Alcool: que peut nous dire une journaliste, critique œnologique, en période épidémique ?

Bonjour

11/07/2020. Les lecteurs du Monde ont appris à découvrir la plume d’Ophélie Neiman. Une journaliste connue ailleurs sous son appellation blogueuse « Miss glou-glou » (elle s’en explique ici). On connaît assez bien cette rubrique journalistique – une forme de critique comme il en existe pour la littérature ou le cinématographe. Une rubrique qui, dans les médias écrits généralistes souvent mise à l’ombre de celle dite « gastronomique ».

Dans le meilleur des cas cette rubrique aide le lecteur à s’ouvrir sur les innombrables univers culturels des vignes et des vins. Il arrive aussi, trop souvent, qu’elle se borne à de simples classements fondé sur le goût du critique. Où l’on voit se rejoindre le vin, la littérature et les arts florissants. On pouvait aussi, jadis, par chance, n’être critique œnologique qu’à ses heures, le reste de son activité journalistique étant consacrée à d’autres disciplines.

Ophélie Neiman, donc. Hier, marronnier d’été, elle sélectionnait pour Le Monde, les vins rosés : « (Château de la Grille, chinon, 2019. Quel joli nez de griotte nous monte aux narines dès qu’on approche le verre ! Ce 100 % cabernet franc est aussi bien en chair, gourmand et juteux. Et doté d’un très joli retour sur la cerise et la compote de fraise. C’en est presque régressif, mais on ne sombre jamais dans le bonbon pâteux.11 € ; Domaine du Four à Chaux, coteaux-du-vendômois-gris, 2019. Sous cette appellation peu connue de la Loire, au nord de Tours et de Blois, on trouve de jolis rosés à prix modique, comme celui de Sylvie et Dominique Norguet. Franc et gourmand, acidulé en bouche, avec des notes d’abricot cuit et de coing, voilà une très bonne affaire. 100 % pineau d’Aunis. 5,20 €. »

Avant-hier elle évoquait les conséquences de la pandémie sur le vignoble français. Aujourd’hui elle s’attaque, non sans courage à un tout autre sujet : « Gestes barrières : boire ou guérir, il faut choisir ». Sujet sanitaire et politique puisque « distanciation sociale et alcool font rarement bon ménage ». Question : la fête « raisonnable » est-elle un vœu pieux ?

« A chaque fois que j’ai bu, c’est parti en sucette »

Selon elle le confinement a aiguisé le besoin de contact, de toucher de la peau. Quid, dès lors de la fête alcoolisée ? « Elle va vite se compliquer, écrit-elle. Car enfin, comment rester raisonnable dans la bringue ? La ‘’ fête raisonnable’’ est un oxymore. Si on ne peut pas lâcher les manettes, autant rester chez soi. Pour autant, l’éventualité de se transformer en cluster ambulant ne fait pas vibrer, admettons-le (…) Car face au vœu pieux de la ‘’fête raisonnable’’, un élément entre en scène et force le destin. Le plus souvent, l’alcool. Son effet désinhibiteur est d’une efficacité redoutable. Au niveau neuronal, il perturbe l’action de la noradrénaline et de la sérotonine. La perception de l’environnement et le niveau de vigilance descendent une volée de marches. Parallèlement, l’alcool stimule la production de dopamine ; on se sent heureux, euphorique, tout baigne. »

« Et tout s’enchaîne. Le bol de cacahuètes égaré qui ne méritait pas un regard semble soudain irrésistible. La planche de charcuterie, dans laquelle on piochait consciencieusement avec sa fourchette, on y égare maintenant les doigts. On tripote le téléphone de la voisine pour zoomer sur une photo, on pousse le verre du voisin au passage, tant pis pour la trace d’empreinte grasse. Quant au pétard qui tourne, il passe gaiement de bouche en bouche. Autant rouler une pelle à tous les convives.Pour compenser, le fêtard repentant dégainera régulièrement son gel hydroalcoolique et s’en enduira comme un roux use son écran total sur une plage espagnole. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ? »

Sans doute. Témoignage de Violeta, à peine quadra, qui confectionne elle-même son désinfectant, à base l’alcool pharmaceutique et d’huile essentielle de lavande : «L’alcool n’est absolument pas compatible avec les gestes barrières. A chaque fois que j’ai bu, c’est parti en sucette. La dernière soirée que j’ai faite, je l’ai commencée en disant bonjour du coude, je l’ai terminée en dansant enlacée et en tenant les mains de tout le monde. » 

On lit Ophélie Neiman et on parvient à sa chute :  « Ce qui amène à une question, mère du problème : est-ce qu’on se touche parce qu’on a bu ou est-ce qu’on boit pour se toucher ? ». Boire ou conduire ? Etre ou ne pas être ? On attend avec impatience de lire la réponse des spécialistes – dans la rubrique addictologie.

A demain @jynau

Fatalité : laisser Kronenbourg et Pernod-Ricard faire revivre les villages français déshérités ?

