Interdite de Dry January, Santé publique France en est réduite à la comptabilité alcoolique

Bonjour

Il y a les merles. Et puis il y a les grives. Faute de jouer pleinement leur rôle sanitaire dans l’opération « Dry January » les salariés de la puissante agence Santé publique France publient des chiffres à l’attention des journalistes. Où l’on remet les pendules à l’heure quant à la place des vins dans l’imprégnation alcoolique de la population française. « Bien que le volume global d’alcool pur consommé en France (11,7 litres par habitant de 15 ans et plus en 20171 ) soit en diminution depuis les années 1960, essentiellement en raison de la baisse de la consommation quotidienne de vin, la France reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au sixième rang parmi les trente-quatre pays de l’OCDE »

Chiffres clés sur la consommation d’alcool en France métropolitaine : 23,6% des personnes de 18-75 ans dépassaient les repères de consommation en 2017 · 11,7 litres par an et par personne de 15 ans et plus · 41 000 décès attribuables à l’alcool par an, dont 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes · 16 000 décès par cancer et 9 900 décès par maladie cardiovasculaire chaque année · 87% des 18-75 ans consomment de l’alcool au moins une fois par an · 26% des 65-75 ans déclarent une consommation quotidienne d’alcool · 13,4% des 18-24 ans déclarent au moins dix ivresses par an · 10% des 18-75 ans consomment à eux seuls 58% de l’alcool consommé.

Le poids et la publicité des grands alcooliers industriels

Aujourd’hui Santé publique France tente aussi de dresser une « cartographie de la consommation d’alcool en France ». Qui boit quoi et combien (sinon pourquoi) ? Que découvre-t-on que l’on ne connaisse (ou pressente) déjà ?

« La consommation quotidienne d’alcool concerne, selon les régions, 7,1 % à 12,6 % des adultes sachant que la moyenne nationale est de 10,0 %. Elle est significativement moins fréquente en Ile-de-France (7,1 %), Normandie (7,9 %) et Pays de la Loire (8,1 %), ainsi que dans l’ensemble des DROM. Selon le Baromètre Santé 2014, la Guadeloupe (6,9 %), la Guyane (5,2 %), la Martinique (7,0 %) et La Réunion (5,8 %) affichent des prévalences comparables entre elles, et significativement moins élevées que la moyenne de la France métropolitaine. Les régions Hauts-de-France (11,5 %), Nouvelle-Aquitaine (12,3 %) et Occitanie (12,6 %) se distinguent par une consommation quotidienne plus fréquente, etc. etc. etc. »

Elargit la focale ? « Ces données confirment les tendances observées en Europe, nous apprend Santé publique France. Même si les pays européens conservent des caractéristiques culturelles spécifiques, en termes de préférences de consommation comme de pratiques d’alcoolisation (un modèle latin d’usage régulier d’alcool opposé à un modèle nordique et anglo-saxon de consommations moins fréquentes mais plus importantes), les comportements tendent à s’uniformiser depuis quelques décennies en population générale comme parmi les adolescents. » Pourquoi ? Poids des grands alcooliers industriels et de leurs publicité ? Santé publique France se garde bien de nous renseigner.

Maximum dix verres par semaine et danger dès le premier verre

Pour finir un copié-collé et quelques bonnes intentions : « La consommation d’alcool fait partie des principaux déterminants de santé et des trois premières causes de mortalité évitable avec 41 000 décès en 2015. L’alcool constitue donc l’un des axes forts du programme de Santé publique France. L’Agence produit à la fois des données d’observation et de surveillance, et des actions nationales de prévention adaptées aux différents publics. Son programme Alcool répond à l’objectif de réduire la morbi-mortalité associée à la consommation d’alcool en France. »

Rappel : En 2017, le travail d’expertise scientifique mené par Santé publique France et l’Institut National du Cancer a permis d’élaborer de nouveaux repères de consommation à moindre risque : si l’on consomme de l’alcool, maximum 10 verres par semaine, maximum 2 verres par jour, et des jours dans la semaine sans consommation . Ces repères permettent désormais aux Français de faire le choix éclairé d’une consommation à moindre risque pour leur santé, sachant que les risques pour la santé d’une consommation d’alcool existent dès le premier verre.

Comprendra qui le pourra. En sachant que nous sommes nombreux à attendre que la tête de cette agence publique ait le courage de révéler quelles sont les véritables raisons de son absence au Dry January.

