Rebondissement vidéo dans l’affaire de Cédric C., 42 ans mort après un contrôle de police

Bonjour

Mourez, vous êtes filmé. Nous rapportions il y a peu l’affaire Cédric C. décédé à Paris dans la nuit de samedi 4 à dimanche 5 janvier, à la suite d’un « malaise cardiaque survenu lors d’un contrôle policier »  angle Suffren/Branly – annonce faire par l’avocat mandaté par sa famille : Me Arié Alimi.

Rappel : Vendredi 3 janvier, dans la matinée, roulant à scooter et téléphone à la main, ce père de cinq enfants est interpellé à l’angle de l’avenue de Suffren et du quai Branly. Selon BFMTV, qui cite des « sources policières », l’homme se serait alors montré «irrespectueux et agressif». « Nos confrères du Parisien évoquent, eux, des insultes et un policier repoussant le pilote, qui tentait de filmer son interpellation, rapportait Le Figaro.  C’est lorsque les policiers tentent de l’arrêter qu’ils se rendent compte que le visage de l’homme est ‘’bleu’’». Est-ce bien la vérité ?

Victime d’un malaise cardiaque, l’homme est pris en charge par les policiers, puis par les pompiers, avant d’être conduit à l’hôpital européen George Pompidou. Placé sous respirateur, il est finalement décédé dans la nuit, aux alentours de 3h30. «Il est probable que le cerveau de Cédric n’ait pas été suffisamment oxygéné pendant quelques minutes, a détaillé Me Alimi au Parisien, ce qui ouvre plusieurs hypothèses, comme un plaquage ventral, ou une clé d’étranglement. Nous avons toutes les raisons de croire, en tout cas, qu’il ne s’agit pas d’un arrêt cardiaque spontané, mais provoqué. L’autopsie qui va être pratiquée nous permettra d’en savoir plus, et notamment si les policiers sont à l’origine de ce drame. Cédric souffrait certes d’hypertension artérielle, mais il n’avait jamais eu le moindre malaise cardiaque de quelque nature que ce soit.»

  « Un appel à témoin citoyen »,

Mardi 7 janvier, rebondissement sur le site du Monde (Nicolas Chapuis) qui diffuse de troublantes images vidéos :

« Les images, filmées au smartphone, sont un peu lointaines, tremblotantes, mais elles éclairent d’un jour nouveau les circonstances de la mort de Cédric Chouviat. Diffusées depuis le siège de la Ligue des droits de l’homme par les avocats de la famille, elles donnent à voir les conditions très musclées dans lesquelles s’est déroulé, vendredi 3 janvier, à l’angle du quai Branly et de l’avenue de Suffren, à Paris, le contrôle routier au cours duquel l’homme de 42 ans a fait un malaise cardiaque. (…) Pour les avocats de la famille Chouviat, Me Arié Alimi, Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, les autorités ont tenté par leur communication de dissimuler une partie des faits, en niant tout lien de cause à effet entre la technique d’interpellation et le malaise cardiaque. »

Selon la Préfecture de police de Paris, les fonctionnaires ont contrôlé le conducteur de la moto parce qu’il téléphonait. Celui-ci se serait montré « irrespectueux et agressif », et aurait insulté l’équipage au moment où il partait. Les agents auraient alors procédé à l’interpellation pour outrage, à laquelle M. Chouviat aurait résisté, avant de faire un malaise cardiaque.

Le Monde commente : sur une première vidéo obtenue par les avocats à la suite d’« un appel à témoin citoyen », on voit d’abord Cédric Chouviat filmant de près les policiers, qui le repoussent. Sur une  deuxième vidéo, on aperçoit de loin plusieurs policiers en train de maîtriser l’homme au sol, avec la technique dite du « plaquage ventral », qui consiste à porter son poids sur le torse de l’individu. « Les jambes de Cédric Chouviat, en pantalon gris, s’agitent en vain, écrit Nicolas Chapuis. L’homme qui a filmé la scène assure, selon les avocats, que les policiers ont également pratiqué une clé d’étranglement. Enfin, sur une dernière séquence tournée une vingtaine de minutes plus tard, on aperçoit les policiers en train de prodiguer un massage cardiaque à la victime.

Pour le père de Cédric Chouviat, Christian, cité par Le Monde il s’agit d’un meurtre, ni plus ni moins, couvert par « un tissu de mensonges » : « Est-ce qu’on a le droit de faire ça ? Le mec, il se lève à 6 heures du matin, été comme hiver. Il va travailler, et d’un coup on a décidé de lui couper le sifflet. Ce sont des assassins. Il y a trois assassins. Je veux aller au jugement, je veux qu’ils ne dorment plus, ces gens-là ! »

De plus la famille accuse : elle estime que l’homme, coursier de profession et propriétaire d’un casque avec micro intégré, ne pouvait se servir de son téléphone au moment de l’interpellation. Sa femme assure que la première version que lui ont donnée les policiers parlait d’un contrôle routier à cause d’une plaque d’immatriculation sale. Et Cédric Chouviat ne souffrait par ailleurs d’aucune « insuffisance cardiaque connue » et avait été autorisé médicalement à pratiquer le sport dix mois auparavant. On évoquait toutefois l’existence d’une « hypertension artérielle ». Le rapport médical lu à la famille mentionne quant à lui « un arrêt cardiaque ».