Bonjour

Bonjour

10/07/2020. Lutter contre les addictions quand on ne croit pas à la prédestination. « L’alcool pour oublier la crise Le remède de Kronenbourg, de Pernod Ricard et du Groupe SOS » dénoncent quatre présidents d’association qui, précisément, luttent. Ecoutons-les :

« Alors que la crise sanitaire due à la Covid-19 se fait moins prégnante, les multinationales Kronenbourg SAS et Pernod Ricard proposent d’en aggraver une autre, chronique et meurtrière, en arrosant les campagnes de ses produits alcooliques. Dans un tweet daté du 8 juillet 2020, l’initiative « 1000 cafés » du Groupe SOS remercie ses partenaires, dont les deux entreprises. Celles-ci avaient effectivement annoncé le 2 juin un partenariat pour soutenir l’opération ayant pour objectif de créer des cafés dans les zones rurales en voie de désertification. »

Une ré-alcoolisation qui va dans le même sens que le projet du gouvernement d’Edouard Philippe. Souvenons-nous : il proposait le 21 février dernier, via la distribution de «licence IV», la création dix mille sites de consommation de boissons, notamment alcooliques.

Les solitudes alcoolisées

« Le lancement de l’opération « 1000 cafés » repose sur la reprise d’arguments éculés du lobby alcoolier selon lequel le seul fondement de la convivialité est l’alcool, ainsi que sur le postulat que les bars suffiront à remplacer une économie vacillante ou inexistante, nous disent aujourd’hui les associations de lutte contre les addictions. Cette opération est un véritable leurre sinon une tromperie pour les populations et villages concernés, et un risque certain pour la santé publique. »

Or, selon eux « toutes les études » prouvent que plus le nombre de cafés-bars augmente, plus l’offre d’alcool est importante, plus la consommation augmente – ainsi que les dégâts sanitaires et sociaux qui en sont la conséquence mécanique. Et puis, plus incisifs :

« L’intervention des groupes Kronenbourg SAS et Pernod Ricard dans cette opération déjà contestable ne fait que dévoiler leur vraie nature et leurs objectifs purement commerciaux, derrière les éléments de langage lénifiants : « convivialité respectueuse et responsable », soutien à l’économie de proximité et souci écologique en recyclant les déchets. Les habitants de ces zones rurales méritent mieux que l’alcool pour oublier l’appauvrissement économique de leurs territoires. Ce ne sont pas quelques emplois de gérants de bars qui les feront revivre. Kronenbourg SAS et Pernod Ricard ne pouvaient laisser passer une telle occasion de blanchir leur image, grâce au Groupe SOS. Les populations rurales seront les otages valorisants de cette opération commerciale en trompe-l’œil de deux multinationales de l’alcool. »

Et maintenant ? Du haut deux puissance les responsables de Kronenbourg SAS, de Pernod Ricard et du Groupe SOS ne répondront sans doute pas à cette attaque. Les bars décriés ouvrent. Participeront-ils mécaniquement à une augmentation des alcoolisations ? Luttant contre la solitude (dont on sait qu’elle peut, elle aussi, être amplement alcoolisée) participeront-ils aux bienfaits d’une socialisation retrouvée ? Ne pas croire à la fatalité imposerait, ici, d’évaluer les véritables impacts de ces nouvelles licence IV. Qui, ici, aura le courage et l’argent pour une évaluation qui répondrait à la question ?

A demain @jynau

 1  Pr Amine Benyamina, président de la Fédération Française d’Addictologie ; Dr Bernard Basset, président de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ; Pr Axel Kahn, président de La Ligue contre le Cancer et  Pr Mickael Naassila, président de la Société Française d’Alcoologie 

Déconfinement : les héros hospitaliers en blouse blanche sont à nouveau victimes de violence

Bonjour

23/06/2020. Le monde d’après ? Hier les applaudissements, aujourd’hui, après le déconfinement, le retour des violences. C’est à lire dans L’Union (Hervé Marti) : « Nouvelle agression de soignants à l’hôpital de Soissons ».

Où l’on apprend que dans la nuit du 20 au 21 juin, un homme âgé de 66 ans, a agressé trois personnels soignants aux urgences de l’hôpital de Soissons. Il venait d’être transporté par les sapeurs-pompiers, car il errait dangereusement sur la voie publique, après avoir consommé trop d’alcool. Vers 2 h 15 que le sexagénaire a donné un coup de poing à une infirmière. Il a également menacé de mort une ambulancière et proféré des injures racistes à l’encontre du médecin de garde présent sur les lieux.

