Faux certificats de virginité, gaz hilarants, stupéfiants : le plan du gouvernement

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07/09/2020. L’heure politico-médiatique est donc à la « lutte contre l’insécurité ». Et deux membres du gouvernement s’y emploient à merveille. En témoigne un entretien fleuve donné au Parisien (Olivier Beaumont et Jean-Michel Décugis) par un tandem idéologiquement contre nature : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin  et sa ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Ce duo révèle les grandes lignes de la feuille de route qu’ils présenteront mercredi 9 septembre lors du séminaire gouvernemental de rentrée. Quelques extraits suffiront pour prendre la mesure et les limites de l’entreprise.

1 La lutte contre la drogue, priorité des priorités. « La lutte contre les stupéfiants doit être l’alpha et l’oméga de toutes nos interventions. A travers ce sujet, il y a la lutte contre le crime organisé, avec la traite des êtres humains et le financement du terrorisme, mais aussi une grande mesure de santé publique. Et, bien sûr, un lien avec la lutte contre l’insécurité du quotidien. Quand on voit qu’aujourd’hui un gamin de 14 ans peut gagner plus que son père en faisant le « chouf » (le guet), il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une crise d’autorité dans notre pays.

« Il faut s’occuper de tous les trafics. Des gros réseaux jusqu’au bout de la chaîne, c’est-à-dire le consommateur. Il faut sanctionner tout le monde, y compris dans les beaux quartiers de Paris. Grâce à l’action de mon prédécesseur, nous avons tout de même saisi 34 tonnes de cannabis depuis le début de l’année, 6 tonnes de cocaïne. On doit pouvoir encore augmenter ces chiffres (…) Je n’ai pas l’esprit de capitulation. La drogue, c’est de la merde, ça finance le crime organisé, ça tue la vie de milliers de personnes et ça peut concerner toutes les familles de France. Le rôle d’un responsable politique, ce n’est pas d’accompagner tout doucement la mort d’une société.

2 L’interdiction des gaz hilarants. «  J’ai demandé à mon administration de me proposer des dispositions pour interdire purement et simplement l’utilisation des cartouches ou capsules de protoxyde d’azote. Je suis élu local, je sais que cela cause des nuisances et que cela pourrit le quotidien de nombreux Français.

3 Les certificats médicaux de virginité. « Nous allons aussi nous attaquer aux ‘’certificats de virginité’’. Certains médecins osent encore certifier qu’une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l’Ordre des médecins 1. On va non seulement l’interdire formellement, mais proposer la pénalisation. On va également mettre clairement dans la loi qu’aucun élu ne pourra prendre de dispositions pour favoriser l’inégalité entre les femmes et les hommes pour mettre en place des pratiques communautaires, comme réserver des horaires de piscine à un sexe plutôt qu’un autre.

4 « Ensauvagement » ? Oui, en dépit des interdits du Premier ministre, Gérald Darmanin continuera à employer ce terme. « Oui, je continue à penser qu’il y a des actes de sauvagerie, et un ensauvagement d’une partie de la société. J’ai mes propres mots, ma propre sensibilité, et j’utilise les mots de mes concitoyens de Tourcoing. Mais je respecte la sensibilité de chacun, et celle en particulier du garde des Sceaux. »

Or Eric Dupond-Moretti estime pourtant que c’est reprendre la sémantique du Rassemblement national… Marlène Schiappa : « Si Marine Le Pen dit que le ciel est bleu, je ne vais pas dire qu’il pleut pour me différencier (sic). Je ne fais pas de politique en fonction du RN, mais pour les gens. J’assume l’utilisation de ce terme d’ensauvagement, et personne ne peut me soupçonner d’appartenir à la droite dure. Je viens de la gauche républicaine. Marine Le Pen n’est pas notre boussole (re-sic). Tout notre combat au ministère de l’Intérieur est aussi d’empêcher sa progression. »

A quel prix ? Si elle le sait, Marlène Schiappa ne nous le dit pas.

A demain @jynau

1 « Certificats de virginité » : ce que tout médecin se devrait de savoir quant au respect de l’intimité, Journalisme et santé publique, 3 mars 2019

Covid-Ibiza  : les stars du PSG contaminées réquisitionnées par le ministre de la santé ?