Et maintenant ? Les avocats de la famille ont déposé lundi 6 janvier une plainte avec constitution de partie civile pour violences volontaires ayant entraîné la mort, afin d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction. Selon eux, la justice a entre les mains plusieurs éléments qui pourraient permettre de faire rapidement la lumière sur l’ensemble des faits. Deux caméras de vidéosurveillance disposées sur le carrefour couvrent cette zone. Par ailleurs, M. Chouviat a lui-même filmé toute la scène avec son smartphone, actuellement placé sous scellés. Contactée par Le Monde, la Préfecture de police s’en est tenue à sa version initiale. Quant au parquet de Paris, il devait communiquer les suites judiciaires à donner à cette affaire dans le courant de la journée.

Attendons les suites.

A demain @jynau

Original : un arrêt cardiaque mortel lors d’une relation sexuelle devient un accident du travail

Bonjour

« Relation adultérine mortelle avec une ‘’parfaite inconnue’’ [sic] ». C’est une affaire insolite autant qu’édifiante. Elle avait longtemps échappé (pourquoi ?) à la surveillance des médias. Elle est aujourd’hui rapportée par BFMTV (Coralie Cathelinais) 1. En ces termes :

« Lors d’un déplacement professionnel dans le département du Loiret, un salarié est décédé lors d’une relation sexuelle. Son employeur refusait d’y voir un accident du travail, arguant que le décès était intervenu sur ses temps de loisirs et dans une chambre autre que celle qu’il lui avait réservée. La Cour d’Appel de Paris en a finalement décidé autrement. En déplacement professionnel, un salarié est sous la responsabilité de son employeur. Et ce, même en dehors de ses heures effectives de travail et quelles que soient les activités auxquelles il se livre.

« La Cour d’appel de Paris en a rappelé le principe dans un arrêt du 27 mai 2019, repéré par Me Sarah Balluet, avocat spécialiste en Droit Social.  L’affaire remonte à l’année 2013, l’entreprise TSO envoie un de ses techniciens de sécurité en déplacement sur un chantier dans le Loiret. Il décède dans la nuit du 21 février après qu’il ait « une relation adultérine avec une parfaite inconnue », indique son employeur dans l’arrêt.   

« La caisse primaire d’assurance maladie a classé le dossier au titre d’accident du travail, ce que l’employeur conteste. Devant le tribunal des affaires sociales de Meaux, la société TSO soutient que le décès « est survenu alors qu’il avait sciemment interrompu sa mission pour un motif uniquement dicté par son intérêt personnel, indépendant de son emploi », et que de ce fait il n’était plus en mission. De plus le décès n’est pas imputable à l’exercice de son travail « mais bien à l’acte sexuel qu’il a eu avec une parfaite inconnue » .»

Un rapport sexuel est un « acte de la vie courante »

Or, dans sa sagesse,  la caisse primaire d’assurance maladie estime qu’un un rapport sexuel est un acte de la vie courante « à l’instar de prendre une douche ou un repas » et  « l’employeur ne rapporte pas la preuve que le salarié a interrompu sa mission pour accomplir un acte totalement étranger à l’objet de celle-ci ».

Qu’allaient dire les magistrat.e.s de la Cour d’appel de Paris ? Ceci: « le salarié effectuant une mission a droit à la protection prévue par l’article L 411 -1 du code de la sécurité sociale pendant tout le temps de la mission qu’il accomplit pour son employeur ». Et peu importe que l’accident survienne à l’occasion d’un acte professionnel ou d’un acte de la vie courante sauf si l’employeur a la preuve que le salarié avait interrompu sa mission pour un motif personnel.

Les juges soutiennent, eux aussi, qu’un rapport sexuel est un « acte de la vie courante ». Le fait que l’accident soit survenu dans un lieu autre que la chambre d’hôtel que la société TSO lui avait réservée ne permettait pas de considérer que le salarié s’était placé « hors de la sphère de l’autorité de l’employeur ». Conclusion : cet accident mortel a été reconnu comme accident du travail. « Cette solution est inédite et mériterait que la Cour de Cassation se prononce sur ce point », commente Me Balluet, sur Linkedin. La Cour de Cassation lit-elle Linkedin ?

A demain @jynau

1 CA Paris, 6, 12, 17-05-2019, n° 16/08787, Confirmation Article, L411-1, CSS/Déplacement professionnel/Gendarmerie/Relations sexuelles/Acte d’une vie courante/Obligations professionnelles

Inique : Marlène Schiappa connaît-elle la pauvre histoire du bébé trisomique né après GPA ?

Bonjour

Feindre d’être surpris.es ? L’affaire était entre les lignes de tous les écrits dénonçant l’esclavage que constitue la pratique de la « gestation pour autrui » 1.

