Chers lecteurs

Bonjour

Jean-Yves Nau est mort dans la matinée du dimanche 8 novembre, laissant derrière lui sa famille, ses amis – et de nombreux lecteurs.

Il est difficile de mettre un terme à un blog comme celui-ci. Parce qu’il est impossible d’égaler son style ; parce qu’il est difficile d’exprimer en mots la passion du journalisme et de la médecine qui était la sienne.

Mais il serait plus cruel encore de ne pas marquer la fin de ce flux de textes, qui était plus qu’un flux ; qui était un lien entre lui et vous, un lien essentiel pour lui et, nous l’espérons, pour vous.

 Jean-Yves Nau n’a sans doute jamais eu la sensation d’avoir écrit assez. Le journalisme et la médecine ont ceci de commun qu’ils ne connaissent pas de fin. Le corps des malades, comme le corps social, est un éternel recommencement fait de troubles à soigner, de maux à décrire. Jean-Yves Nau n’a jamais eu la sensation d’avoir terminé son ouvrage. Ce flux, ce lien entre vous, a toujours été la pierre angulaire de sa vie d’adulte, sans cesse renoué, sans cesse recommencé, jour après jour, mot après mot. Ce flux, ce lien était bien plus qu’un flux, bien plus qu’un lien ; c’était un fleuve, aussi solide, aussi large, aussi beau que cette Loire qu’il aimait tant.

C’est donc la fin du fleuve. Sinon la fin du fleuve, du moins son embouchure. 
Si, pour filer la métaphore, la Loire de sa passion s’est jetée dans le grand océan de la culture francophone pendant toutes ces années, c’est parce qu’il avait l’ambition de vous toucher, de vous informer, de vous donner une nouvelle perspective sur le monde.
Si il y est bel et bien parvenu, alors vous garderez un peu de sa sagesse, de son intelligence, de sa passion, de son amour de la médecine et du journalisme, qui nous l’espérons, survivront à ses mots, à son blog.

Et si les qualités qui furent les siennes, si son style et sa passion continuent de vous accompagner jour après jour, alors nous pouvons encore écrire, une toute dernière fois, ces mots qui ponctuaient chacun de ses billets ; ces mots d’espoir, qui étaient aussi, à sa manière, des mots d’amour :


A demain

Jean-Clément, son fils

21 réflexions sur “Chers lecteurs

  1. Bonsoir

    Je lisais son blog avec beaucoup d’intérêt depuis des années.
    J’ai appris cette triste nouvelle ce matin. De tout cœur avec vous dans cette épreuve
    Il va nous manquer …

    • Sa production était impressionnante en quantité et qualité. Comme s’il savait que le temps que la vie lui impartissait était limité.
      Ses écrits restent, ils sont une mine. A d’autres de les exploiter pour aller plus loin.
      Continuer à écrire ce qu’on doit écrire, quelle belle leçon de vie !
      FMM

  2. J’apprends avec tristesse la mort de JY Nau. Ses commentaires, avec lesquels je n’étais pas toujours d’accord, vont me manquer.

  3. Bonsoir,

    Sa plume et ses connaissances, qui m’accompagnent depuis quelques années, me manqueront comme elles manqueront certainement à nombreuses autres personnes.
    Prenez soin de vous et des autres.

    Mille mercis de votre texte et : « A demain »

  4. Un bref hommage en anglais.
    Jean-Yves Nau, infatigable French chronicler of the Vape Revolution died on November 8.
    Jean-Yves Naud, who died on November 8, was an extraordinary French public health journalist. I assume he was largely unknown in the English only speaking/reading world as he essentially wrote in French about medicine and public health issues for many, many years for Le Monde (1980 to 2009), and then Slate.fr (2009) and other media and since 2011 via an amazing blog ‘Journalisme et santé publique’ (‘Journalism and public health’). He was especially concerned with tobacco issues (that are so often ignored) and felt that vaping represented a magnificent opportunity to help smokers quit using combustible cigarettes and drastically reduce the risks to their health. He reported via hundreds of posts about e-cigarettes and the -still ongoing- fight to have public health professionals and decision makers include them as an integral part of tobacco control policies. His persistent support for tobacco harm reduction will be terribly missed. I hope that all the posts he devoted to those issues, what he named « La révolution des volutes » (The Vape revolution) could be collected and published, a post-mortem tribute to a a great public health journalist and advocate. RIP dear Jean-Yves.
    Philippe
    thr-rendezvous.org

  5. JE suis vraiment désolée d’apprendre cette triste nouvelle
    Votre père était passionnant
    Toute mes pensées les plus sincères
    Marion Ribou

  6. Ce soir, je pleure un ami que j’ai connu à l’Ecole Normale de Tours il y a plus de 50 ans ! j’ai le souvenir d’un garçon plein de vie, intelligent, travailleur, sportif, humble et plein d’humour ! un vrai pote que je voyais de temps en temps mais, avec le recul que trop rarement !
    A demain dans les étoiles !

  7. Bien mauvaise nouvelle pour un fidèle lecteur. Son blog muet depuis quelques semaines alimentait les débats avec des analyses toujours bien documentées que l on aimait commenter. C est une grande perte pour le journalisme de qualité qui devient malheureusement rare aujourd’hui. Beaucoup de tristesse.