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04/09/2020. L’Equipe va devoir ouvrir une rubrique virologique. Pour l’heure ses lecteurs découvrent le caractère universel des modes de contaminations, la nécessité ubiquitaire de se protéger. Le spectacle sportif est, aussi, surtout, à ce prix. « Marquinhos, qui a ressenti des symptômes depuis deux jours, a été testé positif au Covid-19 ce jeudi 3 septembre et s’ajoute à la liste des joueurs placés en quarantaine par le PSG, annonce ce matin le grand quotidien sportif. Ils étaient tous les quatre à Ibiza pendant les congés accordés par le club de la capitale. Marco Verratti, également présent sur l’île des Baléares, est quant à lui négatif. Le milieu italien avait déjà contracté le virus par le passé. »

Comment leur employeur a-t-il pu laisser ses précieux joueurs partir en « congés » à Ibiza – et ce sans obtenir qu’ils respectent les précautions élémentaires pour se protéger des contaminations ? Ce n’est pas tout : deux autres cas viennent d’être été révélés positifs dans l’effectif parisien par le PSG. « Les derniers tests PCR SarsCoV2 réalisés au sein de l’effectif du Paris Saint-Germain confirment le résultat de nouveaux cas positifs », a indiqué sur Twitter le club. Il s’agit de Keylor Navas et de Mauro Icardi.

Tout, dès lors, est bousculé – les supporters déconfinés sont désespérés. « Retardée pour cause de finale de la Ligue des champions, l’entrée du Paris-Saint-Germain dans la saison 2020-2021 de Ligue 1 risque d’être encore décalée en raison de la situation sanitaire au sein du club, explique l’AFP. Conformément au protocole sanitaire de la Ligue de football professionnel (LFP), tous ces joueurs doivent être placés à l’isolement pour quatorze jours. Cette situation sanitaire compromet le retour sur les terrains du club de la capitale, théoriquement appelé à disputer quatre rencontres de Ligue 1 en onze jours à compter du 10 septembre. »

Le club parisien phare devait théoriquement faire ses débuts dans le championnat 2020-2021 de Ligue 1 en affrontant Lens jeudi 10 septembre, avant d’affronter Marseille, le 13, Metz, le 16 et Nice, le 20. Le match contre Lens, qui devait avoir lieu le 29 août, avait été reporté à la demande du PSG consécutivement à sa finale perdue de Ligue des champions contre le Bayern Munich, le 23 août. Il s’agissait de « faire souffler » l’équipe avant de se relancer dans la compétition nationale. Aller « souffler » à Ibiza ? On en reparlera.

Conformément au protocole en vigueur les joueurs positifs au Covid-19 sont placés à l’isolement pour une durée de quatorze jours. Pendant, ce temps, les entraînements des autres joueurs s’effectuent en petits groupes, sans se croiser. A la fin du septième jour, des tests doivent être pratiqués au sein de l’ensemble du club. Les joueurs testés négatifs à cette occasion peuvent reprendre l’entraînement collectif. Les cas qui étaient positifs au préalable et qui ne le seraient plus après ces nouveaux tests, peuvent reprendre l’entraînement individuellement. Mais ce n’est qu’à partir du quinzième jour qu’ils peuvent rejoindre le collectif et reprendre la compétition.

Un protocole Covid-19 intenable. « Nous voulons que les clubs établissent des listes de 30 joueurs et que, tant qu’il y a 20 membres de l’effectif qui sont négatifs, le match soit maintenu », a déclaré Didier Quillot, le directeur général exécutif de la LFP. Cet allégement du cadre sanitaire doit toutefois être validé par les autorités gouvernementales et sanitaires, notamment le conseil interministériel médical.

Pourquoi ne pas imaginer que les contaminés d’Ibiza viennent expliquer devant leur supporteurs comment ils ont pu commettre une telle erreur ? Et encourager leurs fans à tout mettre en œuvre pour se protéger ? Une opération soutenue, sinon rémunérée, par le ministre des Solidarités et de la Santé.

A demain @jynau

Etre pris avec de la drogue devient l’équivalent d’une contravention de stationnement

Bonjour

01/09/2020. C’est donc fait. « A compter de ce 1er septembre, toute personne surprise avec un joint au bec ou de la drogue dans les poches pourra se voir adresser une amende de 200 euros par voie postale ou électronique, si l’usager accepte la destruction de son produit, nous rappelle Libération (Charles Delouche). A la manière d’une amende de stationnement, la somme pourra être minorée à 150 euros si elle est payée dans les quinze jours. Mais pourra grimper jusqu’à 450 euros en cas de retard. Lancée dans certaines villes de France depuis la mi-juin, On parle ici d’amende forfaitaire délictuelle (AFD) doit s’appliquer à « toutes les drogues » mais qui vise en particulier les consommateurs de cannabis – un procédé testée depuis juin dans plusieurs villes, dont Reims, Créteil ou Rennes.