Commandé, puis abandonné. À 21 ans, Pattaramon Chanbua était déjà maman d’un garçon et d’une fille de 6 et 3 ans. Contactée par une agence de Bangkok, elle accepte d’«aider» un couple d’Australiens souffrant de sa stérilité. La pauvreté n’a pas de frontières. Avec les 16.000 dollars promis par le couple, la jeune femme comptait «éduquer ses enfants et payer ses dettes»a-t-elle expliqué à la chaîne de télévision australienne ABC : « Thai surrogate mother of a baby with Down syndrome abandoned by Australian parents says she cannot afford baby Gammy’s medical treatment » (voir la vidéo sur le site du Figaro–  Diane de Fortanier)

« Trois mois après avoir été inséminée, Pattaramon découvre qu’elle attend des jumeaux, résume Le Figaro. L’agent lui promet alors un peu plus d’argent pour porter les deux enfants. Peu de temps après, le médecin l’informe que l’un des deux enfants est atteint de trisomie 21. Le couple commanditaire fait alors savoir à la mère qu’il ne veut pas du garçon. La jeune femme refuse d’avorter, conformément à ses convictions religieuses bouddhistes. »

En décembre dernier elle accouche des jumeaux. Diagnosticconfirmé : Gammy est trisomique – trisomie compliquée d’un grave problème cardiaque. Le couple (qui n’avait jamais rencontré la jeune mère) repart vers son Australie avec la petite sœur, apparemment bien portante. L’inique n’a pas de frontières.

Débattre de la GPA après ce quinquennat

  L’histoire, rapporte encore Le Figaro, a ému les réseaux sociaux. Le site de fund-raising GoFundMe a déjà levé plus de 100.000 dollars pour e bébé trisomique – tombé malade entre-temps. «Je voudrais dire aux femmes thaïlandaises: “ne rentrez pas sur ce marché des mères porteuses, ne pensez pas seulement à l’argent. Si cela se passe mal, personne ne vous aidera, le bébé sera abandonné par la société, et vous en serez responsable”», implore Pattaramon Chanbua, citée par le Sidney Morning Herald.

En Thaïlande, les contrats de GPA ne peuvent, en théorie, être passés par un couple marié « qu’avec des personnes liées par le sang ». Suite à cette affaire, le ministère de la Santé thaïlandais a déclaré que toutes les transactions financières autour des mères porteuses étaient « interdites ». Ce marché a connu un boom avec la crise : de plus en plus de couples étrangers – et surtout originaires d’Australie – font appel à des mères porteuses via des agences. Le commerce n’a pas de frontières.

Il y a quelques jours, sur RTL, Marlène Schiappa : « Ces questions de PMA comme de GPA touchent à la fois au très intime : à la vie amoureuse, à la sexualité, à la vie familiale, à l’idée que l’on se fait des familles, mais elles touchent aussi à des questions philosophiques, scientifiques et éthiques. Le gouvernement a « toujours été extrêmement clair sur le fait que l’on est opposé à la GPA ». Et puis elle conclut : « Il n’est pas du tout question d’ouvrir ou de débattre de la GPA pendant ce quinquennat ».  

Mme Schaippa est, en France, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations

A demain @jynau

1 Dont le remarquable « L’Homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué »signé de Sylviane Agacinski (Gallimard. 48 pages. 3,90 euros)

Transplantation cardiaque et cœur artificiel : mais de quoi ce jargon peut-il bien être le nom ?

Bonjour

Où l’on en revient, après nombre de polémiques médiatiques, à reparler de CARMAT qui se présente comme « le projet de cœur artificiel le plus performant au monde ». Ou encore comme « concepteur et développeur du projet de cœur artificiel total le plus avancé au monde, visant à offrir une alternative thérapeutique aux malades souffrant d’insuffisance cardiaque bi-ventriculaire terminale ».

CARMAT et ses « fondateurs et actionnaires prestigieux fortement impliqués » :Airbus Group (Matra Défense), le Pr Alain Carpentier, le Centre Chirurgical Marie Lannelongue,Truffle Capital, un leader européen du capital investissement, ALIAD (l’investisseur de capital risque d’Air Liquide), CorNovum (holding d’investissement détenue à parité par Bpifrance et l’Etat), les family offices de M. Pierre Bastid (Lohas) et du Dr Ligresti (Santé Holdings S.R.L.), Groupe Therabel ainsi que « les milliers d’actionnaires, institutionnels et particuliers, qui lui ont fait confiance ».

CARMAT qui,en accord avec la Commission Européenne, « bénéficie de l’aide la plus importante jamais accordée par Bpifrance à une PME : 33 millions d’euros ». CARMAT, fruit du rapprochement de deux expertises uniques au monde : celle, médicale, du Pr Carpentier, mondialement reconnu notamment pour l’invention des valves cardiaques Carpentier-Edwards® les plus implantées au monde – et celle, technologique, d’Airbus Group, leader mondial de l’aéronautique.

CARMAT et son « cœur artificiel total » qui « par sa taille, le choix des matériaux de structure et ses fonctions physiologiques inédites pourrait, sous réserve de la réussite des essais cliniques à effectuer, sauver chaque année la vie de milliers de patients, sans risque de rejet et avec une bonne qualité de vie ». Reste, précisément, à obtenir « la réussite des essais cliniques ». Et ce communiqué de presse qui suit le congrès de l’American Society for Artificial Internal Organs (26 au 29 juin 2019 – San Francisco).

Voici ce communiqué :

« CARMAT a notamment présenté les données d’autorégulation, une des caractéristiques uniques de la bioprothèse qui permet d’adapter automatiquement le débit sanguin aux besoins du patient grâce à l’utilisation d’algorithmes de contrôles intelligents et aux capteurs embarqués. Tous les patients de la 1ère cohorte ont bénéficié avec succès de ce système dès leur implantation ce qui a conduit à une récupération hémodynamique immédiate et durable fournissant les conditions optimales pour rétablir leurs fonctions vitales.

