L’argent de la bière peut-il soutenir la lutte contre les violences faites aux femmes ?

Bonjour

Il est des communiqués de presse qui, désormais, ne peuvent plus ne pas interroger, troubler, déranger. Ainsi, celui du  Paris Beer Club annonçant qu’il « sera présent à la Nuit des Relais pour soutenir la Fondation des Femmes ». Ce sera le 25 novembre, à 20 heures.

Le Paris Beer Club (ex-“Bières et Papilles”) est une « association engagée depuis sa création contre les préjugés misogynes et le sexisme ordinaire ».  Aussi a-t-elle « spontanément répondu présent à la « Nuit des Relais », la « grande course contre les violences faites aux femmes organisée par la Fondation des Femmes ». Précision : lors de la Paris Beer Week, l’association célèbre non seulement la diversité des brasseries artisanales, mais aussi l’ouverture d’esprit dont il faudrait faire preuve quand on parle de bière (sic).

Il faut ici entendre que la « lutte contre le sexisme » est « heureusement très soutenue dans la communauté de la bière artisanale ». « Petit à petit, nous essayons de mettre fin aux stéréotypes de genre autour de la bière, car ils sont offensants en plus d’être potentiellement dangereux, explique-t-on encore. Percevoir les femmes comme des objets qui servent à accomplir le désir des hommes engendre beaucoup de réelles violences faites contre elles, d’autant plus si celles-ci contrarient cette fausse utopie masculine. »

Extrait du communiqué :

« Lors de la dernière course à Paris, sous la nef du Grand Palais, grâce à la mobilisation sans précédent de plus de 4 000 parisien.ne.s, plus de 230 000 € ont été collectés et ont ainsi permis la réalisation d’une quarantaine de projets de lutte contre les violences partout en France. ‘’Une course bon esprit, à la finalité fédératrice, couplée à une levée de fonds qui a été un réel projet d’équipe, très motivant’’, témoigne Marie, capitaine de l’équipe Les Germaines à la Nuit des Relais 2018. Cette année, l’objectif reste le même pour la Fondation des Femmes avec la Nuit des Relais 2019 : rassembler des équipes de 5 à 10 personnes jusqu’au 15 novembre, date de clôture des inscriptions, qui collectent chacune 1 000 € avant la course ensuite intégralement redistribués aux initiatives associatives à fort impact. »

Applaudir ? Sourire ? Ignorer ? On ne peut manquer de se souvenir de deux « lettres ouvertes » 1 récemment publiées dans Le Figaro : «Violences contre les femmes: n’oublions pas le rôle de l’alcool !». Ces deux textes étaient été adressés à la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn et à la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Dans les deux cas les signataires dénonçaint l’absence de mesures de prévention et de prise en charge de l’alcoolisme et des addictions dans la lutte contre les violences conjugales.

On ne connaît pas, si elles existent, les réponses de Mmes Schiappa et Buzyn.

A demain @jynau

1 La première lettre ouverte est signée par: Pr Michel Reynaud (psychiatre et addictologue, président du Fonds Actions Addictions), Pr Laurent Bègue (professeur de psychologie sociale à l’Université Grenoble Alpes), Bernard Basset (vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie – ANPAA), Pr Amine Benyamina (psychiatre, addictologue, Président de la Fédération Française d’Addictologie), Pr Mickaël Naassila (Professeur de physiologie à l’université de Picardie Jules Verne et Président de la Société française d’alcoologie) et Dr Jean-Michel Delile (psychiatre addictologue, président de la Fédération addiction).

La seconde lettre ouverte est signée par: Betty Morisset pour le CoPMA (Collectif de proches de malades alcooliques), Françoise Gaudel pour la FPEA (France patients experts addictions), Felix Le Moan pour la CAMERUP (Coordination des associations et mouvements d’entraide reconnus d’utilité publique – aide et accompagnement des personnes en difficulté avec l’alcool et de leur entourage), Jean-Claude Tomczak pour les Amis de la Santé.

L’Inde (1,3 milliard d’habitants) vient de condamner à mort la cigarette électronique

Bonjour

C’était une bouffée américaine sur fond de « maladie sans nom ». C’est désormais une épidémie : le gouvernement indien a, le 18 septembre 2019,  annoncé sa décision d’interdire interdit la cigarette électronique dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants Et ce au nom de la santé publique (sic) et de la lutte contre les addictions (re-sic). Nirmala Sitharaman, ministre indienne des Finances (re-re-sic) en conférence de presse :

« La décision a été prise avec à l’esprit l’impact que les cigarettes électroniques ont sur la jeunesse aujourd’hui », C’est devenu très à la mode de les essayer, de les utiliser ».