Surpris ? Fin juillet, lors d’un déplacement à Nice, le premier ministre, Jean Castex, avait annoncé sa généralisation à la rentrée afin d’aider les forces de l’ordre à « appliquer une sanction sans délai » et de lutter « contre les points de revente qui gangrènent les quartiers ». Dans les villes tests, au 26 août, 545 amendes avaient été infligées, dont 172 à Rennes, selon le procureur de la République de la ville, Philippe Astruc. Sur ces 172 verbalisations, « 166 portaient sur du cannabis et 7 sur de la cocaïne », a-t-il précisé dans un communiqué. « 70 % des avis d’infraction ont été transmis aux contrevenants dont 32 % se sont déjà acquittés du paiement de l’amende », a ajouté le procureur.

Et une fois de plus cette impasse que l’exécutif s’obstine à ne pas vouloir prendre en compte : en dépit d’une politique parmi les plus répressives d’Europe les Français demeurent les premiers consommateurs de cannabis et se placent au troisième rang pour la cocaïne. Ainsi, en août, le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a promis que cette amende, qui sera appliquée « partout en France, dans les quartiers de Créteil comme dans le 16e arrondissement de Paris » (sic), est une « technique qui consiste à tuer tout trafic de drogue » (re-sic).

Rappel et commentaires : la loi de 1970, qui indique qu’un consommateur risque un an de prison et 3 750 euros d’amende, s’est donc vue agrémentée d’une possibilité de verbaliser directement sur la voie publique une personne surprise avec de la drogue. On est passée de la «tronçonneuse inutilisable» de la loi de 1970 à une «agrafeuse de masse» avec cette AFD estime fort justement, dans Libération, le Dr William Lowenstein, addictologue et président de SOS Addictions. «La répression contre le trafic de stupéfiants a sa place en France. Mais à condition qu’elle se fasse en même temps que le soin, la prévention et la réduction des risques, ajoute-t-il. Un pilier sécuritaire ne peut pas à lui seul corriger une politique de santé des addictions.» 

Pour le Dr Lowenstein, une idée efficace, «évoquée depuis quinze ans» pour lutter contre les problèmes d’addiction serait la création d’unités d’urgence en addictologie. «La prohibition seule ne peut pas avoir valeur de protection préventive ». Selon Jean Maxence Granier, également interrogé par Libé, président de l’association Asud (Auto support des usagers de drogues), cette AFD n’est que «la reconduite d’une politique de prohibition qui ne fonctionne pas depuis cinquante ans. La criminalisation de l’usage va à l’encontre de ce qu’il se passe dans le monde en matière de drogues».

Dès le 30 juillet, un collectif d’associations s’est formé en opposition à ce projet. Le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l’homme ainsi que des organismes spécialisés dans la santé tels que la Fédération Addiction ou Médecins du monde dénoncent une «promesse de fermeté illusoire» de la part du Premier ministre.

Rien n’y fait. Comme depuis des décennies, lee président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur n’écoutent pas les arguments des soignants. Et l’actuel ministre de la Santé, que l’on avait cru sensible à une politique de réduction des risques, se tait. Désespérer ?

A demain @jynau

Contraception féminine : savez-vous à partir de quel âge elle est désormais gratuite ?

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29/08/2020. Jadis l’affaire aurait déclenché l’une de ces polémiques qui , depuis la loi Neuwith (1968), opposait partisans et adversaire du droit des femmes à pouvoir dissocier la sexualité de la procréation (« Un enfant quand je le veux ! »).

Aujourd’hui, dans les médias généralistes, ce sont à peine quelques lignes glissées sous mille et un papiers traitant de la pandémie, de la fonte des pôles et de l’interdiction de la chasse à la glu. Un demi-siècle plus tard, la polémique est épuisée. Qui s’en plaindrait ?

Jusqu’à présent, en France, seules les jeunes filles âgées de 15 ans et plus pouvaient bénéficier d’une contraception intégralement prise en charge par la collectivité. Désormais le frais liés à la contraception des jeunes filles de moins de 15 ans seront désormais également pris en charge à 100 % par l’Assurance-maladie, selon un décret publié jeudi 27 août au Journal officiel.

Cette mesure était certes inscrite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2020 – mais elle restait suspendue à la parution de ce décret. Les mineures de moins de 15 ans n’auront désormais plus à s’acquitter du « ticket modérateur » pour les consultations de médecins ou sages-femmes, les examens biologiques, les médicaments et les dispositifs contraceptifs.