« Les principes et la réactivité de l’autorégulation nécessitent un nombre négligeable de réglages permettant aux médecins de se focaliser sur le suivi clinique de leur patient. Après environ 8 jours en soins intensifs, suivis d’un processus de réadaptation standard, les patients ont pu rentrer à domicile moins de 2 mois après l’implantation. Grâce à la prothèse CARMAT, ces patients ont passé environ 70% de leur temps à domicile et ont retrouvé une qualité de vie leur permettant de réaliser des activités quotidiennes classiques.

De plus, une nouvelle transplantation cardiaque a été réalisé avec succès dans le cadre de l’étude PIVOT   portant ainsi à 5 le nombre de patientsqui ont pu recevoir un greffon humain après avoir bénéficié du support de la prothèse CARMAT pendant plusieurs mois. A date, la prothèse a atteint, dans le cadre de l’étude PIVOT, une durée record de 16 mois de support individuel, et de 6 ans et 3 mois en support cumulé chez les 11 patients implantés. »

On ajoute, à l’attention des journalistes, les déclarations de Stéphane Piat, Directeur général de CARMAT :

 « Ces résultats additionnels positifs renforcent encore davantage notre niveau de confiance quant à la capacité de la prothèse à offrir une solution sûre et efficace aux malades souffrant d’insuffisance cardiaque biventriculaire qui se trouvent aujourd’hui dans une impasse thérapeutique. Nous sommes particulièrement satisfaits des résultats d’autorégulation qui corroborent l’un des fondamentaux de conception de notre prothèse.

« Compte tenu à la fois du taux de 100% de transplantations réussies et du support fourni par la prothèse à date, CARMAT prouve sa capacité à répondre tant aux besoins des patients en attente d’une greffe que de ceux, toujours plus nombreux, qui ne sont pas sur la liste d’attente à la transplantation ou qui n’y sont pas éligibles. D’un point de vue opérationnel, nos nouveaux processus de production sont en place et nous visons toujours la reprise des implantations d’ici la fin du troisième trimestre 2019. »

Qui vise quoi ? Pour qui et comment ? Qui peut comprendre quoi ? Et qui effectuera la traduction pour « les patients en attente d’une greffe que de ceux, toujours plus nombreux, qui ne sont pas sur la liste d’attente à la transplantation ou qui n’y sont pas éligibles » ?

A demain @jynau

Voltarène® (diplofénac) : comment justifier que l’on puisse encore en prescrire tant ?

Bonjour

Question : le diclofénac (Voltarène® ou autre) devrait-il avoir vécu ? « Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) bien connu  est utilisé par habitude, malgré un surcroît de risque avéré d’effets indésirables cardiovasculaires – et alors qu’il n’a aucun avantage par rapport à d’autres AINS comme l’ibuprofène et le naproxène »  peut-on lire dans le dernier éditorial de Prescrire.

Rappel : l’exposition à un AINS augmente les risques d’effets indésirables cardiovasculaires. Parmi les AINS, le diclofénac a été considéré pendant de nombreuses années, comme un bon choix et l’utiliser est devenu une habitude. Puis des interrogations sont apparues, comme nous le rapportions il y a six ans sur ce blog 1.

Et Prescrire de rapporter aujourd’hui les résultats d’une vaste étude danoise 2 qui confirment à nouveau les données déjà disponibles : la prise de diclofénac expose dans les trente jours suivants à davantage d’événements cardiovasculaires tels que des accidents vasculaires cérébraux ischémiques, des insuffisances cardiaques, des infarctus du myocarde, que l’ibuprofène ou le naproxène, sans la moindre contrepartie ni de meilleure efficacité, ni de moindres autres effets indésirables notamment les saignements gastriques.

Lever le pied

C’est là un constat scientifique largement partagé, par exemple par l’Agence européenne du médicament. Mais aussi un constat qui n’est pas suivi par un changement des pratiques médicales et pharmaceutiques. Ainsi, en 2018, l’assurance maladie française a remboursé environ 5,5 millions de boîtes de diclofénac pour prise orale. Prescrire :

« L’inertie des décideurs institutionnels devant le constat qu’un médicament banal est devenu plus dangereux qu’utile est une habitude qui va à l’encontre de la qualité des soins. Les patients et les professionnels qui les soignent peuvent s’affranchir de cette inertie sans attendre les institutions, en remettant en question et en supprimant l’habitude de prescrire et de prendre du diclofénac : il existe des alternatives aussi efficaces et moins risquées. Il n’y a pas de traitement « à vie » : les choix thérapeutiques sont à réviser en fonction de l’évolution des données. »

 On aimerait, ici, connaître les réponses du géant suisse Novartis et, en France, celles des responsables de notre assurance maladie.

 A demain

@jynau

1 « Les rhumatologues demandent de lever le pied sur le diclofénac (Voltarène®) » Journalisme et santé publique, 3 avril 2013

2 « Diclofénac : risque cardiovasculaire plus grand qu’avec l’ibuprofène ou le naproxène » Rev Prescrire 2019 ; 39 (427) : 353. (pdf, réservé aux abonnés)

Cigarette électronique : AVC, coronaires bouchées, dépression, anxiété et … malhonnêteté

Bonjour

Papier édifiant autant que déprimant. Il est à retrouver sur Medscape France 1. Il n’est plus à prouver que la cigarette électronique est l’outil privilégié de la réduction des risques chez les tabagiques. Mais, en retour, que redouter ? « Lors du dernier congrès de l’American College of Cardiology 2019 (ACC), une des plus grandes enquêtes jamais réalisée sur les risques cardiovasculaires de l’e-cigarette a fait l’objet d’une présentation orale 2.