Une ordonnance du gouvernement de Narendra Modi interdit désormais la production, l’import ou l’export, le transport, le stockage et la vente de cigarettes électroniques. « Cette mesure améliorera la politique de contrôle du tabac, donnant de meilleurs résultats en termes de santé publique », croit pouvoir avancer ce gouvernement sur le compte Twitter de son service de presse. Toute infraction à cette nouvelle réglementation (qui vise la distribution et n’évoque pas l’utilisation même de cigarettes électroniques) est désormais passible d’un an de prison et/ou 100 000 roupies (1 270 euros) d’amende, puis jusqu’à trois ans et/ou 500 000 roupies (6 300 euros) en cas de récidive.

Nocivité incontestable

Cette décision majeure, à l’opposé du concept de réduction des risques survient au lendemain de celle de l’Etat de New York de commercialiser des cigarettes électroniques aromatisées sur son territoire. Elle s’inscrit dans le contexte plus général voulu par l’OMS qui, de manière proprement incompréhensible, dénonce le caractère « incontestablement nocif » de ces outils. On notera (sans en tirer de conclusion trop hâtive) que l’Inde est, avec la Chine et le Brésil l’un des plus gros producteur mondial de tabac.

« Le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage à haute température d’un liquide, qui contient la plupart du temps de la nicotine, à l’intérieur de la cigarette électronique, résume l’AFP. Il connaît une popularité grandissante depuis son apparition au milieu des années 2000. Le procédé est présenté par ses défenseurs comme nettement moins dangereux pour la santé que les cigarettes traditionnelles. Mais législateurs et autorités sanitaires du monde entier craignent qu’il ne conduise les jeunes à fumer du tabac. »

« Législateurs et autorités sanitaires du monde entier » semblent ne pas avoir à leur disposition tous les éléments de l’équation. Ou ne pas vouloir en disposer. Dans les deux cas, incontestable nocivité.

A demain @jynau

Immenses pincettes pour la pauvre e-cigarette ; pas de vente à l’unité pour celles de tabac

Bonjour

Serait-ce un effet de la croissance de la grande pauvreté ? Le site des buralistes français observe une nette augmentation de la demande de vente de cigarette « à l’unité ». Un phénomène déjà décrit par Le Parisien (Christel Brigaudeau). « Depuis un an, on a ce genre de demandes. Jusqu’à dix fois par jour, des gens qui n’ont pas beaucoup d’argent, ou bien des fumeurs occasionnels, qui demandent une cigarette à l’unité … Quand on leur dit non et qu’on leur explique que c’est interdit, ils ne comprennent pas» témoigne, dans L’Union, Isabelle Moline, buraliste de Reims.

Une première affiche d’avertissement avait été collée avant l’été dans son établissement. Une seconde vient de faire son apparition. Mais après une petite enquête, des buralistes ont découvert qu’un de leurs collègues acceptait ce type de demandes. Pour en avoir la preuve une buraliste a (discrètement) fait le test. Elle a obtenu sa cigarette et aurait vivement réagi à l’encontre de son collègue.

« J’avais fait la chasse à cette pratique il y a des années rappelle Alain Sauvage, président de la Chambre syndicale des buralistes de la Marne et trésorier national de la Confédération des buralistes. Ce genre de ventes était plutôt pratiqué dans certaines épiceries. ’est totalement interdit pour un buraliste de changer le conditionnement des cigarettes, et donc de vendre à l’unité. Je vais faire un rappel aux buralistes, car ils risquent gros. Ils peuvent perdre leur gérance tabac. Le contrat avec l’État est très clair. »

Et l’on sait que l’Etat français ne plaisante pas. Il sait aussi faire silence – comme celui observé par les autorités sanitaires sur les quelques centaines de cas d’atteintes pulmonaires (« « maladie sans nom ») observées aux Etats-Unis chez des vapoteurs inconséquents. Rien pour le grand public en provenance de la Direction Générale de la Santé (DGS). Mais, aujourd’hui, un peu banal communiqué de la Fondation du Souffle et de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Extraits :