« Les policiers du commissariat de la cité du Vase sont donc intervenus dans la foulée pour interpeller l’agresseur, rapporte le quotidien régional. Celui-ci, déjà défavorablement connu des forces de l’ordre, a aussitôt été placé en garde à vue. L’auteur des faits a ensuite refusé que les fonctionnaires testent son alcoolémie. Sa garde à vue a été prolongée jusqu’à la fin du week-end et il devait s’expliquer d-s le lendemain devant le tribunal correctionnel de Soissons dans le cadre d’une comparution immédiate. »

L’Union souligne que cette agression s’inscrit dans le cadre d’une longue liste de faits similaires survenus dans les urgences soissonnaises. Jérôme Casola, représentant de la CFDT  : « Ce n’est pas la première fois que cela arrive et je trouve cela honteux et lamentable. Pendant trois mois, on a encensé les personnels soignants qui luttaient contre l’épidémie de coronavirus, et nous sommes à nouveau agressés. On a déjà installé des caméras de surveillance il y a environ huit mois, mais à un moment, il va falloir se poser la question d’avoir un agent de sécurité aux urgences. »

En décembre 2016, deux jeunes filles alcoolisées ont frappé une infirmière après avoir été refoulées de boîte de nuit. Au mois de janvier 2017, un médecin a été blessé à l’oreille par un patient qui lui avait assené une gifle. La victime a eu le tympan perforé. En  février 2017, un jeune homme a agressé un médecin. L’individu, jugé depuis, avait donné un coup de poing et surtout un coup de pied violent au praticien. Jambe cassée et 45 jours d’ITT.

Le même médecin a été victime d’une deuxième agression fin juillet 2018, un mois seulement après avoir repris son travail, avec cette fois des insultes racistes. Toujours sur fond d’alcool. L’urgentiste a été menacé de mort et on a craché sur une infirmière.

« Pour remédier à cette situation diverses dispositions ont été adoptées. Une porte anti-intrusion, située entre la salle d’attente et le service de soins des urgences, a été mise en place en 2017, puis six caméras de vidéosurveillance ont ensuite été installées fin 2019, rappelle L’Union. La police et l’hôpital ont aussi actualisé, en octobre 2018, un partenariat datant de 2009 facilitant le travail des forces de l’ordre sur place. Il semblerait que ce ne soit pas suffisant… »

« La semaine dernière, au CHU de Saint Étienne, c’est un agent de sécurité qui a été frappé par un père de famille, rapporte Le Quotidien du Médecin (Loan Tranthimy). En colère contre le médecin qui avait voulu garder son enfant à l’hôpital, l’homme était allé chercher un démonte-pneu dans sa voiture. De retour dans le service, il avait frappé l’agent de sécurité avec cet outil. Blessé aux bras, l’agent s’était vu prescrire cinq jours d’ITT. Le père de famille, arrêté par la police, a passé deux jours en garde à vue et a été présenté au parquet de Saint-Étienne.

En 2019 l’Observatoire national des violences en milieu de santé avait recensé, pour 2018,  23 360 signalements effectués par 426 établissements Un bilan à la hausse d’un peu plus de 1 000 cas d’agressions ; 80 % d’atteintes à la personne et 20 % d’atteintes aux biens. Les victimes sont majoritairement (82 %) les personnels des établissements. Parmi celles-ci, on compte 9 % de médecins et 47 % d’infirmières diplômées d’État. Les patients représentent 10 % des cas signalés à l’ONVS et les agents de sécurité 5 %. Le monde d’avant ?

A demain @jynau

Les supporters vont-ils devoir s’alcooliser dans les stades pour sauver le sport français ?

Bonjour

19/06/2020. C’est, bien évidemment, en bonne place dans L’Equipe, quotidien en grande souffrance depuis le début de l’épidémie et la fin des spectacles sportifs : « Un rapport du Sénat propose un assouplissement de la loi Evin ». C’est également sur le site du HuffPost : « Un rapport du Sénat propose d’assouplir la loi Évin pour renflouer les clubs après le Covid ».

A la manœuvre, la sénatrice Catherine Morin-Desailly (UC – Seine-Maritime). Dans un rapport remis à la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, les sénateurs s’inquiètent de voir les dispositifs d’aide mis en place par l’État (chômage partiel, report de charges) prendre fin alors même que « le plan de relance du secteur du sport se fait toujours attendre » et que la question du huis clos (et les retombées économiques qui en découleraient) n’est pas encore totalement réglée.

Pour éviter une catastrophe économique, les élus demandent donc, sans surprise, le maintien des dispositifs mis en place en mars « jusqu’à la reprise effective des compétitions » ainsi que « l’adoption d’un bouquet de mesures permettant de soutenir vigoureusement le secteur du sport ».  Parmi les 10 mesures qu’ils préconisent on retrouve, une fois encore « l’assouplissement de la loi Évin de 1991, qui interdit les boissons alcoolisées dans les stades, ainsi que les publicités encourageant à la consommation d’alcool.