« Selon les réponses de plus de 96 000 patients américains à des autoquestionnaires, les vapoteurs ont plus de risque d’être victimes d’un infarctus, d’une maladie coronarienne ou d’une dépression, en comparaison de ceux qui ne vapotent pas » résume Medscape France. « Jusqu’à présent, on en savait peu sur les effets cardiovasculaires de l’utilisation d’e-cigarette. Ces données sont un appel à se réveiller et à être plus vigilants concernant les dangers de l’e-cigarette », indique le Dr Mohinder Vindhyal (University of Kansas), principal investigateur de cette étude dans un communiqué de presse 3.

Selon cette étude les vapoteurs auraient un risque augmenté de 56% d’être victimes d’un infarctus par rapport aux non-vapoteurs, et un risque majoré de 30% d’être victime d’un AVC. Sans perler des maladies coronariennes et des problèmes circulatoires, notamment des thromboses : 10 et 44 % de plus chez les vapoteurs. De même ceux-ci ont deux fois plus de risque de souffrir de dépression, d’anxiété et de problèmes émotionnels. Mohinder Vindhyal :

« Dans la mesure où le risque de faire un IDM augmente de 55 % parmi les utilisateurs d’e-cigarette par rapport aux non-fumeurs, je ne voudrais pas que mes patients ou des membres de ma famille vapotent. Quand on approfondit, on se rend compte que cela ne dépend pas de la fréquence d’utilisation de l’e-cigarette. Que ce soit tous les jours ou de temps en temps, les utilisateurs de cigarette électronique sont plus susceptibles d’être touchés par un infarctus ou une maladie coronaires ».

La dépression des particules fines

Acquiescer sans broncher ? Interrogé par Medscape édition française, le Pr Bertrand Dautzenberg (pneumo-tabacologue que l’on ne présente plus) « modère fortement la portée de ces résultats ». Il souligne avant tout qu’il s’agit d’une communication orale assortie d’un communiqué de presse, qui ne fait pas l’objet d’une publication scientifique. En outre, il pointe plusieurs biais méthodologiques importants. Au final, pour le spécialiste français, il s’agit « d’une information non scientifiquement valide ». Une « fausse nouvelle » en somme.

Egalement interrogé par Medscape édition française, le Pr Yves Martinet, pneumologue également connu (CHU Nancy) et président du Comité National contre le Tabagisme explique que « ces résultats sont intéressants mais pas surprenants : la nicotine contenue dans les e-cigarettes augmente la fréquence cardiaque et la pression artérielle et les particules fines contenues qu’on inhale avec l’e-cigarette ont des conséquences CV. Pour la dépression, c’est pareil ». Il ajoute toutefois :

« Les données sont fragiles et l’interprétation devrait être prise avec du recul. On a affaire à des phénomènes de consommation complexes. Dans les travaux liés au comportement avec de l’auto-déclaratif, il faut s’appuyer sur des grandes études menées dans différents pays pour minimiser les biais. Pour l’instant, ce travail, qui a le mérite d’avoir inclus un très grand nombre de personnes, est un élément de confirmation de ce qui nous paraît évident : l’e-cigarette n’est pas anodine (…) attention, avec l’arrivée de la ‘’Juul’’, de plus en plus de jeunes entrent dans la dépendance sans avoir fumé avant. Là aussi, les données vont devoir être affinées dans les années qui viennent ».

Pour sa part, le Pr Dautzenberg considère tous ces résultats comme irrecevables. Pour lui, « il aurait été honnête de comparer des vapoteurs, tous ex-fumeurs, aux ex-fumeurs : un résultat que les auteurs ne présentent pas dans les données qu’ils ont rendues publiques. » Une limite telle qu’elle apparaît pour ce qu’elme est : « foncièrement malhonnête ».

A demain

@jynau

1 Marine Cygler. « E-cigarette et risques cardiovasculaires : une étude à charge » – Medscape – 26 mars 2019.

2 Mohinder R. Vindhyal, Paul Ndunda, Cyrus Munguti et al IMPACT ON CARDIOVASCULAR OUTCOMES AMONG E-CIGARETTE USERS: A REVIEW FROM NATIONAL HEALTH INTERVIEW SURVEYS

Oral Contributions Room 225-226-227 Monday, March 18, 2019, 9:04 a.m.-9:14 a.m. Session Title: Highlighted Original Research: Prevention and the Year in Review Abstract Category: 32. Prevention: Clinical Presentation Number: 911-12

E-Cigarettes Linked to Heart Attacks, Coronary Artery Disease and Depression, communiqué ACC, 7 mars 2019.