« En France. Au stade actuel, faisant suite à une demande de la DGS une demande de signalement a été adressée aux pneumologues. Les signalements seront colligés par Santé Publique France (les outils sont en cours de développement). Cas particulier de la e-cigarette utilisée dans un objectif d’aide au sevrage tabagique : message de la Fondation du Souffle et de la SPLF :

« La e-cigarette est parfois utilisée comme outil d’aide au sevrage tabagique. Se pose donc la question de l’attitude face à cette pratique, à la lumière des cas récents de possibles atteintes pulmonaires toxiques graves liées à leur usage. Jusqu’ici, les données scientifiques montraient que l’utilisation de la cigarette électronique a des effets biologiques délétères mesurables, donc un potentiel de toxicité réel, même si de nombreux toxiques majeurs de la fumée de cigarette (mais pas tous) sont absents des vapeurs produites par les cigarettes électroniques. Les conséquences cliniques de ces effets biologiques ne sont pas connues.

Selon les nouvelles données disponibles, les utilisateurs de e-cigarettes ayant présenté aux Etats-Unis des atteintes pulmonaires graves (pneumonies toxiques) étaient majoritairement (80% des cas) des utilisateurs de liquides contenant des dérivés de cannabis, et/ou fabriqués ou modifiés artisanalement. Il s’agit donc dans ces cas d’usages détournés de la cigarette électronique, utilisant des produits illégaux. Les données toxicologiques et épidémiologiques dont nous disposons ne permettent toutefois pas d’écarter un rôle des produits commercialisés dans les circuits de distribution autorisés 1.

De ce fait, lorsque la e-cigarette est utilisée comme outil d’aide à l’arrêt du tabac, son usage doit se limiter strictement aux personnes en échec de sevrage tabagique par d’autres méthodes, et aux produits dont la vente est autorisée. Il convient d’avertir les patients des incertitudes actuelles sur les risques d’atteintes pulmonaires. La toxicité de la e-cigarette utilisée dans ces conditions est très inférieure à celle de la cigarette. »

Où l’on prend la mesure de la longueur des pincettes prises, par les spécialistes du souffle et du poumon, avec la e-cigarette.

A demain @jynau

1 Ceci est formellement contesté par plusieurs spécialistes du vapotage et de la réduction des risques.

Stades alcoolisés : but marqué, mais comment penser que la partie politique est gagnée ?

Bonjour

D’abord ne pas se tromper d’hymne. Andorre, c’est après Albanie. Ensuite se laisser bercer par le clavier : suffirait-il de bloguer pour, parfois, être écouté ? De se manifester pour marquer ?

Nous en étions resté à la joie de trois joueurs enthousiastes, comme grisés, persuadés d’avoir déjà remporté la partie. C’était compter sans l’assistance vidéo à l’arbitrage (video assistant referee ou VAR) qui fait gronder et trépigner les gradins. Le jugement vient de tomber : but accordé. Le cabinet du Premier ministre français Édouard Philippe vient d’adresser un courrier, daté du 2 septembre, au président de la Fédération française d’addictologie (FFA), le Pr Amine Benyamina. Et la FFA vient de rendre public le verdict :

« Le Premier ministre tient à vous confirmer, ainsi que l’ont fermement exprimé Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Roxana Maracineanu, ministre des Sports, que le gouvernement n’envisage pas de modifier la réglementation en vigueur relative à l’interdiction de vente d’alcool dans les stades, telle qu’inscrite dans la loi Evin ».

On se souvient que l’article L49-1-2 du code des débits de boissons et des mesures contre l’alcoolisme, institué par la loi Evin, interdit la vente de boissons alcoolisées dans « les stades, dans les salles d’éducation physique, les gymnases et, d’une manière générale, dans tous les établissements d’activités physiques et sportives ». Et on sait aussi que cette disposition est affaiblie par de nombreuses dérogations.

Robinets et vitres VIP

On se souvient aussi que plus d’une centaine de députés de La République en marche, bataillon avancé de l’actuel gouvernement, ont déposé une proposition de loi « visant à faire de la France une nation sportive »; un texte qui propose d’autoriser temporairement la vente d’alcool par les clubs lors de rencontres sportives dans les tribunes. On se souvient enfin que, sur la pointe des pieds, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé avait évoqué l’hypothèse éventuelle de proposer de supprimer vins de champagnes et spiritueux sous les ors des loges VIP. Avant de faire savoir qu’elle se rétractait.

