Déconfinement : les habitants du Morbihan peuvent à nouveau acheter des alcools « forts »

Bonjour

30/04/2020. Comment allait-il sauver la face ?  Le 17 avril nous apprenions que le préfet du Morbihan, Patrice Faure, annonçait l’interdiction de la vente d’alcool à emporter (à l’exception des bières et des vins) pour « lutter contre les violences intrafamiliales ».  «Force est de constater que le duo alcool-confinement fait mauvais ménage», soulignait ce représentant de l’Etat dans une vidéo postée sur Youtube. Il évoquait des violences intrafamiliales en hausse de «30% en quelques jours». «Les très nombreuses interventions des forces de l’ordre se font quasi systématiquement sur fond d’alcool. Ce n’est évidemment pas supportable, d’abord pour les victimes mais aussi pour la société.»

L’affaire fut vite reprise et commentée par l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)  : « Alcool et violence dans le Morbihan : Une décision baroque ». « Le préfet du Morbihan vient de prendre une décision plus surprenante en interdisant la vente uniquement pour les spiritueux, expliquait-elle. Cette décision baroque est assez incompréhensible. Par cette décision, le préfet suppose que les violences sont uniquement (ou principalement) dues à la consommation de spiritueux (whisky, vodka, apéritifs anisés…). En réalité, rien ne démontre cette hypothèse, et rien n’interdira aux buveurs de spiritueux de passer au vin ou à la bière avec les mêmes effets. »

Quelques jours plus tard le baroque n’est plus : les « alcools forts » sont de nouveau en vente libre dans les commerces du Morbihan nous annonce Ouest France (Olivier Cléro). L’arrêté préfectoral du 16 avril a été abrogé.

« Avec cet arrêté, je souhaitais mobiliser les esprits et l’intelligence collective sur les problèmes d’alcool dans le Morbihan. Mais je ne suis pas idiot au point de penser que mon arrêté suffirait. Nous sommes dans un pays de liberté, il ne s’agissait pas de prohibition mais bien de marquer les esprits »,  justifie le préfet Patrice Faure. Il assure toutefois avoir observé une baisse des violences intrafamiliales pendant la durée d’effet de son arrêté. 

«Nous en avions constaté 77 la semaine précédente, et 44 pendant la durée de l’arrêté. Et alors qu’il ne concernait que les alcools forts, nous avons constaté des baisses d’achat de plus de 30 % de vin et de cidre, et 15 % de bière. Les gens ont volontairement moins acquis d’alcool.» Ces chiffres sont-ils statistiquement significatifs ?

Ouest France rappelle que cet arrêté avait été très critiqué par les consommateurs, par la Fédération française des spiritueux, mais aussi des associations de prévention contre l’alcoolisme. Un étrange front uni qui en dit long sur les complexités de notre rapport collectif aux boissons alcooliques – et qui démontre à quel point un préfet peut, parfois, s’égarer en usant du pouvoir que lui confère sa fonction.

A demain @jynau

Didier Guillaume sauvera-t-il les 60 millions de brins de muguet dans une France confinée ?

Bonjour

21/04/2020. Où l’on retrouve le toujours étonnant Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. Hier il se perdait sur les questions d’alcool et d’addictologie. Ce matin, sur Europe 1 il nous parlait muguet, cette exception française qui, un jour par an, échappe à toutes les règles du commerce via les innombrables « ventes à la sauvette ». C’est là une «tolérance» encadrée par des arrêtés municipaux, sur de petites quantités, sans gêner la circulation des piétons et sans installation de tréteaux. En théorie.

Didier Guillaume : «On ne va pas faire n’importe quoi, la vente à la sauvette sera totalement interdite, les fleuristes n’ouvriront pas parce que les magasins seront fermés» (sic) ;

Didier Guillaume, toujours : « Mais on pourra trouver du muguet dans tous les magasins qui sont ouverts». Un exemple : les boulangeries. Un autre ? On ne trouve pas.

Agneau pascal

Et Didier Guillaume de lancer : «Un appel pour que 100% du muguet français soit vendu pour la semaine du 1er mai». Le muguet, c’est symbolique, mais c’est aussi un petit moment de bonheur, un petit rayon de soleil dans ce confinement qui n’est pas toujours simple ». Un euphémisme.

Didier Guillaume avait déjà lancé un appel similaire pour permettre aux agriculteurs français d’écouler leurs stocks d’agneaux à Pâques. «Beaucoup ont répondu et 100% de l’agneau français a été vendu pour Pâques», s’est réjoui le ministre. On attend les chiffres.

La fédération des maraîchers nantais, qui regroupe les producteurs installés à la périphérie de Nantes (où pousse plus de 80% du muguet vendu en France) estime que plus de 70% des soixante millions de brins de muguet habituellement vendus seront perdus cette année. Sur un chiffre d’affaire estimé entre 20 et 30 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.

