pr Didier Raoult. Martin Hirsch vaut ici d’être cité qui parle de « scientificiens populistes » comme il en est de certains politiciens :

« Jusqu’à présent la science était une sorte de rationalité contre le populisme. C’est quoi le populisme ? C’est faire croire aux gens que tout est possible n’importe comment, qu’il n’y a pas de contraintes, dictées par le réel. Et quand la science devient elle-même irrationnelle et utilise les recettes du populisme (faire semblant de se différencier par rapport aux autres, à considérer que tous les gens sont pourris sauf soi et ce même quand on a le même type de comportement, à faire croire à des recettes miracles, à penser que quand cent mille personnes signent pour l’usage d’un médicament on devrait l’utiliser plutôt que de regarder en double aveugle ce qui se passe, etc.) – ça c’est quelque chose de nouveau. On avait vu des dérives individuelles, des prix Nobel dire qu’ils pouvaient soigner le pape avec de la papaye quand il avait un Parkinson [Pr Luc Montagnier en juin 2002] Mais on a jamais vu me semble-t-il, comme ce printemps, une pénétration aussi forte sur les comportements de l’attitude de certains scientifiques. »

Pourquoi nous dire tout et son contraire ?

Comment néanmoins expliquer le succès considérable du Pr Didier Raoult auprès du « grand public » ? Pourquoi est-il plus cru que Martin Hirsch ou que les responsables de l’exécutif ? Martin Hirsch :

« J’explique ça d’abord par sa propre attitude. C’est ce qu’il cherche, avec un talent absolument remarquable. Il cherche à le faire et il utilisent de vieilles ficelles, qui sont des ficelles complotistes… C’est très astucieux, c’est très bien fait … La première chose c’est de dire : ‘’attention, tous vendus sauf moi !’’ – et donc de décrédibiliser le système. La deuxième chose c’est de dire ‘’vous allez-voir je suis le seul à penser comme vous ‘’. C’est la pensée par identification…

« Et en période de crise la population est en général réceptive. On a envie de bouc émissaire, de solutions faciles, d’une clef de compréhension. Donc si quelqu’un vous la livre avec en plus l’ambiguïté sur sa légitimité c’est-à-dire face je suis comme les grands scientifiques, j’ai le plus grand nombre de publications etc. Et pile en fait je suis plutôt comme vous, je suis la victime du système … et bien ça marche. Et s’il y a un deuxième Raoult cela marchera aussi bien – sauf si il y a un peu plus de responsabilité dans la parole collective. »

Responsabilité dans la parole collective médiatique ? Hier Karine Lacombe, invitée d’Inter , parlait d’une entrée dans la deuxième vague, et au même moment sur franceinfo le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, contestait ce terme.

On se penche ici sur la crédibilité de la parole scientifique dans les médias, Martin Hirsch estime qu’il y avait bien, hier, « une erreur – mais une erreur difficile à rectifier ».  « Il faut à la fois ne pas censurer – un scientifique peut avoir raison comme les autres et doit avoir la liberté de parole. estime-t-il. Mais ne pas laisser chacun à trop d’individualisme. La solution est d’aider les scientifiques  à faire au micro ce qu’il font dans leur labo ou dans leur colloque : faire du collégial. » Ne pas laisser faire qu’à force d’accumulations médiatiques d’opinions dissidentes on ne s’y retrouve plus… ». Son propos vaut aussi, faudrait-il le rappeler, pour les politiques : « Comment on en vient à nous dire ‘’tout et son contraire’’ sur le Covid-19 ».

A quand la rencontre sur le pré ? A quand le grand débat télévisé entre le directeur général de l’AP-HP et celui de l’IHU Méditerranée ?

A demain @jynau

1 Hirsch M. L’Enigme du nénuphar. Editions Stock. « Ce sont des mots confiés d’un souffle au dictaphone chaque soir, comme un ultime effort après une journée folle. Ce sont des messages d’encouragement adressés chaque matin à ceux-là même que les Français applaudissent à 20 heures. Pour que ces moments ne tombent pas dans l’oubli. Pour qu’il reste une trace. Pour que cela ne soit pas ceux qui étaient loin de l’action qui inventent leurs propres récits, vus de l’extérieur. Pour que les leçons soient tirées. Pour que tout ne redevienne pas comme avant. D’habitude, dans chaque crise, il y a toujours quelqu’un pour dire ce que cela lui rappelle. Là, même les plus expérimentés confiaient que cela ne leur rappelait rien, ni en France, ni ailleurs. Du jamais vu. Martin Hirsch, qui dirige l’AP-HP depuis sept ans, a vécu cette crise aux avant-postes. Il a choisi de restituer brut ce qu’il a ressenti, ce qu’il a affronté, ce qu’il a vécu avec tous ceux qui étaient au front. »

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