Finalement premier but marqué, donc. Mais nullement match gagné. Et encore moins de trophée. La  saison sera longue qui verra l’équipe sponsorisée des députés macroniens 1 repartir à l’attaque  – des députés assurés du soutien bienveillant du véritable juge-arbitre, en fonction jusqu’au printemps 2022. Des députés qui, certains de bonne foi, estiment que la consommation-publicité dans les stades de boissons alcoolisées industriellement élaborées aidera à faire de la France une « nation sportive ».

Peuvent-ils gagner ? Verra-t-on, face à eux, des joueurs privés d’un Didier Deschamps et comme enivrés de leur premier but ? Des joueurs démobilisés, oubliant ce qui devrait, en toute logique, être leur prochain objectif (métaphorique): les vitres cristallines et les robinets dorés des loges VIP.

A demain @jynau

1 Cette proposition de loi est portée par trois solides députés macroniens  François-Cormier-Bouligeon député (LREM, Cher), 46 ans – Cédric Roussel député (LREM, Alpes-Maritimes), 46 ans – Belkhir Belhadad député, (LREM, Moselle, 50 ans). 

Abandonner d’urgence la vape pour le tabac ! Comment en arriver à proférer tant d’absurdités ?

Bonjour

« Le poumon, le poumon vous dis-je ». Qui ne veut pas désespérer des médias ne devait pas, ce 7 septembre, regarder le journal de 13 heures de France 2. On y traitait des morts américains et de la cigarette électronique. Avec sujet en plateau. Absence totale de distance. Confusion générale et conclusion immanquable : détruire sa cigarette électronique, si possible en diffusant les images sur les réseaux sociaux. Puis revenir à la seule nicotine qui vaille : celle du tabac.

Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Et comment, en tenant de tels propos, parvenir à faire comprendre que le vapotage n’est en rien une panacée ? Que la cigarette électronique n’est qu’un vecteur ? Que la réduction des risques n’est pas la disparition de ces mêmes risques ? Que le sevrage est un objectif supérieur au vapotage mais que le vapotage est incomparablement favorable à l’esclavage tabagique ?

Tout ceci devrait sans difficulté pouvoir être expliqué dans les journaux télévisés. Par des journalistes ou par des invités spécialisés. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? Osera-t-on avancer que « c’était mieux avant » ? Et que les caricatures régressives que ces journaux nous offrent ne sont pas étrangères à la désaffection progressive vis-à-vis de ces mêmes journaux ? Pour l’heure les personnes intéressées par le sujet peuvent aussi, loin de France 2, se pencher sur The New England Journal of Medicine : Pulmonary Illness Related to E-Cigarette Use in Illinois and Wisconsin — Preliminary Report. Conclusion :

« Case patients presented with similar clinical characteristics. Although the features of e-cigarette use that were responsible for injury have not been identified, this cluster of illnesses represents an emerging clinical syndrome or syndromes. Additional work is needed to characterize the pathophysiology and to identify the definitive causes. »

Ils se pencheront ensuite sur le peu banal éditorial qui l’accompagne : Vaping-Induced Lung Injury. Conclusion :

« Until the investigation into the cause of this epidemic of vaping-induced respiratory injury is complete, no conclusions can be drawn as to which compound or compounds are the causes of injury. In light of these cases, however, efforts should be made to increase public awareness of the harmful effect of vaping, and physicians should discourage their patients from vaping. »

IgnorantusignorantaIgnorantum.  On attend toujours, à l’adresse des vapoteurs français, les réflexions-recommandations officielles. Sinon celles de la ministre des Solidarités, du moins du Directeur Général de la Santé.

A demain @jynau

«Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique» Le Monde (7 septembre 2019)

Bonjour

Cinq mille signes. L’Agence France Presse ne fait pas dans la dentelle pour couvrir l’affaire. « Aux Etats-Unis, cinq morts liées à la cigarette électronique » titre Le Monde, qui reprend la dépêche. Cinq morts, près de cinq cents cas et dans le même temps des enquêteurs fédéraux qui ne précisent pas « les marques ou substances susceptibles d’avoir causé les graves difficultés respiratoires ». Et l’affaire commence à se transformer en un équation sanitaire autant que politique : « principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

Vendredi 6 septembre 2019. Les autorités sanitaires américaines font savoir qu’ « au moins » cinq utilisateurs de cigarettes électroniques sont morts, le nombre de malades frappés par de graves difficultés respiratoires a par ailleurs doublé pour atteindre 450 dans le pays. « Outbreak of Lung Illness Associated with Using E-cigarette Products. Investigation Notice. Posted September 6, 2019 at 9:50pm ET ».