A demain @jynau

Anisés, whisky, vodka et confinement : la trop baroque expérience du préfet du Morbihan

Bonjour

20/04/2020. Nous évoquions il y a peu l’étrange décision du préfet du Morbihan : l’interdiction de la vente d’alcool à emporter pour lutter contre les violences intrafamiliales.  «Force est de constater que le duo alcool-confinement font mauvais ménage», soulignait Patrice Faure dans une vidéo postée sur Youtube, évoquant des violences intrafamiliales en hausse de «30% en quelques jours». «Les très nombreuses interventions des forces de l’ordre se font quasi systématiquement sur fond d’alcool. Ce n’est évidemment pas supportable, d’abord pour les victimes mais aussi pour la société.»

Conséquence : interdiction dans l’ensemble du département de la vente d’alcool à emporter – «autre que le vin et la bière». Une mesure, écrivions-nous, qui semblait reposer sur le postulat que les violences familiales sont plus le fruit des alcools obtenus par distillation que par simple fermentation.

L’affaire est reprise aujourd’hui par l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)  : « Alcool et violence dans le Morbihan : Une décision baroque ». « Le préfet du Morbihan vient de prendre une décision plus surprenante en interdisant la vente uniquement pour les spiritueux, explique l’ANPAA. Cette décision baroque est assez incompréhensible. Par cette décision, le préfet suppose que les violences sont uniquement (ou principalement) dues à la consommation de spiritueux (whisky, vodka, apéritifs anisés…). En réalité, rien ne démontre cette hypothèse, et rien n’interdira aux buveurs de spiritueux de passer au vin ou à la bière avec les mêmes effets. »

Distillation versus fermentation

Et cette association de rappeler que ce n’est pas le type de boisson alcoolique qui compte mais la quantité d’alcool consommée, qu’un demi de bière, un verre de vin ou une dose de whisky contiennent la même quantité d’alcool pur et provoquent les mêmes effets.

« Il serait intéressant de savoir si le préfet a prévu une évaluation de sa mesure, ajoute l’ANPAA. Car on ne peut s’empêcher de penser que cette décision, sans fondement scientifique, est en fait davantage dictée par le sens de la communication que par la recherche d’efficacité. Il aurait pu en revanche interdire la livraison de boissons alcooliques à domicile, plus efficace pour freiner la consommation. »

Trois questions. Le préfet a-t-il ou non mis en place une procédure d’évaluation des effets de sa baroque interdiction ? La consommation des fruits spiritueux de la distillation est-elle plus dangereuse que ceux issus de la simple fermentation ? Et pourquoi une telle décision ne concerne-t-elle que ce département breton ?

A demain @jynau

Alcool, violences et confinement: la bien étrange interdiction prise par le préfet du Morbihan

Bonjour

17/04/2020. L’illusion de l’interdiction. C’était il y a quelques semaines. Le préfet de l’Aisne prenait la décision d’interdire toute vente d’alcool à emporter. Pour « éviter les troubles et les violences notamment intra-familiales ». « A part promouvoir, dans ce département, la distillation au domicile et surcharger les urgences et services hospitalier pour delirium tremens, je ne vois guère l’intérêt de cette mesure préfectorale » commente le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions.

« Cette décision, qui part de l’affichage d’une bonne intention, n’est pourtant pas aussi pertinente qu’on pourrait le penser a priori, explique l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (ANPAA). En effet, si l’alcool est souvent impliqué dans la survenue de violences familiales, comme facteur favorisant ou causal, cela ne saurait justifier l’interdiction totale à l’ensemble d’une population. »  

Les arguments, ici, sont multiples. « Il est hors de question de minimiser le rôle de l’alcool dans les violences intra-familiales, mais la décision du préfet de l’Aisne n’apporte pas de véritable solution et crée de nombreux autres problèmes qui n’ont manifestement pas été pris en compte, observait alors, fort justement, l’ANPAA La maîtrise des risques, plutôt que la prohibition qui a démontré son inefficacité, paraît plus nécessaire que jamais. »

Le préfet de l’Aisne avait vite compris son erreur et annulé son arrêté.

Nous sommes le 17 avril et nous apprenons que le préfet du Morbihan, Patrice Faure, vient d’annoncer l’interdiction de la vente d’alcool à emporter (hors bière et vin – sic)pour lutter contre les violences intrafamiliales.  «Force est de constater que le duo alcool-confinement font mauvais ménage», souligne Patrice Faure dans une vidéo postée sur Youtube, évoquant des violences intrafamiliales en hausse de «30% en quelques jours». «Les très nombreuses interventions des forces de l’ordre se font quasi systématiquement sur fond d’alcool. Ce n’est évidemment pas supportable, d’abord pour les victimes mais aussi pour la société.»

Le préfet annonce donc l’interdiction à compter de ce jour de la vente d’alcool à emporter «autre que le vin et la bière» dans le département breton. «Il en va de l’intérêt des individus et des familles.» On appréciera comme il se doit le souci de laisser, dans ce département breton, le vin et la bière dans les rayons. Une mesure qui repose semble-t-il sur le postulat que les violences familiales sont plus le fruit des alcools obtenus par distillation que par simple fermentation. On attend la démonstration des vertus de son interdiction.