A demain @jynau

Bien-être animal: Paris et Berlin ne «broieront» plus des dizaines de millions de poussins mâles

Bonjour

Du bien-être animal, de chaque côté du Rhin. Il est d’étranges, de troublants, communiqués adressés à la presse. Ainsi celui émis aujourd’hui 13 janvier 2020 par les services de Didier Guillaume, ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Il rappelle tout d’abord que le 16 octobre dernier à Toulouse, lors du Conseil des ministres franco-allemand, les deux ministres français et allemande de l’Agriculture et de l’Alimentation se sont engagés à mettre un terme à la pratique de fin du broyage des poussins mâles d’ici fin 2021. Il s’agit ici de développer et de mettre en œuvre des alternatives durables « au devenir d’environ 90 millions de poussins mâles issus des couvoirs qui, faute de pouvoir être élevés sont à l’heure actuelle éliminés en Allemagne et en France ». C’est, ajoutent les deux ministres « un défi majeur pour les filières poules pondeuses » (sic). Suite :

« Afin de mettre rapidement fin à cette pratique inacceptable du point de vue de la protection animale et ainsi de répondre à cette attente forte de la part des consommateurs et des associations de protection animale, les deux ministres ont réuni ce lundi 13 janvier au Ministère de l’Alimentation et de l‘Agriculture à Berlin, les organisations professionnelles avicoles, les organismes de recherche, les entreprises, qui mettent les procédés sur le marché, les instituts techniques, et les associations de protection animale des deux pays.

Bien-être animal

« Le séminaire de Berlin a permis de formaliser un partenariat bilatéral, avec un cadre de travail sur 2020 et 2021 portant à la fois sur la recherche appliquée et l’innovation, et sur les développements industriels. Ainsi, les ministres ont lancé un consortium franco-allemand qui aura pour mission le partage des connaissances scientifiques et la mise en œuvre de méthodes alternatives dans la pratique. Une plate-forme d’échanges sera créée, et des réunions seront organisées alternativement en Allemagne et en France qui permettront de piloter et de suivre les actions engagées. »

Comment procédera-t-on ? Cela ne nous est pas dit. Deux ans de travaux pour ne plus « broyer » des dizaines de millions de poussins mâles. On peut le dire autrement : « l’initiative prise par Julia Klöckner et Didier Guillaume, à Toulouse puis à Berlin, souligne la préoccupation et l’engagement politiques partagés des deux côtés du Rhin d’agir en faveur de la protection animale et de promouvoir un élevage responsable et durable ».

De l’émergence, en somme du jeune concept de bien-être animal.

A demain @jynau

Noël 2019. Haro moral sur les foies gras, insémination artificielle de la femelle panda

Bonjour

Noël et sa crèche. Jésus, Marie, Joseph, le bœuf (qui aurait réchauffé le nouveau-né de son souffle), l’âne (qui a transporté Marie enceinte) et les agneaux des fidèles bergers, premiers informés par les anges.

Noël 2019 dans une France où l’animal (sa place, ses perceptions, son statut) soulève chaque jour de nouvelles questions – à commencer par celle de sa consommation. L’affaire est traitée aujourd’hui dans un « Libé des animaux ». Editorial de Matthieu Ecoiffier :

« Notre événement s’ouvre sur ces «maîtres» qui (mal) traitent leurs animaux de compagnie en les considérant comme des mini-humains. Et propose un petit guide pour éviter de tomber dans la «décanisation» de son chien. Une maltraitance plus light, certes, mais une forme de violence. A l’autre extrémité du spectre, notre enquête met en lumière les dérives de la recherche agronomique qui usine des animaux d’élevage génétiquement modifiés. Jusqu’à créer des porcs ou des poulets qui ne tiennent plus debout.

Face à ces monstruosités, une prise de conscience a lieu, aussi via les réseaux et les vidéos. En mars, le Parti animaliste compte se faire entendre aux municipales. Et nombreux sont ceux qui interrogent leurs propres pratiques. Comme le patron du zoo de Montaigu-la-Brisette. A quoi servent les répliques de grenouilles rares qu’un savant, au milieu des Andes, recrée dans son labo ? Qu’est-ce que pensent les dindes à Noël ? Il n’est pas, en la matière, de réponse toute faite, mais se le demander, c’est déjà sortir de l’illusion anthropocentrique. Car le porc, c’est moi. Les porcs, c’est nous. »

Noël 2019. L’Agence France Presse nous apprend que Huan Huan, la célébrissime femelle panda prêtée à la France par la Chine au Zoo de Beauval (Loir-et-Cher), a été inséminée artificiellement. Cela s’est passé dans la soirée du lundi 23 décembre soir. Une opération décidée après cinq « mises en contact » (sic) manquées avec le mâle Yuan Zi. Une autre insémination pourrait être pratiquée afin de « multiplier les chances » d’obtenir une grossesse, a précisé le chef vétérinaire du zoo, Baptiste Mulot.

Le Monde nous rappelle que le 4 août 2017, Huan Huan (désormais âgée de 11 ans) avait donné naissance à Yuan Meng, premier panda né en France (baptisé par Brigitte Macron) était (déjà) le fruit d’une insémination artificielle. Le jeune mâle, qui doit s’installer en Chine en 2020, a été séparé de sa mère en septembre. Le sevrage et l’indépendance de son premier enfant permettaient à Huan Huan d’être prête pour une nouvelle gestation.

 « Les chaleurs peuvent avoir lieu toute l’année, mais c’est préférentiellement en février et mars. Là, les soigneurs ont constaté des changements dans son comportement , a expliqué M. Mulot. Nous avons procédé à cinq mises en contact, mais il n’y a pas eu d’accouplement réussi. Le mâle manquait d’expérience et n’a pas réussi ». Il faut ici savoir que la période de fertilité ne durant que 48 heures. C’est ainsi que dans le Loir-et-Cher l’équipe du zoo, épaulée par un scientifique chinois, a décidé de procéder à une insémination artificielle. Yuan Zi a été endormi quarante-cinq minutes pour un prélèvement de sperme, avant que Huan Huan ne soit anesthésiée trente minutes pour l’insémination. « Ils se sont réveillés normalement. A priori, cela ne les a pas perturbés », a assuré M. Mulot ; 50 % de chances de succès.

