Bonjour
03/09/2020. C’est une nouvelle et croustillante étape dans une affaire désormais sans fin : « l’affaire Raoult ». On en trouvera l’essentiel dans Le Figaro (Cécile Thibert). Un développement symptomatique des passions et des colères générées par le comportement du microbiologiste marseillais au sein de sa communauté médicale et scientifique spécialisée.
Il faut ainsi rappeler qu’en juillet, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) avait déposé plainte contre Didier Raoult, le plus que médiatique directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône. Sanctions encourues : du simple avertissement à la radiation définitive.
« Promotion d’un traitement qui n’a pas démontré son efficacité, diffusion de fausses informations auprès du public, graves manquements au devoir de confraternité, réalisation d’essais cliniques dont la légalité reste à démontrer… La Spilf – qui rassemble plus de 500 spécialistes des maladies infectieuses – reproche au microbiologiste d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale » résume Le Figaro.
Et le quotidien de détailler après avoir pris connaissance d’un argumentaire de six pages dans lequel les plaignants exposent méticuleusement les motifs. À commencer par la promotion et la prescription tous azimuts de l’hydroxychloroquine par le chercheur marseillais depuis le mois février. «Le Pr Didier Raoult a délibérément prescrit de l’hydroxychloroquine souvent associée à de l’azithromycine à des patients atteints de Covid-19 sans qu’aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé», souligne la société savante.
Hydroxychloroquine, essai clinique et cadre légal
Pugnaces les auteurs de la plainte rappellent que le code de déontologie médicale interdit aux médecins de présenter comme «salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Et ce alors même que les risques, notamment cardiaques, sont bien établis (150 cas d’atteinte cardiaque liés à l’hydroxychloroquine entre janvier et mai, dont 7 décès, selon l’Agence du médicament).
De même, les médecins sont tenus de ne faire état au public que de «données confirmées», de «faire preuve de prudence» et d’avoir le «souci des répercussions de ses propos». Ce que Didier Raoult n’aurait pas respecté, selon la Spilf, en affirmant que l’hydroxychloroquine permettait une «amélioration spectaculaire» – et ce avant de jurer aux députés de la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’épidémie n’avoir «jamais recommandé ce traitement».
« Les plaignants n’ont pas non plus digéré les multiples offenses du chercheur marseillais, qui a traité de «fous» ceux qui ne prescrivaient pas son traitement, avant d’insinuer que certains avaient délibérément laissé mourir des patients » ajoute Le Figaro. «Ici, à Paris, on comptait les morts, moi je comptais les positifs (…) On n’a pas soigné les gens (…) c’est un choix qui a été fait», a-t-il ainsi déclaré le 25 juin sur BFMTV.
Enfin, et c’est peut-être le plus grave, les auteurs de la plainte accusent le scientifique marseillais de ne pas avoir réalisé ses essais cliniques sur l’homme dans le cadre légal. Une enquête nationale de l’Agence de sécurité du médicament est en cours qui pourrait dépasser le seul cadre des poursuites ordinales.
Et maintenant ? La plainte argumentée doit donner lieu à une « proposition de conciliation » entre les deux parties. Si, comme on peut l’imaginer, celle-ci n’aboutissait pas, le dossier serait instruit par la chambre disciplinaire régionale, présidée par un magistrat. Une procédure qui dure habituellement près d’un an. Avant les éventuels appels. D’ici là le Pr Raoult pourra, une nouvelle fois, amplement dénoncer dans les médias la méchante vindicte professionnelle dont il fait officiellement l’objet– un phénomène qui ne pourra qu’amplifier l’aura dont ce « semi-rebelle » atypique dispose dans l’opinion comme, plus étonnant sans doute, chez une fraction de ses confrères.
A demain @jynau
N’épiloguons pas (encore) sur le caractère parfois réactionnaire, corporatiste, rétrograde, de certains groupements professionnels médicaux: ils savent amplement le démontrer eux-mêmes.
Par contre, il est important de marteler que les « avis » de la HAS sont de simples RECOMMANDATIONS.
Il s’agit trop souvent, même, de simples « opinions », dictées on l’a vu… parfois (cf quelques affaires retentissantes) par des « intérêts croisés » desquels l’industrie voire certains « corps de métier » ne sont pas absents et ne sont (fort heureusement) opposables à un prescripteur que dans UN SEUL cas: lorsqu’un patient dépose plainte pour un préjudice allégué du fait d’une prescription « hors recommandation ». Et là, le juge est souverain. Pas les « groupements ».
Je ne sache pas que ce soit le cas avec Raoult…
Qui pourrait suggérer que les membres de la HAS étant… les mêmes individus que ceux des groupements sus-cités, on pourrait craindre qu’ils ne se soient pris pour des « directeurs » de la prescription…?
Je ne suis évidemment pas de ceux-là. Raoult, par contre…
L’objectif de cette procédure vise plus à effrayer les médecins n’ayant pas le statut du Pr Raoult et son expérience (donc surtout les jeunes praticiens, notamment de ville) que l’intéressé, notamment au regard de la durée de la procédure. Dans l’intervalle, cela risque de tétaniser les autres. Mais gare au retour de bâton si la procédure fait un flop car pour l’instant, les résultats plaident pour lui quoiqu’en pensent les « spilfiens » et rien ne laisse augurer d’un changement dans les prochains temps. Cette procédure risque donc d’avoir pour effet d’exacerber le courroux ou l’agacement du corps médical voire des patients. L’on peut alors espérer une réforme de ces structures quasi opaques pour les membres des professions concernées et surtout pour le public. Un peu de transparence pourrait être utile.
C’est absolument faux,il faut être ignorant pour dire que les résultats plaident pour Raoult .
4 essais contrôlés randomises dont Recovery ne retrouvent aucun bénéfice de l’hydroxychloroquine associée ou non à
l’Azithromycine . C’est un niveau de preuve plus élevé que les études rétrospectives qui ont des facteurs de confusion et d’autres biais méthodologiques