«Papy et mamie» désormais interdits de sortie scolaire: le nouvel impair de Jean Castex

Bonjour

28/08/2020. Jusqu’où l’exécutif sanitaire peut-il s’immiscer dans la vie privée, rogner les libertés individuelles ? A quel titre et de quel droit. « Evitons que papy et mamie aillent chercher leurs petits-enfants à l’école, quitte à augmenter le périscolaire jusqu’à ce que les parents puissent venir eux-mêmes les récupérer. » Voilà un nouvel impair commis le 27 août par le chef du gouvernement, Jean Castex, lors de sa conférence de presse consacrée à l’épidémie de coronavirus. Impair qui a aussitôt réagir – et ce d’autant plus que la veille, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait tenté l’impossible pour vendre à la presse l’idée d’une rentrée « normale ».

Citée par Le Monde (Soazig Le Nevé) Michelle Hugues, 67 ans, grand-mère de deux enfants scolarisés en primaire en région parisienne, ne cache pas son courroux. Durant le confinement, c’est elle qui a assuré en partie le suivi de leur scolarité, par écran interposé. « Autant je suis sortie gratifiée de cette expérience, autant je suis navrée si le premier ministre nous enlève notre place aujourd’hui, commente-t-elle. Laisser les enfants plus longtemps à l’étude pour “squeezer” les grands-parents ? Non, je ne suis pas d’accord. »

« Prolonger le périscolaire est une chose, mais jusqu’à quelle heure ?, interroge quant à elle Béatrice Laurent, secrétaire nationale éducation etclture de l’UNSA. Souvent, les grands-parents surveillent aussi les devoirs et préparent le repas du soir quand les parents ont des horaires tardifs. » Et pour les municipalités, recruter des animateurs n’est pas chose aisée, ajoute-t-elle, car c’est « un boulot précaire aux horaires distendus ».

D’autres préfèrent voir là un impair. Comme la maire de Rosoy, commune d’un millier d’habitants dans l’Yonne, qui préside l’association des maires ruraux de son département.  Dominique Chappuit veut croire qu’il s’agit de la part de M. Castex « d’une phrase en l’air ». « Ce ne peut être le premier ministre qui décide si les grands-parents vont ou non chercher leurs petits-enfants. Arrêtons d’infantiliser les adultes et de culpabiliser les enfants. »  Sollicité, Matignon n’avait pas, jeudi après-midi, apporté de précision au sujet d’un éventuel plan de renforcement du périscolaire.

« Les autorités sous-réagissent et sur-réagissent, personne n’y comprend rien. » 

C’est là un nouvel impair. Après avoir prévenu que le port du masque serait désormais ­requis « pour tout le monde » dans l’enseignement supérieur, c’est presque incidemment, dans une réponse à une question posée à l’issue de son allocution, que Jean Castex a annoncé qu’il serait aussi obligatoire à Paris et dans les ­départements limitrophes à compter du vendredi 28 août dans la capitale et trois départements de la petite couronne : Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne – et non plus seulement dans quelques rues très fréquentées de Paris comme c’était le cas ­depuis le 10 août.

« La décision a visiblement pris de court la Préfecture de police de ­Paris et la Mairie, qui avaient prévu de se réunir plus tard dans la journée pour examiner l’opportunité d’une telle généralisation. rapporte encore Le Monde (François Béguin). Signe du flottement dans la prise des décisions, les joggeurs et les cyclistes seront finalement ­dispensés de porter un masque, a annoncé la Préfecture de police de Paris, le lendemain, après que la maire (Parti socialiste), Anne Hidalgo, avait demandé une dérogation pour ces derniers. »

 La veille, l’obligation annoncée concernait « tous les piétons circulant dans les espaces publics, les utilisateurs de vélos, deux-roues, trottinettes et autres engins de mobilité personnelle, motorisés ou non » et seuls les occupants de véhicules motorisés en étaient dispensés. Une telle mesure n’est pas inédite dans le pays : plusieurs grandes villes étaient déjà visées par de tels arrêtés, dont Marseille, depuis la veille au soir. Elle n’avait cependant jamais concerné autant d’habitants sur un territoire aussi étendu.

Fait inattendu ce flottement de l’exécutif a mis au jour une opposition marquée chez deux infectiologues parisien hautement médiatisés. Pour le Pr Gilles Pialoux,  chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon il faut saluer cette généralisation. « Le discours a été tellement cacophonique lors de la première vague qu’il faut des messages simples », estime-t-il. Autre vertu, selon lui, « cela installe la culture du masque, comme dans les métropoles asiatiques ». Le masque ne sert pas seulement à protéger de projections, mais « évite aussi de se toucher le visage », rappelle-t-il – oubliant qu’en pratique il n’en est souvent rien.

Son confère le Pr Eric Caumes, l’incisif chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière est aux antipodes de cette analyse : « Sur le plan épidémiologique et scientifique, cette mesure ne se justifie pas à l’extérieur, il y a zéro cluster dehors. Alors qu’en intérieur, c’est absolument indispensable, cela fait longtemps qu’il n’aurait pas dû y avoir d’exception. Les autorités sous-réagissent sur certains points et sur-réagissent sur d’autres, personne n’y comprend rien. »

Le citoyen encore moins – citoyen qui, demain, s’interrogera sur le tout et n’importe quoi inhérent à un Tour de France ouvert à tous les vents.

A demain @jynau

3 réflexions sur “«Papy et mamie» désormais interdits de sortie scolaire: le nouvel impair de Jean Castex


  1. … Jusqu’où faut-il pouvoir se protéger de « l’éxécutif sanitaire » … et devoir se protéger de sa largesse de mesures … en protections ???

  2. Nos décideurs sont pris en tenaille entre les discours ronflants et guerriers « coûte que coûte » tenus en début d’année, avec des décisions qui ont coûté… bonbon, et la situation actuelle, à peu près identique en termes de « sinistralité » (nombre de cas) MAIS pour laquelle il va falloir « trouver moyen » d’expliquer que… cette fois-ci… c’est pas pareil… et qu’on doit prendre des décisions différentes. De préférence par des annonces qui, même inapplicables ont le mérite de « couvrir » nos décideurs.
    Ma grand mère, une rude lorraine, me disait:  » Mon petit, ce n’est pas par une seconde bêtise que tu annuleras la première. Ce serait plus simple de la reconnaître « .
    J’ajouterai que même en fin d’été, se couvrir à ce point fait craindre l’insolation, en plus du ridicule:
    Ce midi sur TF1:  » Dans la rue, vous risquez une forte amende si vous ne portez pas correctement votre masque. Alors si vous voyez des policiers, mettez-vous à… trottiner : les joggeurs sont dispensés d’en porter  » !!!

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