Brouillard entretenu quant aux marques ou substancesprésentes  dans les liquides de vapotage, mais un dénominateur commun fréquent : inhalation de produits contenant du THC, substance active du cannabis. Et, parfois des personnes (relativement) âgées et en mauvaise santé. C’était le cas des deux victimes dont les décès annoncés le 6 septembre par les autorités sanitaires locales en Californie et dans le Minnesota.

« Un possible lien a été établi entre certains malades et une huile de vitamine E, qui se consomme normalement en gélule ou en huile pour la peau, précise l’AFP. La vaporisation à haute température de cet additif pourrait avoir endommagé les poumons des vapoteurs. Les responsables sanitaires de l’Etat fédéral ont toutefois appelé à la prudence dans l’attente d’analyses plus complètes. ‘’Aucune substance ou molécule unique, dont l’acétate de vitamine E, n’a été identifiée dans l’ensemble des échantillons analysés’’, a insisté Mitch Zeller, directeur du centre pour le tabac de la Food and Drug Administration, qui teste au niveau national les produits impliqués.

La piste de l’huile de vitamine E

« Nous n’avons pas encore toutes les réponses », reconnaissent les responsables des CDC qui « par mesure de précaution » recommandent « dans l’immédiat » de ne pas utiliser de cigarettes électroniques, quelles qu’elles soient.

Les symptômes respiratoires de « pneumonie lipidique » sont particulièrement frappants quand ils apparaissent souvent subitement, chez des patients  jeunes et sans problème de santé. Dans l’Illinois, la moitié des patients ont moins de 19 ans. « Sean Callahan, pneumologue à l’hôpital de l’université de l’Utah, a traité l’un de ces malades en juillet, âgé de 20 ans. La détresse respiratoire était telle que le jeune homme a dû être placé plus d’une semaine dans une machine qui oxygène le sang du patient hors de son corps, tant ses poumons n’arrivaient plus à fonctionner, rapporte l’AFP. ‘’Je n’avais jamais vu cela auparavant, a raconté le Dr Callahan. Habituellement, les malades qui ont besoin de cette machine ont des formes très avancées de grippe ou de pneumonie, ou bien ils ont des systèmes immunitaires affaiblis à cause d’un cancer ou d’une chimiothérapie’’. » 

La piste de l’huile de vitamine E ? Les autorités de New York ont diffusé des photos des recharges impliquées : elles ont des emballages très colorés sous le nom de Dank Vapes, une « marque » qui ne correspond apparemment à aucune entreprise légitime, mais « se distribue » dans la rue et sur Internet. Le mort de l’Oregon, en revanche, avait acheté son produit dans un dispensaire de « cannabis légal ».

Ces maladies pulmonaires s’ajoutent à la pression sur les fabricants légaux de cigarettes électroniques, accusés par les autorités d’avoir promu leurs produits chez les jeunes comme une alternative saine et cool à la cigarette. « Principe de précaution » versus « réduction des risques tabagiques ».

A demain @jynau

Grossesses alcoolisées : Agnès Buzyn a-t-elle toujours le pictogramme à son programme ?

Bonjour

Nul ne le sait mais elle existe : la « Journée mondiale de sensibilisation au Syndrome d’Alcoolisation Fœtale » (SAF). Ce sera  le 9-09-2019. A cette occasion Santé publique France (SpF) « souhaite sensibiliser les femmes et leur entourage aux différents risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse ». Ce qui est tout sauf inutile 1. Depuis 2015 on ne compte plus les campagnes recommandent, par précaution, de s’abstenir de consommer toute boisson alcoolisée pendant la grossesse. « Dans cette perspective l’entourage peut être d’un très grand soutien aux femmes concernées » estime SpF. Ce qui n’est pas faux.

C’est ainsi que pendant un mois la France découvira durant une nouvelle « campagne d’information » (montant non connu)  pour promouvoir le message « Par précaution, zéro alcool pendant la grossesse ». Le dispositif s’appuie sur un message pédagogique, transparent et accessible avec pour objectif de renforcer la connaissance des risques « sans culpabiliser les femmes ».