A demain @jynau

Confinement, alcool et violences familiales : non, l’Etat ne doit surtout pas interdire la vente

Bonjour

25/03/2020. Voilà le parfait exemple la fausse « bonne idée ». Le préfet de l’Aisne a pris la décision d’interdire toute vente d’alcool à emporter en cette période de confinement généralisé. Ce pour « éviter les troubles et les violences notamment intra-familiales ». « A part promouvoir, dans ce département, la distillation au domicile et surcharger les urgences et services hospitalier pour delirium tremens, je ne vois guère l’intérêt de cette mesure préfectorale » commente le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions.

« Cette décision, qui part de l’affichage d’une bonne intention, n’est pourtant pas aussi pertinente qu’on pourrait le penser a priori, explique l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (ANPAA). En effet, si l’alcool est souvent impliqué dans la survenue de violences familiales, comme facteur favorisant ou causal, cela ne saurait justifier l’interdiction totale à l’ensemble d’une population. » Et ce pour cinq raisons majeures :

  1. Si le confinement peut exacerber les tensions familiales, et éventuellement les violences, dans certains couples, ce n’est évidemment pas le cas dans la très grande majorité des familles qui vivent cette période avec les difficultés que nous connaissons tous, mais sans verser dans l’agressivité envers son conjoint ou ses enfants.
  2. Certaines familles sont à risque de conflits aigus voire de violence, et le confinement, avec ou sans alcool, peut aggraver ces situations, mais il n’y a rien d’automatique, en tout cas rien de démontré.
  3. La cessation de la vente d’alcool va entraîner chez certains buveurs dépendants des phénomènes de sevrage aigu, pouvant aller jusqu’au delirium tremens, dont les conséquences peuvent être plus sérieuses que le maintien de la consommation, même excessive.
  4. Tous les buveurs dépendants ne sont pas violents et toutes les personnes violentes n’ont pas besoin de l’alcool pour passer à l’acte.
  5. Les buveurs, excessifs ou non, qui ne souhaitent pas arrêter, vont pour une partie aller dans le département voisin, au risque de rompre le confinement et de diffuser le virus, sans compter les éventuelles conséquences sur la sécurité routière si l’on commence à consommer sur le parking du supermarché avant de reprendre le volant, ou sur le trajet du retour au domicile. L’interdiction va avoir une incidence sur les personnes qui, même en cette période de confinement, respectent les repères de consommation et qui n’ont pas envie de se priver du plaisir indéniable que l’alcool peut procurer.

« Il est hors de question de minimiser le rôle de l’alcool dans les violences intra-familiales, mais la décision du préfet de l’Aisne n’apporte pas de véritable solution et crée de nombreux autres problèmes qui n’ont manifestement pas été pris en compte, observe fort justement l’ANPAA La maîtrise des risques, plutôt que la prohibition qui a démontré son inefficacité, paraît plus nécessaire que jamais. »

Il faut aussi, face à cette question majeure, prendre connaissance de la réflexion majeure menée par la Fédération Addiction sur le thème : « Usages et addictions en temps de confinement  » 1. Nous en publions des extraits ci-dessous :

«  En ces temps de confinement, la question des usages de substances se pose de façon accrue pour tout un chacun. On peut distinguer trois publics qui nécessitent chacun des postures et actions spécifiques .

« Pour les personnes malades : L’addiction est un enfermement, une prison dont les personnes peinent à s’extraire alors même que leur vie en devient impossible. On a longtemps cru les aider à en les enfermant dans des hôpitaux ou des asiles mais ça n’a pas marché… Le présent nous frappe.  Pour les millions de Français dépendants de substances, légales ou non, le confinement pose avec une nouvelle acuité l’éternel problème de gérer une dépendance dans un contexte de crainte de pénurie. La réponse peut paraitre simple : il suffit d’arrêter. Cette idée, illustrée par quelques réactions s’étonnant de voir l’accès au tabac et à l’alcool préservés alors qu’il est si difficile de trouver des masques, des gels HA et parfois même des produits de première nécessité, réactive le mythe du « ce n’est qu’une histoire de volonté » et de la prohibition comme solution. Le confinement en deviendrait l’instrument, une sorte d’abstinence obligée grâce à une claustration salvatrice. Or c’est l’inverse qui nous semble être nécessaire : il faut assurer une garantie absolue d’approvisionnement en produits de dépendance, pour pouvoir ensuite aider ceux qui le souhaiteront à réduire ou à arrêter.

« Cela repose sur un constat pragmatique : l’angoisse cardinale de l’addict est celle du manque. Et l’angoisse, le stress sont les moteurs essentiels du besoin irrépressible de consommer, du « craving ». Cette situation d’angoisse du manque est donc non seulement à calmer en soi pour apaiser le patient mais aussi pour réduire l’intensité du craving et donc les risques de débordements, d’agressivité, de troubles du comportement, de violences, de prises de risques, d’overdoses, etc.