Nouveau : à l’AP-HP, les conflits d’intérêts médicaux ne sont plus tout à fait ce qu’ils étaient

Bonjour

Le Canard Enchaîné (Isabelle Barré) mesure-t-il où il pose un pied ? Dans son édition datée de ce 20 mars 2019 il se penche sur  le cas du Pr Philippe Gabriel Steg, 60 ans, un nom de la cardiologie française et internationale 1. Un mandarin moderne, qui vient d’être nommé « vice-président chargé de la recherche au sein du directoire de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ». Ce directoire est présidé par le directeur général Martin Hirsch et compte deux autres vice-présidents :  le Pr Noël Garabédian et Pr Bruno Riou, est le deuxième vice-président. Présentation du nouveau venu sous les ors directoriaux :

« Le Pr Philippe Gabriel Steg est chef du service de cardiologie à l’hôpital Bichat AP-HP depuis 2016, et professeur à l’Université Paris-Diderot et à l’Imperial College de Londres. Il mène plusieurs projets de recherche sur les causes des maladies cardiovasculaires et pilote des essais thérapeutiques internationaux sur les médicaments de la prévention de l’infarctus du myocarde et de ses récidives. Il est auteur ou coauteur de 972 publications originales dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture. Son index bibliométrique h (calculé par Web of Science) est à 116, et ses travaux ont été cités plus de 76 000 fois. Il a été « highly cited researcher » (top 1% international des scientifiques les plus cités) chaque année depuis 2014.

Le Pr Steg dirige notamment une équipe sur la recherche clinique en athérothrombose  au sein de l’unité UMR 1148  « Laboratoire de recherche vasculaire translationnelle », co-coordonne depuis 2012 le département hospitalo-universitaire FIRE (pour « Fibrosis, Inflammation and REmodeling »), et depuis 2017 le consortium scientifique « Recherche hospitalo-universitaire » (RHU) iVASC (pour « InnoVations in Atherothrombosis Science ») financé par l’Agence nationale de la recherche. Il préside également le réseau de recherche clinique FACT (pour « French Alliance for Cardiovascular clinical Trials ») créé en 2012. »

Pneumologue rémunéré durant des années par Total

Que dire de plus ? Ce que souligne l’hebdomadaire satirique, peut-être : le nombre très élevé des contrats de consultant avec les géants de Big Pharma (Sanofi, Bayer, Pfizer, MSD, Novartis, BMS, Servier). Pour un total de 226 833 euros entre 2015 et 2018 – auxquels il faut ajouter 45 367 euros d’ « avantages en nature ». Ce sont là, précise Le Canard, des données disponibles sur le site officiel Transparence Santé. Et la procédure en vigueur à l’AP-HP depuis l’étrange affaire du « pneumologue rémunéré par Total » a été parfaitement respectée. Pour sa part le Pr Steg ne voit, ici, aucun « conflit d’intérêts » avec ses nouvelles fonctions.

« On ne va pas lui demander de renoncer à ses contrats » a précisé Martin Hirsch au Canard qui rappelle que le directeur général de l’AP-HP a jadis consacré « un bouquin entier » donnant la recette de la fin des intérêts conflictuels 2. Et le Directeur général de se féliciter du nombre et de la qualité des publications du Pr Steg.

Tout cela, on peut le comprendre, suscite l’ire d’un chef de service. « On rêve ! Cela devrait être un obstacle et ça devient un atout, a-t-il déclaré à l’hebdomadaire. Moi, je publie aussi, sans être payé par les labos. » On observera que ce témoignage confraternel est, malheureusement, anonyme.

A demain

@jynau

1 Rosier F. « Gabriel Steg, cardiologue hyperactif. Portrait. Ce spécialiste de l’infarctus du myocarde est un des rares Français à piloter de grands essais cliniques internationaux. » Le Monde du 13 octobre 2015

2 Hirsch M. « Pour en finir avec les conflits d’intérêts ». Editions Stock.

 

Deux anabolisants-amaigrissants sont à prohiber. Que fait la police du médicament ?

Bonjour

C’est une sérieuse alerte de l’Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM » :  « Alerte sur les risques pour la santé des produits à visée anabolisante ou amaigrissante CLENOX® et STANOX-10® de Pacific Pharmaceutical Company LTD. Malay Tiger, vendus sur internet ».

Où l’on apprend que des analyses effectuées sur les produits vendus sous les noms de marque Clenox® et Stanox-10®. ont permis à l’ANSM d’identifier « la présence de substances non autorisées et dangereuses pour la santé ».

I Les résultats des analyses effectuées sur les comprimés de marque Clenox® 1 montrent la présence de clenbutérol à une teneur de 0,22 mg par unité pour une teneur annoncée sur le conditionnement secondaire de 0,04 mg par unité. Or il s’agit ici d’une substance qui n’est pas autorisée dans la composition de médicaments à usage humain ; une substance dangereuse qui présente des risques cardiaques graves. Une décision de police sanitaire de l’ANSM du 12 avril 2012 interdit l’importation, la préparation, la prescription et la délivrance de préparations magistrales, officinales et hospitalières définies à l’article L. 5121-1 du code de la santé publique, y compris de préparations homéopathiques, contenant cette substance. Et cette dernière figure sur la liste des substances et méthodes dont la détention par le sportif est interdite (Arrêté du 23 février 2018 et J.O. du 10 mars).

II Quant aux résultats des analyses effectuées sur les comprimés de marque Stanox-10® 2, ils montrent la présence de stanozolol à une teneur de 0,6 mg par unité pour une teneur annoncée sur le conditionnement secondaire de 10 mg par unité – une substance qui n’est pas autorisée dans la composition de médicaments à usage humain et qui  figure également sur la liste des substances et méthodes dont la détention par le sportif est interdite (Arrêté du 23 février 2018 et J.O. du 10 mars).