Un logo ignoré du plus grand nombre

« Il comprend notamment un spot publicitaire développé en partenariat avec les chaines du Groupe M6. Il met en scène les deux animateurs Norbert Tarayre et Julia Vignali. Parents eux-mêmes, ils témoignent de l’aide essentielle que l’entourage (familles, amis) peut apporter aux femmes enceintes pour rester abstinentes face aux nombreuses sollicitations auxquelles elles sont confrontées tout au long de leur grossesse (sorties, festivités…). »

Compter aussi avec un important volet digital (sic) pour promouvoir par précaution l’abstinence en ciblant plus particulièrement la consommation occasionnelle d’alcool pendant la grossesse. Sans oublier  http://www.alcool-info-service.fr/alcool-et-vous/alcool-grossesse/accueil

On rappellera toutefois (treize ans déjà !)  qu’un arrêté du 2 octobre 2006 (signé de Xavier Bertrand) impose la présence sur toutes les bouteilles d’alcool d’un pictogramme représentant une femme enceinte, un verre à la main, barrée d’un trait rouge, ou d’un message ainsi rédigé: «La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant.»  Un logo ignoré du plus grand nombre – à commencer par les premières intéressées. Agnès Buzyn s’était intéressée à cet avertissement. A dire vrai elle ne connaissait pas très bien le sujet (Le Monde). Depuis plus d’un an elle « travaille avec les alcooliers sur la taille et la couleur ». On attend. Pour voir.

A demain @jynau

1 Selon les données du Baromètre santé 2017 publiées par Santé publique France, la consommation d’alcool pendant la grossesse, n’est pas rare en France. En effet, parmi les femmes interrogées, enceintes au moment de l’enquête ou mères d’un enfant de moins de 5 ans : près de 6 femmes sur 10 ont déclaré avoir été informées des risques de la consommation d’alcool par le médecin ou la sage-femme les suivant ou les ayant suivies ; une sur dix  a déclaré avoir consommé de l’alcool occasionnellement pendant sa grossesse.  Bien que moins élevée qu’en 2010 (deux femmes sur dix selon les résultats de l’Enquête Nationale Périnatale), cette proportion reste importante puisqu’elle pourrait avoir eu un impact sur près de 90 000 naissances.

« Fumer vous tuera !»: pourquoi ne pas l’imprimer sur le papier de chaque cigarette ?

Bonjour

Lui faire peur peut-il aider l’esclave à biser ses chaînes ? L’addiction est-elle soluble dans la raison ? Combien de sevrages tabagiques obtenus grâce aux « mises en garde illustrées » présentes sur les paquets de cigarettes ?

Peut-on, dans ce domaine, aller plus loin encore ? Imprimer, d’autorité, « fumer vous tue à petit feu » sur le filtre et le papier de chaque cigarette ? Une étude vient d’être menée sur ce thème et publiée (Addiction Research and Theory) par des chercheurs de l’université écossaise de Sterling 1.

Interrogation de 120 fumeurs (16 -50 ans) sur cette possible approche. Et tous ou presque de dire qu’elle pourrait sans doute efficace. « Un avertissement sur chaque cigarette est perçu comme un prolongement du message sanitaire, étant visible lorsque la cigarette est sortie du paquet, allumée, laissée dans un cendrier et à chaque bouffée. Il est donc plus difficile pour le fumeur de l’éviter » estiment les auteurs. 

« Vivez plus longtemps avec la e-cigarette ! »

 « Le consensus est que cela serait rebutant pour les jeunes, les personnes qui commencent à fumer et même les non-fumeurs.  Ces résultats suggèrent que l’introduction de tels avertissements pourrait avoir un impact sur les décisions de ces groupes d’individus. Cela montre également que cette approche est une option politique viable qui pourrait, pour la première fois, étendre le message sanitaire jusqu’à l’expérience de consommation. »

Efficace le « paquet neutre » placardé de « mises en garde illustrées » ? Voici ce qu’en dit, dans sa sagesse, l’OMS :

« Les campagnes choc contre le tabac et les mises en garde illustrées apposées sur les paquets permettent de dissuader les enfants et d’autres groupes vulnérables de commencer à fumer et d’inciter un plus grand nombre de fumeurs à décider d’arrêter. Les études menées après la mise en place de mises en garde illustrés sur les paquets de tabac au Brésil, au Canada, à Singapour et en Thaïlande montrent toutes que ces mises en garde sensibilisent fortement la population aux méfaits du tabac. »