La réussite de l’insémination pratiquée dans la nuit de lundi à mardi ne pourra être évaluée que dans quelques mois : les femelles pandas ont en effet la faculté (rarissime dans le règne animal) d’arrêter le développement du fœtus si elles estiment que la période est « peu favorable ». L’homme parle ici de « diapause ».

Noël 2019. Le Parisien (Émilie Torgemen) se consacre au foie gras (de canard et/ou d’oie). Question : peut-on encore manger un aliment dont l’obtention est jugé barbare par les défenseurs des animaux ? Un délice gustatif qui va bientôt être interdit à New York ? « Entre le gastronome qui se fait une joie de préparer chaque année son foie gras à l’armagnac, et l’ado qui refuse catégoriquement d’en avaler la moindre bouchée, il y a tout un nuancier de Français qui culpabilisent désormais en dégustant leur toast » peut-on lire dans Le Parisien. Qui ajoute toutefois que selon un sondage commandé par le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), près de huit Français sur dix (77 %) prévoient d’en manger (en terrine ou poêlé) pendant les fêtes.

Il faut toutefois compter avec la publication, le 11 décembre, d’une vidéo sur les maltraitances subies par les canards à gaver. « Diffusées par l’association de défense des animaux L214, les images indigestes ont été tournées au domaine de la Peyrousse, en Dordogne dont le foie gras a reçu la médaille d’or au concours général agricole cette année, ne craint pas d’écrire Le Parisien. On y voit notamment des canetons femelles abandonnés dans une benne jusqu’à ce que mort s’ensuive parce qu’on ne conserve que les mâles au foie plus gros et moins innervés. Les tuer est légal à condition de les broyer ou de les gazer immédiatement. L’association a porté plainte pour cette infraction et réclame des « sanctions exemplaires ».

« Les membres de L214 sont des marchands de peur, leur stratégie, c’est le sensationnalisme et la théâtralisation pour interdire l’élevage ! » défend la directrice du Cifog, Marie-Pierre Pé, qui met en cause la véracité des images d’oisons agonisant dans les bacs équarrissage. Il n’en reste pas moins vrai que vingt pays de l’Union européenne ont interdit le « gavage-stéatose » – ainsi que la Flandre et la région de Bruxelles. Seuls quatre le pratiquent encore : France, Espagne, Hongrie, Bulgarie – sans oublier la Wallonie.

Marie-Pierre Pé : « Il ne faut pas tout mélanger, les canards ne sont pas des humains, ils ne souffrent pas quand on les gave, leur gosier est extensible comme des bas en nylon (sic). Les dirigeants de L214 sont des pros de la communication qui font semblant d’ignorer que le sort des canards s’est bien amélioré depuis trente ans. »

Noël 2019. On lira, dans Libé (Catherine Calvet) le dérangeant entretien  avec l’éthologue Fabienne Delfour 1 : «Tous les animaux s’expriment, ont des émotions et même des jugements moraux». Est-ce dire que les animaux jugeraient les humains qui, après une halte devant la crèche, consomment des foies de volatiles gavés ?

A demain @jynau

1 Fabienne Delfour Que pensent les dindes de Noël ? Oser se mettre à la place de l’animal Tana, 252 pp., 18,90 €.

Charcuteries, omissions et autres tromperies : quand un lanceur d’alerte accuse deux experts

Bonjour

Dénoncer les conflits d’intérêt(s). C’est dans le dossier du Journal du Dimanche consacré aux risques sanitaires inhérents aux charcuteries industrielles.On peut y découvrir  : « Danger de la charcuterie : des experts au secours de l’industrie agroalimentaire » (Guillaume Coudray). Guillaume Coudray est diplômé de Sciences Po et ancien allocataire de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques. Il est aussi l’auteur d’une enquête sur les nitrites et accuse certains scientifiques de propager le doute. Enquête qui nourrit son ouvrage Cochonneries (La Découverte, 2017),

« Cela fait plus de dix ans que ­j’enquête sur les risques liés aux nitrites dans la charcuterie, écrit-il.  J’ai vu plusieurs experts mettre en doute les connaissances scientifiques. Ce sont souvent les mêmes qui propagent ces théories contestables, et tous ont des liens d’intérêt avec l’industrie agroalimentaire. »

Il précise que le 2 décembre, par exemple, Le Quotidien du médecin a publié une tribune de Jean-Michel Lecerf titrée « Une consommation modérée est compatible avec une nutrition équilibrée ». Et il ajoute que feux jours plus tard, une vidéo de ce même médecin était mise en ligne sur le site de la Fédération professionnelle, représentative des industries charcutières, traiteurs et transformatrices de viandes (FICT). « À chaque fois, il est précisé que Lecerf est le chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille 1 mais pas qu’il a été consultant pour la FICT » souligne-t-il.