Gratuité du préservatif ignorée

Pourquoi une telle extension de la prise en charge ? Le gouvernement avait fait savoir fin 2019 que « chaque année, près de 1 000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France » et que « parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG ». Or il apparaît que pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans le taux de recours à l’IVG a nettement baissé depuis qu’elles ont accès à une contraception gratuite, passant de 9,5 à 6 pour 1 000 entre 2012 et 2018.

Comment dès lors justifier que celle âgées de moins de 15 ans devaient supporter financièrement  le coût des contraceptifs, des consultations médicales et des éventuels examens biologiques ? On observera, en amont, que la question de la gratuité du préservatif (apparue il y quarante ans avec l’émergence du sida) n’a jamais été véritablement posée. Et que le fait qu’il ne le soit pas permet à certains de justifier qu’il en aille de même pour les masques scolaires … Du détournement de la logique à des fins politiques …

« Dans les années 1940, la moitié des femmes avaient connu une première expérience sexuelle à 22 ans, contre 18 ans pour les hommes, soit quatre années d’écart, dit l’Ined à ceux et celles qui l’ont oublié.. Dans les années 1960 et 1970, l’âge médian au premier rapport sexuel a baissé, en particulier chez les jeunes femmes : l’écart avec les garçons s’est réduit. Une stabilisation a été observée dans les années 1980 et 1990. Dans les années 2000, une nouvelle baisse s’est amorcée. »

A demain @jynau

«Papy et mamie» désormais interdits de sortie scolaire: le nouvel impair de Jean Castex

Bonjour

28/08/2020. Jusqu’où l’exécutif sanitaire peut-il s’immiscer dans la vie privée, rogner les libertés individuelles ? A quel titre et de quel droit. « Evitons que papy et mamie aillent chercher leurs petits-enfants à l’école, quitte à augmenter le périscolaire jusqu’à ce que les parents puissent venir eux-mêmes les récupérer. » Voilà un nouvel impair commis le 27 août par le chef du gouvernement, Jean Castex, lors de sa conférence de presse consacrée à l’épidémie de coronavirus. Impair qui a aussitôt réagir – et ce d’autant plus que la veille, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait tenté l’impossible pour vendre à la presse l’idée d’une rentrée « normale ».

Citée par Le Monde (Soazig Le Nevé) Michelle Hugues, 67 ans, grand-mère de deux enfants scolarisés en primaire en région parisienne, ne cache pas son courroux. Durant le confinement, c’est elle qui a assuré en partie le suivi de leur scolarité, par écran interposé. « Autant je suis sortie gratifiée de cette expérience, autant je suis navrée si le premier ministre nous enlève notre place aujourd’hui, commente-t-elle. Laisser les enfants plus longtemps à l’étude pour “squeezer” les grands-parents ? Non, je ne suis pas d’accord. »

« Prolonger le périscolaire est une chose, mais jusqu’à quelle heure ?, interroge quant à elle Béatrice Laurent, secrétaire nationale éducation etclture de l’UNSA. Souvent, les grands-parents surveillent aussi les devoirs et préparent le repas du soir quand les parents ont des horaires tardifs. » Et pour les municipalités, recruter des animateurs n’est pas chose aisée, ajoute-t-elle, car c’est « un boulot précaire aux horaires distendus ».

D’autres préfèrent voir là un impair. Comme la maire de Rosoy, commune d’un millier d’habitants dans l’Yonne, qui préside l’association des maires ruraux de son département.  Dominique Chappuit veut croire qu’il s’agit de la part de M. Castex « d’une phrase en l’air ». « Ce ne peut être le premier ministre qui décide si les grands-parents vont ou non chercher leurs petits-enfants. Arrêtons d’infantiliser les adultes et de culpabiliser les enfants. »  Sollicité, Matignon n’avait pas, jeudi après-midi, apporté de précision au sujet d’un éventuel plan de renforcement du périscolaire.

« Les autorités sous-réagissent et sur-réagissent, personne n’y comprend rien. » 

C’est là un nouvel impair. Après avoir prévenu que le port du masque serait désormais ­requis « pour tout le monde » dans l’enseignement supérieur, c’est presque incidemment, dans une réponse à une question posée à l’issue de son allocution, que Jean Castex a annoncé qu’il serait aussi obligatoire à Paris et dans les ­départements limitrophes à compter du vendredi 28 août dans la capitale et trois départements de la petite couronne : Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne – et non plus seulement dans quelques rues très fréquentées de Paris comme c’était le cas ­depuis le 10 août.

