Mannequins souffrant d’anorexie : le député Olivier Véran s’attaque à Céline (LVMH)

Bonjour

C’est un combat exemplaire qui commence par un tweet. Celui adressé par le Dr Olivier Véran, neurologue par ailleurs député LREM de l’Isère et rapporteur général de la Commission des affaires sociales. Un tweet représentant un mannequin et adressé à son employeur : la célèbre maison de couture de luxe Céline, 16 rue Vivienne, 75 002 Paris. Une branche en or du géant LVMH. Un tweet adressé en copie à Mme Schiappa, Belloubet et Buzyn, ministres macroniennes.

La photo est celle de Laura Beuger, star de la dernière campagne Resort 2020 photographiée par le directeur artistique de Celine, Hedi Slimane.

Dites, @celineofficial je serais curieux de voir le certificat médical attestant de l’état de santé de cette jeune femme, conformément à la loi que j’ai fait voter contre l’anorexie dans le mannequinat.  Mais c’est quoi que vous n’arrivez pas à saisir, au juste ?

Un politique au pouvoir s’adresser ainsi aux princes et aux princesses de l’empire du luxe ? Brouhaha dans les falbalas. Réplique. Et puis, aujourd’hui ce courrier adressé par le député Véran à Mme Séverine Merle CEO – Céline (son portarit dans Le Figaro Madame)

« À Paris, le 6 décembre 2019,

Madame la directrice générale,

En premier lieu, je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre à mon interpellation. Je lis dans la presse que vous regrettez l’indélicatesse de mon tweet. Je vais donc vous livrer le fond de ma pensée, afin d’éclaircir les choses au-delà des quelques caractères d’un tweet.

Ce qui est indélicat Madame, c’est de mettre sciemment en exergue le corps de la femme dans ce qu’il a de plus fragile. Si vous ne voyez pas dans cette photo une apologie de la maigreur, ce que les anglo saxons appellent « anorexie chic », sachez que les centaines de réactions reçues ces derniers jours attestent que je suis loin d’être minoritaire dans ma perception.

Ce qui est indélicat, c’est de le faire en sachant sciemment que le public qui y est exposé est composé de millions de jeunes femmes qui cherchent, au travers de l’image d’excellence véhiculée à juste titre par votre marque, un modèle pour elles même.

C’est nier l’impact que cela peut avoir sur de jeunes adolescentes en construction. Ce qui est indélicat, c’est de continuer dans cet aveuglement alors même que l’opinion publique désormais très sensibilisée à ces enjeux attend bien autre chose de la part d’une industrie qui est capable, quand elle le veut, de faire rêver.

Au regard de mes engagements sur cette thématique, il serait, enfin, indélicat de résumer ma pensée et ma démarche à la stigmatisation d’une jeune femme alors que c’est vous qui la stigmatisez en l’exposant sous cet angle travaillé en parfaite connaissance de cause.

J’avais reçu dans des conditions analogues le PDG de Zara France à sa demande, qui avait exprimé des regrets suite à une campagne publicitaire qui elle aussi avait pu choquerl’opinion, et avait pris des engagements. Ma porte vous est ouverte à l’Assemblée Nationale. »

La directrice générale de Céline (LVMH) fera-t-elle le chemin (assez court) qui mène de la rue Vivienne à l’Assemblée nationale ? Exprimera-t-elle des regrets ? Comment le gouvernement et le président de la République apprécieront-ils cette initiative ? On attend les précisions que pourra nous donner, ici, le député Véran.

A demain @jynau

Peut-on sans danger vouloir effacer des bourrelets sous-cutanés entre – 9 et – 13° C ?

 

Bonjour

On apprend qu’à la suite de « brûlures graves » de personnes ayant eu recours à la « cryolipolyse à visée esthétique » le ministère chargé de la Santé a saisi la Haute Autorité de Santé (HAS). Objectif : rendre un avis sur les risques pour la santé humaine que représente cette pratique en vente libre. Etat des lieux.

Cryolipolyse, donc : « destruction des adipocytes par le froid ». Il s’agit d’une technique apparue à la fin des années 2000  qui « vise à réduire les graisses sous-cutanées dans des zones d’accumulation (abdomen, cuisses, flancs, bras, sous-menton, pectoraux…) ». « Son caractère non invasif et sa rapidité d’exécution lui ont permis de prendre une place importante sur le marché de l’esthétique » observe la HAS. Un rapide survol sur internet démontre à quel point l’offre est fournie. Est-elle menaçante ? C’est la question à lquelle il faudra répondre.

Il fallait y penser. Et après des études sur des porcs, on l’a proposé : avoir recours à un « froid contrôlé » pour détruire les adipocytes. On oscillerait ici entre – 9°C (instituts de beauté) et – 13°C (paramédicaux et médecins). Publicité : réduction non invasive des amas de graisse localisés dans le but de redessiner la silhouette. L’apoptose ne concernerait que les cellules graisseuses et on respecterait toutes celles des tissus environnants.