« Nous avons donc approuvé sans réserve la poursuite de l’approvisionnement en tabac et en boissons alcoolisées, et regretté de n’être pas plus avancés sur une régulation du cannabis. Mais s’il faut garantir l’accès, il est tout aussi important d’accentuer et de garantir l’accès aux différentes aides : nous avons demandé et soutenu la réouverture des boutiques de « vape », tout en les invitant à organiser un accueil sécure des usagers, et avons demandé l’extension des dispositions de l’arrêté du 14/03/20 sur les traitements chroniques, aux Traitements de Substitution aux Opaciés (TSO) et même aux stupéfiants prescrits de manière chronique (Skenan, Ritaline…). Cela a été entendu rapidement et intégré dans le nouvel arrêté du 20/03 pour les TSO !

« Les accompagnements thérapeutiques ont été proposés sous forme de consultation téléphonique et autres supports virtuels. Souvent improvisés, ils ont immédiatement reçu un accueil favorable de patients dont l’angoisse est d’autant plus pesante que le confinement leur impose parfois une promiscuité des contextes familiaux problématiques. Et les questions sociales, notamment de perte de revenus, sont aussi traitées sur ce mode, en lien avec les administrations concernées. (…)

« Pour les personnes cumulant situation de précarité et addictions Le confinement des sans-abris ne déroge pas à ces principes : si l’on veut qu’ils intègrent les « Centres d’hébergement spécialisés » dits de « desserrement », il faut leur garantir l’approvisionnement en tabac, alcool, benzodiazépines, TSO, etc. C’est une condition sine qua non pour qu’ils acceptent d’y entrer et d’y rester et pour que les troubles du comportement soient limités. Cette approche de Réductions des Risques (RDR) pourra aider certains à souhaiter aller plus loin et à « décrocher ». Là encore, les retours de cette première semaine de confinement vont dans ce sens dans des Centres de Soins d’Accompagnement et de Préventions des Addictions (CSAPA) résidentiels réalisation un accompagnement RDR alcool (Ferme Merlet du CEID en Aquitaine, par ex.) : les niveaux de consommation d’alcool baissent, malgré le stress, parce que beaucoup de résidents confinés se disent que c’est l’occasion ou jamais d’arrêter. Et ils le pensent d’autant plus qu’on ne leur demande pas de le faire.

« Pour les personnes cumulant situation de précarité et addictions. Le confinement des sans-abris ne déroge pas à ces principes : si l’on veut qu’ils intègrent les « Centres d’hébergement spécialisés » dits de « desserrement », il faut leur garantir l’approvisionnement en tabac, alcool, benzodiazépines, TSO, etc. C’est une condition sine qua non pour qu’ils acceptent d’y entrer et d’y rester et pour que les troubles du comportement soient limités. Cette approche de Réductions des Risques (RDR) pourra aider certains à souhaiter aller plus loin et à « décrocher ». Là encore, les retours de cette première semaine de confinement vont dans ce sens dans des Centres de Soins d’Accompagnement et de Préventions des Addictions (CSAPA) résidentiels réalisation un accompagnement RDR alcool (Ferme Merlet du CEID en Aquitaine, par ex.) : les niveaux de consommation d’alcool baissent, malgré le stress, parce que beaucoup de résidents confinés se disent que c’est l’occasion ou jamais d’arrêter. Et ils le pensent d’autant plus qu’on ne leur demande pas de le faire.

Pour les personnes confrontées aux stress et angoisses du confinement Enfin, nous avons aussi le souci d’utiliser en population générale les acquis du Dry January pour aider à ne pas trop « consommer », dans un contexte anxiogène pour tout un chacun : les acquis de ce premier DJ aident à ne pas faire passer la lutte contre l’angoisse par les seuls e-apéro, à utiliser les groupes sur internet, comme aussi pour le tabac « Jenefumeplus » et autres Tabac InfoService, réactiver les stratégies apprises pour gérer ses moments sensibles. Sans donner de leçons ni stigmatiser, c’est une excellente occasion de réfléchir aux effets de la démesure humaine dans la crise actuelle et de ne pas persévérer dans l’erreur, en réapprenant la maîtrise de soi, l’écoute des émotions, notamment dans ces fins de journées, après ces stress d’un quotidien menaçant. »

A l’heure où nous écrivons ces lignes nous apprenons que le préfet de l’Aisne a finalement renoncé à sa décision d’interdire toute vente d’alcool à emporter. On le remerciera pour avoir, à son corps défendant, alimenté cette somme de réflexions sur le confinement imposé et l’esclavage des addictions.

A demain @jynau

1 Jean Michel Delile, Psychiatre, Président de la Fédération Addiction Jean Pierre Couteron, Psychologue, Porte-parole de la Fédération Addiction Christian Andréo, directeur Addixio, animateur réseaux sociaux dryjanuary

«Licence IV»: le gouvernement va créer dix mille sites de consommation de boissons alcooliques

Bonjour

On attend (avec le plus vif intérêt) la réaction d’Olivier Véran, nouveau ministre des Solidarités et de la Santé. Edouard Philippe, Premier ministre entend « revitaliser » les déserts territoriaux français. A cette fin il vien d’annoncer   qu’il allait distribuer gratuitement 10 000 « Licence IV » pour les petites communes de moins de 3 500 habitants.