« La décision a visiblement pris de court la Préfecture de police de ­Paris et la Mairie, qui avaient prévu de se réunir plus tard dans la journée pour examiner l’opportunité d’une telle généralisation. rapporte encore Le Monde (François Béguin). Signe du flottement dans la prise des décisions, les joggeurs et les cyclistes seront finalement ­dispensés de porter un masque, a annoncé la Préfecture de police de Paris, le lendemain, après que la maire (Parti socialiste), Anne Hidalgo, avait demandé une dérogation pour ces derniers. »

 La veille, l’obligation annoncée concernait « tous les piétons circulant dans les espaces publics, les utilisateurs de vélos, deux-roues, trottinettes et autres engins de mobilité personnelle, motorisés ou non » et seuls les occupants de véhicules motorisés en étaient dispensés. Une telle mesure n’est pas inédite dans le pays : plusieurs grandes villes étaient déjà visées par de tels arrêtés, dont Marseille, depuis la veille au soir. Elle n’avait cependant jamais concerné autant d’habitants sur un territoire aussi étendu.

Fait inattendu ce flottement de l’exécutif a mis au jour une opposition marquée chez deux infectiologues parisien hautement médiatisés. Pour le Pr Gilles Pialoux,  chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon il faut saluer cette généralisation. « Le discours a été tellement cacophonique lors de la première vague qu’il faut des messages simples », estime-t-il. Autre vertu, selon lui, « cela installe la culture du masque, comme dans les métropoles asiatiques ». Le masque ne sert pas seulement à protéger de projections, mais « évite aussi de se toucher le visage », rappelle-t-il – oubliant qu’en pratique il n’en est souvent rien.

Son confère le Pr Eric Caumes, l’incisif chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière est aux antipodes de cette analyse : « Sur le plan épidémiologique et scientifique, cette mesure ne se justifie pas à l’extérieur, il y a zéro cluster dehors. Alors qu’en intérieur, c’est absolument indispensable, cela fait longtemps qu’il n’aurait pas dû y avoir d’exception. Les autorités sous-réagissent sur certains points et sur-réagissent sur d’autres, personne n’y comprend rien. »

Le citoyen encore moins – citoyen qui, demain, s’interrogera sur le tout et n’importe quoi inhérent à un Tour de France ouvert à tous les vents.

A demain @jynau

Pourquoi la PDG de Radio France a-t-elle le droit de s’opposer au port du masque dans les studios ?

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25/08/2020. Jamais on n’a autant parlé du Covid-19 et du port du masque sur les ondes radiophoniques. C’est tout particulièrement vrai sur celles de Radio France qui décline depuis des semaines les innombrables variations sur ce thème. Mais qu’en est-il pour ceux qui sont en studio, derrière les micros ? Sibyle Veil, présidente-directrice générale du groupe radiophonique, vient pour la première fois d’aborder le sujet, comme le rapporte Le Monde (Sandrine Cassini et Aude Dassonville). Et, à la différence de ce dernier, on ne manquera pas de s’étonner.

Conférence de presse de rentrée organisée en ligne. « Autour de la table, tous les patrons des stations – France Inter, France Bleu, Franceinfo… – étaient présents aux côtés de Mme Veil » rapporte Le Monde. Et Mme Veil de saisir l’occasion pour donner son avis sur la question des masques à la radio – ce alors même que la polémique sur ce thème enfle au sein des médias. Pour le moment, « il n’y a pas d’obligation de porter le masque dans les studios. Mais la radio, c’est le métier de la voix et du souffle, sur lequel le port du masque a donc des conséquences. Sans compter que la radio est de plus en plus filmée. C’est important pour les malentendants de pouvoir lire sur les lèvres », a fait valoir la présidente-directrice générale de Radio France.

Où l’on comprend que la radio publique fera exception à la règle dictée par le pouvoir exécutif. Au nom de la voix, du souffle, des images filmées et des malentendants. Qu’en sera-t-il, demain, sur les chaînes, publiques et privées de télévision ?

Visages découverts ou visages masqués

Pour le reste Mme Veil n’a cessé de parler de la crise liée à la pandémie de Covid-19 qui a eu des conséquences sensibles sur les finances de Radio France. Le groupe vit certes essentiellement de la redevance, mais il engrange également des recettes publicitaires – malmenées par la pandémie Pas question donc de tirer un trait sur le plan d’économies. « Les économies décidées avant la crise sont maintenues par l’Etat, qui nous l’a confirmé officiellement. La contribution à l’audiovisuel public va baisser d’ici à 2022. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de mettre en œuvre notre plan d’économies et réduire la masse salariale », a-t-elle expliqué.