Ne pas hésiter à tricher avec la science ?

Selon lui le fond du propos pose également question. « Dans Le Quotidien du ­Médecin, le nutritionniste disserte sur le risque lié à la consommation de viande rouge, moins élevé que celui lié à la charcuterie, écrit-il encore dans le JDD. C’est un contre-feu habituel pour braquer la lumière sur un sujet moins grave. Dans la vidéo, cet habitué des plateaux de télé affirme que « même les plus gros consommateurs de charcuterie ne consomment que 11% de la DJA, dose journalière admissible ». Il poursuit en expliquant que, pour atteindre 50% de la DJA des nitrites, « il faudrait huit à dix tranches de jambon par jour toute sa vie ». Avant de conclure : « On est dans un niveau de sécurité extrêmement élevé. » » Or on sait très bien que les nitrites ne provoquent jamais directement le cancer. (…) Car, après avoir été injectés dans la viande, ces additifs se décomposent et donnent naissance à des molécules cancérogènes. En évoquant la DJA, Jean-Michel Lecerf parle des nitrites eux-mêmes mais omet de signaler les composés cancérogènes, non pris en compte par celle-ci. »

Le lanceur d’alerte vise aussi autre expert « qui prend souvent la parole pour défendre les nitrites ». Dans le même numéro du Quotidien du Médecin, puis dans une tribune dans Les Échos, Gérard ­Pascal, ­ancien directeur de recherches à l’Inra, n’hésite pas à tricher avec la science en affirmant que le rapport du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2015 la charcuterie dans la catégorie « cancérogène probable pour l’homme ». La vérité, c’est qu’elle fait partie des cancérogènes avérés et qu’il suffit de deux clics sur Internet pour s’en convaincre! Ces tours de prestidigitation ne manquent pas d’audace. »

Prestidigitation ou pas les deux scientifiques consultants pour des entreprises alimentaires auront-ils ou non l’audace de répondre à l’attaque ?

A demain @jynau

1 Le Dr Jean-Michel Lecerf est l’auteur de « La viande, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. » Éditions Buchet Chastel, 2016

Charcuteries industrielles: sommes-nous à la frontière politique d’un scandale sanitaire ?

Bonjour

Pas de trêve des confiseurs. Ainsi Le Journal du Dimanche : « Le jambon tue ». « Charcuterie : révélations sur un scandale sanitaire » (Anne-Laure Barret). Une nouvelle charge médiatiquement amplifiée qui, à la veille de Noël et du Nouvel An alimentera les certitudes des complotistes. L’affaire rebondit aujourd’hui sur deux versants, l’un associatif, l’autre politique. Tout d’abord La Ligue contre le cancer qui « part en guerre contre les nitrites dans la charcuterie ». Ensuite « une mission d’enquête qui va être lancée à l’Assemblée ». Pitch : « Les nitrites, ces additifs chimiques sont soupçonnés d’être responsables de milliers de cancers liés à la consommation de charcuterie ».

C’est ici la suite d’une première tentative législative avortée : celle de Richard Ramos député (MoDem, Loiret) – ancien « chroniqueur gastronomique à la télévision (France 3 Centre Val de Loire) dans laquelle il mettait en valeur de nombreux produits régionaux ». Souvenons-nous, c’était en octobre dernier. L’Assemblée nationale examinait le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Au menu, adopté en commission, un amendement visant à instaurer une taxation sur les additifs nitrés en charcuterie. Un amendement adopté malgré les (étranges) réticences du rapporteur général, le Dr Olivier Véran (LRM, Isère). 

Couleur rosée au jambon

Défendu par le député Ramos ce texte entendait instaurer une taxe de 0,10 centime d’euros par kilogramme sur les produits de charcuterie contenant des additifs nitrés (nitrite, nitrate et/ou sel nitrité). Ces derniers allongent les durées de conservation et donnent une couleur rosée au jambon. Extrait de l’exposé des motifs :

« La charcuterie industrielle est le seul produit alimentaire, avec le poisson salé à la mode cantonaise, classé comme agent cancérigène pour l’homme de niveau 1 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2015. Le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS évalue que « chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ. » Le caractère cancérigène de la charcuterie tient à l’ajout d’additifs nitrés dans les produits de charcuterie (nitrates, nitrites, sel nitrité), alors que ces additifs ne sont pas nécessaires. »

On attendait Agnès Buzyn. Et l’on vit étrangement la ministre des Solidarités et de la Santé juger l’amendement prématuré et inefficace : « Pour l’Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n’y a pas d’association entre l’ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L’effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l’organisme humain est très variable et insuffisamment documentée. »

« Les lobbyistes ont mis LREM au garde-à-vous » avait accusé le député Ramos (dont le parti appartient à la majorité présidentielle). Il avait ensuite déposé un autre amendement visant à obliger les industriels à apposer la mention « contient du sel nitrité » sur les lardons et les rillettes. « Certes, la mention E250 figure sur les produits mais les gens n’y comprennent rien, assurait-il. ‘’Contient du sel nitrité’’, ce sera beaucoup plus clair. » »