On pourrait aussi souhaiter, en matière de réduction des risques que les huiles de l’OMS et le gouvernement français s’intéressent à la cigarette électronique. Passons d’emblée à l’étape suivante : imprimer, sur le filtre et le papier : « Vivez plus longtemps avec la e-cigarette ! »

A demain @jynau

1 Moodie C, O’Donnel R, Fleming J et al Extending health messaging to the consumption experience: a focus group study exploring smokers’ perceptions of health warnings on cigarettes https://doi.org/10.1080/16066359.2019.1653861

Agnès Buzyn et les stades pré-alcoolisés : comment ne pas confondre ses désirs et la réalité

Bonjour

Ils sont trois médecins: Amine Benyamina*, Bernard Basset** et Axel Kahn*** 1. Trois responsables qui signent un étrange papier dans Le Figaro. Un papier dans lequel ils se réjouissent « que pour la première fois depuis vingt-cinq ans d’attaques incessantes contre la loi Évin, les alcooliers aient connu une défaite » [sic]. Où l’on revient à l’édifiante affaire politique des stades pré-alcoolisés et des loges VIP bien champagnisées.

L’analyse des trois médecins ne diffère guère de celle de tous les spécialistes des luttes contre les addictions. Ils observent ici une nouvelle émergence de l’hydre du lobby des puissants alcooliers industriels. Avec un plan d’action bien rôdé :

« Instrumentaliser une activité sociale positive et populaire comme le sport pour dissimuler un cadeau au lobby alcoolier, de la bière en l’occurrence, qui réclame depuis longtemps des facilités pour abreuver d’alcool les spectateurs ; dissimuler cette stratégie derrière des éléments de langage standardisés censés rassurer et destinés à occulter la brutalité de la manœuvre («assouplir», «clarifier», «simplifier») ; ne pas se concerter à l’avance avec les acteurs de santé pour les prendre par surprise ; et enfin lancer les opérations en catimini au cœur de l’été pour profiter de l’inattention générale. C’est de cette manière qu’un tiers des députés de la majorité (LREM) ont annoncé que, pour promouvoir «une nation sportive», il fallait faciliter l’alcoolisation des spectateurs pendant les matchs, et donc, incidemment, «assouplir» la loi Évin. »

Prêcher le faux dans Le Figaro pour tenter de lever le voile sur le vrai

Mais pour les signataires cette « manœuvre grossière » aurait « échoué ». Et ce grâce, notamment, à la mobilisation immédiate des « acteurs de l’addictologie » et parce que « la société civile ne dort jamais ». « Le rapport à l’alcool est en train de basculer dans la population française, ajoutent-ils. La recherche de bien-être, les préoccupations de santé et écologiques, les progrès des connaissances scientifiques et la pédagogie inlassable du monde de la santé publique ont fait prendre conscience que toutes les boissons alcooliques étaient des produits à risques. L’incitation à boire pendant les compétitions, notamment pour les jeunes spectateurs, ne pouvait être acceptée aisément. »

Et de poursuivre leur analyse : « Une lettre ouverte de la Fédération française d’addictologie à la ministre de la Santé lui demandant de prendre position «publiquement et fermement» sur ce sujet a permis à Agnès Buzyn – probablement avec l’accord du gouvernement – [sic] de déclarer qu’il n’était nul besoin de nouvelles incitations à la consommation d’alcool et que la loi Évin ne serait pas modifiée. Elle a ajouté le 21 août que la meilleure solution serait que les tribunes VIP ne jouissent plus d’une exception [exception dont elle ignorait l’existence] ».

La vérité est qu’Agnès Buzyn ne s’est (timidement) exprimée sur le sujet que le 9 août et que l’on en reste à ce tweet ministériel :

« L’alcool tue 41 000 personnes chaque année dans notre pays. Chacun de ces décès est évitable. Ne laissons pas de nouvelles incitations à la consommation d’alcool se rendre complices de ce bilan. La ferveur n’a pas besoin d’alcool pour s’exprimer dans nos stades. »

C’est un peu court pour voir ici, comme les trois signataires, « un coup d’arrêt » à l’offensive du lobby alcoolier industriel » . Un peu court pour en tirer la conclusion que pour la première fois depuis un quart de siècle d’attaques incessantes contre la loi Evin, « les alcooliers ont connu une défaite ».