Impuissance

Les autorités sanitaires rappellent que « seul le circuit des pharmacies d’officine et de leurs sites internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments, régulièrement contrôlés par les autorités sanitaires, apportent des garanties sur la qualité, l’efficacité et la sécurité des médicaments achetés ». Il est ainsi « vivement déconseillé d’acheter des médicaments en dehors des pharmacies ou de leurs sites internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments dont la liste est disponible sur le site du Conseil de l’Ordre National des Pharmaciens » .

Reste une question qui concerne directement la police du médicament : pourquoi, simplement, ne pas interdire ces ventes sur internet ? Faut-il ici, entre les lignes, comprendre que cette police est, face à la Toile, devenue impuissante ? Et que Pacific Pharmaceutical Company LTD. Malay Tiger peut commercialiser, en marge des pharmacies d’officine, ce qu’elle veut et comme bon lui semble ?

A demain

@jynau

1 Voici comment est présenté Clenox® (39,99 euros) sur internet (site http://malaytiger-fr.com/fr):

«  Clen est le terme commun utilisé qui se réfère au bronchodilatateur populaire Clenbuterol Hydrochloride.Conçu dans le but de traiter l’asthme chronique Clen est également un puissant brûleur de graisse avec quelques ressemblances avec l’éphédrine mais beaucoup plus puissamment efficace.Bien que conçu pour traiter les problèmes respiratoires, c’est cette capacité de brûlage des graisses du médicament qui fait que c’est la raison numéro un d’acheter Clen en premier lieu.La raison est simple:Clen augmente considérablement votre activité métabolique totale en stimulant les récepteurs Beta-2.Une fois que ce processus est en jeu les résultats sont très simples nous utilisons maintenant les graisses corporelles stockées pour l’énergie à  un degré plus élevé. Alors que la combustion directe de graisse est le principal mode d’action en ce qui concerne ses propriétés d’activité métabolique, Clen a prouvé qu’il réduisait considérablement l’appétit total dans certains cas et pour certains l’appétit décroissant peut être utile pour ceux qui luttent pour perdre du poids.Le clenbutérol est un bronchodilatateur largement utilisé dans de nombreuses régions du monde. Le médicament est le plus souvent préparé en comprimés de 20mcg mais il est également disponible sous forme de sirop et injectable. Clenbuterol appartient à  un large groupe de médicaments connus comme sympathomimétiques. »

2 Voici comment est présenté Stanox-10® (39,99 euros) sur internet  (site http://malaytiger-fr.com/fr):

« Qu’est-ce que c’est? Le Winstrol, connu également sous le nom de Stromba ou bien Winny, est un stéroïde anabolisant fait sous forme de comprimés oraux et injections intra-musculaires. Il a été développé par Winthrop Laboratories en 1962. Le nom de la matière active de ce produit est le stanozolol. La principale différence entre le Winstrol et un stéroïde anabolisant: il est vendu dans une solution aqueuse, pas en huileux.

Quels sont les bons effets? Le Winstrol n’est pas vraiment adapté à la croissance de la masse musculaire. Il favorise la force et la production de globules rouges qui le rend intéressant pour les sports dit aerobiques . Dans le body-building, Winny est généralement utilisé par ceux qui veulent facilement maintenir leur masse, même si l’accroissement n’est pas dramatique. Le Winstrol est particulièrement apprécié par les body-builders lors de la préparation d’une compétition mais également dans une phase de prise de masse, puisqu’il ne provoque aucune rétention d’eau, aide à la dégradation de la graisse et au gain de muscle. »

Médicaments : attendez-vous à savoir que l’affaire des sartans contaminés n’est pas terminée

Bonjour

C’est une affaire aux frontières d’un scandale international. Depuis six mois les autorités sanitaires en charge de la sécurité du médicament sont confrontées à un dossier sans précédent : la présence d’ « impuretés » (potentiellement cancérigènes) dans des lots de valsartan et d’autres sartans. Il s’agit ici d’une classe très fournie de médicaments essentiels, principalement utilisés pour traiter les patients souffrant d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque ou qui viennent d’être victime d’un infarctus du myocarde.

En France depuis le mois d’août dernier l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) « s’assure de la mise en œuvre par les fabricants dans les meilleurs délais des rappels des médicaments concernés par ce défaut de qualité ». Et le dossier ne cesse de s’épaissir. Cette Agence nous apprend aujourd’hui qu’à la suite des nombreux rappels de lots effectués depuis plusieurs mois (et des investigations conduites jusqu’à présent au niveau mondial et français) de nouvelles mesures ont été demandées début 2019 par l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) aux fabricants. Objectif : « qu’ils assurent leur obligation de qualité et de sécurité de l’ensemble des médicaments à base de sartans présents sur le marché français ou prochainement distribués » (sic).

Il y a quelques jours l’Agence France Presse précisait que deux sociétés chinoises (Zhejiang Huahai Pharmaceuticals, Zhejiang Tianyu Pharm.) et trois indiennes (Mylan Laboratories Limited à Hyderabad, Heterolabs, Aurobindo Pharma) fabriquant le principe actif « ont été épinglées dans cette affaire ». Les autorités sanitaires française n’en disent pas plus. Pourquoi ?