Puis avec l’ONG Foodwatch, la Ligue contre le cancer et l’application Yuka vint la pétition intitulée « Stop aux nitrites » (plus de 170.000 signataires). « Quand on a vu l’émoi suscité sur les réseaux sociaux par le rejet de la taxe, on a décidé de ­soutenir le combat du député Ramos, explique au JDD Camille Dorioz, responsable des campagnes chez Foodwatch. L’idée, c’est de transformer un sujet de santé publique en un sujet politique. »

Où l’on retrouve Agnès Buzyn. Le jour du lancement de la pétition, elle a déclaré sur BFMTV : « Je suis un peu troublée que la Ligue contre le cancer, qui normalement s’appuie sur des données scientifiques très robustes, signe ». « Il existe encore un débat scientifique sur le rôle des nitrites dans le cancer. Il y a une suspicion mais il n’y a pas de preuve » estime-t-elle.

Personnalité qualifiée

Robuste réplique d’Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer : « Même si les industriels ont exercé ces dernières semaines une pression intense, il n’y a pas controverse scientifique. Oui, les charcuteries sont cancérogènes, plus que la viande rouge. » « Les nitrites sont les suspects numéro un, assure au JDD Jérôme Santolini, chercheur au CEA-Saclay, responsable de l’équipe Stress Oxydant et Détoxication. On sait depuis les années 1980 que différents types de composés issus de la dégradation des nitrites dans l’organisme sont cancérigènes. L’argument brandi par les défenseurs de la charcuterie, à savoir une confusion entre danger et risque, est une fausse controverse. Ce qui compte, c’est l’exposition d’une ­population à un produit. Il s’agit d’un important problème de santé publique car, dans la vraie vie, nous mangeons tous de la charcuterie. »

En janvier ou février 2020, la Ligue contre le cancer prévoit d’organiser une réunion mêlant scientifiques et fabricants de charcuterie. Agnès Buzyn sera-t-elle invitée en tant que personnalité qualifiée ?  On rappellera qu’en 2009 elle a été nommée membre du conseil d’administration de l’Institut national du cancer (INCa) avant d’en devenir vice-présidente en octobre 2010 puis présidente en 2011. Cette nouvelle fonction la conduisit à présider la délégation française du Centre international de recherche sur le cancer (OMS), organisme dont elle devint vice-présidente en mai 2013. Organisme qui, en 2015, a classé « cancérogène » les viandes transformées (exemples cités par l’OMS : les hot-dogs, le jambon, les saucisses).

A demain @jynau

A suivre : charcuteries et nitrites : un lanceur d’alerte accuse deux experts d’ommission et de tromperie

Peut-on dignement fêter l’Halloween 2019 sans avoir le droit de pouvoir s’alcooliser ?

Bonjour

31 octobre 2019. Halloween n’est plus ce qu’il était. Partout la sécurité sanitaire réduit le plein champ de nos libertés. Ce matin, avant l’aube, c’est une alerte officielle de toxicovigilance « sur les risques de confusion entre les courges alimentaires et les courges toxiques ».

« En effet, à l’approche d’Halloween et en pleine saison des citrouilles, potirons, potimarrons, pâtissons et autres cucurbitacées qui égaient les recettes d’automne, il est important de rappeler que toutes les « courges » ne sont pas comestibles. Certaines courges amères peuvent être à l’origine d’intoxication alimentaire parfois grave. »

Courges sucrées

Amertume nocturne, le même jour, avec la découverte de rideaux commerçants subitement baissés à Tours et dans les communes voisines. Affiché : un arrêté daté du 24 octobre signé de Corinne Orzechewski, Préfète d’Indre-et-Loire. Où l’on comprend que, sur la base de débordements précédents « la vente à emporter, le transport et la consommation sur la voie publique et dans les espaces publics de boissons alcooliques sont interdites du jeudi 31 octobre 17 heures jusqu’au vendredi 1er novembre à 9 heures ».

« Merci la préfète ! Merci Halloween ! » a tagué le client désappointé sur la vitrine d’un caviste réputé qui précise qu’il ouvrira demain à 9 heures sonnantes. On peut comprendre le client. On peut bien évidemment comprendre la préfète. Mais on comprend moins quand cette dernière nous précise que son interdiction « ne s’applique pas aux débits de boissons à consommer sur place légalement installé ainsi qu’à leurs terrasses qui sont considérées comme des extensions du débit de boissons ».

Est-ce dire que les débordements sont différents en fonction de l’origine spatiale des alcoolémies trop élevées ?  Ou que nous sommes ici dans la stricte déclinaison, par l’exécutif déconcentré, du concept de réduction des risques ? Corinne Orzechewski, Préfète d’Indre-et-Loire, ne nous le dit pas. Pour l’heure, dans les rues et avant les courges trop amères, de gentiles et bien polis enfants grimés quêtent des bonbons trop sucrés. S’inquiéter ?

A demain @jynau

Charcuteries : les députés se prononcent pour le «jambon coquillettes» avec ses dérivés nitrés

Bonjour

Hier, 24 octobre 2019, grand banquet à l’Assemblée nationale. Vins « premixés » taxés, feu vert aux bières hyperalcoolisées. Et sur la table du législateur, à deux pas de l’éternelle buvette du Palais Bourbon, restait la question de la taxation ou non du jambon – celui qui est trop rosé pour ne pas contenir des additis nitrés.