La licence IV est, dans la réglementation française, une autorisation créée le 24 septembre 1941 sous le régime de Vichy, pour les débits de boisson souhaitant vendre à consommer sur place les boissons de tous les groupes. La création de cette licence était jusqu’à peu interdite. Le seul moyen d’en obtenir consistait à l’acquérir, soit directement sur la commune concernée par le futur débit, soit sur une commune de la même région. Son prix varie en fonction de l’offre et de la demande sur la région ou la commune concernée. 

« Edouard Philippe veut permettre la création de 10 000 bistrots dans les campagnes » résume, en Bretagne, Le Télégramme :

« Edouard Philippe a choisi un café-restaurant, « Le P’tit campagnard », à Girancourt, dans les Vosges. Pas par hasard. D’abord, parce qu’il s’agit d’un établissement rural, situé à 15 minutes d’Epinal, qui était en vente depuis trois ans et qui risquait de disparaître. Et ensuite, parce que ce fameux café-restaurant est l’un des bénéficiaires de la seconde initiative du gouvernement : l’opération 1 000 cafés portée par le groupe d’économie sociale et solidaire SOS. En Bretagne, deux communes ont également été retenues : Guilligomarc’h (29) et Sains (35). »

Bistrots versus soignants

« Là où nous attendons des soignants, du service public de qualité, de l’emploi, de l’aide à la personne, nous aurons donc des bistrots ! Cette décision, qui ravira certainement le lobby alcoolier, envoie un message désastreux sur le plan de la santé publique. Car toutes les études démontrent que le niveau d’alcoolisation d’un pays est directement lié à l’offre et à l’accessibilité en boissons alcooliques. »

Alors que le succès du Défi de janvier/Dry January à la française a montré la prise de conscience de la population quant au risque alcool, le gouvernement a décidé de l’accroitre en incitant les gens à boire davantage sous prétexte de convivialité. Nul doute que les conséquences se feront sentir mécaniquement, de façon immédiate, sur le niveau des ivresses, le nombre d’accidents de la route dans ces zones où la voiture est souvent le seul moyen de locomotion, et à long terme sur les maladies, dont de nombreux cancers.

Un gouvernement en mal d’imagination pour revitaliser les zones rurales qui ne propose en dernier recours que l’alcool, synonyme dans ce cas de désespérance et d’aggravation des inégalités sociales de santé, et à terme de morts, de maladies, de handicaps et de violence. On pouvait souhaiter un meilleur départ au nouveau ministre de la Santé. »

« Convaincre , un peu ivre, son voisin que l’alcool est bon pour la santé. »

On peut aussi élargir la focale politique et addictologique. Comme le Dr William Lowenstein, président de SOS Addiction  qui rapproche cette annonce d’un papier du Monde citant une redoutable étude française (« Prescription Opioid Retail Sales and Socioeconomic Conditions in France »)  établissant un lien entre consommation d’antalgiques majeurs et pauvreté :

« La désertification s’imbrique avec la pauvreté. Retisser un réseau social, digne et protecteur, sans alcool et sans opioïdes, est-il possible pour « les pauvres »?  Notamment ds les campagnes françaises ? La question devrait même s’étendre au cannabis, dont la culture pourrait relancer quelques départements en difficulté.

Le gouvernement a tranché, sociologiquement sûr de sa recette. Comme d’habitude, la prévention des conduites addictives, ne saurait être une priorité. Une licence IV pour faire revivre les déserts français, qu’en penserait Saint-Exupery : « j’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence. » ?

 Demain, on s’assiéra au bar, on entendra une chaîne d’info en continu au dessus des verres, on grattera des jeux dits de hasard et on pourra s’abreuver pour vivre ensemble, et parfois convaincre , un peu ivre, son voisin que l’alcool est bon pour la santé. »

On attend (avec le plus vif intérêt) la lecture d’Olivier Véran, nouveau ministre des Solidarités et de la Santé

A demain @jynau

NB Négrita®. Territoires désertifiés ou pas, les ondes radiophoniques diffusent depuis peu, à la veille des fêtes de Mardi-Gras (25 février) de lourdes incitations publicitaires à user de cette boisson lors l’élaboration de crêpes, beignets et autres gourmandises sucrées. Le site de la marque précise : « Petit-déjeuner, déjeuner, goûter, salée, sucrée, hivernale ou encore estivale : découvrez toutes les occasions pour réaliser des recettes avec le rhum Négrita! »

Débat politique : MM Christophe Castaner et Olivier Faure se font la guerre sur France Inter

Bonjour

19 février 2020. Jusqu’où descendra-t-on sous la ligne de flottaison ? Les citoyens-auditeurs de France Inter ont, ce matin, dressé l’oreille à la fin de l’échange entre les journalistes et Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur. Tout avait été presque parfait : le ministre expliquait ce qu’avait dit la veille le Président sur les mosquées, l’islam, la laïcité menacée …. Colères et menaces rentrées… Puis, soudain, la fin, explosive, quand on aborda l’affaire Griveaux des vidéos-intimes-à-caractère-sexuel-mises-sur-les-réseaux-sociaux. Politique et morale, morale personnelle et vie publique, intimité et liberté … Erreur ou faute …  Et puis, soudain, cette sortie ministérielle concernant Olivier Faure, premier secrétaire du Part socialiste :

 « Les politiques doivent rester des femmes et des hommes, sinon ils se coupent de la réalité. Je suis un père de famile. (…) J’ai été surpris d’entendre à votre micro Olivier Faure, que je connais bien et que j’ai accompagné dans ses divorces, dans ses séparations … J’ai été assez étonné de ses leçons de morale. ».