Avec une réduction de la contribution publique de 20 millions d’euros par an et en tenant compte de la croissance mécanique des charges et d’un redéploiement de 20 millions d’euros des dépenses vers le numérique, l’entreprise publique doit économiser 60 millions par an. Aussi, avec une masse salariale qui représente 60 % de son budget, Radio France avait prévu, en 2019, de supprimer 299 des quelque 4 400 postes du groupe.

Après une grève sans précédent de cinquante-deux jours  des négociations étaient en cours entre la direction et les organisations syndicales début 2020 – avant que la pandémie ne vienne les interrompre. Pourquoi ? « On ne négocie pas à distance », a expliqué Mme Veil. Les discussions doivent ainsi reprendre en septembre. En tête à tête. Visages découverts ou visages masqués ?

A demain @jynau

Masques scolaires = préservatifs : voici pourquoi le pouvoir exécutif entend les faire payer

Bonjour

25/08/2020. Pourquoi cet étrange aveuglement de l’exécutif sur la nécessité de fournir gratuitement des masques protecteurs à tous les enfants des collèges, à tous les adolescents des lycées et des universités ? Comment comprendre que le ministre de l’Education nationale puisse imaginer qu’il ne s’agit là que de simples « fournitures de rentrée » au même titre que la gomme et la règle ? Et que la gratuité ne pourrait être accordée, selon Jean-Michel Blanquer, que pour les familles «en grande difficulté». Les élèves apprécieront au moment de la remise des masques aux nécessiteux. Sans parler des autres comparaisons 1.

L’affaire est plus que jamais politique. Plusieurs dirigeants de toutes les oppositions continuent de réclamer la distribution gratuite de masques dans les établissements scolaires. Jusqu’à des voix courageuses qui se font désormais entendre au sein même du partie présidentiel.

Ce 25 août le président Emmanuel Macron a, ici, raté une occasion sanitaire et politique en n’annonçant pas cette gratuité au terme du Conseil de défense sanitaire qui vient de se tenir. La peur de désavouer Jean-Michel Blanquer ? Une question financière ? Seule annonce présidentielle : des «règles claires» seraient instaurées «partout» en France pour faire face à la reprise de l’épidémie de Covid-19 et «permettre à chacun de reprendre confiance». « Enfin » ose dire le citoyen qi comprend que le chef de l’Etat prononce ici un mea culpa.

« On ne paie pas des préservatifs à tout le monde, alors que le sida tue lui aussi ! »

«Priorité santé», déclare le chef de l’Etat dans un tweet. «J’ai réuni ce matin un Conseil de défense pour organiser la rentrée dans les meilleures conditions possibles au regard de l’évolution épidémique. École, travail, lieux publics: partout des règles claires pour permettre à chacun de reprendre en confiance», ajoute-t-il. «Pour surmonter la crise sanitaire, nous devons apprendre à vivre avec le virus. Il n’y a pas de fatalité: si nous faisons preuve d’unité et de sens des responsabilités, nous réussirons», assure Emmanuel Macron dans un autre tweet.

Que sait-on ? Que ce Conseil de défense a analysé l’évolution de la circulation virale, en particulier en Ile-de-France ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Que le président et les ministres ont également fait le point sur les protocoles sanitaires alors que le port du masque sera obligatoire dans les entreprises, les collèges et les lycées à partir du 1er septembre. Que question des célèbres « jauges » dans les manifestations sportives ou culturelles ainsi que celle des contrôles aux frontières ont également été évoquées.

Rien n’est encore acquis : ces mesures seront de nouveau mercredi 26 août au menu du conseil des ministres de rentrée – ce sera après l’intervention médiatique « exceptionnelle » de Jean Castex, invité, après Martin Hirsch et le Pr Raoult, de la matinale de France Inter. Le citoyen aura le droit d’interroger le Premier ministre sur les véritables raisons de son refus de la gratuité. Et sur les limites du parallèle avec le préservatif.