Le vrai est que rien n’est joué. Pour un peu on imaginerait que ces trois responsables prennent leur désir pour la réalité. A moins qu’ils ne jouent, qu’ils ne prêchent le faux dans Le Figaro pour tenter de lever le voile sur le vrai. Reste l’essentiel, politique, de ce dossier. Et ce  n’est pas le bien trop modeste tweet unique de la ministre de la Santé – mais la décision prise par l’ambigu Emmanuel Macron.

A demain @jynau

1 * Médecin psychiatre-addictologue, chef du département de psychiatrie-addictologie groupe hospitalier Paul-Brousse (AP-HP), professeur à l’université Paris-Sud, président de la Fédération française d’addictologie (FFA).

** Médecin spécialiste en santé publique, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), administrateur de la Fédération française d’addictologie.

*** Généticien, président honoraire de l’université Paris-Descartes, président de la Ligue nationale contre le cancer.

En sortant de l’école, nous admirons les publicités qui nous poussent à boire de l’alcool

Bonjour

C’est la rentrée. Que la police ? Quelques mots glanés sur la Toile (@GuylaineBenech) :

« Spécial rentrée des classes. Ce matin j’ai accompagné mes deux petits garçons (CE1 et CM1). Nous habitons à 600 mètres du groupe scolaire. Sur le chemin nous avons croisé … trois publicités pour de l’alcool ! Entre la maison et l’école, il y a un collège. Et près de ce collège, une pub pour la marque ‘’Desperados’’ du groupe Heineken 1. Ce premix est un mélange de bière + tequila + énormément de sucre. Les premix sont surtout consommés par des ados en raison du goût très sucré qui masque l’alcool.  

« Juste à côté, une grande affiche publicitaire pour la marque de Gin « Gibson’s » 2 qui appartient au groupe français de Vin & Spiritueux « La Martiniquaise ». 37% d’alcool, et un concept marketing résolument adolescent surfant sur la vague « London ». Un peu plus loin, ns arrivons au groupe scolaire (maternelle et élémentaire) et de nouveau, face à l’école, cette affiche pr le Gin ‘’Gibson’s’’. Si l’objectif de La Martiniquaise est de familiariser les enfants dès le plus jeune âge, c’est gagné, leur petit cerveau enregistre tout… ».

C’est la rentrée. Toujours sur la Toile, Axel Kahn, l’omniprésent nouveau président de la Ligue contre le cancer :

 « Voilà une situation scandaleuse que les comités départementaux de la @liguecancer et leurs partenaires NE DOIVENT PAS TOLERER. Dénoncer, porter plainte auprès du maire, du rectorat, de l’ARS, communiqué dans PQR, mobilisation des ligueurs et des parents … »

C’est la rentrée. Bientôt, dans les têtes et sur les cahiers, Prévert Jacques et Kosma Joseph :

« En sortant de l’école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d’un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s’est mis à rouler
rouler derrière l’hiver
et on l’a écrasé
et la maison s’est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C’était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles. »

A demain @jynau

1 Informations pour consommateurs  « DESPERADOS® ORIGINAL Née en 1995 dans notre brasserie de Schiltigheim en Alsace, Desperados® est la première bière aromatisée tequila commercialisée en France.

  « Notre produit iconique, Desperados® Original, est aromatisé tequila et présente une robe d’un jaune soleil, limpide et brillante. De fermentation basse, brassée avec du malt d’orge, elle titre à 5,9 % vol. À déguster bien fraîche entre 4°C et 6°C, Desperados® Original offre un goût puissant et prononcé en bouche, avec de subtiles notes citronnées et quelques touches épicées. »

2 Informations pour consommateurs : « Le London Dry Gin GIBSON’S ® est élaboré en Angleterre à partir de céréales soigneusement sélectionnées et distillées en alambics selon la méthode traditionnelle. Les vapeurs d’alcool s’imprègnent ensuite des arômes de baies de genièvre, de coriandre, d’angélique et d’écorces d’oranges selon une recette unique, avant d’être recueillies et mises en repos quelques heures dans des cuves. Le degré alcoolique est réduit par dilution, puis le Gin GIBSON’S est filtré à froid avant sa mise en bouteille. »