Bonjour
26/08/2020. Invité matinal « exceptionnel » de France Inter : Jean Castex, Premier ministre après avoir été « Monsieur Déconfinement ». Léger accent et certains mots venus d’un autre temps. Message principal aux Français : il nous faut désormais « vivre avec le virus ». Une autre manière de dire que la pandémie se transforme en situation endémique. Jean Castex :
« Le virus est aussi virulent, en tout cas aucun élément me permet de dire qu’il a baissé en virulence. Donc nous devons prendre des mesures, nous ne devons pas baisser la garde. Mais la vie doit être plus forte, vivre doit dire que nous allons tout faire pour que les Français reprennent le travail, l’école, leur vie sociale et culturelle le plus normalement possible. »
Interrogé sur le phénomène des « anti-masques », le Premier ministre : « S’ils ne le croient pas pour eux-mêmes, ils doivent penser aux autres. Ils ont tous des personnes vulnérables, âgées, dans leurs familles. Parce que soi-même on se sent invincible et qu’on a pas besoin de masque, on va aller contaminer les autres : non, j’appelle au sens des responsabilités. » Propos de bon sens qui risquent fort de se heurter à un mur d’incompréhensions réciproques.
Lien entre cette défiance et des thèses complotistes
Les « anti masques » ? Sur Facebook, des pages réunissant parfois des milliers de personnes, remettent en question le port de cette protection jugée inefficace et liberticide. Antoine Bristielle, professeur agrégé de sciences sociales et chercheur en sciences politiques à Sciences Po Grenoble, les a interrogées pour savoir et tenter de comprendre ce qu’elles pensent. Avec des résultats parfois surprenants comme le rapportent France Inter (Louis-Valentin Lopez) ainsi que Le Monde (Lucie Soulier) – annonçant une enquête, à paraître début septembre à la Fondation Jean Jaurès – enquête menée auprès de plus de 1 000 personnes qui adhérent à ces pages.
Extraits des réponses apportées à France Inter par ce chercheur :
« Le point le plus important, c’est la très grande défiance que ces personnes éprouvent envers les institutions, qu’elles soient médiatiques ou politiques. Ce sont des personnes qui ont très peu confiance dans les discours qui sont produits. À titre d’exemple, le niveau de confiance dans l’institution présidentielle est de 6%, contre 34% pour le reste de la population. Le niveau de confiance dans les partis politiques est seulement de 2%, très faible par rapport à ce qu’on peut observer aussi chez les Français.
« Il y a un lien entre cette défiance et des thèses complotistes. Plus de 50% croient ainsi en l’existence des Illuminatis, plus de la moitié croient en la théorie du grand remplacement, plus de la moitié croient aussi en l’existence d’un complot sioniste à l’échelle mondiale. Ce sont des scores largement supérieurs à ce qu’on peut observer dans le reste de la population française.
« On pourrait penser que ce sont des personnes qui n’ont pas forcément un bagage intellectuel très important. Au contraire, il y a 36% de cadres dans l’échantillon interrogé, soit le double de ce qui existe dans la population française. Ce sont des individus plutôt éduqués, avec une moyenne de bac 2, et aussi des individus plutôt âgés et féminins, plus de 60% des femmes.
« Ce qui va les caractériser aussi, c’est quelque chose d’assez peu étudié en France : la question libertaire. Ce sont des personnes qui refusent qu’il y ait des institutions qui leur disent quoi faire. Elles placent une très grande importance dans le respect de leur liberté, et leur liberté à l’heure actuelle, c’est celle de choisir de ne pas porter un masque. »
Tropisme de droite parmi les soutiens de Didier Raoult
Ce chercheur avait aussi, avant ce travail, réalisé il y a un mois une enquête dans des groupes soutenant le Pr Didier Raoult, microbiologiste aussi clivant que controversé. « Le motif principal des soutiens à Didier Raoult, c’est aussi la grande défiance qu’ils peuvent éprouver par rapport aux institutions classiques, politiques et médiatiques, explique-t-il. Parmi les fans de Didier Raoult, seuls 11% déclaraient avoir confiance dans l’institution présidentielle, contre 34% dans la population française. La confiance dans Emmanuel Macron était aussi de 4%, alors qu’elle était autour de 34% à cette époque-là. Quand on demandait à ces personnes de se positionner sur l’axe gauche-droite, on se rendait compte qu’il y avait un vrai tropisme de droite parmi les soutiens de Didier Raoult. »
« En outre, une majorité de ses soutiens déclaraient que si une personnalité du type Cyril Hanouna, Jean-Marie Bigard ou Michel Onfray venait à se présenter aux prochaine présidentielles, ce serait finalement plutôt une bonne chose pour la démocratie » ajoute le chercheur.
Jean Castex, sur France Inter les aura-t-il convaincu de porter un masque et de ne pas voter Jean-Marie Bigard ou Michel Onfray ? On peut, raisonnablement, en douter.
A demain @jynau
Les antimasques sont le visage masqué de l’extrême droite. Quand on a déjà un masque,un deuxième est superflu.
Tout cela se heurte à l’irréfutabilité de Popper et au principe de Brandolini (The unbearable asymetry of bullshit)
https://blogs.bmj.com/medical-ethics/2016/02/16/the-unbearable-asymmetry-of-bullshit/
J’ai honte je ne connaissais pas les Illuminati, je croyais à un titre de bande dessinée…