A demain @jynau

1 Cité par Le Monde  (Françoise Fressoz et Cédric Pietralunga) : « Il faut revenir à la notion de prise de responsabilité individuelle, défend un ministre qui a participé au Conseil de défense. On ne paie pas des préservatifs à tout le monde, alors que le sida tue lui aussi ! Ce n’est pas à l’Etat de prendre en charge cette dépense, d’autant plus que la situation est amenée à durer. » « La pandémie concerne tout le monde, il faut responsabiliser les Français, ajoute-t-on au sommet de l’Etat. Aucun pays au monde n’assure la gratuité des masques. »

Covid et GPA : et voici pourquoi le Pr Didier Raoult se serait, enfin, montré sur BFM-TV

Bonjour

24/08/2020. Visite-express dans les sombres coulisses des médias. Interrogé dans l’émission «L’Instant M» sur France Inter lundi 24 août, Marc-Olivier Fogiel, directeur général du groupe BFMTV, a fait une révélation (un « scoop »). Il a enfin dit pourquoi le Pr Didier Raoult, microbiologiste, figure médiatique et polémique dans la crise du Covid-19, avait fini par accepter de venir sur le plateau de la chaîne télévisée qu’il dirige. Une venue qui avait suscité de larges audiences et continué à alimenter les polémiques.

Selon Marc-Olivier Fogiel, c’est en découvrant que ce dernier avait eu deux petites filles nées par mères porteuses (GPA, une pratique interdites en France) que le Pr. Raoult se serait décidé. «Il m’a dit, ‘vous savez pourquoi je suis venu ? (…) je ne vous connais pas (…) je vous ai ‘googlisé’ (…) vous avez deux petites filles par GPA (…) je trouve qu’il faut du courage face à un système qui y est opposé quand on est médiatique, de finalement enfreindre les règles. Vous l’avez fait. Puis, la GPA finalement, c’est la vie, c’était la force de la vie, et moi en tant que médecin, c’est ce qui m’anime.’»

Marc-Olivier Fogiel précise que le professeur marseillais est venu trois fois sur la chaîne, après qu’il l’ait «harcelé». «Je suis venu parce que j’en avais marre», lui aurait aussi glissé Raoult. Les autres dirigeants de chaînes télévisées savent désormais comment procéder s’ils souhaitent faire de l’audience. Sauf à imaginer que le Pr Didier Raoult, qui a beaucoup parlé, ne susciterait plus aujourd’hui le même intérêt de la collectivité. Ce qui reste encore, médiatiquement, à démontrer.

A demain @jynau

Masques scolaires payants : le gouvernement s’obstinera-t-il encore très longtemps ?

Bonjour

24/08/2020. C’est la rentrée sur les ondes et tous les spécialistes médiatiques sont de retour, devant micros et caméras. Opinions, informations, cacophonie. Ainsi, une nouvelle fois, sur franceinfo,  le  Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique du gouvernement. «  Il y aura des contaminations à l’école, des enfants vont se contaminer, probablement quelques enseignants aussi mais on va le gérer » assure-t-il.   Il juge malgré tout  « fondamental que l’école reprenne ». «  On ne peut pas laisser cette génération d’enfants sans reprendre » considérant que « l’enseignement à distance a fait le job (sic)  mais partiellement » durant le confinement.

La rentrée scolaire s’accompagnera de contaminations et, selon lui, « d’écoles clusters, peut-être de classes clusters. Dans ce cas, on peut fermer la classe. Fermer l’école, il faudra bien y réfléchir. Cela va dépendre de l’environnement autour de l’école en général », poursuit Jean-François Delfraissy. 

La prophétie de Michel Houellebecq

Le président du Conseil scientifique ne souhaite pas que les enseignants soient testés régulièrement. « On ne va pas tester les enseignants toutes les semaines ou tous les 15 jours, dit-il. Répéter les tests naso-pharyngés n’est pas si évident que ça ». Pour lui, il vaut mieux « garder le bon sens, et tester de façon très large mais à la moindre suspicion ».

En revanche, contrairement au ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, qui entend toujours réserver (au mieux) la gratuité des masques aux familles en grande difficulté, Jean-François Delfraissy a déclaré :  « Je ne serais pas contre [la gratuité systématique]». Pourquoi ne dit-il pas, simplement, qu’il est totalement, franchement, radicalement, pour ? La peur de montrer qu’il est opposé à un ministre, à un Président de la République ? Précisément, le citoyen aimerait connaître, ici, la position du Conseil scientifique du gouvernement.

Pour l’heure tous les partis politiques réclament cette gratuité. Seul le parti présidentiel se tait. Sommes-nous déjà entrés dans le « monde d’après » selon Michel Houellebecq  (« le même que celui d’avant en un peu pire ») ? Sinon combien de temps encore Emmanuel Macron pourra-t-il ne pas céder à cette légitime revendication de la gratuité d’un objet scolaire à la fois protecteur et imposé ?