« Les liqueurs comprenant moins de 18° d’alcool »

Aujourd’hui les stades et enceintes sportives ne bénéficient que de dix dérogations par an pour vendre de l’alcool, lesquelles sont accordées par le préfet ou le maire. « Par ailleurs l’interdiction de vente d’alcool ne touche ni les carrés VIP, ni les clubs amateurs, ni les matchs de rugby, assure le HuffPost. Dans le détail, les sénateurs proposent d’autoriser la consommation des alcools comme le vin, la bière, le cidre ou encore les liqueurs comprenant moins de 18° d’alcool et de certaines publicités jusqu’à la fin de la saison 2021/2022, avant une ”évaluation” pour pérenniser ou non le dispositif. »

Selon eux cette modification permettrait de rapporter « entre 30 et 50 millions d’euros aux clubs professionnels » tout en encourageant les supporters à retourner dans les stades une fois les restrictions sanitaires levées. Serait-ce dire que trente ans après sa promulgation la loi Evin doit être à nouveau « détricotée » ? Pour ces sénateurs les arguments sécuritaires et surtout sanitaires qui avaient conduit à son adoption en 1991 seraient « dépassés » :  « les circonstances ont changé du tout au tout depuis une vingtaine d’années, assurent-ils. Les problèmes se concentrent aujourd’hui sur les abords des enceintes sportives où la consommation d’alcool n’est pas contrôlée ». Air connu.

Où l’on voit réapparaître aujourd’hui une hydre bien connue.  Ce n’est pas la première fois que la loi Évin est remise en question sous le mandat d’Emmanuel Macron. En juillet 2019 déjà, 70 députés de la majorité LREM avaient fait beaucoup pour « assouplir » la loi Evin. Eux aussi dénonçaient « l’hypocrisie » de la consommation d’alcool dans les loges VIP et proximité des enceintes sportives. Pourquoi ne pas autoriser l’alcool dans les gradins ? A l’époque l’exécutif avait résisté au nom de la santé publique et d’une certaine éthique sportive. Rien ne dit qu’il en sera de même aujourd’hui, dans ce secteur qui vivait trop souvent bien au-dessus de ses moyens et qui, se découvrant plus que fragile, est prêt à toutes les régressions.

A demain @jynau

Après la guerre de l’hydroxychloroquine, voici que celle du baclofène est soudain relancée

Bonjour

18/06/2020. Comme un lointain parfum poudré, celui de l’hydroxychloroquine. Toutes proportions gardées.  Nous évoquions il y a quelques heures le rebondissement sans précédent sur le front de la lutte médicamenteuse contre la maladie alcoolique : celle du Baclocur (10, 20 et 40 mg) à peine arrivé dans les pharmacies d’officine et aussitôt retiré du marché suite à une décision de justice. Nous ajoutions que, désavouée, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) gardait le silence. Quelques heures plus tard, changement de politique et communiqué de presse annonçant la saisine du Conseil d’Etat. La guerre du baclofène est relancée. Comprendra qui pourra.

« Par ordonnance du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise du 17 juin 2020, les autorisations de mise sur le marché des spécialités Baclocur (10, 20 et 40 mg) du laboratoire Etypharm sont suspendues à titre conservatoire dans l’attente d’un jugement définitif, résume l’ANSM. Les spécialités Baclocur (10, 20 et 40 mg) ne doivent plus être dispensées. Le laboratoire Ethypharm procède au rappel des lots en pharmacie. La spécialité Baclocur 30 mg n’est pas concernée. L’ANSM va saisir le Conseil d’Etat d’un pourvoi en cassation contre cette décision de suspension en référé des autorisations de mise sur le marché des spécialités Baclocur. »

Contrairement à ce que prescripteurs, pharmaciens et patients pouvaient redouter l’accès au baclofène dans l’alcoolo-dépendance est toujours possible pour les patients dans le cadre de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) via livrer le Baclofène-Zentiva 

Après des années de polémique, la commercialisation du Baclocur avait été accordée en octobre 2018 sous conditions et à doses limitées. La Haute autorité de Santé (HAS) avait finalement donné un feu vert à son remboursement (à hauteur de 15%) en dépit d’un service médical rendu « faible » et d’une absence « d’amélioration du service médical rendu » … Comprendra qui pourra. Texte officiel de la HAS:

« Avis favorable au remboursement pour réduire la consommation d’alcool, après échec des autres traitements médicamenteux disponibles, chez les patients adultes ayant une dépendance à l’alcool et une consommation d’alcool à risque élevé (> 60 g/jour pour les hommes ou > 40 g/jour pour les femmes). Cet avis est conditionné à la collecte de données d’efficacité et de tolérance dans un délai maximal de 3 ans en vue d’une réévaluation.

« Le baclofène, constitue, en association à un suivi psychosocial axé sur l’observance thérapeutique et la réduction de la consommation d’alcool, une option thérapeutique de dernier recours pour réduire la consommation d’alcool chez les patients adultes ayant une dépendance à l’alcool avec consommation d’alcool à risque élevé, ne présentant pas de symptômes physiques de sevrage et ne nécessitant pas un sevrage immédiatement. Le bénéfice potentiel du traitement est conditionné par l’observance du patient.