  8. J’ai commencé la lecture des articles de JY Nau dans le journal Le Monde, alors que je n’étais pas encore étudiant en médecine, jusqu’a ce qu’il arrête sa chronique. Puis, il y a quelques années, j’ai eu la bonne surprise de tomber sur son blog dont je suis devenu un fidèle lecteur. J’ai toujours trouvé beaucoup d’intérêt à lire ses articles ou commentaires sur lesquels j’aimais bien réagir. Son silence depuis quelques semaines a créé un vide dans mes lectures quotidiennes.

  9. Bravo Jean-Clement et merci pour ce beau texte.
    J’ai connu Jean-Yves en jouant au rugby contre lui.Il était courageux et tres bon joueur, alors on lui marchait dessus.
    Je l’ai revu dans les TGV entre Tours et Paris quand il faisait la navette pour aller au Monde.je travaillais à la SNCF et il gueulait quand les trains etaient en retard.
    Je suivais ses articles sur le rugby , ses grandes enquetes sur le sang contaminé. On était copains et je crois qu’on etait devenus amis. On a écrit un livre ensemble ( Tonnellé raconte) avec d’autres copains. Son experience de journaliste nous a bien aidé. J’ai suivi son blog avec beaucoup d’interet et je le taquinais quand il ne faisait aucun cadeau à un ministre. Tout l’interessait et on a partagé plein de sujets .
    Je lui avais volé une durite sur la 203 qu’il garait à l’Ecole Normale parce que j’avais une 203 aussi et qu’il me manquait une durite. Mais je lui avais avoué recemment!
    On a mis du Nau en bouteille à la cave avec plein de copains du rugby et d’ailleurs et je crois que ca lui avait fait plaisir.
    Je crois que je comprends moins bien ce qui nous arrive avec la COVID depuis que je ne reçois plus de mails de Journalisme et santé publique.
    Fidèlement
    JP Carlat

  10. J’avais découvert ce blog par hasard, j’y venais de façon épisodique puis toujours plus régulièrement. Jean Yves Nau avait ce don de vous faire revenir parce que ses articles forçaient la réflexion, peut être était ce l’effet de ses questions faussement naïves ou « anodines ». Un commentateur suggérait de compiler les articles concernant la vape, c’est une idée à creuser pour bien d’autres aspects. Il y a certainement matière à faire plusieurs ouvrages de tous ses articles parus depuis tant d’années, sorte de fil rouge de l’évolution de la médecine depuis le début de la 5° République. L’auteur et son œuvre me manqueront. Nous partageons votre chagrin.

    • Bonjour,
      Ayant commencé à compiler les billets sur la vape, il est clair que de nombreux autres sujets sont abordés et mériteraient aussi d’être rassemblés: on voit malheureusement bien le déni relatif à la crise des hôpitaux qui ne date pas du COVID, beaucoup de scandales avec Big Pharma, la PMA, l’alcool, le cannabis, le rugby… Fascinant.. Sujets de thèses ou mémoires pour étudiants à l’EHES ou sciences-po ou autres?

  11. C’est une bien triste nouvelle que votre si bel hommage à ce médecin et journaliste exceptionnel qu’était votre père nous transmet.C’est peu dire que ces articles passionnants si divers unissant la médecine et l’actualité politique la plus brûlante vont nous manquer …Mais ce travail demeure tant les écrits restent a fortiori sous une plume d’une telle qualité Je me permets de témoigner de toute ma reconnaissance à votre père pour son écoute dès 2001 et l’honneur qu’il m’a fait d’évoquer mon modeste témoignage toulousain .Les journalistes de l’envergure de votre père sont les plus inestimables des alliés dans nos combats humanistes .Je vous adresse mes très respectueuses condoléances .L’amour filial est plus fort que tout .Docteur Elisabeth DES.

  12. Cher Jean-Clément et toute la Famille,
    c’est avec tristesse que je viens d’apprendre le décès de votre père.
    Découvert pas hasard il y a déjà quelques années, c’est toujours avec un grand intérêt que je venais sur ce blog pour découvrir, apprendre, et parfois aussi pour commenter.
    Le message de fin Septembre m’a conduit à espérer que la pause ne serait pas trop longue – il y a tant de choses à commenter et à analyser – finalement, elle sera éternelle.
    Je vous souhaite beaucoup de courage dans cette période difficile à vivre, quel que soit la valeur et la force des souvenirs et des joies partagées.
    Avec mes amicales et chaleureuses pensées,
    Erwann

  13. Il est parti sur la pointe des pieds, élégamment. Un compagnon de discussion humain, médecin, qui manque déjà. Bon voyage, Monsieur Nau.

  14. Je me souviens de Jean Yves Nau qui était externe et moi son chef de clinique
    Je me souviens qu’il fermait rarement sa blouse
    Je me souviens qu’on ne s’ennuyait pas pendant les visites
    Je me souviens de son regard critique mais constructif sur l’activité du service
    Je me souviens de ses débuts dans le journalisme médical, ses premiers papiers dans Le Monde
    Je me souviens de mes passages réguliers chez ses parents pour refaire le plein de cabernet franc
    Je me souviens de nos rencontres intermittentes accompagnées de discussions animées sur les dilemmes de la médecine, des politiques de santé, des controverses médicales…
    Je me souviens de l’avoir vu en vélo à Vouvray autour de ma maison, il roulait « tranquille » et s’arrêtait pour discuter encore
    Je me souviens que j’étais fier que notre faculté de médecine ait pu être pour quelque chose dans la genèse d’un journaliste de sa trempe.
    Son fils et sa famille peuvent être fiers.
    Au revoir Jean Yves, on attend tes commentaires..alors ? après, c’est comment?

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s