A demain @jynau

Covid : Donald Trump victime du méchant complotisme vaccinal et politique de la FDA

Bonjour

24/08/2010. Plus haut, plus loin, plus vite vers la débâcle ?  Le président américain Donald Trump vient d’accuser les responsables de la puissante FDA (Food and Drug Administration) de retarder le développement de vaccins contre le nouveau coronavirus. Selon lui, ils comploteraient pour qu’aucun vaccin ne soit validé avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Pour le faire perdre !

Plus précisément Trump les a accusés, sur Twitter, de compliquer l’inscription de candidats aux essais cliniques. Le Vif précise que cette nouvelle attaque intervient après qu’un haut fonctionnaire de la FDA a déclaré qu’il démissionnerait si un vaccin venait à être approuvé avant qu’il ait été prouvé qu’il était efficace. Traduction trumpienne : « ils espèrent de toute évidence retarder la réponse jusqu’après le 3 novembre. »

Donald Trump attaque régulièrement les agences d’Etat via Twitter, les accusant de vouloir saper son autorité. Aujourd’hui la FDA s’inquiète de la pression du gouvernement Trump pour approuver à tout prix un vaccin avant les élections, même sans preuve tangible de son efficacité. A tout prix et quoiqu’il en coûte.

« Aux Etats-Unis, on peut imaginer que la FDA sera sous pression pour autoriser un vaccin américain avant les élections de novembre, prévenait au même moment dans Libération (Olivier Monot), Marie-Paule Kieny, la présidente du nouveau « Comité vaccin » français. Et il est peu probable de voir Donald Trump autoriser un vaccin chinois. Par ailleurs, les vaccins développés en Chine visent les marchés chinois et africains. S’ils déposaient une demande d’autorisation en Europe, leur dossier serait scruté, puisque les agences sanitaires n’ont pas l’habitude de travailler avec ces laboratoires. »

Tubes à essai et vie réelle

Peu après Donald Trump annonçait, le 23 août, l’autorisation en urgence de la transfusion du plasma sanguin de personnes guéries de l’infection par le SARS-CoV-2. Quelques minutes seulement avant le début de la conférence de presse du président américain, la FDA l’avait devancé en annonçant qu’elle donnait cette autorisation en urgence  – autorisation qui est de son ressort et non de celui du chef de l’Etat. On sait que la transfusion de ce plasma qui contient des anticorps vise à permettre aux malades d’éliminer plus vite le virus et de limiter les dégâts sur l’organisme. Si le traitement a déjà produit des résultats, son efficacité exacte fait encore débat. Et il présente un risque d’effets secondaires et de transmission d’agents infectieux. Donald Trump a qualifié l’annonce de « percée historique » pour le traitement du Covid-19, de nature à « sauver un nombre considérable de vies ».

Dans son annonce dimanche, la FDA a néanmoins rappelé qu’il n’existait pas, pour l’heure, de preuve formelle que l’utilisation de plasma était efficace. « Le plasma de personnes convalescentes marche probablement, même s’il faudrait le confirmer par des essais cliniques, mais pas comme traitement d’urgence pour des patients gravement atteints », prévient le Dr Len Horovitz, interne spécialisé en pneumologie à l’hôpital Lenox Hill de New York. Selon lui, il serait plus efficace s’il était administré aux tout premiers signes de la maladie, ce qui sera désormais possible en vertu de l’autorisation publiée.

Invitée ce 24 août de France Inter Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), estime que l’on ne dispose pas de nouvelles données quant à l’efficacité de cette approche plasmatique chez les patients atteints de la forme aigüe de la maladie. Non seulement pas de « nouvelles données » mais « pas de résultats du tout ». Pour l’heure, seules quelques « petites données contradictoires »…

Quant à cette nouvelle rumeur de « l’’histoire d’un virus qui serait moins virulent, moins transmissible, moins grave », elle est selon elle «  complètement construite »» « On ne peut pas transposer dans la vie réelle ce que l’on voit dans les tubes à essai. Il n’a pas perdu de virulence, on verra ce qu’il en est dans les semaines à venir. » Ainsi la vie réelle ne serait pas reproduite à l’identique dans les tubes à essai ? Où l’on en vient, une nouvelle fois, face à tant de propos médicaux, scientifiques et politiques tenus dans les médias, à ne plus savoir que conclure.

A demain @jynau