« Son utilisation doit s’accompagner d’un suivi médical rapproché en particulier pendant la phase de titration. La dose journalière maximale de baclofène est de 80 mg par jour. En l’absence d’efficacité après 3 mois de traitement, celui-ci doit être arrêté de façon progressive. »

La mise en vente le 15 juin est aujourd’hui annulée à la suite de l’action du collectif « Baclohelp » qui avait déposé un référé-suspension auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Motif de cette action : la dose du traitement limitée à 80 mg par jour, décidée par l’ANSM en raison de « risques accrus d’hospitalisation et de décès » à fortes doses. Or ce collectif et, depuis des années, une fraction des spécialistes de la maladie alcoolique estiment qu’une partie des patients doivent bénéficier d’un traitement compris entre 80 et 300 mg, selon leurs besoins ». ce qui était jusqu’ici toujours officiellement déconseillé mais ouvertement pratiqué. Comprendra qui pourra.

A demain @jynau

Alcoolisme : nouveau et invraisemblable rebondissement dans l’affaire du baclofène

Bonjour

18/06/2020. C’est sans précédent : un médicament à peine arrivé dans les pharmacies d’officine et aussitôt retiré du marché… Au carrefour du soin et de la justice c’est la résultante d’une somme d’incompréhensions, de mauvaises volontés – et, tout bien pesé, du peu d’intérêt que nombre des autorités en charge du médicament portent à la maladie alcoolique, cette délaissée.

Au terme de quelques années de violentes polémiques un médicament contre l’alcoolisme à base de baclofène, le Baclocur, venait d’être autorisé en France et commercialisé à compter du 15 juin. Or la justice a ordonné l’arrêt des ventes, mercredi 17 juin. « Nous apprenons que nos autorisations de mise sur le marché sont suspendues, a annoncé au Parisien (Elsa Mari)  Ethypharm, le fabricant. Ce qui signifie l’arrêt de la commercialisation et le retrait des lots déjà sur le marché. »

La commercialisation du Baclocur avait été accordée en octobre 2018 sous conditions et à doses limitées. Des négociations quant au prix avaient suivi qui conduisirent à l’annonce de sa mise en vente le 15 juin. C’était compter sans l’action du collectif « Baclohelp » qui avait déposé un référé-suspension auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Motif de cette action ; la dose du traitement limitée à 80 mg par jour, décidée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en raison de « risques accrus d’hospitalisation et de décès » à fortes doses. Des éléments vivement contestés par ce collectif et, depuis des années, par une fraction des spécialistes de la maladie alcoolique. Selon eux la quantité de 80 mg par jour est insuffisante pour permettre à une majorité de patients de sortir de cet esclavage addictif.  

Exécutif versus décision de justice

Et c’est ainsi que les juges tribunal administratif de Cergy-Pontoise se sont prononcés en faveur de la suspension de mise sur le marché du nouveau comprimé. Cette mise sur le marché « pourrait faire obstacle à la poursuite du traitement à des doses supérieures à 80 mg », selon l’ordonnance, consultée par Le Parisien. « Il existe un risque très élevé de rupture dès lors que les pharmaciens ne voudront plus délivrer le Baclofène-Zentiva pour l’alcoolodépendance en l’absence d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). »

« C’est une bonne nouvelle ! a aussitôt réagi auprès du Parisien Thomas Maës-Martin, fondateur de l’association, à l’origine de ce référé. Les patients vont pouvoir poursuivre leur traitement au dosage prescrit par leur médecin, entre 80 et 300 mg, selon leurs besoins. » Le baclofène était en effet autorisé dans le traitement de la maladie alcoolique depuis 2014 grâce à une RTU.

En accordant une autorisation de mise sur le marché au Baclocur, l’ANSM avait souligné que « ce médicament n’est pas anodin et doit être manié avec beaucoup de précautions ». Alors même que son efficacité est jugée sans équivalent par ses partisans, l’ANSM n’a de cesse que de souligner les risques inhérents à sa consommation. Selon elle, le baclofène à fortes doses (plus de 180 mg par jour) ferait plus que doubler le risque de mort par rapport aux autres médicaments contre la maladie alcoolique, et accroît de 50 % le risque d’hospitalisation.

C’est pourquoi l’ANSM avait décidé que le Baclocur ne pouvait être prescrit aux alcooliques qu’à la dose maximale de 80 mg/jour …. et après échec constaté des autres traitements médicamenteux. De plus, en l’absence d’efficacité après trois mois de traitement, il devait être arrêté de façon progressive.

Contactée par Le Parisien l’ANSM est restée silencieuse. Que dira-t-elle demain ? Que pourra, ici, l’exécutif contre une décision de justice ? Que feront, demain, prescripteurs et pharmaciens ?

A demain @jynau

Syndrome d’alcoolisation fœtale: Olivier Véran fera-t-il beaucoup mieux qu’Agnès Buzyn ?

Bonjour

07/06/2020 Qui, au sein du gouvernement, s’intéresse encore au syndrome d’alcoolisation fœtale ? La précieuse revue Prescrire s’intéresse à ce sujet éminemment politique qui ne passionne plus guère les médias généralistes 1. « Une étude portant sur les 28 premiers jours de vie a montré que chaque année en France, des centaines d’enfants naissent avec des troubles graves liés à la consommation d’alcool par leur mère durant la grossesse » résume Prescrire..