Rappel, sur cette même antenne, début février, M. Faure s’était tristement illustré en comparant certains de ses anciens amis politiques socialistes à des « alcooliques anonymes ». Ce n’est pas cette comparaison qui avait semble-t-il heurté l’actuel ministre de l’Intérieur. Mais celle-ci, au même micro matinal, le 17 février, à propos de la vidéo de l’ancien candidat à la mairie de Paris :

« Quand vous êtes un décideur public, un ministre, vous devez prendre toutes les précautions d’usage, pour ne jamais être à portée des maîtres chanteurs. Imaginez une vidéo qui ne serait pas diffusée, et un maître chanteur qui en permanence revient vous voir pour vous faire prendre des décisions sous menace de la diffuser. Il ne faut jamais se rendre vulnérable. »  

Rancœur et ligne de flottaison

Olivier Faure avait alors précisé toutefois qu’il ne souhaiterait pas une telle mésaventure « à son pire ennemi ». Et aussitôt, ce matin, M. Faure de convoquer une conférence de presse pour réagir à la saillie de Christophe Castaner. « L’affaire est trop grave », fait-on remarquer au cabinet du premier secrétaire du Parti socialiste. « Le député de Seine-et-Marne estime qu’une attaque sur la vie privée d’un opposant mérite une riposte et veut ainsi rappeler solennellement quelques principes du débat public » rapporte Le Monde (Sylvia Zappi). Et notre consœur de se souvenir :

« MM. Castaner et Faure se connaissent bien. Avec Benoît Hamon, ils ont tous les deux fait leurs classes chez les jeunes rocardiens et sont restés longtemps proches au sein du PS. Membres des mêmes courants et partageant la même approche sociale-démocrate. Jusqu’à ce que le maire de Forcalquier rompe avec le PS et rejoigne le mouvement En marche d’Emmanuel Macron. Depuis, la rancœur s’est installée. »

Christophe Castaner avait été ciblé par M. Faure après le « moment de détente » que le ministre de l’Intérieur s’était octroyé dans une boîte de nuit parisienne en mars 2019, en plein mouvement des « gilets jaunes ». « Quand on est ministre de l’intérieur, on est 24 heures sur 24 au service de la République. Imaginez qu’à l’heure où il était en boîte de nuit, il y ait eu un attentat. Imaginez qu’on l’ait retrouvé à moitié saoul. Il y a quand même une dignité à assumer jour et nuit », avait-il déclaré.

Aujourd’hui M. Castaner rappelle qu’il a passé la dernière nuit de la Saint-Sylvestre avec les gendarmes, les pompiers et les policiers. Depuis quelques heures de nombreuses personnalités ont critiqué les propos de Christophe Castaner. « Ministre de l’intérieur de la cour de recréation. Franchement, on savait que ça volait pas très haut, mais là on atteint un niveau… », a tweeté Raphaël Glucksmann, député européen élu apparenté PS. « On savait que c’était un mauvais ministre, c’est aussi un mauvais pote ! Et puis sur la morale d’un autre siècle », a enchaîné Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine.

Jusqu’à la droite où la saillie a choqué. Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.

 « Olivier Faure a rappelé une évidence : Benjamin Griveaux a manqué de prudence et a commis une faute. En attaquant Olivier Faure sur sa vie privée, Christophe Castaner fait la preuve de la bassesse dont est capable ce pouvoir qui dégrade chaque jour davantage le climat politique ».

Pour sa part Olivier Faure a tenu une conférence presse le même jour à l’Assemblée nationale. «Christophe Castaner a commis une faute grave, a-t-il dénoncé. Dès lors, il appartient au président de la République, garant de nos institutions, de convoquer le ministre de l’Intérieur dans les meilleurs délais et d’en tirer les conséquences.»

Est-ce une nouvelle menace ? Qui nous dira où se situe la ligne de flottaison ? Et qui, le moment venu, écopera ?

A demain @jynau

Le Défi de Janvier a-t-il vraiment été un succès? Demain ce sera un n-Ricard®, sinon rien !

Bonjour

« Succès indéniable », « Une initiative porteuse d’espoir », « réussite incontestable ». Citées par Le Quotidien du Médecin (Damien Coulomb), les associations et sociétés savantes ne tarissent pas d’éloge pour qualifier le résultat de la mobilisation lors de leur « Défi de Janvier ».