Nous sommes toujours dans l’examen projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) Au menu, adopté en commission il y a une semaine, l’amendement visant à instaurer une taxation sur les additifs nitrés en charcuterie. Un amendement adopté malgré les (étranges) réticences du rapporteur général, le Dr Olivier Véran (LRM, Isère). 

Défendu par le député Richard Ramos (MoDem, Loiret) ce texte entendait instaurer une taxe de 0,10 centime d’euros par kilogramme sur les produits de charcuterie contenant des additifs nitrés (nitrite, nitrate et/ou sel nitrité). On sait (ou pas…) que ces derniers allongent les durées de conservation et donnent une couleur rosée au jambon. Et on sait mois (voire pas du tout) que ces additifs mais sont accusés de favoriser les cancers colorectaux. Exposé des motifs :

« La mesure proposée consiste à créer une contribution spécifique frappant les produits de charcuterie contenant des additifs nitrés. Cette contribution s’inscrit dans le cadre du plan national nutrition santé publique qui promeut une alimentation équilibrée comme composante essentielle de la santé publique. La charcuterie industrielle est en effet le seul produit alimentaire, avec le poisson salé à la mode cantonaise, classé comme agent cancérigène pour l’homme de niveau 1 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2015.

Le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS évalue que « chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ. » Le caractère cancérigène de la charcuterie tient à l’ajout d’additifs nitrés dans les produits de charcuterie (nitrates, nitrites, sel nitrité), alors que ces additifs ne sont pas nécessaires.

Le montant de la contribution envisagée, qui s’élève à 0.10 centimes d’euros par kilogramme, vise, en augmentant le prix de ces produits, à dissuader le consommateur et à l’orienter vers des produits similaires mais exempts d’additifs nitrés. Les produits concernés par la contribution sont les produits de charcuterie dans leur ensemble (jambon, saucisson, pâté, rillette…), quel que soit leur circuit de distribution.

Le produit de la contribution est affecté au régime général d’assurance maladie, sur lequel repose le financement des politiques de santé publique. »

Richard Ramos :  « Au-delà de la question du sel nitrité, cet amendement porte sur le bien-manger français ». Il évoque ceux qui avalent un « jambon coquillettes » faute de temps ou de moyens. Et de dénoncer le fait que « 550 députés ont reçu hier de lobbyistes de fausses informations sur la santé ». « Ce vote passera ou ne passera pas, mais il restera sur la conscience des députés », a-t-il tonné, avant que la vice-présidente de l’Assemblée Annie Genevard (LR) lui demande de se calmer. « On ne va pas s’échauffer pour un jambon coquillettes… qui est d’ailleurs très bon », s’est-elle amusée (sic).  On en rit encore à la buvette.

On attendait Agnès Buzyn. « Je ne suis pas soumise à la pression des lobbies de l’alimentation », a assuré la ministre des Solidarités et de la Santé, précisant « ne pas avoir reçu de courrier » (re-sic). Sur le fond, la ministre a jugé l’amendement prématuré et inefficace :

« Pour l’Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n’y a pas d’association entre l’ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L’effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l’organisme humain est très variable et insuffisamment documentée. »

Pour autant la ministre, prudente pour l’avenir, de préciser que des travaux sont en cours, sur le jambon coquillettes, au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

A demain @jynau

1 M. Ramos, Mme Bessot Ballot, Mme Crouzet, M. Prud’homme, M. Philippe Vigier, M. Benoit, M. Potier, M. Balanant, Mme Bannier, M. Barrot, M. Baudu, Mme Benin, M. Berta, M. Bolo, M. Bourlanges, M. Bru, M. Cubertafon, Mme de Sarnez, Mme de Vaucouleurs, Mme Deprez-Audebert, M. Duvergé, Mme El Haïry, Mme Elimas, Mme Essayan, M. Fanget, Mme Florennes, M. Fuchs, M. Garcia, M. Hammouche, M. Isaac-Sibille, Mme Jacquier-Laforge, M. Joncour, M. Lagleize, M. Lainé, M. Laqhila, Mme Lasserre-David, M. Latombe, M. Loiseau, Mme Luquet, M. Mathiasin, M. Mattei, Mme Mette, M. Michel-Kleisbauer, M. Mignola, M. Millienne, M. Pahun, M. Frédéric Petit, Mme Maud Petit, Mme Poueyto, M. Turquois, Mme Vichnievsky et M. Waserman

Voici pourquoi, au temps revenu des châtaignes, mieux vaut ne plus tirer les marrons du feu

Bonjour

La France est un pays riche. On y trouve notamment une Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Une Anses qui trouve les hommes, le temps et l’argent pour nous parler des marrons en automne. Tout ceci pour prévenir les confusion et réduire les risques devant l’âtre.