Contrairement à ce que certains peuvent tenir pour acquis, tout le monde ne sait pas qu’une femme enceinte qui boit de l’alcool expose son enfant à naître à des conséquences  dont la gravité augmente avec le degré d’exposition. Dans les cas les plus graves, les enfants naissent avec un syndrome spécifique :  dysmorphie faciale et  troubles neuropsychiques peu spécifiques : troubles du comportement, troubles intellectuels et de la mémoire, troubles de l’attention, difficultés d’apprentissage, difficultés scolaires ou sociales, etc.

Il existe aussi des formes dites incomplètes, sans dysmorphie faciale, mais caractérisées par des troubles d’apprentissage et d’adaptation sociale – souvent mis en évidence lors de la scolarisation. Ces formes avec troubles du développement sans dysmorphie faciale seraient dix fois plus fréquentes que les formes complètes.

Femme enceinte, cercle barré : logo souvent inconnu, toujours illisible

Contrairement à ce que certains peuvent tenir pour acquis, tout le monde ne sait pas qu’une femme enceinte qui boit de l’alcool expose son enfant à naître à des conséquences  dont la gravité augmente avec le degré d’exposition. Dans les cas les plus graves, les enfants naissent avec un syndrome spécifique :  dysmorphie faciale et  troubles neuropsychiques peu spécifiques : troubles du comportement, troubles intellectuels et de la mémoire, troubles de l’attention, difficultés d’apprentissage, difficultés scolaires ou sociales, etc.

Il existe aussi des formes dites incomplètes, sans dysmorphie faciale, mais caractérisées par des troubles d’apprentissage et d’adaptation sociale – souvent mis en évidence lors de la scolarisation. Ces formes avec troubles du développement sans dysmorphie faciale seraient dix fois plus fréquentes que les formes complètes.

Femme enceinte, cercle barré : logo souvent inconnu, toujours illisible

Et Prescrire de nous apprendre qu’une étude réalisée en France à partir de dossiers hospitaliers a retrouvé des troubles graves liés à une exposition fœtale à l’alcool chez cinq nouveau-nés hospitalisés au cours des 28 premiers jours de vie pour 10 000 naissances. « Cela représente des centaines de nouveau-nés chaque année, ajoute-t-elle. Ce type d’étude, limitée aux 28 premiers jours de vie, conduit à sous-estimer l’ampleur réelle des conséquences de l’exposition in utero à l’alcool car elle ne permet pas de recenser les enfants dont les troubles du développement sont décelés plus tard, en particulier à l’âge scolaire. »

Où l’on se souvient d’un « scoop » d’Agnès Buzyn. Nous étions en juillet 2018, une éternité. C’était sur franceinfo,  : « Un logo zéro alcool pendant la grossesse sur toutes les bouteilles ». Pour quand ? « C’est pour… je dirais … la fin de l’année … on est en train de négocier’’ ».  Agnès Buzyn précisait alors avoir « obtenu des alcooliers » qu’ils ne s’opposent pas à sa volonté : la mise en place d’un logo « qui explique bien qu’on ne doit boire aucun alcool pendant la grossesse ».

La ministre des Solidarités et de la Santé n’avait pas, alors, rappelé que cette mesure était déjà en vigueur « sur toutes les bouteilles » et ce depuis 2006 – une  décision prise par Xavier Bertrand, alors ministre de… la Santé et des Solidarités 2. Il s’agit depuis douze ans, sur tous les contenants de boissons alcooliques, d’une image minuscule tentant de montrer un profil de femme enceinte associé à un cercle barré. Un logo ou une « phrase d’information » : « La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant ».

A l’évidence ce logo n’avait pas permis que chaque année des centaines d’enfants naissent victimes d’une exposition in utero à l’alcool. Selon les données du « baromètre santé 2017 » présentées par Santé publique France en 2018 quatre femmes sur dix disaient ne pas avoir été informées des risques de la consommation d’alcool (ou de tabac) pendant leur grossesse. Et Santé Publique France d’annoncer, alors, une nouvelle « campagne nationale auprès du public et des professionnels de santé. »

Et Agnès Buzyn d’expliquer, alors, qu’elle s’était emparée du dossier du logo ; un logo qui depuis deux ans n’a pas bougé – souvent inconnu, toujours illisible. Certains évoquent la puissance du « lobby alcoolier », ses relais dans les coulisses de l’Elysée. D’autres accusent un exécutif impuissant. On attend, ici, le ministre Olivier Véran.

 A demain

1 « Syndrome d’alcoolisation fœtale : des données françaises » Rev Prescrire 2020 ; 40 (440) : 433-434. Réservé aux abonnés. ©Prescrire 1er juin 2020

2 « ‘’Alcool zéro’’ pendant la grossesse, un nouveau logo qui existe déjà » Slate.fr 30 juin 2018.

Alcoolisme : le baclofène est finalement remboursé, chichement, par la collectivité

Bonjour

26/05/2020. On l’avait presque oublié. « C’est l’aboutissement d’un long feuilleton, le baclofène est enfin inscrit sur la liste des spécialités pharmaceutiques remboursées par la Sécurité sociale dans l’alcoolodépendance » nous apprend Le Quotidien du Médecin (Damien Coulomb) qui a fort jeureusement retrouvé un avis publié dans le « Journal officiel » du 20 mai dernier.