Sur le site dédié , 8 734 participants se sont inscrits. Et la page Facebook et le compte twitter comptabilisent respectivement 3 227 et 3 088. C’est, à dire vrai, bien maigre. « Ces chiffres ne représentent pas le centième du nombre de personnes qui ont fait le Dry January » veut croire le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions.

Se rassurer face à l’adversité ? La Fédération française d’addictologie (FFA), l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) et le Fonds Actions Addiction citent le sondage YouGov du 29 janvier, selon lequel 61 % de la population a entendu parler de l’opération. Et ce en dépit de « l’absence de soutien (euphémisme) d’Agnès Buzyn, du gouvernement, du Premier minisstre sans oublier, last but not least, notre président de la République.

« Baies de genièvre distillées séparément mais sans alcool »

Selon ce sondage, 24 % des 1 007 adultes interrogés, déclarent avoir relevé Le Défi de Janvier : 16 % ont tenté de réduire leur consommation d’alcool, et 8 % ont tenté de ne pas boire du tout pendant tout le mois de janvier. Dans deux tiers des cas, ceux qui relèvent le défi le font pour diminuer leur consommation d’alcool, et dans un tiers des cas, pour ne pas boire du tout en janvier. Pour 43 % des sondés, l’État n’aurait pas dû abandonner le projet. Les participants sont plutôt des hommes jeunes (22,3 % contre 12,7 % de la population nationale) et habitent dans une grande ville (38,9 % contre 27 % de la population nationale).

Ces données doivent être confirmées par une enquête menée par Santé Publique France dont les résultats sont attendus en juin prochain. L’affaire ne manque pas de sel : Santé Publique France aurait dû organiser cette opération et qui l’a subitement abandonnée sans jamais expliquer pourquoi. Les associations citées plus haut parlent ici de bad buzz qui leur aurait, finalement, profité. Croire celui qui peut croire.

L’espoir ? On peut le trouver dans les pages glacées du dernier (23929) supplément heddomadaire de L’Equipe, rayon publicités masquées. Encart signé Ricard® ; « Place au ‘’Spirit-Free’’ ». On y apprend que Pernod-Ricard « se met à la page » en lançant Ceder’s® :un « gin non alcoolique », une boisson élaborée à base de baies de genièvre et de plantes exotiques d’Afrique du Sud distillées séparément mais sans alcool (sic). « L’occasion de varier les plaisirs sans rien renier au goût » promet le géant mondial des boissons alcoolisées industrielles (par ailleurs « créateur de convivialités »). A consommer avec un Tonic premium type Fever Tree. »

C’est fait, nous disent ses publicités : « Ricard® a succombé au ‘’sans alcool’’ » 1. Pourquoi ne pas lui demander, avec l’accord du président de la République, de soutenir le prochain « Dry January » français, celui de 2021 ?

A demain @jynau

1 Sur ce thème : Le «Dry January» profite aussi aux entreprises de boissons (Nina Pareja) Slate.fr 11 janvier 2020 

Après l’injure socialiste faite aux alcooliques : William Lowenstein réplique à Olivier Faure

Bonjour

Nous publions ci-dessous le texte que nous adressé le Dr William Lowenstein, interniste et addictologue, président de SOS Addictions en réponse aux propos tenus sur France Inter par Olivier Faure, Premier Secrétaire du Part Socialiste, sur les « alccoliques anobymes ».

« Les mois se suivent et tristement se ressemblent, en France, quant à  notre retard culturel dans le champ de la Santé des Addictions. Nous avions eu le veto présidentiel du Dry January – sous pression du lobby alcoolier. Nous avons, en ce premier dimanche de février,  sous pression médiatique, le mépris du Secrétaire Général du Parti Socialiste (ou de ce qui reste de ce dernier) envers celles et ceux qui aident les personnes confrontées à cette maladie qu’est la dépendance à l’alcool. 

« Bonjour, je m’appelle Olivier, j’ai vécu mon enfance à La Réunion et pourtant je ne connais rien au SAF (syndrome d’alcoolisation fœtale) qui y sévit et dont les connaissances des méfaits tardifs sont largement encore sous-estimés…. »  aurait pu aujourd’hui déclarer Mr Olivier Faure sur l’antenne de France Inter.

Nullement. Mr. Faure a préféré traiter deux ministres d’« alcooliques anonymes »… ! Comment peut-on l’interpréter ? Faut-il voir là un symptôme de connaissances assez limitées ? Un déficit empathique et de respect compassionnel envers les citoyens que le Premier Secrétaire du Part Socialiste prétend vouloir éclairer, faute de pouvoir les gouverner ? 

« Un conseil Mr Faure, relisez (je ne doute pas que vous l’ayez déjà lu) Joseph Kessel en général – et tout particulièrement son « Avec les Alcooliques Anonymes » (Gallimard, Folio). Vous y comprendrez sans doute que la fraternité et l’égalité valent toujours infiniment mieux, en démocratie, que l’injure et les sales marécages d’un humour vaseux ».

A demain @jynau

Pourquoi cette injure faite aux alcooliques par le Premier Secrétaire du Parti socialiste ?