Ce serait là une alternative à la trop célèbre liposuccion, une approche développée pour des cliniques esthétiques, des cabinets médicaux ou paramédicaux et des instituts de beauté. La cryolipolyse ne serait recommandée qu’aux personnes ayant de « petites rondeurs disgracieuses » mais pas à celles en véritable surcharge pondérale. Doit être suivie d’une bonne hygiène de vie nutritionnelle, d’exercices physiques quotidiens associés à des drainages lymphatiques, massages drainants et usage de crèmes anti-cellulites.

Silhouettes remodelées

Dangers ? On parle de rougeurs locales cutanées transitoires, de douleurs et de sensations d’engourdissement. A priori pas de risque de gelures si on ne descend pas en dessous de – 13°C. « Le coût pour un traitement varie selon la zone. Le prix aux USA s’étend de $750 à $1500, croit savoir Wikipédia. En Europe le prix moyen d’une séance est d’environ 150 € (instituts de beauté et paramédicaux) et de 600 € (médecins esthétiques) par zone ou pour deux zones à traiter. Le temps de traitement est en général de 60 minutes. »

C’est dans ce contexte – et à la lumières des informations ministérielles sur des cas de « brûlures » que la HAS ouvre aujourd’hui une « consultation publique » : elle souhaite recueillir « le plus de contributions possibles de la part de l’ensemble des acteurs concernés notamment les organismes professionnels (professionnels de santé, professionnels de l’esthétique et de la beauté) et les associations d’usagers, de consommateurs ou de patients ».

La HAS a d’ores et déjà élaboré un projet de rapport appréciant la dangerosité de la cryolipolyse à visée esthétique à partir de l’analyse critique de données émanant de différentes sources, en France et à l’étranger : littérature scientifique, bases publiques dédiées à la vigilance, données des compagnies d’assurance…

Il va falloir faire vite : cette consultation sera close le 28 mai prochain. Soit quelques semaines avant les vacances d’été et leurs silhouettes remodelées.

A demain

Découverte anatomique : le corps humain est encore plus perfectionné que ce que l’on croyait

 

Bonjour

Vous croyez tout savoir sur le corps humain, ses 206 os et ses 639 muscles (dont, comme vous le savez, 570 sont « squelettiques ») ? Alors il vous faut lire, dans Scientific Reports : « Structure and Distribution of an Unrecognized Interstitium in Human Tissues ». Un groupe dirigé par Neil D. Theise (Department of Pathology, Mount Sinai Beth Israel Medical Center, New York, New York) y explique comment il a découvert une nouvelle structure anatomique : une entité intra (et inter) tissulaire, capable de se comprimer et de s’étendre, et qui permettrait ainsi d’absorber les chocs et mouvements des organes et tissus environnants. Une forme microscopique d’ « airbag corporel » –  si l’on peut utiliser une telle image.

Les auteurs de cette publication expliquent avoir fait cette découverte lors d’investigations endoscopiques  dans les canaux biliaires. Usant de la technique de l’endomicroscopie confocale par laser avec minisonde associée à un marquage par fluorescéine ils ont pu observer une série de cavités interconnectées dans le tissu sous-muqueux – cavités mais qui ne correspondaient selon eux à aucune structure jusqu’ici connue. Ils ont transmis le tissu réséqué à l’anatomopathologiste, mais celui-ci n’a pas retrouvé la structure en question.

Mérites microscopiques

Ils ont reproduit l’expérience sur les voies biliaires de douze patients opérés en 2012 et 2013 et ont de la sorte ainsi pu observer la structure. D’abord par endomicroscopie in vivo avant ligature vasculaire et résection chirurgicale. Ensuite ex vivo. Puis enfin sur lame, après fixation. Une fois identifiée, cette même structure a été ensuite retrouvée dans de nombreuses localisations différentes du corps humain. la peau, que tapissant le tractus digestif, la vessie, ou les poumons, ou entourant les artères, les veines etc..

« Nous avons pour la première fois décrit anatomiquement et histologiquement un espace polygonal empli de liquide, précédemment inconnu, très présent dans le corps dans et entre les tissus, et macroscopique, concluent les auteurs. Ces derniers proposent désormais rien moins qu’une une révision des concepts de sous-muqueuse, de derme, de fascia ou d’adventice. Plus généralement ils vantent les mérites de la microscopie in vivo par rapport aux méthodes traditionnelles de fixation et d’observation qui ne pouvaient, ici, mettre en lumière ce tissu interstitiel constitué de fibres de collagène, de cellules et de liquide.

Reste, entière, une question : sa fonction.

A demain