La fin d’un feuilleton mi-médical mi-idéologique qui n’aurait jamais dû tant durer. En décembre dernier la Haute Autorité de santé (HAS) avait finalement donné un avis favorable au remboursement de Baclocur, la formulation du baclofène développé par le laboratoire Ethypharm dans l’indication de la réduction de la consommation d’alcool, après échec des autres traitements médicamenteux disponibles. Un avis conditionné à la collecte de données d’efficacité et de tolérance dans un délai maximal de trois ans en vue d’une réévaluation.

Rappelons que l’autorisation de mise sur le marché avait été obtenue en octobre 2018, au terme de longues années de polémiques et d’incompréhensions multiples. Dans son avis, la HAS accorde un service médical rendu faible (SMR IV) et une absence d’amélioration du service médical rendu (ASMR V). Le prix et le remboursement du Baclocur devait alors faire l’objet de négociation entre Ethyfarm et le comité économique des produits de santé (CEPS).

Remboursement à 15%

« S’il existe une marge de négociation, un SMR IV et un ASMR V laissent présager d’un remboursement à hauteur de 15 %, expliquait Le Quotidien du Médecin en décembre dernier. À titre de comparaison, Selincro (nalméfène, commercialisé par Lundbeck) vendu à hauteur de 50,67 euros pour une boîte de 14 comprimés, est remboursé à 30 %. L’Aotal (acamprosate calcique, Merck) est lui vendu 10,17 euros la boîte de 60 comprimés, remboursé à 65 %. »

Et pour finir, la douche froide annoncée, pour le baclofène : remboursé à 15%. Commercialisé sous le nom de Baclocur, il sera disponible à différentes posologies : 10 mg (4,84 euros la boite de 30), 20 mg (9,58 euros), 30 mg (14,33 euros), et 40 mg (19,09 euros). Son utilisation doit s’accompagner d’un suivi médical rapproché en particulier pendant la phase de titration. La dose journalière maximale de baclofène est de 80 mg par jour – un objet de controverse. En l’absence d’efficacité après trois mois de traitement, ce dernier doit être arrêté de façon progressive

Corollaire de ce remboursement : l’Agence nationale de sécurité du médicament a annoncé l’arrêt de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) des spécialités contenant du baclofène dans l’indication de l’alcoolodépendance. À compter du 15 juin 2020, il ne sera plus possible aux praticiens de prescrire, dans le cadre de cette RTU les autres spécialités à base de baclofène (Lioresal 10 mg et Baclofène Zentiva 10 mg). Des années pour un tel résultat.

A demain @jynau

Quelques chiffres français assez surprenants concernant l’alcool, le tabac et le confinement

Bonjour

13/05/2020. Voici la première photographie « tabac, alcool » de la France confinée. Elle nous est gracieusement fournie par Santé publique France (SpF). Où il apparaît qu’environ un quart des fumeurs déclare avoir, durant le confinement, augmenté sa consommation de tabac alors que d’autres la diminuait. Il en irait différemment avec l’alcool : si environ un consommateur sur dix déclarent avoir augmenté sa consommation, un sur cinq assure l’avoir diminuée.

Tabac. Les fumeurs sont : · 27% à déclarer que leur consommation de tabac a augmenté depuis le confinement, · 55% qu’elle est stable · 19% qu’elle a diminué. La hausse moyenne du nombre de cigarettes fumées par les fumeurs quotidiens (94 % des fumeurs interrogés) est de cinq cigarettes par jour. L’augmentation de la consommation de tabac est plus fréquemment mentionnée par les 25-34 ans (41 %), les actifs travaillant à domicile (37%). Rien n’est dit sur la réduction des risques associée au vapotage et à la cigarette électronique.

Alcool. Près d’un quart des Français ont diminué leur consommation d’alcool Parmi les consommateurs d’alcool interrogés3 : · 11 % déclarent que leur consommation d’alcool a augmenté depuis le confinement, · 65% qu’elle est stable · 24% qu’elle a diminué. Parmi ceux qui déclarent avoir augmenté leur consommation, 51 % déclarent avoir augmenté leur fréquence de consommation, 10% le nombre de verres bus les jours de consommation et 23% les deux paramètres.  L’augmentation de la consommation de boissons alcooliques est plus fréquemment mentionnée par les moins de 50 ans, les personnes vivant dans une ville de plus de 100 000 habitants et les parents d’enfants de moins de 16 ans.

« Retrouvailles avec le noyau familial, une étonnante surprise » 

« L’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir sont les principales raisons mentionnées par les fumeurs ou usagers d’alcool ayant augmenté leur consommation. On note également que l’augmentation aussi bien pour le tabac que pour l’alcool est corrélée au risque d’anxiété et de dépression » observe Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions à la direction de la prévention et de la promotion de la santé à SpF.