« Dès le début de l’automne, nous apprend l’Anses en ces temps de vendanges, les confusions de marrons d’Inde, qui poussent et tombent du marronnier, avec des châtaignes que l’on ramasse du châtaignier, sont fréquentes. » Or dans une étude de l’Anses sur les « confusions des plantes » (centres antipoison de 2012 à 2018) les confusions marrons-châtaignes représentaient 11% des confusions (toutes saisons confondues) et étaient les plus fréquentes (du moins après les confusions de plantes à bulbes, 12%).

« En effet, même si on parle couramment de ‘’ marrons’’, de ‘’marrons glacés’’, ou encore de ‘’crème’’ ou ‘’purée de marrons’’, il s’agit en fait d’une variété de grosses châtaignes cultivées pour leur consommation, nous raconte la précieuse Anses.  Si les châtaignes, cultivées ou sauvages, sont comestibles, les marrons d’Inde sont eux toxiques, et peuvent entraîner des troubles digestifs tels que des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, ou des irritations de la gorge…

Soyez vigilants et bonne dégustation !

Mais comment, direz-vous, distinguer les marrons d’Inde des châtaignes ? L’Anses vous répond : observez leur forme, et celle de la « capsule » qui les renferme : celle des châtaignes, appelée « bogue », est brune, hérissée de nombreux et longs piquants, et contient 2 à 3 châtaignes à la fois, plutôt petites, aplaties et triangulaires ; celle des marrons d’Inde est épaisse, verte, pourvue de petits pics espacés et courts, et contient généralement un seul marron, plus gros et arrondi.

Vous êtes en ville ou dans les bois ? Regardez où sont implantés les arbres et comment sont leurs feuilles : les marronniers sont dans les villes, les parcs, les allées et les cours d’école… tandis que les châtaigniers sont dans les bois, les forêts ou les vergers ; les feuilles du marronnier sont composées chacune de plusieurs « petites feuilles » (folioles) de forme ovale, qui donnent à l’ensemble de la feuille un aspect palmé, alors que les feuilles du châtaignier sont simples sans foliole et allongées.

Voici pourquoi, au temps des châtaignes, vous ne devez plus tirer les marrons du feu (possible lecture politique contemporaine). « Soyez vigilants et bonne dégustation ! » nous dit encore l’Anses. Sans oublier, esprit d’escalier : conserver les restes de repas ou une photographie de la récolte pour faciliter l’identification en cas d’intoxication. En cas d’urgence médicale, appeler le 15 ou consulter aux urgences. En cas de signes d’intoxication (troubles digestifs…), appeler un centre antipoison ou consulter un médecin.

A demain @jynau  

Urgent – Listériose: retrait et rappel de produits laitiers d’une célèbre ferme bio alsacienne

Bonjour

C’est un petit coup de tonnerre dans un monde en expansion, paré de toutes les vertus. Un coup de semonce qui frappe une exploitation de renom. Les ministères de la Santé et de l’Agriculture viennent d’annoncer que  sept personnes atteintes de listériose, infectées par la même souche de Listeria, ont été identifiées par le Centre national de référence des Listeria. Une huitième personne pourrait être concernée.

D’ores et déjà les investigations menées par Santé publique France et les services de la Direction générale de l’alimentation ont permis d’identifier l’origine du mal: la consommation de « produits laitiers bio » – puis de faire le lien avec les produits fabriqués par la Ferme DURR (Boofzheim, Bas-Rhin) à la suite d’analyses réalisées sur des prélèvements alimentaires. Ces produits sont commercialisés en vente directe à la Ferme DURR, sur les marchés et en magasins sur tout le territoire français.

La Ferme DURR (FR 67-055-001 CE), en lien avec les autorités sanitaires, procède dès ce 7 septembre au retrait de la vente et à un rappel de tous ses produits laitiers bio de la marque DURR (yaourts nature et aux fruits, crèmes, fromages blancs et fromages) quelle que soit la DLC/DDM – à l’exception, notable, de ses flans. Toute la production de cet établissement est à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre.

Institution alsacienne de renom

Une institution que la « Ferme DURR » qui affiche haut et fort son historique et ses convictions sur « la vraie nature du lait ».

« Depuis plus de trente ans, la Ferme Durr – exploitation agricole de polyculture et élevage – élabore des produits certifiés de l’agriculture biologique, dans le respect des hommes, des animaux et de la terre.

Les techniques agricoles utilisées alliées au savoir-faire issu des techniques traditionnelles, et au plaisir de proposer des produits artisanaux de grande qualité, nous permettent de garantir à nos clients, des produits sains et savoureux.  Produire localement, sainement, des spécialités artisanales souvent abandonnées au profit de productions industrielles, proposer ces produits à des consommateurs avertis pour recréer le lien affectif essentiel, voilà, dès le départ, la ligne de conduite de la Ferme Durr .

« Notre production, enrichie d’une palette de tomes bien typées au lait cru, puis d’un large choix de charcuteries et de viandes emballées issues de notre élevage a permis à l’entreprise de se faire reconnaître rapidement comme référence en agriculture biologique, nous ouvrant les portes du marché bio spécialisé, notamment en région parisienne.