Bonjour

Qui connaît Olivier Faure ? Passionné de bandes dessinées, né au lendemain de la révolution française de 1968, il est aujourd’hui à la tête du Parti socialiste. Père français agent des impôts, mère vietnamienne qui exerce la profession d’infirmière. Après une enfance débutée sur l’île de la Réunion (sic), il grandit en métropole où il poursuit ses études. Ancien élève du lycée Pothier d’Orléans, titulaire d’un DEA en droit économique et d’un autre en sciences politiques.

Parcours classique d’apparatchik entamé à l’âge de 16 ans. Adhère au PS, milite à l’UNEF, colocataire estudiantin avec Benoît Hamon. A 23 ans, devient secrétaire général des jeunes rocardiens succédant à Manuel Valls. Successivement conseiller de Martine Aubry au ministère de l’Emploi, directeur adjoint du cabinet de François Hollande, rejoint Jean-Marc Ayrault et devient secrétaire général du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. On imagine alors la suite. Vint la déroute que l’on sait.

2 février 2020. Olivier Faure est l’invité de France Inter (Questions politiques). La voix n’est pas désagrable. Le propos politicien est raisonnable dans les limites de la social-démocratie. Détestation de l’extrême-droite. Possibles ententes avec l’extrême-gauche de Jean-Luc. Regrets des trahisons de ceux qui se cachaient dans son camp avant de faite leur « outing libéral » en marchant derrière un Emmanuel Macron bientôt triomphant.

Les traîtres, précisément. On parle désormais d’une « aile gauche de la majorité intitulée ‘’Territoire de Progrès’’». N’est-il pas toujours proche d’un Jean-Yves Le Drian en dépit de sa trahison ? C’est alors que le Premier Secrétaire ne se retient plus : « alcooliques anonymes ! ». Les journalistes (Ali Baddou et Yaël Goosz, France Inter, Françoise Fressoz, Le Monde, Nathalie Saint-Cricq, France Télévisions) flairent les reprises sur les réseaux sociaux, ils veulent, mordicus, la confirmation :

« Alcooliques anonymes, vraiment ? 

Et bien oui, quand je vois ce groupe se réunir après la gueule de bois, oui cela me donne le sentiment d’alcooliques anonymes …

Il y a deux ministres et vous dites alcooliques anonymes … ?

Et bien oui, cela donne ce sentiment d’être confronté à un club d’alcooliques anonymes qui, au petit matin se retrouve après la gueuele de bois et se disent ‘’Bonjour le m’appelle Jean …et volà j’ai découvert que j’ai trahi la Gauche … et c’est pas facile (…) .»

Que répondra le breton Le Drian au jeune cacique ? On peut cerets raisonnablement comprendre la colère d’Olivier Faure devant cette tentative de recaptage d’héritage 1. Pour autant comment lui pardonner l’usage qu’il fait d’un mouvement auquel, à l’évidence, il ne comprend rien pas plus qu’à la pathologie qu’il évoque 2. Un mouvement qui vient depuis des décennies en aide à celles et ceux qui souffrent d’une addiction aux boissons alcooliques. Un mouvement – les Alcooliques anonymes – souvent moqué pour mille et une raisons – à commencer par la peur de l’alcoolisme et de ses enfers 2. Un mouvement importé en France par le grand Joseph Kessel.

Un mouvement dont les responsables peuvent désormais, de même que tous les soignants œuvrant dans le champ de l’addiction alcoolique, demander des comptes associés à des excuses au Premier Secrétaire du Parti Socialiste. Faudrait-il rappeler à ce dernier que l’on ne peut pas rire de tout, ni dire n’importe quoi ?

A demain @jynau

1 Deux ministres macroniens, Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, ont lancé samedi 1er février 2020 à Pantin (Seine-Saint-Denis) avec d’autres ex-socialistes « Territoires de progrès », un mouvement à l’aile gauche de la majorité, en soutien au chef de l’Etat Emmanuel Macron.

Le manifeste affirme que « l’électorat de gauche qui a voté Emmanuel Macron à la présidentielle doit se retrouver pour ne pas laisser le champ libre au seul centre droit au sein de la majorité présidentielle ». « Nous sommes un peuple en jachère qui ne se reconnaît pas dans LREM et qui a envie de soutenir Emmanuel Macron », résume l’ex-député Gilles Savary cité par l’Agence France Presse.

Le mouvement n’accueille pas d’élus LREM et a constaté que « la gauche est la famille politique qui a constitué les deux tiers de l’électorat de Macron », explique encore Gilles Savary, qui ajoute que « dans les années à venir, la base politique LREM de Macron pourrait ne pas être suffisante ». Il ne s’agit pas, précise-t-il, d’être « béni-oui-oui, pour reprendre une expression de Jean-Yves Le Drian, mais de soutenir par conviction et de peser sur les réformes ». 

2 Lire le récent et redoutable « Un détour par l’enfer » d’Erwan Gramand, préface du Dr Laurent Karila, porte parole de SOS Addictions.  erwangramand@gmail.com