« Pour ma part je redoutais des chiffres plus mauvais, nous explique le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions. Et ce à cause de l’effet cumulatif de la pandémie, de sa médiatisation et des comptes-rendus quotidiens oppressants de la morbi-mortalité par la Direction générale de la santé – le tout associé au confinement, au stress ou à l’ennui. Or seul un quart des fumeurs aurait augmenté sa consommation – et ce après annonce d’un possible rôle protecteur de la nicotine sur la contamination par le SARS-CoV-2 … – et un cinquième l’aurait diminué. Ce n’est certes pas rien, mais c’est moins que ce nous pouvions redouter. »

Pour le Dr Lowenstein il serait désormais utile de disposer des chiffres sur la consommation de cannabis et sur celle des benzodiazépines. « Durant la période que nous venons de vivre j’ai été parfois (et non rarement) été surpris (notamment lors des 3eme et 4ème semaines de confinement) d’entendre des patients ‘’soulagés’’ par le confinement, confie-t-il.  Certains rapportaient la diminution du stress par rapport au travail, d’autres l’allègement des ‘’efforts sociaux’’ ou des tentations dites conviviales : pas de sorties, pas de tentations pour des patients confrontés à des abus d’alcool ou des abus de cocaïne associée à l’alcool.  Quelques-uns, sûrement psychologiquement et socialement privilégiés, m’ont même confié à quel point le temps libre et les retrouvailles avec le noyau familial étaient une étonnante surprise ; et qu’ils voulaient vivre positivement cette période exceptionnelle tout en ayant conscience du drame épidémique. »

A demain @jynau

Pourquoi Christophe Castaner interdit-il soudain l’alcool au bord du canal Saint-Martin ?

Bonjour

12/05/2020. Peut-on raisonnablement se déconfiner sans, plus ou moins, consommer ? Hier la scène a marqué la France de la télévision comme celle des réseaux sociaux : à la fin de la première journée de la semi-liberté retrouvée, plusieurs dizaines de personnes se sont (spontanément) rassemblées le long du canal Saint-Martin, dans le 11e arrondissement de Paris. Et via des images filmées par des journalistes, la France a découvert l’existence « de groupes de personnes proches les uns des autres, la plupart ne portant pas de masques ». Équipés de haut-parleurs, les policiers ont alors bientôt appelé  à rentrer chez eux ceux qui, profitant des rayons du soleil, se prélassaient au bord de l’eau, parfois une bouteille à la main,

Avec la rigueur qui est celle attachée à sa fonction le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a vite réagi. Dans un message posté sur Twitter, il a expliqué avoir demandé au préfet de police de Paris «d’interdire la consommation d’alcool le long du canal Saint-Martin et des voies sur berges». Indiquant que «la réussite du déconfinement passe par la prudence et le civisme de chacun», il a fustigé «l’irresponsabilité de certains comportements». Sans préciser plus avant.

✔@CCastaner La réussite du #déconfinement passe par la prudence et le civisme de chacun. Face à l’irresponsabilité de certains comportements, j’ai demandé au @prefpolice d’interdire la consommation d’alcool le long du canal Saint-Martin et des voies sur berges. https://twitter.com/afpfr/status/1259914667822125057 …

Dans la foulée le Préfet de police de Paris a indiqué mettre à exécution la requête du ministre de l’Intérieur dès le mardi 12 mai. Où l’on retrouve les mêmes réactions, réflexes autant que stériles voire contre-productives, que celles prises ces dernières semaines concernant l’alcool par les préfets de l’Aisne et du Morbihan.

A la recherche du tabac d’Espagne

Déconfinement et addiction ? Au premier jour du déconfinement de nombreux Français se sont précipités vers les bureaux de tabac espagnols de la ville frontière du Perthus, obligeant les autorités à intervenir. «Les gens se sont rués dans les commerces» dans cette localité des Pyrénées-Orientales, au sud de Perpignan, traversée par la frontière, rapportent plusieurs médias. «Et ils ont oublié les gestes barrière» a ajouté la gendarmerie du département, qui est intervenue à la demande des autorités espagnoles. «Les gens ont été invités à sortir des commerces», et des files d’attente se sont constituées à l’extérieur.

«Il y avait deux heures de queue minimum devant chacun des trois bureaux de tabac», a témoigné auprès d’un correspondant de l’AFP Gilberte Vauthier, venue avec son compagnon fumeur. Le couple est finalement reparti sans avoir pu s’approvisionner en produits de tabac, jusqu’à moitié moins chers en Espagne qu’en France.

«Il y avait peu de masques, la distanciation n’était pas ou peu respectée», a ajouté Mme Vauthier – un constat également établi par la mairie du Perthus. À l’approche de la localité, le trafic automobile était dans la matinée digne des pires chassés-croisés de l’été, avec, selon la gendarmerie des Pyrénées-Orientales un «engorgement très important de la localité, rendant quasiment impossible toute circulation». Le calme était revenu en milieu de journée. Que pourra faire, ici, Christophe Castaner ?

A demain @jynau