Entre les lignes

Dans l’attente des suites médicolégales et judiciaires on lira dans le communiqué de l’ANSM le détail des mesures réclamées pour les médicaments contenant des sartans qui pourraient être concernés par la présence d’ « impuretés » de par leur structure chimique (valsartan, irbesartan, candesartan, losartan et olmesartan). On aprendra ainsi que l’ANSM procède à des analyses des médicaments à base de sartans disponibles en France et qui possèdent la structure chimique (noyau tétrazole) dont la synthèse peut potentiellement conduire à la formation de ces « impuretés ».

On lira aussi, entre les lignes, ce que signifie le fait que l’ANSM demande « la mise en œuvre des moyens supplémentaires par les fabricants commercialisant des sartans ou leurs alternatives pour assurer un approvisionnement suffisant afin de couvrir les besoins des patients français » (sic).

On appréciera, enfin, la précaution prise par l’Agence pour nous prévenir de la suite : « il est possible que de nouveaux rappels de lots de médicaments à base de sartans interviennent si les résultats de ces contrôles révèlent des taux en impuretéssupérieurs aux limites acceptables définies par l’EMA ».

A demain

@jynau

Rugby : plaqué, le jeune Louis Fajfrowski, a-t-il succombé à une «sidération cardiaque» ?

Bonjour

Voici venu le temps des hypothèses. À quoi Louis Fajfrowski a-t-il succombé, le vendredi 10 août dans le vestiaire du stade Jean-Alric d’Aurillac ? « L’examen médico-légal a permis d’éliminer quelques pistes. Mais pasencore de lever le mystère » résume L’Equipe du 15 août (Laurent Compistron, avec A.Ba. et A. Bo.).

 « Qu’a révélé l’autopsie ? Pas grand-chose, dans un premier temps. L’examen à l’oeil nu des organes vitaux de Louis Fajkrowski, décédé vendredi soir après trois malaises dans le vestiaire du stade Jean-Alric d’Aurillac, quelques minutes après un plaquage au thorax subi en plein match contre Rodez, n’a pas éclairé le médecin légiste de l’Institut médico-légal de Clermont-Ferrand. ‘’Les constatations ne sont pas probantes et ne permettent pas de conclure à la cause du décès’’, a déclaré à l’AFP le magistrat d’Aurillac. Conséquence ?

 « Des prélèvements ont été effectués sur les organes du défunt afin de procéder à des analyses toxicologiques et anatomopathologiques approfondies. Selon le même magistrat, elles devraient permettre de savoir si la disparition du jeune ailier de vingt et un ans n’est pas consécutive à un ‘’arrêt cardiaque lié à des produits dopants’’, ce que personne n’ose imaginer à Aurillac, ou à des ‘’traumatismes du myocarde invisibles à l’oeil nu’’. Ces investigations ne rendront leur verdict que dans une période incompressible de six à huit semaines. »

Mais encore ? Nos confrères de L’Equipe ont enquêté dans les milieux médicaux. Le Pr Jean Chazal, neurochirurgien hospitalo-universitaire réputé, parlant clair et (à ce titre) exclu du premier cercle médical des gros pardessus du rugby français :

« Une commotion peut se produire sans lésion visible. Ensuite le rachis n’a pas été lésé. Et il n’y a pas eu d’hémorragie intra-thoracique, sur les organes comme le cœur ou les poumons, ni intra-abdominale. Si le point d’impact a bien été thoracique, il faut regarder le cœur. On parle beaucoup  de commotions cérébrale dans le rugby, mais on pourrait très bien parler de commotions cardiaques ! Le cœur peut aussi être sidéré, comme le cerveau. »

« Suivi médical assez costaud »

Le cœur sidéré ? Dans L’Equipe le Pr Xavier Jouven, cardiologue parisien réputé, (AP-HP) partage le point de vue de son confrère neurochirurgien :

« Il arrive qu’un choc brutal au niveau du cœur fasse passer quelqu’un en fibrillation ventriculaire. C’est connu dans le base-ball où des joueurs peuvent recevoir la balle à pleine vitesse dans cette zone. Des scientifiques américains ont d’ailleurs fait le test sur des cochons en tirant des balles de tennis dans le cœur. Dans ce cas on constate que le cœur par complètement en vrille (…) Plus le choc est situé près du cœur plus il est grand. Cela peut arriver sur des cœurs sains et à l’autopsie on ne relève aucune anomalie. »

Pour le Pr Xavier Jouven ce phénomène n’est pas connu dans le rugby. Du moins jusqu’à présent.

« Mais selon moi il ne fait pas de doute que le choc a déclenché cette fibrillation. Le joueur a sans doute connu une arythmie durant le temps où il est resté au sol avant de faire une fibrillation dans les vestiaires. »

 Ce phénomène porte un nom : Commotio cordis. D’autres spécialistes restent sur l’hypothèse de la commotion cérébrale et évoquent le « syndrome de second impact ». Quant au président du Stade Aurillacois Cantal Auvergne il précise à L’Equipe que ce jeune joueur « avait un suivi médical assez costaud ». « Des choses ont peut-être échappé aux différents médecins qui l’ont examiné mais, à ma connaissance, il n’avait aucune malformation. »

 A demain