« Les années passant, nous avons élargi notre gamme de produits laitiers avec l’élaboration du probiotic’k décliné sous 2 formes : nature et en bicouche à la confiture.
Il y a deux ans, la production « tartes flambées » est venue se rajouter à notre production. Parallèlement, l’exploitation laitière a quitté ses vieux locaux et les vaches ont inauguré la nouvelle étables avec, pour remplacer la salle de traite, un robot. »

Jusqu’à huit semaines d’incubation

Aujourd’hui les autorités sanitaires nationales « appellent à la vigilance des consommateurs vis-à-vis des produits commercialisés avant la mesure de retrait ». Les personnes qui détiendraient les produits laitiers concernés ne doivent pas les consommer et sont invitées à les rapporter au point de vente où elles les ont achetés.

Les personnes qui en auraient consommé et qui présenteraient de la fièvre, isolée ou accompagnée de maux de tête, et des courbatures sont invitées à consulter leur médecin traitant en lui signalant cette consommation. Des formes graves avec des complications neurologiques et des atteintes maternelles ou fœtales chez la femme enceinte peuvent également parfois survenir. Les femmes enceintes ainsi que les personnes immunodéprimées et les personnes âgées doivent être particulièrement attentives à ces symptômes.

On rappellera que listériose est une maladie qui peut être grave et dont le délai d’incubation peut aller jusqu’à huit semaines.

A demain

Alcoolisme et capitalisme : auriez-vous un jour imaginé vous enivrer à l’« eau alcoolisée » ?

Bonjour

« Hard seltzer ». Il suffisait d’y penser. Entre l’eau de source et l’alcool pur : voici l’ « eau alcoolisée ». Aux antipodes de la ferrugineuse. C’est « la boisson de 2019 » affirme le quotidien américain Washington Post. « The summer of hard seltzer is coming. Here’s how 4 of the top brands stack up » (Maura Judkis). Pas de fûts, d’amphores ou de bouteilles. Pas de millésime, de cépages ou de terroir. L’ivresse facile, à portée de main, sans interrogations organoleptiques. Un breuvage industriel vendu en canette, légèrement gazéifié. L’alcool ? On titre ici entre 4 % et 6 %. Il peut provenir du sucre fermenté ou du malt, précise le site britannique iNews. Résultat : « un goût subtil, et le même genre d’expérience qu’une vodka mélangée à un soda, avec un gros zeste de citron ». Assez proche, en somme, du n’importe quoi mondialisé.

L’objet a été introduit sur le marché en 2013. Et si l’on en croit le magazine Real Simple, elle a rencontré un succès foudroyant aux Etats-Unis, particulièrement ces derniers mois, sous les marques White Claw (qui représente 54 % du marché), Truly, Bon & Viv ou encore Pura. « Son aspect frais et inoffensif séduit ceux qui veulent consommer sain et peu calorique tout en ayant l’ivresse, résume Le Monde qui y consacre un bon billet. En 2018, les ventes ont augmenté d’environ 169 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre près de 487,8 millions de dollars (443 millions d’euros), selon un rapport du groupe Nielsen de janvier. Le marché pourrait même atteindre 2,5 milliards de dollars d’ici à 2021, précisent les analystes d’UBS. Soit « une croissance annuelle de 66 % et un bond de 14 millions de packs à 72 millions en 2021 ».

Ralliement des barbecues estivaux

« Hard Seltzer ». Le breuvage est si populaire qu’il fait désormais l’objet de détournements sur Internet (« mèmes »), notamment sur Instagram. Le comédien américain Trevor Wallace, connu pour ses vidéos loufoques sur Facebook, a ainsi cumulé cet été plus de 150 000 vues et 300 000 commentaires avec une vidéo parodique sur les « gars qui boivent White Claw », inspirant, selon le Washington Post, un « cri de ralliement lors des barbecues estivaux : “Ain’t no laws when you’re drinkin’ Claws, baby” » (« Il n’y a pas de loi quand tu bois du Claw, bébé »).

Forte de son succès sur le marché américain, l’objet liquide s’exporte désormais au Royaume-Uni, rapporte le magazine britannique The Grocer une canette pour 1,70 livre (1,87 euro). « Le fait qu’il soit considéré comme plus haut de gamme que les autres produits d’alcool de malt aide à le vendre comme un produit ambitieux », estime le magazine Eater.

Le capitalisme étant ce qu’il demeure, de nombreuses grandes marques de bière ont adopté l’ « eau alcoolisée » ce type (comme MillerCoors, Sam Adams ou Mark Anthony Co) et d’autres se positionnent sur le marché : Corona a ainsi annoncé que sa marque d’eau alcoolisée « Refresca » serait commercialisée en mai.

Faut-il voir là une simple métamorphose des pré-mix ? Des addictologues, bientôt, nous diront si c’est là une nouvelle porte massivement ouverte sur l’esclavage alcoolique. « Le succès de ce type de boisson n’est pas nouveau, et s’inscrit dans la lignée d’autres boissons sucrées à faible teneur en alcool, souligne encore Le Monde. La différence, cette fois, c’est qu’il réussit à plaire autant aux hommes qu’aux femmes grâce à un packaging non genré. Non genré ? Il fallait le trouver ! Il suffisait d’y penser.

A demain @jynau